« Je crois en la couleur rose. Je crois que le rire est la meilleure façon de brûler des calories. Je crois aux baisers, beaucoup de baisers. Je crois qu'il faut être forte quand tout semble aller mal. Je crois que les filles joyeuses sont les plus jolies. Je crois que demain est un autre jour et je crois aux miracles. »
Audrey Hepburn
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Tu avais raison, belle évaporée du Tiffany's. Puisque la vie n'est qu'un immense écran de brouillard. Que chacun y voit ce qu'il peut, ou ce qu'il veut. Que tout n'est qu'illusion en fait, et que rien ne dure. Puisque nous sommes ballotés dans les remous des vents temporels, fragiles comme des moucherons, des grains de blé minuscules. Soumis aux oscillations cosmiques. Aux variations climatiques. A la loi immuable de la Vie.
Alors, pourquoi ne pas croire au bonheur, à la force, au rire, à l'amour ? Et à la couleur rose, celle qui chaque matin, nimbe de splendeur, devant mes yeux éblouis, le vallon qui s'étend devant ma maison...
Je suis une fille joyeuse, je n’y peux rien...
Je suis une fille joyeuse, je n’y peux rien...
J'aime ce que je lis chez beaucoup d'entre vous en cette période exceptionnelle. On y parle de chance, de petits bonheurs, de nature, de printemps, d'espoir, de joie.
C'est vous qui avez raison, j'en suis intimement convaincue. Vous puisez votre énergie dans de petits riens qui sont tout.
On y voit des gens faire de chaque difficulté une opportunité. Des parents heureux de vivre avec leurs enfants, sans horaires, sans bousculade. Des gens qui découvrent que le temps est élastique. Mille idées jaillissent, en un partage sans fin, une chaîne d'amitié, des élans d'entraide et de solidarité. Beaucoup d'humour aussi. Et c'est bien.
Le monde est à marée basse. L'immonde bestiole fait son boulot de virus. Comme tous les virus. Celui-là bloque notre respiration. C'est pour que nous comprenions que l'humanité est en train de bouffer son propre oxygène. De s'asphyxier. De scier la fameuse branche dont parlent les vieux chefs indiens depuis des lustres. Et les scientifiques. Que l'on écoute enfin... J'espère que ceux-ci seront aussi bien suivis, demain, quand il parleront de climat et de biodiversité...
C'est une pandémie symbolique. Une apnée à point nommé, mondiale, où chacun doit reprendre son souffle, et s'examiner la conscience au laser. Un mascaret violent qui remonte le courant de nos mauvaises habitudes, nos rivières d'argent sale, nous couloirs aériens, et nous contraint à lutter contre nous-mêmes. Un alignement nouveau de planètes, une syzygie inédite et bénéfique à la fois.
Il nous faut d'urgence cesser les va-et-vient, les agitations, les vanités, les inconséquences, les gaspillages. Cesser de lâcher la proie pour l'ombre. Cesser de courir après on ne sait même plus quoi. Remettre en cause nos formatages, nos formations, nos conformités, nos difformités.
Une plage immense s'étend devant nous. Immaculée. Vierge. Le changement de paradigme. Beaucoup ne comprendront pas la leçon. Elle se représentera à nous. Plus impérieuse, plus cruciale, plus meurtrière que celle-ci.
Jusqu'à ce qu'enfin, les hommes sortent de leur adolescence capricieuse et immature, de leurs névroses ravageuses et se décident à profiter de cette simple merveille : être vivant.
Comme Audrey, je préfère croire aux miracles. Demain est un autre jour.
Pour les Plumes d'Asphodèle chez Emilie, il fallait placer les mots suivants:
HORAIRE VARIATION REMOUS HAUTE LUNE OSCILLATION VA-ET-VIENT
VENT MASCARET PLAGE BROUILLARD GRAIN SYZYGIE BASSE