Ce soir-là, j’ai traversé la cour. Le soleil de fin septembre
éclairait d’une lumière poudrée les cheveux en broussaille des derniers élèves
de la journée. Ceux que l’on vient chercher tard et qui ont toujours peur qu’on
les oublie. Leurs petites culottes courtes flottaient sur leurs genoux cagneux,
et leurs incisives avançaient en ordre un peu dispersé…
J’ai regardé ces petits poulbots courir après leur balle en
mousse un peu élimée. Ils portaient au front toute l’innocence et l’espoir du
monde.
J’ai pensé à ces sublimes photos de bébés en trois
dimensions, dans la douce transparence du ventre de leur mère. J’ai pensé aux
perce-neige, aux lionceaux qui jouent maladroits avec leurs frères, aux
bourgeons des saules aux lueurs des aurores printanières.
Un immense soupir de bonheur m’a secouée comme un frisson. J’ai
fermé les yeux. Maman s’est approchée de moi avec un gros morceau de clafoutis
aux cerises. Elle a arrangé mes tresses en les nouant de rubans turquoise et
mauves. J’ai sauté à la corde. Une corde qui avait la soie du temps qui passe
sans abîmer les choses. Un lien puissant qui me tient vivante et joyeuse.
J’ai rouvert les yeux. J’ai franchi le portail de l’école
en faisant un petit signe aux élèves. « Au revoir, maîtresse ! »
ils m’ont crié en agitant leurs mains noires de poussière.
De loin, l’école brillait, comme une orange au soleil
couchant. J’ai pensé que ce métier était vraiment ma fontaine de jouvence. J’ai
souri.
Pour le défi du samedi.
Je ne sais pas pourquoi, je me demande si tu n'écris pas des chansons pour un gars d'Astaffort? En tous cas, j'aime beaucoup et je me demande comment on peut mettre des mots comme ça à la suite les uns des autres?
RépondreSupprimerAnonyme, je te salue, mais... tu débarques ?
SupprimerNe sais-tu pas que notre hôtesse est une fée ?
Mais, shhhhhhht, ne le répète pas, ça la fait rougir !...
Et puis je crois qu'au conseil des fée , yz'aiment pas trop que ça se sache...
@Candide
SupprimerNon, cet anonyme-là, je le reconnais entre mille, c'est un habitué, il s'appelle Bof, et si je suis une fée, c'est seulement peut-être parce que je reconnais les commentaires de mes lecteurs à leur style, même s'ils ne signent pas.
@Bof
Comme j'aimerais avoir signé des chansons pour un gars d'Astaffort...C'est un des plus beaux compliments que l'on puisse me faire! merci.
Bisous à tous deux
Et il est timide à ce point, le Bof ?
SupprimerDivoir, mon Bof, que ne t'annonces-tu pas tout de go ? Tu sais bien que personne ne mord ici !
Sauf peut-être Ouannce ?
Parce que Ouannce mord...
Bon j'avoue, la semaine a été difficile... ;oDDD
@ Cel : C'est vrai qu'il t'offre un vrai beau compliment, le bougre !
Et la zik, toujours aussi bien choisie !
Sais-tu, not' fée, que j'aimerais bien être un sunshine sur ta shoulder ? :o)))
J'avoue que j'ai adoré ce morceau la première fois que je l'ai écouté.
SupprimerEt le compliment de Bof, tu te rends compte...Ecrire pour Francis d'Astaffort...
Sinon, dans la famille Ouance, il y a Ouance Euhgaine et Ouance Euhponneutaïme...
;-DDD
Oui surtout qu'il est en panne sèche le p'tit gars d'Astaffort...
SupprimerSon dernier album (Vise le ciel) c'est de la daube !! :(
Et pourtant, que je l'aime, ce chanteur !!
Ah je ne l'ai pas encore écouté, je pensais me l'acheter un de ces quatre mais si tu dis que c'est de la daube...quelle déception!
SupprimerTout fout l'camp mon brave monsieur...
@Cel : Abin noooon ! Tu m'fous tout mes effets en l'air, à dévoiler mes jeux de mots laids !
SupprimerEh bien, moi qui pensais que tu serais ravi...oh la déception ! :-)))
SupprimerHum, un texte tout en douceur qui donne envie de fermer les yeux et de plonger aussi dans la nostalgie de l'enfance... Merci Maîtresse pour ces quelques minutes délicieuses...
