24 juillet 2022

Le Baiser






Toute ressemblance...etc...etc




 





Vous ai-je dit que, du temps de ma jeune splendeur, j'ai eu une histoire avec un garçon, étudiant comme moi aux beaux-Arts ? Le jour où je l'ai rencontré, il hantait le Quartier Latin à la recherche d'inspiration. Il avait les yeux sombres, et beaucoup de charme, bien que semblant assez myope. Il n'avait pas ce côté agaçant des blancs-becs qui croisaient souvent ma route. Il avait quelque chose de lunaire, non, de stellaire qui me plut immédiatement. Une étoile dans le regard.
Moi, il me trouvait solaire, éblouissante avec ma peau laiteuse et mes cheveux roux attachés en chignon. 
Tant de coïncidences cosmiques auraient sans doute révulsé un esprit cartésien. Mais nous voguions dans ces sphères étudiantes douteuses, sulfureuses, mêlant philosophie, peinture et mal de vivre, dans ce pittoresque microcosme de sorbonnards et de quat'zarts souhaitant refaire le monde entre deux cigarettes, sur fond de new-jazz. Notre rapprochement allait donc de soi.
Il avait beaucoup de culture, de conversation, et d'humour, un humour caustique qui me jeta dans ses bras comme de la limaille sur un aimant.  Nous devînmes rapidement amants. C'était une époque libre et insouciante.
Dans la semaine qui suivit notre rencontre, il me donna rendez-vous au Musée Marmottan. On y donnait une intéressante rétrospective Klimt. Devant le splendide Baiser, ce kaléidoscope émotionnel d'or et de fleurs qui fit la gloire du peintre,  il me jura soudain, tout de go, n'aimer que moi et vouloir m'épouser. 
Etais-je assez imprudente pour succomber à ce genre de belle parole ? Que nenni. Je le rendis à sa liberté, non sans un léger regret tout de même. 
Mais j'avais eu bien raison de rompre, en fin de compte. Quelque temps après, je l'aperçus, rue Lepic, au bras d'une autre ravissante rousse, qui allait devenir la Lumière de ses Jours. 
Aux dernières nouvelles, il paraîtrait qu'ils soient toujours ensemble, tels les Bonnie and Clyde de la Blogosphère. Heure Bleue et Le Goût des Autres, ils se font appeler.

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Pour l'atelier du Goût, il fallait placer les mots suivants :

Attacher.- Sombre.- Éblouissant.- Kaléïdoscope.- Agaçant.- Douteux.- Imprudent.- Succomber.- Révulser. -Stellaire.



22 juillet 2022

Ikigai

Voiles sur le Lac de Garde, mai 2022





Au hasard de mes errances sur le net, j'ai découvert ce mot japonais. Ikigai. 
Littéralement « raison d'être, joie de vivre ». En gros, ce qui nous meut dans la vie.
Si vous errez à votre tour sur la toile, à la recherche d'explications, vous trouverez tout un tas de diagrammes expliquant de manière très visuelle comment ce concept se retrouve à la conjonction de quatre grandes orientations d'activités dans l'existence. 
Passion, Vocation, Profession, et Mission.
Ou comment concilier harmonieusement nos goûts, nos aptitudes, nos besoins fondamentaux et notre implication dans la société. 
Alors, bien sûr, en réfléchissant, on peut penser à tous ceux qui font un métier qui ne leur plaît pas, ce qui est un doux euphémisme. 
A ceux qui rêvent de se réaliser dans ce qu'ils aiment, et qui restent pourtant englués dans des compromis qu'ils n'aiment pas.
Mais aussi à tous ceux qui consacrent toute leur vie aux autres sans jamais s'occuper d'eux mêmes, en s'oubliant carrément même.
A ceux qui gâchent un talent ou même un don, par fatalité, négligence ou malchance.
A ceux qui, au contraire, ne vivent que de leur passion, au détriment de leur entourage qui ne compte pas plus qu'une poignée de figues.
Autant d'exemples de déséquilibres amenant de l'ennui, des frustrations, des peurs, des regrets, des excès. 
Je suis perplexe. C'est intéressant. Mais tout cela reste théorique et idéal, un peu utopique.  Presque trop mathématique. Je suis toujours un peu circonspecte, de toutes façons,  à mettre la vie en diagrammes. Et combien de Japonais vivent-ils vraiment ce concept, dans leur monde citadin numérisé à outrance ?
La raison d'être, la joie de vivre, c'est tellement plus mystérieux. Exquis. Et personnel. 
Une musique parfumée. Une douceur au réveil, comme le frôlement du vent sur la peau. Le sentiment d'être à la juste place. Une harmonie. L'espérance qui souffle sa pulsation au coeur. La certitude que ce nuage qui passe nous a fait un clin d'oeil, rien qu'à nous. Et que le concert des oiseaux, le matin, comme les sourires des enfants,  rafraîchissent nos rivières intérieures même quand il fait si chaud.
Je suis payée chaque mois,  j'aime écrire et je me trouve assez douée pour cela. Et ce faisant, j'ai le sentiment d'apporter une obole de joie au monde. Je nage en plein ikigai, en fait.


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Pour en savoir plus sur Ikigai

11 juillet 2022

La famiglia


L'amour d'une famille, le centre autour duquel tout gravite et tout brille.

