Mon nouveau chez moi... |
J'aimerais que tu voies les Monts du Matin à l'aube. C'est d'une beauté à couper le souffle. L'horizon dessine un liseré bleu argent au-dessus de la plaine, et le ciel charrie les brumes de nuit comme autant de langes cotonneux qui se désagrègent à la première chaleur.
Depuis que je vis ici, j'apprécie de plus en plus la splendeur de ces débuts de journée, qui éveille chaque jour la vie d'un nouveau souffle. C'est puissant. Ça te prend à la gorge comme un vin de vigueur. Ça te fait toucher du doigt la fragilité superbe du temps.
Le réveil en douceur. Rien ne presse. L'odeur du café et du pain grillé flotte jusqu'à la terrasse où la table est mise simplement. Le miel, le pain, le café, l'amour. Les choses simples sont toujours les plus belles. Le champ de maïs, en contrebas, étale ses épis qui ondulent en suivant les berges du champ, comme une rivière d'or.
L'air bruit de mille sursauts d'oiseaux, d'insectes, et la sarabande des écureuils dans les mûriers n'en finit pas de m'étonner.
L'autre jour, Pascal Quignard, un écrivain que j'aime beaucoup, parlait du matin à la Grande Librairie, comme d'un thème absolu et merveilleux en littérature. L'auteur de « Tous les matins du Monde » sait de quoi il parle.
Et j'étais d'accord avec lui : le matin est une promesse, un miracle gratuit et quotidien, et le fil qui nous accroche fort à la vie puise sa magie dans les éclats de l'aurore. J'en suis persuadée.
Ces jours-ci, après la fièvre du mariage de ma Prunelle, après les discours, les surprises, les agapes, les embrassades, les retrouvailles, les larmes de joie et d'émotion, j'avais besoin de me retrouver au balcon de ma nouvelle vie, sereine et contemplative. De respirer en harmonie, le coeur battant, en compagnie de l'homme que j'aime. Les montagnes russes émotionnelles, ça me connaît. L'immense bonheur de la plénitude, l'ivresse du champagne qui pétille et soudain cet indescriptible coup de blues qui suit les réunions de famille, quand chacun repart vers sa vie, et que l'on se retrouve comme un coquillage échoué sur le sable mou après que la mer s'est retirée. Alors on est allés, dimanche soir, muser au VH, un bar branché de la ville. On avait besoin d'un sas.
C'était une bien belle fête. Remarquablement organisée par les mariés, qui ne laissèrent rien au hasard. Jusque dans les plus petits détails.
Mais je ne serais pas Célestine si elle ne m'avait pas bouleversée, fouaillée, bradassée jusqu'au coeur.