28 juin 2012

A pleins poumons

Bien. Reprenons le cours normal de l'existence après les quelques parenthèses de ces derniers jours, où je laissai mon esprit vagabonder sur les dunes mouvantes de rivages philosophico-sociologiques, entraînée par un courant contraire de force huit.
Avis de grand calme à l'horizon. Mer d'huile. 35 degrés Celsius.
Il s'agirait de ne plus perdre une miette de cet insolent bonheur qui m'éclate aux yeux et aux oreilles dès le réveil, quand les merles emplissent la chambre mi-close de leurs chants d'amour, et que le soleil dessine sur le mur ses premiers calligrammes.
Les odeurs du matin, café et  terre humide de nuit, inestimables! A cueillir d'urgence, cependant que je prépare mon Bento pour midi en agrémentant mes graines et mes légumes de quelques herbes de mon cru. Lesquelles ont triplé de volume depuis la plantation initiale, rappelez-vous.

Mon paquebot  se prépare à rentrer au port. A mouiller pour deux longs mois, à l'escale appelée "grandes vacances". Mes moussaillons commencent à larmicher à l'idée que l'on va se quitter. Moi je suis heureuse: je les ai menés à bon port, ils passent tous en sixième, et je relis avec émotion ce que j'écrivais en septembre à leur propos.
J'ose m'octroyer le droit de rêver enfin de ne plus les voir, de savourer l'espace d'un instant une vie sans horaires, sans contraintes, dans le simple appareil d'une naïade des temps modernes: crème solaire, un bon bouquin, le calme, la mer ou la montagne en fond d'écran.
Tranquille mais le palpitant aux aguets, les sens toujours en émoi, pour aspirer, boire la Vie à grandes goulées avides, dénicher les petits restos, découvrir de nouveaux lieux,  rencontrer de nouvelles gens, sous la voûte étoilée faire la fête, sans cesse en joie, en musique, en amour...et se tourner vers le soleil. Et sentir, comme mille aiguillons, l'air pénétrer ses alvéoles.
Plus que jamais "sereine, contemplative et passionnée je suis" comme dirait maître Yoda.









illustration "un jour dans la vie de Lili"

27 juin 2012

Faire le Buzz

Je n'invente rien.
Mardi, à l'école, une petite fille  a enlevé sa culotte et elle a fait tout le tour du préau en courant les fesses à l'air comme une gazelle sous les yeux amusés de ses petites camarades.
Lundi, devant une autre école de la ville, un homme s'est déguisé en femme pour planquer une hache sous ses vêtements, et il a agressé sa propre épouse à la sortie des enfants pour la punir de l' avoir trompé, en lui donnant un coup de hache dans le visage. Sous les yeux horrifiés des personnes qui se trouvaient là. 
Ces deux évènements n'ont pas de commune mesure, bien entendu. Mais si quelqu'un, à ce moment précis, mu par on ne sait quel instinct glauque et difficilement explicable, s'était mis à filmer la scène avec son téléphone portable, cela aurait pu créer automatiquement  "un buzz" sur la toile, avec les dommages collatéraux que l'on peut imaginer, en terme de vie privée et de dignité de la personne humaine...
Quelle frénésie pousse donc nos contemporains à vouloir absolument "faire le buzz"?
On ne compte plus les exemples sur internet, de vidéos débiles, ou inquiétantes qui exaltent tout ce que l'être humain a de plus crétin: essayer d'avaler une pleine cuillerée à soupe de cannelle en poudre, au risque de mourir étouffé sous les caméras, se filmer à deux cent quarante à l'heure dans une rue, arriver à une soirée avec une robe en viande...la liste est inépuisable. Le but: faire parler de soi par tous les moyens, surtout les plus imbéciles. Et ne pas lésiner, surtout. Plus c'est gros, plus ça passe. 
Bizarrement, pour être à la pointe de la mode, pour fasciner les foules, il faut souvent faire quelque chose de défendu, ou de méchant, ou de dangereux, ou de carrément con.
Vous avez dit bizarre, mon cher cousin? Non, c'est juste vieux comme le monde.



