Cet après-midi vibrait de cette douceur surprenante de l'été qui tente une approche, se frayant un chemin parmi les perturbations dues à des causes diverses, année de treize lunes, année bissextile, passage de la comète du diable, et j'en passe.
J'abandonne la lecture de Frederic Lenoir pour écouter un extrait de la messe en ut mineur de Mozart. Page soixante-quatre, il indique quelques musiques qu'il aime, et celle-là en fait partie. Les yeux mi-clos, je vois les branches hautes du pin, tendues comme des doigts gantés de velours vers le ciel. Elles oscillent doucement au vent.
Soudain, un drôle d'oiseau se pose en équilibre au sommet de l'arbre voisin.
C'est un guêpier. Un oiseau extraordinaire, difficile à observer. Une farandole de couleurs parcourt son plumage brillant.
Il reste là, de longues minutes, bougeant sa tête en tous sens et alors... le temps s'arrête.
Je ressens fortement, sans pouvoir expliquer pourquoi ni comment, une forte connexion entre l'arbre, l'oiseau, le ciel, Mozart et moi. L'harmonie de ce tableau vivant me transperce, c'est le sentiment dont parle justement mon livre : La Puissance de la Joie. Comme si nous étions les cinq éléments d'un ensemble mystérieux, une toile où rien ne manque, en cet instant.
Je retiens mon souffle. Pas question de rompre le charme en allant chercher l'appareil photo. Je m'applique à imprimer l'image derrière mes paupières, et dans chaque fibre de mon corps. Une joie profonde, muette, sublime, me traverse.
Certains n'auraient vu là, sans doute, qu'un piaf posé sur une branche, sur fond musical, un jour où il fait un peu moins moche que les autres.
La perception des choses est tellement personnelle. J'en serai éternellement étonnée.
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