30 juin 2016

Dans ma valise


Partir à l'aventure  #MicraAttitude #France:




Si vous ouvrez ma valise en cuiracier, vous y trouverez ma clarminette dont je joue depuis que je suis toute gosse, ma clouche pour sonner l’heure du repas et servir la soupe en même temps, et mon abribuste en satin dentelé. Un androjean,  un pantalontano italien pour aller loin, et mon yankeemono en soie que j’ai rapporté de New-York.
Je laisserai mes vieilles chaussures fatiguées au savatorium, leur préférant des sandaltoniennes aux couleurs difficiles à distinguer, à part pour un expert de la camaïeutique socratique.
Comme je suis cosméticuleuse, je n’oublierai pas mon savion (pour me laver en vol) ainsi que du shambonpooing pour mes cheveux gras, au cas où (aimant parler avec les mains) je trouverais un charmant voisin avec qui palpoter.
Dans un petit sacchaprose à côté, j’emporterai mon babaoromètre, pour mesurer  le taux d’alcool dans les gâteaux, une bouteille de quetschup, la fameuse sauce aux prunes, et, pour satisfaire mon éboulimie, quelques rochers au chocolat qui tomberont dans mon estomac au moment iguoine. Quelques préservatifs achetés chez le capothicaire, afin d’éviter les vizizitudes, et de ne pas me faire transformer en tapinhambourg, ces belles plantes qui poussent dans les vitrines hollandaises. Et puis, bien sûr mon livre sur Bazarathoustra (le philosophe bordélique) dont je ne me sépare jamais. Toutes choses qui permettront de prévenir les crises de scepticémie qui guettent les zérotomanes.
Les cycloptimistes me regarderont d’un bon œil, alors que, risquant la tandémie,  les cyclystères pédaleront à lavement dans la semoule, en me tirant un nez de cyranosaure. Mais peu me chaut.
Une fois sur place, j’irai dans la forêt observer les apachydermes à plumes (rebelléphants assez dangereux)  les ventilopes (qui courent si vite qu’elles rafraîchissent l’air) et les velcrocodiles (qui ne lâchent jamais leur proie). J’aurai sûrement la chance de voir le chien musicien appelé discoteckel, ami du hamsteréo, petit rongeur de haute fidélité.
Mais ma joie serait vraiment complète si je pouvais enfin, enfin,  observer un colibrius, cette espèce de drôle d’oiseau à bec fin…

C’est pour cela que je vais accomplir ce voyage. Je dois vous laisser. Il me faut terminer ma valise de mots.

¸¸.•*¨*• ☆



Pour vous amusiquer 

Pour les impromptus littéraires.
Mots-valises créés à l'atelier du Pornithorynque.

28 juin 2016

Ah ! l'eau...

féérique:

Un jour, mon ami Saoul-Fifre, dans une de ses fulgurances littéraire dont il est, hélas,  de plus en plus radin, malgré les demandes pressantes et itératives de ses amis, a écrit un hymne à l'eau d'une beauté galactique et ferrugineuse absolument suréminente.
C'était méritoire,  quand on sait que l'eau est censée faire rouiller les amateurs de vin comme lui.  La première phrase qui lui servait d'incipit y est d'une grâce absolue. Un poème au souffle lyrique d'une grande élégance.
« Au commencement était l'atome primordial, le bâtisseur d'étoiles, le tourneur de planètes, le faiseur d'eau... » 

Plus tard, mon ami au Lorgnon Mélancolique en chantait les louanges avec ce texte sublime de Paul Valéry, dont voici quelques lignes :
« Parfois, visible et claire, rapide ou lente, elle se fuit avec un murmure de mystère qui se change tout à coup en mugissement de torrent rebondissant pour se fondre au tonnerre perpétuel des chutes écrasantes et éblouissantes, porteuses d’arcs-en-ciel dans la vapeur. »

Et moi dans tout ça ? Moi, je bois. J'adore l'eau depuis qu'un jour, j'ai compris à quel point c'était un remède simplissime et efficace qui m'évite quotidiennement des dizaines d'affections. Quelle chance nous avons, ici, de posséder de l'eau ! 
Je ne vous fais pas la liste complète des améliorations que j'ai notées sur ma sublime peau de déesse  ( qui tenait auparavant davantage du crocodile, là, sur les tibias, vous savez). Mais sachez que, depuis que j'ai retrouvé la soif bénéfique, hop ! envolés les peaux de lézard, les tiraillements, les courbatures, les petites douleurs articulaires, les migraines, les tendinites, les gingivites, les conjonctivites...Plus de problèmes de tuyauterie encombrée, de bouchons circulatoires,  de calculs rénaux, de digestion lourde, de somnolence. J'ai le visage lisse et le cheveu brillant...