Buzz: n.m. (mot angl., bourdonnement). Forme de publicité dans laquelle le consommateur contribue à lancer un produit ou un service via des courriels, des blogs, des forums ou d’autres médias en ligne. – Par ext. Rumeur, retentissement médiatique, notamm. autour de ce qui est perçu comme étant à la pointe de la mode (événement, spectacle, personnalité, etc.). Le film a fait un énorme buzz.( Définition Larousse 2010)



24 juin 2012

Catch à quatre


Gentil ou méchant?
Je me souviens que le samedi soir, mon père aimait regarder les matchs de catch à quatre. Lui connaissait les ficelles de ce faux sport, où tout n’est que mise en scène et spectacle. Il avait l’air de s’amuser beaucoup. Mais pour mes yeux de petite fille, ce qui se passait à l’écran était insoutenable.
Je croyais réellement que les « Méchants », qui portaient des noms spécialement affreux genre « l’ Etrangleur de Béthune » ou «  Kiss Demon » ne montaient sur le ring que pour tuer les « Gentils » nommés à propos  « L’Ange Blanc » ou «  Le Petit Prince ».
Fascinée, je tremblais comme une feuille mais je n’arrivais pas à me décoller de mon fauteuil. Je n'avais pas encore conscience de mes contradictions...
Ce manichéisme d’opérette semblait plaire à la foule en délire, assoiffée de sang et de justice. Certes, le Bon gagnait toujours. Tout était bien : les coups foireux des méchants étaient ponctués de hurlements effarés, et à chaque coup rendu par les gentils, la liesse montait crever le plafond.
Mais toutes les règles de fair-play me paraissaient bafouées, l’arbitre lui-même passait de temps en temps un mauvais quart d’heure. En même temps, le méchant avait bien sûr ses fans, et on assistait parfois à des extensions de conflit jusque dans la salle, quand deux spectateurs à la tête près du bonnet se mettaient à se battre aussi. A moins que cela aussi fût savamment orchestré…
            Vous imaginez mon soulagement (et ma déception aussi) quand j’appris plus tard que tout cela n’était que du chiqué !
Une longue pratique observatoire de mes semblables  m’a appris que cette allégorie des bons et des méchants n’était évidemment pas transposable dans la vraie vie. Rhôôô ! Célestine, c’est un poncif éculé ! Oui, je sais, en général, les poncifs re-rabâchés ne sont que des parapluies très rassurants sous lesquels on abrite nos faiblesses de raisonnement et/ou nos névroses : mais même si c’est d’une évidence banale à chialer, personne ne m’empêchera de penser que rien ni quiconque n’est tout blanc ni tout noir.
Et que la tolérance et la bienveillance sont les deux clés pour apprécier les mille nuances intermédiaires. Prendre le positif, c'est révéler la lumière en chaque être, en chaque situation de la vie. Bon je reconnais que de temps en temps, cela relève du miracle, mais la plupart du temps...
 Ce sport de brutes m’a donné, sans le vouloir, des yeux de peintre. 

22 juin 2012

Philo à deux balles

Ce qui est étonnant c'est la grande mouvance des choses. Rien n'est figé, tout valse sans cesse au rythme accéléré de notre misérable existence étriquée (question durée, bien sûr), cependant que l'univers, lui,  semble imperturbablement le même. Une incroyable distorsion des espaces-temps.
Rien de plus fluctuant, par exemple, que la Vérité. Rien de plus fugace. Insaisissable. Variable. Révisable. Ajustable sans fin. La mienne. La tienne. La nôtre, la leur. (Je révise mes pronoms possessifs, demain j'ai contrôle)

