C'est vrai. J'ai failli rester là-bas, au pays sauvage des landes désolées et des vertes prairies. Profondément bouleversée par cette harmonie que j'ai ressentie avec la terre de là-bas. Attirée par ces racines celtiques si profondes en moi. En quelque sorte ça nous a fait Dublin de changer d’Eire, ha ha ha !
Et puis, quand même, je suis rentrée, il a bien fallu, et là, j'ai été happée par ces températures caniculaires dont j'entendais vaguement parler comme d'une chose lointaine et improbabable. Moi j'étais en pull et en chaussettes.
Clouée au sol sur le tarmac lyonnais, j'ai été. Quelqu'un avait laissé le four ouvert. Sur ma colline, tout était grillé, les cigales avaient investi la place.
J'ai fait la danse de la pluie. Ça a marché. Mais voilà ce que c'est que de danser toute nue dans la rosée du soir : on attrape de méchants rhumes. J'ai soigné ma sinusite avec des tisanes de sorcière. Ça m'a abattue quelques jours.
Les orages ont fait reverdir la nature, on a profité des matins frais et des soirées douces. Tout préparé pour la cousinade du quatorze juillet. Fait tomber quelques arbres morts. Taillé, coupé, ratissé. Fait revivre un olivier qui luttait contre sa cochenille avec un léger désespoir. Bonheur de le voir refaire des feuilles !
Reçu les copains du club de sport pour une de ces soirées apéritives qui se terminent au dessert, tellement on est bien, tellement on voudrait que ça dure encore.
Découvert un bon restaurant en bord d'Isère. Bu le thé avec Lucile sous le chêne. Dégusté une paella au bord d'une piscine. Répondu à deux ou trois invitations.
Et les après-midis ? Quand l'astre au zénith invite à rester dans la pénombre tiède des moucharabiehs, j'ai trié les centaines de photos rapportées de nos voyages pour en faire de beaux albums sur papier glacé. Le numérique, c'est bien, mais l'immortaliser sur papier, c'est mieux. Le premier, sur l'Irlande, est terminé, comme vous pouvez le voir. Cent soixante-dix pages. Un monument.
J'ai fini le deuxième sur les Lacs Italiens, il devrait arriver jeudi. Et là, je suis en train de terminer Venise. Vous voyez, ce n'est pas que je ne pense pas à vous, lecteurs adorés, mais le temps m'échappe comme l'eau qui file dans l'aube d'un moulin.
C'est le moulin de mon coeur, alors je sais que vous ne m'en voudrez jamais d'être aussi heureuse. Le bonheur...Vous savez, cette chose éphémère et fragile qui peut s'envoler d'un instant à l'autre.