Elle ne sont que des enfants qui jouent, insouciantes et gaies, parmi les tombes, sous le soleil d'automne après la pluie grise du matin. Observant de leurs yeux pâles les yeux rougis des adultes.
Que répondre quand elle demande, avec une confondante fraîcheur d'âme : « Mamie ne pourra pas venir à mon anniversaire, puisqu'elle est dans le beau jardin là-haut, mais elle me fera quand même un cadeau ? »
Ce n'est pas du déni. C'est juste l'expression naturelle, de la vie qui pulse. La belle innocence que voilà. Un enfant ne sait pas encore. Toute notre existence, on ne fait que chercher au fond de soi comment s'accommoder de cette chose que l'on apprend toujours trop tôt.
Comment dire l'indicible ? Une fois de plus, la vieille Camarde a fait son funeste office. Fauchant l'autre mamie de mes petites étoiles. De manière si inattendue qu'on en reste pantois.
Une fois de plus, on pleure un être parti trop tôt. On accroche aux nuages des ribambelles de mots, des musiques qui serrent le coeur, on se prend dans les bras, on s'effusionne pour faire circuler la vie en nous, et dissiper ce courant d'air glacé d'effroi qui nous épouvante. On resserre fort les liens d'amour et d'amitié.
Une fois de plus, on tente de consoler comme on peut le chagrin de deux grands enfants qui ont perdu leur mère. Leur phare, leur repère.
Et une fois de plus, on se retrouve au soir de ce jour de tristesse, à penser à sa propre finitude. L'âme au bord des yeux. En se disant que le plus dur, quand on meurt, c'est de savoir la peine que l'on va faire aux gens qu'on aime.
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