29 juin 2015

Qu'elle est verte notre vallée...

Photo Walrus

Tu es venue comme d’habitude sans faire de bruit, sans prévenir. Oh, tu le sais bien, que tu ne fais royalement que ce que tu veux. Tu en profites, hein, de cette toute-puissance. Tu sèmes la désolation, le chagrin, le grand bordel chez ceux qui restent, et ton méfait accompli, tu pars en te glissant dans un souffle, ou dans un tuyau  d’hôpital. Tu es tapie dans l’ombre, et tu ricanes en cherchant sur qui tu vas fondre. Ça t’amuse, sûrement, de te faire les ongles sur ta sinistre faux.
Aujourd’hui, tu as choisi une amie de mon âge. Tu l’as balayée comme un peu de poussière d’or avec une paille. En trois jours. J'en ai été glacée jusqu'aux os.
On est vivant, et pouf, on est mort. Impensable. Et pourtant...
Tous les problèmes se délitent devant ta terrible logique.

On n’y pense pas suffisamment en regardant notre nombril. Rien n’est plus merveilleux que d’être vivant. Entre mes cils, entre mes larmes, j’ai eu envie de hurler. Et dans mon cri silencieux il y avait la rage sidérée contre l’absurdité. Le chagrin. Mais aussi la gratitude extatique de mon cœur qui bat toujours. Miraculeusement.

26 juin 2015

Vortex

En temps normal, tout enseignant plongé dans le mois de juin subit une poussée de haut en bas égale au poids des épineux dossiers qu'il lui reste à régler.
Mais pour une dirlette qui vit sa dernière année, ce principe d’archi-raide se voit accéléré dans un vortex-spatio temporel qui ne laisse que peu de place aux billevesées blogosphériennes...
La spirale des « dernières fois » s’enchaîne implacablement.
Les larmes coulent, les cadeaux pleuvent. Il me faut tenir le cap jusqu’au quai, quand mon esprit vagabonde déjà dans ma prochaine vie.
Les bilans et les projets s’entrechoquent dans ma tête. Bilan d'une carrière. Projets d'avenir. Convictions et incertitudes...

Demain, j’emmène mes élèves aux sources de l’humanité. Quelque chose me dit que cela va apaiser ce tapage.

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21 juin 2015

Inventifs




















Les gens sont inventifs, quoi qu'en disent les grincheux. Je découvre chaque jour de nouvelles façons de lutter contre le fatalisme déprimant et la sinistrose. Et surtout contre l'implacable loi   « du marché et de la concurrence non faussée ».
Partout s'organisent avec bonheur des trocs, des échanges de services, et des bons plans pour vivre mieux et moins cher. 
Ainsi, certaines grandes idées toutes simples comme le covoiturage se sont concrétisées grâce à Bla-Bla-Car. Vous connaissez ? C'est sympa, ça permet de voyager en compagnie, ce qui est mieux que de péter seul.
Je ne suis sûre de rien, mais il me semble que des citoyens éco-responsables et éclairés, qui tentent d'inventer les solutions de demain pour dépenser moins d'énergie, on devrait leur donner une médaille. Ou au moins leur foutre la paix.
Que nenni !
Aussitôt qu'une initiative de cet ordre voit le jour, s'organise la riposte des sacro-saints lobbies. Ceux du train, des taxis, ou des fiacres, pourquoi pas tant qu'on y est ? J'ai failli avaler ma brosse à dents, l'autre jour, en entendant à la radio qu'il fallait "lutter contre le covoiturage" comme si c'était un fléau... Pincez-moi...
Sur la sellette également, le Bon Coin, le site de vente sans intermédiaires et  AirB'n'B, la petite association qui monte,  de location d'appartements de particulier à particulier, qui broute l'herbe des hôteliers. Ceux-ci rouspètent, comme à leur habitude, eux qui savent montrer leur toute puissance pour décider du calendrier scolaire...

Ah la la...il ne faudrait pas quand même que le peuple prenne les rênes de sa souveraineté en se débrouillant par ses propres moyens...Ça ferait désordre.


17 juin 2015

Transparence

























La plante a des feuilles rouges. Un rouge austère tirant sur le lie-de vin. Elle ne paie pas de mine, j'ai souvent envie de la bazarder, tant elle est déprimante.
Et pourtant, une fois par jour, quand le soleil ébroue ses derniers rayons sur le jardin, elle prend soudain un beau rose lumineux. 
C'est pourquoi je lui laisse une autre chance à chaque fois, émue par ce phénomène photogénique en diable.


Ainsi en va-t-il de nous. A la lumière de certains êtres, nous tombons le masque et devenons nous-mêmes. Il nous semble même que nous devenons meilleurs. Cette soudaine transparence alors laisse entrevoir notre âme, qui se met à briller comme un diamant sous la pluie.