31 août 2015

Souquez, moussaillons !

Photo moi 

























Je suis partie sans me retourner, il y a deux mois. Sans remords ni regrets, comme dit Stephan. Avec, serrée dans mes poings, cette force de vie qui m’épantèlera toujours.


Aujourd’hui, allez savoir pourquoi, je m’autorise un petit coup d’œil dans le rétro.
Mon vieux bateau à la coque trouée a retrouvé un capitaine, un vieux loup de mer. Je lui souhaite bon vent pour manœuvrer sur la mer des Sargasses qu’est devenue l’Eduknatt. Une mer mazoutée, et bourrée de récifs bien coupants et de poulpes géants et visqueux.



Oh, bien sûr que mon équipage me manque un peu ce matin. Ce serait mentir que de faire semblant de ne pas penser du tout à vous, à vos gueules enfarinées par le réveil qui a sonné trop tôt, bien trop tôt. Vous, les vieux matelots au long cours, votre air hagard de types qui n’y croient pas, tellement que les vacances ont passé vite, tellement qu’il faut s’y remettre…Je pense à vos blagues vaseuses, aux seaux de café que vous allez ingurgiter pour vous maintenir à flot et à votre bonne humeur un peu affectée, parce que de toutes façons, il vaut mieux faire bon coeur contre mauvaise fortune.

Et vous, les jeunesses, le front haut, bille en tête et le sein arrogant, avides de vous y mettre, encore pleines de cette énergie faite d’enthousiasme et d’inconscience qui caractérise les débutants. Vu la longueur de la traversée, vous avez tout intérêt à en faire des stocks conséquents !
De toutes façons, comme disait ma grand-mère, qui était la logique, « on ne peut être que là où l’on est »…Vous là-bas, et moi ici.

Moi, tudieu, je sais que vous aussi avez une pensée pour moi, ce matin. C’est vrai que je suis affreusement à plaindre. J’ai devant moi un océan de liberté. Ça peut faire peur !  Je regarde la mer de mon balcon. Une légère brise vient du large soulever mes cheveux et m’envahir d’idées polissonnes.  Le soleil éclaire l’horizon comme s'il le caressait. Je suis condamnée à aller visiter des expositions de peinture, me prélasser mollement au bord de l’eau, photographier des barques en bois peint, déguster des fruits de mer et le soir, gratter ma guitare pour de parfaits inconnus qui se laissent aller jusqu’à m’applaudir. C’est dur, vous savez.

J’ai changé de rafiot, mais je suis la même, allez. Ne vous minez pas trop pour moi, si j’ai quelques larmes au coin de l’œil, dites-vous bien que c’est le sel qui m’irrite la cornée.






27 août 2015

Lumineuse


Photo du net
Il m'a dit que j'étais une lumière vibrante. Euh...palpitante. 
C’était si beau.
J’ai eu envie de le croire, même si la frontière est mince entre la vantardise égocentrée et la saine estime de soi…
Elle m’a dit : «  Il est des êtres qui font du soleil une petite tache jaune, et d’autres qui font d’une petite tache jaune un véritable soleil. »
 J’ai souhaité secrètement faire partie de la deuxième catégorie.
Et toi, toi tu m’as dit : « Ne doute jamais de ta lumière ».
Et moi, la fille du soleil et de la pluie, qui vit dans un pays où l’or coule du ciel en longues effluves brûlantes, et qui rêve d’un pays où les ciels gris et tourmentés déversent leurs crachins sur des landes désolées, j’ai en moi l’ombre et la lumière, mais je garde l’une et je dispense l’autre.
C’est pourquoi l’on me trouve si souvent lumineuse, même quand il fait nuit dans mon cœur.
Les yeux dans les yeux, lecteurs chéris, je vous le dis : « Ne doutez jamais de votre lumière »
Surtout quand EDF est en grève.

¸¸.•*¨*•

24 août 2015

Art et relativité




Imaginez…
Imaginez un monde où nous aurions la taille d'un chétif insecte. Chaque objet du quotidien nous apparaîtrait soudain comme monstrueux et menaçant.
Eh bien ce monde existe. Je l’ai découvert. C’est l’oeuvre d’un artiste nommé Claes Oldenburg. 
D'aucuns diront que ce n'est pas de l'Art...je ne sais pas trop...

Mais vous, qu'en pensez-vous ? Quelle est votre définition de l'Art ? 
Comment ça, vous êtes en vacances et vous n'avez pas envie de vous casser la tête ? 
Comment ça vous avez repris le boulot et vous n'avez pas le temps de vous casser la tête ? :-)






















Etonnant, non ? 
Alors, l'Art, vaste débat, n'est-ce pas, Jeanne ?