Vous réalisez  ? Vous possédez un médicament miracle et universel, un véritable sirop typhon, doublé d'un sérum anti-âge hyper concentré plus plus, et tout ça, juste en ouvrant le robinet ... Si ça venait à se savoir,  ce serait la ruine totale de Sanofi ou de Loréal... mais en revanche ça comblerait largement le trou des Halles de la Sécu...
Chut ! C'est mon secret de juvénilité. Deux litres d'eau par jour et je vous promets des lendemains qui chantent, et feront jaillir la vie en vous comme d'une fontaine ! 


¸¸.•*¨*• ☆

24 juin 2016

Le Lac

photo celestine


Ecrin de chlorophylle. Eaux vertes. Cygnes blancs.
C'est mon lac. Ce sont mes potes. 
 Quand je suis passée, tout à l'heure, ils étaient là. Comme à chaque fois que je vais courir. Calmes, majestueux, insouciants. Le genre qui s'en fiche du Brexit et de la chute des cours boursiers comme de l'an quarante...
Si tu avais couru avec moi, tu aurais aimé les voir se rapprocher, silencieusement, comme s'ils voulaient être sûrs d'être bien sur la photo. Cabotins, va ! 
Je suis sûre qu'ils me reconnaissent. A chaque fois, ils me demandent poliment si je suis contente de mon temps de course et de ma moyenne. Mais à leur regard, je crois bien qu'ils ne se font plus guère d'illusions sur la santé mentale des êtres humains,  et qu'ils me désapprouvent de m'agiter comme ça en tenue de flamant rose, alors qu'il fait si chaud et que l'eau est si douce...
Je n'ose leur dire que, quand j'étais petite, j'ai fait rat dans le Lac des Cygnes. Ils seraient capables de se vexer.

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23 juin 2016

Puzzle

Sous titre:  « On ne fait pas entrer le carré du puzzle à la place du rond. »
Proverbe célestinien.


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Je le sais, depuis le temps, que je suis comme ça. Quand la vie se fait chameau et veut me faire passer par le chas d’une aiguille, je me cabre et renâcle.
Je suis née sous le triple signe bénéfique de la jument impétueuse, du volcan jamais tout à fait éteint et du fox à poil dur.
Je me cabre, et puis je me mets en boule, mais au sens propre. Je me boulifie, et je flotte comme un bouchon de liège dans une baignoire.
Je voulais d’abord remercier tous ceux qui ont laissé une trace d’écume sur mon sable.
Tout ceux qui m’ont lancé une bouée, du fond du cœur merci. Ah mes amis, en plus de vos passages, petites bouteilles à l’encre sympathique, j’ai reçu des dizaines de textos, de mails, de messages compréhensifs, empathiques. Bon sang ce que ça fait chaud au cœur ! Et désolée si je n’ai pas toujours répondu très vite…Ça m’a fait un bien fou de courir dans le vent loin des écrans de mes nuits noires. De redéfinir mes priorités. De trier l'ivraie et l'ivresse.
Aujourd’hui, j’arrive à prendre du recul, et à sourire de ce qui n’est au fond, qu’une grosse tempête dans la météo de la vie. Mais franchement, pendant quelques jours je n’ai pas brillé.
Une étoile rabougrie et sans feu, voilà ce que j’étais devenue. 
L’élément déclencheur est un renoncement. Une leçon que la vie m’a présentée plusieurs fois, mais j’étais sourde et malentendante. Cette fois, j’ai compris. C’est pourtant une chose qu’un enfant de dix-huit mois capte plus vite que moi : on ne fait pas entrer le carré du puzzle à la place du rond. Quand ça ne s’adapte pas, il faut arrêter de forcer comme un âne, au risque de se fracasser les phalanges, ou de briser la pièce. Mais il y a des fois, vous l'avez remarqué, où l’on a moins de jugeote qu’un enfant de dix-huit mois. Mieux vaut lâcher prise et aller voir ailleurs si on y est.