J'écris des histoires, j'écris mon histoire, je retrace l'Histoire. Et toutes sont différentes, en vertu des principes posés plus haut. Nous sommes des caissons étanches. Murés dans nos mondes  intérieurs. Nous croyons que les autres nous comprennent, nous nous pensons en phase mais en réalité, chacun fait partie d'une histoire différente. Chacun est le personnage d'un film unique dont il est le seul à être le héros. Dans le film des autres, nous ne sommes que des rôles de seconde main, voire des figurants.
Les drames viennent souvent d'une confusion des rôles: on voudrait devenir le héros d'une autre histoire que la sienne.
Il arrive parfois, par une sorte de miracle permanent appelé amour, que nous vivions les choses de la même façon que d'autres autour de nous. Un instant, qui devient une éternité, un semblant d'osmose se crée.  Alors, cette corrélation nous fait trouver cet évènement-là  "vrai". D'une vérité universelle (oui, on  a tendance à exagérer un peu dans ces cas-là).
 Mais dans la plupart des cas, notre vérité ne colle pas à celle du voisin. 
Il est autant de conceptions du monde que d'individus peuplant ce monde. 

Ici, je m'arrête (pause-pipi...) et j'observe que d'aucuns vont trouver mon galimatias creux et infatué, voire complètement déconnecté de la réalité.. D'autres vont se dire..."bon sang mais c'est bien vrai !"
 Et tous auront raison.
Ce qui prouve bien, par déduction, qu'en fait j'ai raison: personne n' a tort.








19 juin 2012

Juin

Je ne sais pas dire s'il est un parfum d'été que j'aime autant que le tilleul. Le miel de ses fleurs me met les sens en émoi.
Il y a le bruit du vent qui agite les branches des pins géants. Derrière la maison.
Et la couleur du ciel , les soirs d'orage, un ciel à la John Constable, sombre et violet..
Le son de ma guitare quand je joue pour oublier, à la fin de la journée, les émotions qui font battre le coeur en désordre, les couloirs froids de l'âme humaine, et les fatigues de fin d'année. 
Pour les papilles, un calisson trempé dans le café.
Il y a heureusement la douceur soyeuse de mon chat qui ronronne pour me dire que tout va bien. Que tout est bien.
Et, vous allez rire, mais je crois bien que je crois mon chat.

Ben dis donc! crédiou...










-Qu'est-ce qu'on fait , on la réveille?
-Est-ce que j'sais, moi... j'ai l'impression qu'il y a de la  mouche tsé-tsé dans l'air... Ça  fait un brave moment qu'elle pionce.
-Elle a l'air bien, dans son plume, Célestine. A quoi qu'elle rêve tu crois?
-A mon avis, là, elle est en train de faire le ménage!
-Non, t'en as de drôles toi. C'est pas un rêve, ça!
-Si, je t'assure. Elle nettoie, elle récure, elle s'agite du plumeau. Elle envoie valser sec! la vermine incrustée, c'est que ça résiste!
-Allons bon? C'est-y quoi donc?
-A c' qui paraît qu' ça s'appellerait  les "miasmes". Des p'tites bêtes rongeuses qui s'attaquent aux fondations. Des saloperies qu'on peut même pas en dire le nom. Ca s' faufile partout pire qu' des vers à fromage.
-Ben dis donc! crédiou...
-Oh mais elle a presque fini! y en reste deux ou trois qui s'accrochent, mais là ça va déjà bien mieux!
-Et ça lui prend souvent à la chtiote, de faire l' ménage comme ça?
-Ben non, pas très. Mais là, elle en avait b'soin.Elle appelle ça, comment déjà? ...Ah, oui! elle dit comme ça qu' c'est sa Terre Happy..pour emprunter une merveilleuse expression à une de ses gentilles amies.
-Encore un truc anglais ...
-Comme de juste, Milord. Allez, à la revoyure!