RépondreSupprimerJe suis heureuse, ma Prudence, de t'avoir apporté un peu de douceur qui t'aidera à refermer tes fissures...lol! et puis ton repos forcé me donne le plaisir de te voir traîner par ici...
SupprimerComme je t'envie d'aimer si fort ton métier, d'aimer si fort tes élèves!! J'aime tellement peu le mien qu'il me faut être imaginative pour redémarrer chaque semaine... me dire qu'il y aura les paroles souriantes de collègues, un moment de paix et de lecture au déjeuner et, pourquoi pas un beau lever du jour sur la route... mais la polupart du temps, je me dis en partant: vivement ce soir que je rentre!! Bisous ma belle et joyeux dimanche
RépondreSupprimerTu sais, j'ai aussi des moments difficiles dans la journée où je me dis vivement ce soir !
SupprimerSurtout depuis qu'on enchaîne non-stop les matinées.
Les enfants sont des anges qui se transforment parfois en diablotins, et les nerfs sont mis à rude épreuve...
Profite bien de ce beau dimanche, ici il fait un temps radieux mais demain c'est la pluie...
Merveilleux merveilleux billet.....
RépondreSupprimerVenant de toi, je sais que ce mot a une valeur très particulière et cela me touche énormément.
SupprimerGros baiser céleste, petite Myo
Ah c'est bien une jolie maîtrese, je n'ai eu que des Monsieurs pas marrants !!
RépondreSupprimerPauvre doudou, ça devait pas être drôle la vie d'élève pour toi, alors...
SupprimerMais des jolies maîtresses je suis sûre que tu en as eu tout plein par la suite.
Même si ce n'était plus à l'école.
;-)
À te lire tu me donnes envie d'écrire d'aussi belle manière...
RépondreSupprimerJ'en suis heureuse. C'est comme quand je parviens à donner à mes CM2 le goût de l'écriture, des mots, des phrases. C'est comme une petite victoire personnelle sur le renoncement, la médiocrité, la pâleur, la fadeur, l'ennui.
SupprimerC'est une des plus belles choses que tu m'aies données à lire de toi.Et je sais qu'en plus, tu en es largement capable.
kiss
Quoi qu'il se passe, les sentiments sont toujours là. Que c'est bon de vivre :-)
RépondreSupprimerEt surtout, TU es toujours là ! et ça me fait un plaisir fou de te voir à chaque fois, même si tu boudes un peu ton espace perso. Trop de boulot, c'est ça?
Supprimerje t'embrasse mon étoile.
Oui boulot, perso, métro (ah non pas ça ^^).
Supprimergros bisous
Ressentir tant de tendresse à travers tes mots... et l'amour de ton métier comme un cri au milieu d'un monde où travailler est souvent synonyme de mal être.
RépondreSupprimerMerci. Nicmo
Je voudrais changer ça. Si tu savais comme j'aimerais que les gens aillent au travail sans avoir une boule au ventre.. Je sais que c'est une utopie. Et pourtant c'est possible.
SupprimerJe suis sûre que c'est possible. Je plante des graines dans le coeur de mes poulbots, des fois qu'elles se mettraient à donner plus tard des hommes et des femmes heureux d'être simplement.
Merci de ta visite, Nicmo.
C'est en effet possible d'avoir une activité rémunérée sans que ce soit une contrainte. Tu en es un bel exemple :-)
SupprimerJe me suis aussi donné cette chance, allant jusqu'à zapper toute hiérarchie afin de pouvoir choisir ma clientèle. Je m'y suis bien amusé même, et surtout, parce que je devais m'occuper de tout.
J'en conclu que l'utopie existe puisque je l'ai vécue ;-)
Cette utopie est possible si le salarié est correctement considéré par ses supérieurs.... Mais ça semble utopique ....
Ti bacio
Pour le clafouti, dis à ta maman de le faire avec des griottes. Avec leur petit côté piquant, c'est sublime et ça ne devrait pas te déplaire.
J'avoue avoir eu la chance de passer l'essentiel de ma carrière avec un supérieur hirperarchique humain, et ça ne fait que quatre ans que je me tape Jargonos et ses manières de robot.
SupprimerMais malgré tout, je continuerai jusqu'au bout à aller au travail le cœur léger.
Quant à toi, il est certain que tu n'aurais pas pu supporter longtemps une hiérarchie, tel que je te connais.
Molto bacioli
PS: Je ne sais pas si maman fait encore du clafoutis, je lui demanderai.
