Il
faut croire qu'une maman revit toujours ses accouchements le jour de
l'anniversaire de ses enfants. En tous cas, c'est vrai pour moi. Le film est
intact. Pas une rayure, pas une zone floue. Les odeurs, les sons, les couleurs
reviennent à la simple évocation du mot. On peut avoir oublié des choses que
l'on a vécues il y a six mois, ou même quinze jours, mais cette sensation
formidable de donner la vie, ce tsunami sensuel, physique, mental et affectif,
restent gravés à jamais.
Mon
premier bébé est né un 28 avril. L'air
était doux, je n'étais qu'un ventre énorme et distendu, je respirais en
révisant mes leçons de préparation sophrologique à l'accouchement. Je n'avais
pas peur, j'étais confiante, je savais que mon enfant serait là dans quelques
heures, mais je ne m'attendais pas au torrent d'émotion qui nous a subjugués à
ta venue, petit être parfait sorti de moi. Je me revois allongée sur mon lit
d'hôpital, dans la délicieuse quiétude qui suit cette tempête, rafraîchie,
reposée, radieuse, sereine, contemplant durant des heures ce miracle absolu. C'est
bête, n'est-ce pas, de se croire la seule sur terre à avoir réussi cet exploit
fabuleux: fabriquer un être humain! Tous les nouveaux parents passent-ils par
cette phase extatique? Et le plus fort, c'est que ce sentiment ne nous a jamais
lâchés tout au long de son enfance. Je regarde cet homme que tu es devenu, mon
fils, et mon cœur s'enfle d'une fierté déferlante. Merci pour tous ces moments
merveilleux que tu m'as donné de vivre depuis ce 28 avril 1987...