14 juin 2012

Lasse

Je rentre tard, après des heures dans le bureau à avaler ces insipides tonnes de paperasse qui accompagnent le quotidien d'une école, en fin d'année. Des piles de chiffres et de dossiers.
Mon zado prépare son bac, et entre deux révisions, s'entraîne à jouer un morceau au piano pour épater les filles. Un morceau bien bluesy qui met le coeur à l'envers. L'été s'installe. L'homme est parti arpenter ses chères montagnes, pour vérifier si elles n'ont pas changé de place.  Le perroquet gris du Gabon, fierté de mon voisin, troue le silence de ses vocalises suraiguës.  Il imite à la perfection les voix humaines, c'est étrange.
Mes parents me manquent, mes grands enfants me manquent. L'air est tiède et un peu vénéneux.
Je me sens lasse et bien à la fois. Je vais me regarder un film de fille, bien sirupeux et bien rose, en buvant de la tisane et en me faisant les ongles des pieds. Je vais fermer les yeux et oublier les miasmes de la journée. Je vais... 

13 juin 2012

Au fil des phrases

J'aime beaucoup  le blog de Cédric que je fréquente régulièrementSes petites phrases sur un fond noir d'encre, numérotées comme des pièces de collection précieuses,  m'interpellent toujours, m'amusent souvent ou m'agacent parfois (rarement à vrai dire). Je trouve que les quelques lignes qui suivent sont pleines d'une lumineuse évidence. Mais, comme il le dit lui même en exergue à ses écrits, vous n'êtes pas obligés de le croire.

Essayez d'être autre chose que ce que vous êtes. Essayez de toutes vos forces et volontés. Essayez toute votre vie si vous voulez. Vous verrez que c'est impossible. Personne n'est jamais parvenu et ne parviendra jamais à être autre chose que ce qu'il est.
Après avoir compris et intégré cela profondément, tous les « il faut être ceci » « il faut être cela » « il faut que je sois davantage ceci » « il faut que je sois davantage cela » brûlent, explosent, disparaissent, et tous les jugements des autres sur soi et de soi sur soi n'ont plus aucun poids.
Le « Je Suis » s'élève alors tel un doigt d'honneur destiné au « Ce qu'il faudrait que je sois ».

10 juin 2012

Une journée de quarante huit heures

Journée-fleuve intense en émotion.
Le matin, commencer tôt avec la première séance de dédicace de mon livre, qui, comme je vous l'ai annoncé discrètement depuis quelques jours dans le petit encart à droite, est sorti le 18 mai.
Vivre un moment de grand bonheur à voir tous mes amis réunis pour l'occasion. Ecrire fébrilement  un mot personnalisé à chacun de ceux qui sont venus spécialement pour moi. Trembler un peu. Sourire. Partager un café.

Oui mes amis de la blogosphère, je l'ai annoncée tant de fois cette parution, je l'ai même appelé l'Arlésienne, ce livre tant attendu.. Mais ça y est. Cette fois le bébé est né officiellement!
Ah cet Orteil m'en aura fait voir de toutes les couleurs!
Pour ceux qui ont fait preuve de tant de patience depuis si longtemps, vous pourrez vous le procurer en cliquant sur l'encart en haut à droite.

Les chemins de l'édition sont pavés d'épines, mais on finit par arriver quand même.
Certaines blogueuses l'ont déjà eu en avant-première. Je suis pleine de joie, de trac et de fébrilité, dans l'attente de leurs réactions.
Partager le repas de midi avec une amie venue de loin pour la circonstance, une surprise magnifique.
Boire un café pour fêter ça.
L'après-midi, me rendre en  hâte à la remise des prix du concours d'écriture de la Médiathèque et voir éclater la joie de mes élèves qui ont gagné. Me dire qu'une fois de plus, ma passion de l'écriture a payé.
 Ecouter une comédienne lire leurs textes comme de mini-pièces de théâtre, en mettant le ton, sous leurs yeux subjugués. Prendre des photos, filmer, essuyer une larme.
Rentrer, boire un café pour ne pas dormir (pas le temps!).
Ce soir, aller écouter mon fils jouer America et The Wall et douze autres morceaux de très bon rock avec son groupe "Blindfold" dans le pub branché de la ville. Boire une bière.
Rentrer les yeux rougis d'émotion, de fatigue, étourdie et ne pouvant dormir.
Préférer venir coucher tout ça sur le papier virtuel, plutôt que de tourner dans mon lit.
Relire ce que j'ai écrit et y trouver quelques effets de la bière et de la fatigue sur mes enchaînements d'idées. Tant pis.
Une journée cent mille volts.
Demain, je bois de la tisane toute la journée!

