J'avoue que
malgré une descente rapide mais organisée dans mes souvenirs (avec piolet
et corde de rappel car il m'a fallu aller profond !) rien ne remonte
spontanément à la surface granuleuse de mon cortex embrumé...
Enfin, rien de
récent et de décemment épouvantable à proposer à une fille de quinze ans, mais
quinze ans de maintenant, de cette époque mirifique de ce début de siècle où
plus rien ne fait peur à ces garnements, habitués qu'ils sont aux effets
spéciaux gore en trois dimensions, et aux jaillissements d'hémoglobine à tous
les coins de jeux vidéo.
Il faut
dire que je n'ai jamais trop aimé ce genre de réjouissance. Je m'arrangeais
toujours, ado, pour avoir autre chose à faire quand on me proposait d'aller
voir ce bon vieux Freddie et sa sympathique tronche d'écorché
vif en putréfaction. Ou encore La Nuit des Vers Géants...Quelle horreur
! (ah ben oui, c'est le cas de le dire, je suis bête...)
Alors moi
qu'un chat perdu fait pleurer, comme dit le poète... au prix d'un gros effort, j'extirpe
de ma mémoire refoulée quelques uns des plus effrayants souvenirs de mon
existence.
Mes
premières vraies chocottes remontent à Belphégor que je regardais furtivement et sans
permission, quand j'avais cinq ans...
Ma trouille
bleue devant les Envahisseurs et leur auriculaire
hypertrophié.
Avec Hitchcock, ses corbacks et sa
scène de la douche, j'étais au taquet, et le Silence des Agneaux,
que je n'ai pas vu, m'a donné des cauchemars rien qu'en écoutant un collègue de
boulot le raconter à la cantine entre la passecrassane et le reblochon.
Impressionnable, Célestine, hein...une vraie petite nature.
Il faut
dire que j'arrivais à me foutre les jetons toute seule sur mon lit avec des
nouvelles comme le Horla de
Maupassant, ou la Peau de
Chagrin de Balzac, alors vous
imaginez...
Je ne vous
parle pas du clip de Mickael Jackson, Thriller,
et de son effroyable ballet de zombies...Tout ça n'avait à mon avis pour
but que de terrorriser les filles pour qu'elles se jettent dans les bras des
garçons. Enfin, moi, c'est comme ça que je le comprenais...
Bref, pas
de quoi impressioner la nymphette 2014 en recherche de sensations fortes.
Et puis, en
grattant bien, je me suis quand même rappelé avoir vu deux trois beaux
monuments dont je suppose que j'ai dû les enfouir au fin fond de mon
inconscient tellement ils m'ont glacée d'épouvante en leur temps.
Certains
devenus un peu anecdotiques par leur côté vraiment trop paranormal, comme Amityville la maison du diable, ou l'Exorciste, d'autres trop fantastiques par leurs effets
spéciaux absolument vomitifs, je pense à la
Mouche, sorte d'avatar
effroyable de la Métamorphose de
Kafka, ou Alien, bestiole mi-homme mi-machine qui
m'a empêchée de dormir pendant quelques nuits...
Mais à côté
du grand-guignol sanguinolent, dont les célèbres Massacre à la Tronçonneuse, Shining ou les Dents de la Mer, d'autres
films moins spectaculaires m'ont impressionnée bien plus fortement, en
triturant à l'acide les méandres honteux de mon cerveau reptilien, laissant
apparaître en moi, à mon grand dam évidemment, une fascination morbide
universellement partagée pour les choses indicibles en marge de notre
raison.
Je pense à
des chefs d'oeuvre du genre, Possession de Zulawski, le célèbre Rosemary's baby, Le Locataire de Polanski ou encore les Diaboliques de Clouzot.
La palme du mal absolu revient pour moi sans conteste à l'ignoble, l'innommable Orange Mécanique, qui m'a laissée longtemps éperdue de terreur. J'étais trop jeune, et pas du tout préparée.
La palme du mal absolu revient pour moi sans conteste à l'ignoble, l'innommable Orange Mécanique, qui m'a laissée longtemps éperdue de terreur. J'étais trop jeune, et pas du tout préparée.
Le train
fantôme a encore de l'avenir. On aime se faire peur, c'est humain...
Ah, je vous
laisse, on sonne à ma porte... un Dracula de moins d'un mètre de haut et une
Momie sur le retour me réclament des bonbecs à grands hululements sinon je vais
périr dans d'atroces souffrances...
Mais où
ai-je donc fourré mes fraises tagada?