Après une conversation avec mon amie Mathilde Doublétoile, il me revient en mémoire un de ses mots, qui m'interpelle profondément. Me parlant d'une de ses amies, elle me dit soudain :
« Elle est comme toi, elle est simple ».
Moi qui me suis toujours trouvée compliquée, je serais donc quelqu'un de simple. Soit. Admettons. Encore faut-il s'entendre sur le sens de ce mot... pas si simple à définir !
Dans les relations humaines, simplicité égale, sans nul doute, franchise, sincérité. Ce serait bien le contraire de la duplicité, la ruse, l'esprit retors, la tromperie, la manipulation. Il est certain que toutes ces qualités me manqueraient pour faire de la politique. Ha ha ! J'exècre les compromissions, les reniements, les paroles non suivies d'actes.
Etre simple, c'est aussi, à mon sens, sur le plan humain, faire preuve d'humilité. Ne pas se la péter, pas plus haut que son postérieur en tout cas. C'est accepter l'autre dans sa différence, sans la lui faire sentir. C'est peut-être à cette qualité-là que faisait allusion mon amie. Cela demande patience, tolérance, un certain recul, beaucoup d'humour, et de don de soi. J'ai appris à cultiver cette simplicité-là.
Intellectuellement, simplicité égale clarté, netteté, précision. Esprit logique, cartésien. Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. C'est sans doute pour cela que j'aime appeler un chat un chat, utiliser le mot précis pour chaque chose, et que j'ai toujours exécré le vocabulaire ampoulé et pédant de l'éducation nationale. Faisons simple, que diable ! disais-je toujours à ma supérieure hiérarchique quand elle se gargarisait de barbarismes emphatiques et de solécismes pompeux, croyant m'en mettre plein la vue. A bas les nœuds au cerveau et la rate au court-bouillon !
En réalité, cette pauvre madame Jargonos me faisait presque pitié, à force d'être pathétique. Comme tous ces rois, ces géographes, ces businessmen, qui pensent que parler nébuleux leur donne de l'importance, et qui se raccrochent au superflu parce qu'ils ont perdu le sens de l'essentiel.
Simple est aussi le contraire de difficile, qui lui même a deux sens : complexe, ardu, tel un problème de mathématiques ou une ascension montagneuse, mais aussi capricieux, ombrageux, jamais content, pinailleur, ergoteur ... J'aime la difficulté des mathématiques et leurs lumineux cheminements vers la (ré)solution, le dépassement de soi, les choses qui se font désirer au lieu de tomber toutes cuites dans nos assiettes.
Mais j'ai aussi des goûts simples, naturels, le contentement et la gratitude à fleur de plexus.
L'émerveillement n'est-il pas la plus simple façon de regarder le monde ? Une nature fabuleusement riche dans sa diversité et sa complexité, et pourtant si simple. Quand en en saisit l'intime et unique rouage : la Vie.
Alors oui, si j'ai longtemps pensé être une fille compliquée, ce n'est pas uniquement parce que je ne voulais pas être une fille facile, avec toute la connotation sulfureuse du mot.
Ni une simple d'esprit, même si le royaume des cieux est à eux.
C'est surtout à cause de cette personnalité foisonnante, multifacettes, protéiforme, hypersensible et surefficiente que j'ai longtemps portée comme un lourd ballot de foin, tel un handicap.
Désormais, je sais que l'on peut être à la fois d'une fascinante complexité et d'une simplicité biblique.
C'est pourtant simple, non ?
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Il manque la Célestine dans ce jardin de simples |
Merci à Mathilde** pour son inspiration du jour.
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