08 juin 2012

T'as corrigé tes évals? Euh...presque!


Huit heures du soir. Des gouttes de pluie plique-ploquent sur le store qui abrite la terrasse. J'ai sorti l'ordi, la lampe, mes vingt-huit cahiers d'évaluations, il fait une chaleur touffue. J'ai installé mon bureau dehors, c'est la première fois que le soir ressemble à l'été. Ça gronde au loin. Les feulements de l'orage sont excitants, ponctués de décharges électriques. 
Neuf heures. Je me bats contre ces mots étranges et confus dont notre administration a le secret.
Il y est question d'items, de modules, de formulation, de remédiation.
L'air fraîchit. Les hirondelles se mettent en rase-motte.
Neuf heures trente. Je tente de comprendre la logique tordue du gars qui a pondu ce genre de phrase pour "aider les enseignants" à corriger les exercices (pardon, analyser  les items):


Des croisements d’items peuvent également être opérés afin de conforter des résultats, par exemple entre « Dégager le thème d’un texte » et certains items de « Repérer dans un texte des informations explicites et en inférer des informations nouvelles (implicites) » pour vérifier la compréhension globale d’un texte, ou entre « Reconnaître et vérifier à l’aide des instruments que des droites sont parallèles ou des droites sont perpendiculaires » et certains items de « Reconnaître et vérifier en utilisant les instruments, qu’une figure est un carré, un rectangle, un losange,un triangle particulier, un parallélogramme ». (sic, j'ai pas changé une virgule)

Mon esprit galope sur une lande esseulée parmi les chevaux blancs, j'ai seize ans, je suis une héroïne de Jane Austen, le vent m'emporte dans sa folie violette et sombre, mes cheveux flottent sur ma robe trempée, je fuis un père autoritaire et froid, je vais rejoindre le comte Victorien de Hautecourt de Bois Cendré, mon amant.
Dix heures. La pluie redouble. Les éclairs craquent.  Hem, voyons... repères critériés, contexte, compétences, déficit lexical, mémorisation...
Victorien a le front haut et le regard noir, et le torse viril. Il m'emporte dans une passion échevelée, nos corps s'enroulent ensemble dans cette grange où s'abritent nos rendez-vous clandestins...
Dix heures trente. Encore douze cahiers...Plus que douze? l'orage arrive! Vite, rentrer les cahiers, la lampe, l'ordi, remonter le store. Rentrer. 
Rentrer, retrouver les colères de mon père, ce hobereau acariâtre et fier qui ne me permet rien.
Appropriation de la terminologie, automatismes de la chaîne des accords dans le groupe nominal,inférence, linéarité, transposition, codage...
Je finirai demain, j'en ai plein la gargoulette des évaluations nationales!
Demain, je repartirai sur la lande à la nuit tombée, sentir sur ma peau le fouet des embruns et me donner sous la lune à mon bel amant de Saint Médard. 
(Oups, il pleut! Vivement Saint Barnabé!)