Et comme toujours, selon la loi de l’attraction universelle, les mauvaises nouvelles sont alors tombées en pluie telles des grenouilles sur la basse Egypte.
Et les fleurs vénéneuses du doute, du souci, de la tristesse se sont plantées dans ma tête, étendant leurs stolons jusqu’à mon cœur, qui a refait son numéro de tachycardie…
Doute sur moi-même, ma valeur intrinsèque, mes valeurs. 
Tristesse pour cette amie qui vient de perdre son beau-frère à 58 ans. Souci pour ma chère Olga, ombre du Crabe,  ombre de la Faux, inquiétudes, attentes et angoisses. Heureusement non fondées...quel soulagement !
Soucis pour mon père, qui a « la sono cassée » pour reprendre l'expression d'Isabelle Adjani dans l'Eté Meurtrier. Souci pour mon frère qui a dû se faire charcuter la main pour éviter la septicémie...
Bim bam ! De tous les côtés c’est tombé.
Aujourd’hui, je me sens …vous savez, quand on a chopé la grippe et qu’enfin, au bout de plusieurs jours passés dans la tiédeur un peu fétide du lit, avec les cheveux qui collent dans le cou, et des traces de sel blanc au coin des yeux, et la table de chevet jonchée de comprimés, de bouteilles de sirop et de verres vides, on remet le pied parterre, étourdi et fragile. En se disant qu’on est guéri. Mais pas tout à fait.
Convalescente, c’est ça. Je ne trouvais plus le mot. Mais pleine de la certitude que la vie est là. Toujours belle. Tapie dans le moindre souffle.
Après m'avoir supportée au sens un, vous allez devoir me re-supporter au sens deux.
¸¸.•*¨*•

19 juin 2016

Avis de grand frais


Photographier l'orage pour oublier que la vie est parfois une tempête...
Faire une petite pause jusqu'à ce que le beau temps revienne.
Penser fort à vous tous.
Céleste
¸¸.•*¨*• ☆












17 juin 2016

C'était à Mégara...









Répondant à l'invitation d'Anne, pour ma première participation à l'agenda ironique, il s'agissait d'obéir à une triple consigne: 
>Utiliser l'incipit de Flaubert dans Salammbô :
« C'était à Megara, faubourg de Carthage, dans les jardins d'Hamilcar »
>Placer les mots « cannibale, fourbir, niquedouille, praliné, rentable, sautiller, tellurique »
> et s'inspirer de la photo ci-dessous.




***




Cela aurait pu se passer à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar. Si j’avais été Flaubert.
Ou, en moins littéraire,  à Niquedouille, faubourg de Conchy-les-Pots, dans les jardins du presbytère. Ç’aurait été drôle et décalé.
Dans le désert, peut-être,  à mille miles de toute terre habitée.
A Babylone, Kairouan, Vérone, Syracuse ou au sommet du Fuji Yama.
Ou encore au milieu d’une jungle sévère, cernée de cannibales ventrus et féroces.
Mais rien de tout cela. C’était juste sur un infime point entre ciel et moi.  Juste là. Sur l’appui de ma fenêtre un soir de juin sur la terre. Seule devant l’univers bleu nuit. Au loin, la rumeur diffuse d’un vague journal présenté par un godelureau à la mèche blonde fixée au gel,  laissait échapper les mots grinçants et lassants d’un monde en décadence.
« Profit…rentable…actions…bénéfices...»
Fuir !
Le ciel fourbissait ses plus mirifiques étoiles, diamants acérés à l’éclat impétueux ou discret,  astéries lointaines piquetées sur le sable noir de la voûte. La voie Lactée, grand jet de sperme sidéral praliné de taches plus sombres, ajoutait de la grandeur mystérieuse au sentiment qui m’étreignait. Altaïr bleuissait d'une langueur extrême.
Les petits éventails du gingko biloba sautillaient à quelques encablures, en ombres chinoises, agitées faiblement par un vent calme d’avant-tempête. Je sentis les énergies telluriques se frayer clairement en moi un chemin, en investissant mes pores, mes vaisseaux,  mes organes d’une étrange paix métaphysique. J’étais en train de glisser dans une dangereuse rêverie chateaubriantesque, imaginant que là-bas, on contemplait aussi les étoiles…
Quand, soudain, un hurlement raya le silence comme un ongle sur une ardoise et s’engouffra dans ma bulle spatio-temporelle.
La baby-sitter des voisins, une hipster quelque peu évaporée et excentrique, venait de se prendre les pieds dans une bouée et de s’étaler dans la piscine en pestant contre ces 
« saloperies de gamins trop gâtés qui sortaient tout et ne rangeaient rien ».

En quoi, je ne pus lui donner tout à fait tort.