Hiérarchique : mais qu'est-ce qu'elle me fait cette tablette ce matin?
Supprimer@ Blutchy : 'tain, qu'est-ce que j'aurais aimé travailler dans ta boîte !
SupprimerEt au rythme d'un vaudois en plus : le paradis ! ;oDDD
Mais c'est pas donné à tout le monde de gérer intelligemment une boîte !
En même temps on a bien fait de pas se rencontrer, j'ai un caractère de sanglier hypocondriaque et psychopathe !
@ Céleste
SupprimerJ'avais supporté mon dernier patron tant et aussi longtemps qu'il me demandait poliment de faire tel ou tel travail. Je lui ai même généreusement offert plus de mille heures de boulot. Mais le jour où il a viré pisse-vinaigre à vouloir donner de la voix, ça n'a plus marché du tout et je suis parti. Eh, il a pu voir qui c'est Raoul, non mais!
Ti bacio
@ Candide
M'enfout, j'ai un fusil à éléphant :-D
Mais faut pas trop regarder les clichés, en prenant en congé mes heures sup, j'ai arrêté 6 ans avant la retraite..... Et encore, je n'ai pas tout pris.
Une généreuse accolade, santé et conservation.
Mais j'y pense, Blutchy, ta boîte, c'était pas à Meaux ?
Supprimer@ Candide
SupprimerTéfou, ma boîte n'a jamais pris l'eau Yahvé donc pas besoin d'E-Copé.
Mais ta plaisanterie risque de me monter au nez.
Tout à fait sérieusement, j'étais en Suisse. Jamais je n'aurais monté une boîte en France avec cette administration de dingues même pas doux...
En Suisse, tu te mets à ton compte avec une lettre:
- à la caisse qui perçoit les cotisations de retraite.
En fin d'année civile, tu informes les impôts en remplissant ta déclaration.
Lorsque tu dépasses un chiffre d'affaires, tu t'annonces à la TVA et tu t'inscris au registre du commerce.
En tout, 4 lettres à faire sur un an. Pas de taxe professionnelle, pas d'autorisations préfectorales, rien.
Les plus grosses formalités à faire, c'est la pub.
Si tu imagines le merdier pour les artisans français, tu pleures...
Blutchy à Meaux ça sonnait bien pourtant...
Supprimer:-)
L'art de l'esquive consiste à répondre à côté. Sur ce plan (mais seulement celui-là) j'aurais fait un bon fonctionnaire, voir un politichien remarqué :-D
SupprimerTi bacio Sorellita
Oui mais pourquoi esquiver ? La question de Candide était...sans arrière pensée, candide, quoi!
SupprimerBaci
Un billet saisissant de simplicité qui donne envie de vous prendre dans ses bras.
RépondreSupprimer~L~
Alors je vais me laisser bercer par la musique et faire de beaux rêves...
Supprimermerci.
C'est qui ce lorenzaccio ?
RépondreSupprimerJe ne sais pas. Un lecteur.
SupprimerGrrrr!
Supprimer?
SupprimerDisparition ?
Censure ?
"Tant pis " dit le lapin jaloux.
SupprimerC'est qui cet anonyme ?
Supprimer"je suis le ténébreux, le veuf, l'inconsolé..."
SupprimerFaut vraiment être une mère pour trouver ces mots là ...
RépondreSupprimerOui, sans doute...et pourtant je ne suis pas à l'école Maternelle !
SupprimerLol !
Quel joli texte, magnifié par la nostalgie et la mélancolie des jours enfuis...
RépondreSupprimerNostalgie vite envolée dans le bonheur de vivre l'instant...
SupprimerMerci jean-mi
Régalez vous ! Vous allez retrouvez tous ces schtroumpfs pour une bonne semaine.
RépondreSupprimerProfitez-en bien.
J'ai souri"
RépondreSupprimerMoi aussi j'ai souri ce matin à la lecture de ce billet où "tout" passe, de ton amour pour ces "débutants" qu'ils soient perce-neige, lionceaux , bourgeons, ou ces drôles de créatures, les enfants, de matines au soleil couchant, de septembre à la Saint Jean. C'est magnifique, notamment quand les mots glissent vers une petite fille d'avant, en tresses et en clafoutis. Je t'embrasse, conquis.Ca rime bien avec clafoutis.
J'ai failli écrire j'ai Soury, en référence à un certain remède miracle...
SupprimerLe clafoutis de ma maman, c'est ma madeleine. Enfin, une de mes madeleines...