04 juin 2012

Ubiquité, rêve récurrent, prémonition, étrangeté

 J'éprouve depuis l'enfance, de temps en temps, particulièrement les soirs de grande fatigue, où mon cerveau se met à vagabonder, une sorte de vertige à passer très vite, par la pensée, d'un lieu à un autre, à une vitesse folle. C'est très difficile à expliquer, encore plus difficile à décrire. Je peux passer en dix secondes d'un grenier poussiéreux à une terrasse lumineuse, d'une jetée assourdie d'oiseaux à un trottoir luisant de pluie à Paris.
C'est un peu comme si mon esprit cherchait un lieu où se poser pour se sentir bien. Je sais, ça a l'air étrange et un peu fou, mais c'est exactement cela. j'ai envie d'être partout à la fois, et je ne me sens bien nulle part.
***
Il y a un rêve que je fais depuis toujours, je suis au bord d'une falaise, et je me mets à marcher dans l'air. Ce n'est pas un cauchemar. C'est un rêve agréable, mes pieds rebondissent sur l'air avec légèreté et je me sens bien au dessus du vide.
 Les rêves récurrents: le bonheur des psychanalystes....
***
Celui-là, vous le connaissez: c'est le sentiment de déjà vu. On arrive dans un lieu et on croit y être déjà passé, alors que rien ne nous autorise à le penser. Les gens parlent et le sentiment que l'on connaît la conversation, que l'on a déjà vécu cette scène, vous savez, nous saisit à la gorge. C'est fugace, et cela nous laisse pantois et vaguement inquiet.
***
Le plus bizarre, c'est cette façon que notre tête a de nous jouer des tours: on est là, dans une situation, bien en place et tout à coup, on ne se sent plus là, sans crier gare le sentiment d'étrangeté, d'incongruité nous étreint.Angoissant, non? 
On est ailleurs, il faut se pincer pour revenir dans le monde réel. Pendant un moment, on a flotté entre deux eaux, comme si on était sorti de son corps.
***



Que de mystères insondables dans le cerveau! Est-ce que les animaux éprouvent ce genre de manifestations cérébrales? Comment peut-on être à la fois si rationnelle et si fantasque? Est-ce que je suis normale, docteur?



03 juin 2012

Grandiose et gratuit

Ces Trois Belles ont pour nom Véga, Altaïr et Deneb. Elles forment le "Triangle de l'été" juste au dessus de vos têtes.
Quel bestiaire étonnant! Au zénith, dans ce zoo stellaire, votre oeil émerveillé découvrira (gare au torticolis, étendez-vous mollement sur l'herbe douce) 
la LYRE et son étoile très brillante Véga, 
le CYGNE dont les ailes se déploient majestueusement au- dessus de nos têtes, et dont le bout de la queue se nomme Deneb, 
et enfin l'AIGLE dont l'oeil vous fixe sous le beau nom d'Altaïr.
On y voit aussi un petit DAUPHIN échappant comme par miracle à la FLECHE décochée par le Sagittaire, qui manque sa cible depuis quelques petits milliards d'années...
Le tout sur le fond de Voie Lactée...c'est un spectacle confondant, chaque été.
Choisissez un ciel pur, en montagne, loin de toute pollution lumineuse.
L'émotion est garantie. (Si vous n'êtes pas satisfaits,  adressez-vous à Célestine, 19 avenue des Etoiles, ORION)

Le nom de ces trois étoiles est d’origine arabe : Deneb signifie « queue » car elle constitue effectivement la queue du Cygne. Altaïr signifie « l’aigle en vol » et Vega « le vautour qui plonge », la constellation de la Lyre étant vue comme un oiseau.(source: wkp)
(à suivre)

01 juin 2012

Trop vite


Berceau de nacre et d'opaline.
Front blond.
Odeur de lait.
Sorti de moi. Espoir. Bonheur.
Ongles minuscules. Dodus bras roses. Rire cascade.
Si doux bébé, si doux bébé ! Joues abricot. Sourire d'ange.

Serré si fort. Si fort poitrine ! Soupir. Frisson.
Moi vouloir toujours toi garder...
En un éclair. Dix-sept années.
Une fraction d'éternité...
et...ô mystère !
Une voix d'homme. Immense corps.
Pieds de géant.
Émue. Troublée. Fierté de mère.
Où parti,  l'ange ? Envolé ? 
Sur la photo de toi bébé,
Disant que je n'ai pas rêvé,
Une plume d'ange oubliée....
Moi pas pleurer.


(A mon fils qui va fêter son anniversaire le jour du bac...)

Pour le défi du samedi n° 196  l'inspiration était libre à propos de cette photo...
Allez découvrir les autres textes....