Enfant, elle avait une bouille ronde et les cheveux d'une blondeur de blé. On aurait dit une petite hutte toute illuminée de soleil. Le surnom lui est resté. La Hutte. Ma chère Hutte des Bois... Les plus fidèles parmi vous se souviennent peut-être de son blog « Petit Singe Vert ».
Les tribulations d'un adorable singe en peluche plus vivant que nature. J'adorais sa poésie. Son humour. Son caractère bien trempé. Ses facéties me faisaient souvent rire. Petit Singe Vert, c'était elle, et sa joie ingénue de peluche cachait sûrement des blessures. Peut-être n'ai-je pas su les voir ?
Notre relation n'a pas toujours été simple. Mais je l'aimais, et je l'aime toujours.
Bien sûr, dix ans nous séparent. Je suis l'aînée, elle la benjamine, d'une fratrie de quatre garçons. Rien que pour cette raison, notre sororité nous donnait une complicité qui aurait dû durer toujours.
Mais ces dix ans d'écart ne sont rien à côté de l'énorme fossé qui s'est creusé entre nous depuis quatre ans bientôt. Notre petit fil de sœurettes s'est cassé. Nos chemins ont bifurqué. Je respecte son éloignement, son besoin de ne plus voir personne. J'essaie de comprendre ses raisons, de me dire que c'est passager, que ce n'est pas contre moi, que ça ne peut pas être définitif, et que nous nous reverrons. J'aimerais l'aider, mais peut-être n'a-t-elle pas besoin d'aide, au fond...
Mais plus le temps file et plus je perds l'espoir. Je tente de maintenir le lien, par de petits messages, des photos, des clins d'oeil. J'ai parfois une réponse, pas toujours. Ou alors un smiley.
Qu'en est-il de toi, vraiment, ma sœur ? Où en es-tu ? Que fais-tu ? Quelle flamme t'anime encore ?
Oui, ma sœurette, j'essaie de me dire que tu vas bien, que tu es toujours un petit soleil sur pattes, mais je ne sais plus rien de toi. Je ne sais pas si tu lis toujours mon blog, parfois je l'espère secrètement, en me disant que nos amarres ne sont pas complètement rompues, et qu'un jour, on se reparlera. C'est quand même trop bête, dans ce monde dingue au-dessus duquel planent les vautours de l'incompréhension et de la violence, de ne pas pouvoir seulement se parler entre sœurs, non ?
Enfin, voilà. Mon bonheur est un grand ciel bleu, avec, tout au fond, un petit nuage gris persistant. Ce soir, il m'a grossi un peu le cœur.
•.¸¸.•*`*•.¸¸☆ •.¸¸.•*`*•.¸¸☆ •.¸¸.•*`*•.¸¸☆