Très joli ton commentaire ce matin mon cher Claude.
Tout en émotion et en poésie.
Un billet doux comme un regard tendre qui emballe délicatement l'enfance d'hier et d'aujourd'hui dans un papier de soi... Quelle maîtresse femme tu fais Célestine...
RépondreSupprimerLe papier de soi...très très très joli ça !
SupprimerMerci
Doux texte qui peut nous rappeler tant de souvenirs ... mais j'essaye de pas trop repartir dans l'enfance ... pas si douce que ça au final :'(
RépondreSupprimerPas d'inquiétude Célestine ... Je vais bien :-) ... mais je préfère vivre au présent !!
Bisous et bonne nuit
Vivre au présent, ça, ça me connaît... Et d'ailleurs, mon moment de nostalgie ne dure qu'un instant si tu lis bien. Le temps d'un clignement d'yeux.
SupprimerLe temps qui passe ne m'est plus ennemi depuis quelques temps. J'aime trop la vie.
Merci de ta fidélité petite Marie. Il y a vraiment des gens sympas sur ce blog.
Bonne journée Célestine ... Si ciel gris mais j'ai le coeur "en fête" ... Alors je t'envoie pleins de bisous remplis de lumière ;-)
SupprimerTu me donnes du courage pour aller travailler, sortir de mon cocon bien chaud.
SupprimerIci les grosses alertes sont passées.
Bisou tout doux
Mais tu habites où ?
SupprimerBisous et bonne nuit ;-)
Magnifique… quel doux moment de pur bonheur ;-)
RépondreSupprimerBisous Laure
Heureuse de t'avoir apporté cette douceur, Laure...
SupprimerDans ce monde de brutes j'en suis friande.
"Je-main-sur-je"
RépondreSupprimerJournal pas très catholique
mais qui dit LA Vérité
————
On apprend que du côté d'une école du Midi-moins-l'quart, une maîtresse rêveuse en qui des parents aveugles faisaient confiance vient de passer aux aveux.
Alors que les derniers élèves angoissés attendent encore leurs parents en retard, Cette maîtresse, non seulement ferme les yeux et révasse, au lieu de les surveiller, mais en plus et selon ses dires :
"J’ai franchi le portail de l’école en faisant un petit signe aux élèves. « Au revoir, maîtresse ! » ils m’ont crié en agitant leurs mains noires de poussière."
Cet incroyable abandon de ses responsabilités dépasse l'entendement.
Une pétition circule sur Internet.
Les parents qui ne sont d'ailleurs jamais revenus chercher leur progéniture, faisant confiance à cette institutrice dont chacun vantant les mérites et le dévouement, ont légitiment cru qu'elle les hébergerait pour la nuit, comme il est normal que cela se fasse. On les paye pour pourquoi sinon !
Si le Corps enseignement ne prend pas en charge, de jour comme de nuit, les enfants des parents qui ont autre chose à faire que les éduquer, alors à quoi cela sert-il que l'on se fasse tirer autant d'impôts en France…
On attend désormais de cette maîtresse qu'elle répare ses errances, et qu'elle promette en fin d'année à chaque enfant qu'elle aura délaissé
Un baiser pour de bon, un baiser libertin,
Un baiser sur la bouche, enfin bref, un patin.
Et que le Recteur d'Académie aille se faire voir chez Plumeau.
;-)
Eh bien oui, j'avoue, j'ai lâchement abandonné le navire à 18h17, l'autre soir, alors que je ne suis payée que jusqu'à 15h45...
SupprimerJ'avoue, monsieur le président, j'ai laissé ces pauvres enfants aux mains des animateurs du " péril scolaire" comme ils disent.
Je plaide coupable. Coupable de rêverie, de poésie, de subversion et d'un sens complètement atrophié des responsabilités...
J'accepte la sentence, et je m'engage à respecter à la lettre le protocole que le grand Georges avait très bien décrit dans sa chanson.
J'espère seulement que le recteur d'académie ne me taxera pas d'attentat à la pudeur.
En tous cas, plus sérieusement, grand merci Alain pour ce bon moment de lecture qui m'a enthousiasmée.
Je me suis amusé à l'écrire... pensant que tu pendrais plaisir complice à le lire !
SupprimerJ'espère évidemment, d'ici la fin de l'année, retomber en enfance, pour bénéficier du patin salvateur et réparateur des mes années d'école douloureuses....