17 juin 2024

Dans l'air tremblant de l'après-midi

Photo internet René Dumoulin






Cet après-midi vibrait de cette douceur surprenante de l'été qui tente une approche, se frayant un chemin parmi les perturbations dues à des causes diverses, année de treize lunes, année bissextile, passage de la comète du diable, et j'en passe. 
J'abandonne la lecture de Frederic Lenoir pour écouter un extrait de la messe en ut mineur de Mozart. Page soixante-quatre, il indique quelques musiques qu'il aime, et celle-là en fait partie. Les yeux mi-clos, je vois les branches hautes du pin, tendues comme des doigts gantés de velours vers le ciel. Elles oscillent doucement au vent.
Soudain, un drôle d'oiseau se pose en équilibre au sommet de l'arbre voisin. 
C'est un guêpier. Un oiseau extraordinaire, difficile à observer. Une farandole de couleurs parcourt son plumage brillant.
Il reste là, de longues minutes, bougeant sa tête en tous sens et alors... le temps s'arrête. 
Je ressens fortement, sans pouvoir expliquer pourquoi ni comment, une forte connexion entre l'arbre, l'oiseau, le ciel, Mozart et moi. L'harmonie de ce tableau vivant me transperce, c'est le sentiment dont parle justement mon livre : La Puissance de la Joie. Comme si nous étions les cinq éléments d'un ensemble mystérieux, une toile où rien ne manque, en cet instant. 
Je retiens mon souffle. Pas question de rompre le charme en allant chercher l'appareil photo. Je m'applique à imprimer l'image derrière mes paupières, et dans chaque fibre de mon corps. Une joie profonde, muette, sublime, me traverse.
Certains n'auraient vu là, sans doute, qu'un piaf posé sur une branche, sur fond musical, un jour où il fait un peu moins moche que les autres. 
La perception des choses est tellement personnelle. J'en serai éternellement étonnée.


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06 juin 2024

Lettres du Japon (13) L'âme japonaise. Fin.




Me revoilà au bercail. La tête et le coeur emplis d'impressions et de souvenirs. Il me reste à trier, ordonner et mettre en page des milliers de photos pour en faire un bel album, comme à chaque fois. Rappelez-vous ce billet. J'y parlais de l'Irlande, de Venise...

Ce fut un beau voyage. Parfois un peu dystopique, dans les méandres des mégalopoles surpeuplées. Souvent plein de magie, dans les hauts-lieux spirituels. Mais toujours empreint de ce parfum mystérieux de l'ailleurs, de l'étrange, de l'exotique au sens premier : ce qui est étranger, en-dehors de soi. Différent.
Je n'ai vu qu'une toute petite partie du Japon. Connait-on jamais un pays ? Je sais qu'en quinze jours, on ne peut voir que l'écume de son âme. La surface des choses.
Je sais que c'est loin d'être un paradis pour la condition féminine, que le taux de suicide y est élevé, que le monde du travail est impitoyable et très hiérarchisé, que le système de retraite est inexistant, ce qui fait que l'on trouve beaucoup de personnes très âgées encore au travail...
En bref, la beauté des jardins et les lignes audacieuses de l'architecture cachent sans doute de tristes réalités. Et le fait de vivre constamment sur une poudrière volcanique, sujette aux séismes, typhons et autres tsunamis, sans parler des accidents nucléaires, n'est pas le moindre des inconvénients. La consommation y est effrénée, le mode de vie artificiel des jeunes épris de mangas et de haute technologie a de quoi inquiéter. Tout comme l'obsession de l'hygiène et la frilosité des rapports humains. On ne se touche que très peu au Japon.
Malgré tous ces points noirs, notre guide semblait très attachée à son pays, à ses racines, son histoire et sa particularité îlienne. Et très fière. Elle ne saurait vivre ailleurs que sur la terre de ses ancêtres. 
Oui, parce que les Japonais sont avant tout des Îliens, tels les Anglais ou les Australiens, d'ailleurs comme eux adeptes de la conduite à gauche.
J'ai aimé vous faire partager mon périple, et je vous remercie de m'avoir suivie, pour certains très fidèlement, dans ces pérégrinations du bout du monde. 
Allez, pour vous, une jolie collection de portraits. Puissent-ils vous donner une image de l'âme japonaise telles que je l'ai perçue.
(Cliquez sur les images pour les agrandir)