¸¸.•*¨*•  




21 août 2015

La belle au banc dormant

Photo Daddy



Comme je ne sais rien refuser à mes lecteurs, j'ai écrit à la demande de Daddyrogers, ce petit conte, en espérant que vous ne dormirez pas debout avant la fin...

***


Il était une fois un dentiste veuf qui s’appelait Maurice. Il officiait dans la bonne ville de Marseille-sur-Mer. Tout allait bien pour lui, ses affaires tournaient rond. Sa fille Judy faisait des études d’océanographie à Luminy, une extension trois points zero de la ville. Le goût de la mer lui était venu en fréquentant sa meilleure amie Ariel, une jeune femme mystérieuse née sous le signe des poissons. Judy devenait chaque jour plus ravissante, avec son sourire forcément parfaitement éclatant. (Rapport à son père, qui, si vous suivez bien...)

Or, au bout d’un moment (et parce qu’il faut bien qu’il y ait à un moment donné une rupture dans la situation d’énonciation, sinon on se fait chier grave)  Maurice eut la mauvaise idée de se remarier avec Pulvilla,  une DRH au visage carnassier, gaulée comme une Porsche Carrera, et au sourire plein d’épines, qu’il avait rencontrée sur Bad Houx.  Il en avait un peu marre de la solitude, il faut bien le dire, et de se tirlipoter le schmilblick tout seul devant Netflix ou Youporn.

 Il demanda à Judy si cela ne la dérangeait pas trop, mais celle-ci lui répliqua qu’à son âge, il faisait bien ce qu’il voulait, du moment qu’il n’oubliât pas (comme ça lui arrivait parfois)  de lui verser des sous sur son livret jeune chaque premier du mois.
Au début, Pulvilla fit semblant d’être la belle-mère parfaite, elle dispensait à Judy ses sourires les plus mielleux tous les week-ends, tout en lui préparant ses pancakes préférés. Elle lui offrit même une fois une serviette éponge de plage personnalisée et brodée à leurs deux noms qu’elle avait commandée chez Edmée de Roubaix en promo.

Mais voilà qu’au bout d’un autre moment (nouvelle rupture censée casser le rythme languissant de ce conte à la noix de cajou ou de macadamia, au choix) Pulvilla tomba, en surfant sur le net, sur un article du Méridional vantant la beauté parfaite de Judy, qui venait de remporter le concours de Miss Calanques pour se faire un peu de thunes supplémentaires, rapport aux oublis de Maurice et surtout au coût faramineux des études supérieures dont Maurice n’avait qu’une idée obsolète datant au moins des années 60.

La belle-doche en éprouva un fort dépit, (pour ne pas dire une colère irraisonnée et mortelle) et versa dans le sirop d’érable de la jeune fille une dose léthale de méthamphétamines qu’elle se procurait au noir par son jardinier Albert qui l’était justement, noir, et lui rendait d’autres menus services (enfin quand on dit menus, c’est une litote, rapport à la couleur du jardinier qui, selon les poncifs circulant sur le manteau, procure de sérieux avantages centimétriques aux individus mâles la possédant. Mais je m’égare). Une dose donc capable de mettre un gnou à genoux, voire de l’assommer définitivement. Une mégadose.


La pauvre Judy n’eut que le temps de poser son IPhone sur la table avant de s’écrouler comme un âne mort sur le carrelage noir et blanc du salon. Pulvilla crut que c’était bon. Elle fit charger le fardeau dans le coffre de sa BM, et ordonna à Albert d’aller la déposer sur un banc très loin de là, entre Peypin et Cadolive et en espérant que la maréchaussée la ramassât et conclût à la mort par overdose d’une junkie anonyme. (Comme vous le voyez, son usage personnel de la Meth avait altéré le jugement de Pulvilla de façon stupéfiante)

Albert obéit, dans un premier temps, allongea la jeune femme sur un banc, et dans un sursaut d’humanité,  lui protégea le visage du soleil pernicieux de la garrigue avec sa casquette de chauffeur (oui car il était aussi chauffeur à seize heures) Puis il l’enroula, comme dans un linceul, dans  l’hideuse serviette de plage.

Mais sur le chemin du retour, pris de remords, (et surtout parce que le parfum de la jeune fille lui avait tourné la tête)  il rebroussa chemin,  retrouva le banc et roula un palot mémorable à la belle qui se réveilla comme par magie (Ben oui, c’est un conte, je vous ferai dire) sous la langue experte d’Albert qui en pratiquait couramment plusieurs. Le sale petit bonhomme à la flèche assassine (vous l'aurez reconnu j'espère) venait de faire son travail mieux que Meetic et Attractive World réunis.

Il ne leur resta plus qu’à assigner la méchante pour tentative d’assassinat et subornation d’employé de maison.

Puis ils se pacsèrent, eurent 1,82 enfants, et vécurent heureux ensemble jusqu’à leur divorce.