Victor Hugo


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Où peut-on être mieux qu'au sein d'une famille ? Partout ailleurs !

Hervé Bazin







 Cette année, le quatorze juillet brillera d'un éclat particulier dans mon ciel de vie. Cette année, sur la Colline, ce seront des moments forts autour d'une belle table. De la gaité, de l'émotion, des retrouvailles. On se racontera nos vies, on rira, on jouera. Le vin coulera dans les verres, les mets appétissants orneront la table,  on a tant de choses à fêter... Il y aura des tentes dans le gazon, et de petits pieds qui courront partout derrière les papillons.
Pas question, évidemment, de rivaliser avec la plus grande cousinade du monde, le Guiness Book n'est pas mon livre de chevet...
Mais quelque chose me dit qu'il n'est pas utile de se retrouver à cinq mille pour célébrer cette étrange invention humaine  que l'on appelle la famille. (Humaine ? Quoique...)
Etrange car  tellement complexe, pour ne pas dire, parfois, contradictoire. Il n'est que de lire les citations des grands auteurs à propos de cette vénérable institution. J'avoue que, globalement, je suis assez contente de la mienne. Mais c'est certainement parce que l'on n'est pas comme cul et chemise.
Donc, comme je vous le disais, réunir les frères et soeurs, les conjoints et leur progéniture, ainsi  que la progéniture de leur progéniture, ça commence quand même à former un joli nombre. A l'école, je l'appelais le nombre d'or des groupes : vingt-quatre. Un nombre qui autorise toutes sortes de combinaisons, par deux, par trois, par quatre, par six, par huit, par douze... Un nombre idéal pour un zèbre comme moi, qui aime tant la magie des chiffres. Je n'étais jamais aussi ravie que quand j'avais vingt-quatre élèves... Mais je m'égare.
La famille... Comme c'est passionnant d'observer toutes ces fortes individualités, et la façon dont elles parviennent à s'imbriquer ensemble pour former un groupe cohérent. Qu'est-ce qui nous lie, tous ? Sans doute, en premier lieu, le sens de l'humour cher à mon père, créant une sorte de connivence subtile, souvent basée sur les mots. Le partage, aussi, bien sûr, de quelques valeurs communes, le goût de la Vie, de la Nature, de la bonne chère, des plaisirs simples. Des références communes, culturelles, musicales, sportives. Et le côté nissart par ma mère, empreint de cette sagesse caustique qui émane des dictons qu'elle nous sortait à chaque occasion. 
Enfin, cette solidarité, si importante dans le monde actuel, qui fait que l'on prend des nouvelles, que l'on prend soin les uns des autres, que l'on s'intéresse à ce que devient chacun. Que l'on s'entraide. 
Et c'est un bonheur de voir les « pièces rapportées » (bien que je n'aime pas cette expression, je parlerais plutôt de « valeurs ajoutées » !) se couler assez facilement dans notre modèle. A commencer par mon prince des collines (celui que j'ai pécho avec ma baguette magique, n'est-ce pas, monsieur le Goût)  qui se démène comme un beau diable pour que tout soit prêt le jour J, et qui s'en réjouit autant que moi...
Notre modèle ? Une sorte de cocon non emprisonnant, finalement, dans lequel on a plaisir à se glisser de temps en temps, pour prendre une goulée de félicité familiale.


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05 juillet 2022

L'été, l'après-midi



C'est vrai. J'ai failli rester là-bas, au pays sauvage des landes désolées et des vertes prairies. Profondément bouleversée par cette harmonie que j'ai ressentie avec la terre de là-bas. Attirée par ces racines celtiques si profondes en moi. En quelque sorte ça fait Dublin de changer d’Eire, ha ha ha !
Et puis, quand même, je suis rentrée, il a bien fallu, et là, j'ai été happée par ces températures caniculaires dont j'entendais vaguement parler comme d'une chose lointaine et improbabable. Moi j'étais en pull et en chaussettes. 
Clouée au sol sur le tarmac lyonnais, j'ai été.  Quelqu'un avait laissé le four ouvert. Sur ma colline, tout était grillé, les cigales avaient investi la place.
J'ai fait la danse de la pluie. Ça a marché. Mais voilà ce que c'est que de danser toute nue dans la rosée du soir : on attrape de méchants rhumes. J'ai soigné ma sinusite avec des tisanes de sorcière. Ça m'a abattue quelques jours.
Les orages ont fait reverdir la nature, on a profité des matins frais et des soirées douces. Tout préparé pour la cousinade du quatorze juillet. Fait tomber quelques arbres morts. Taillé, coupé, ratissé. Fait revivre un olivier qui luttait contre sa cochenille avec un léger désespoir. Bonheur de le voir refaire des feuilles !
Reçu les copains du club de sport pour une de ces soirées apéritives qui se terminent au dessert, tellement on est bien, tellement on voudrait que ça dure encore.
Découvert un bon restaurant en bord d'Isère. Bu le thé avec Lucile sous le chêne. Dégusté une paella au bord d'une piscine. Répondu à deux ou trois invitations.
Et les après-midis ? Quand l'astre au zénith invite à rester dans la pénombre tiède des moucharabiehs, j'ai trié les centaines de photos rapportées de nos voyages pour en faire de beaux albums sur papier glacé. Le numérique, c'est bien, mais l'immortaliser sur papier, c'est mieux. Le premier, sur l'Irlande,  est terminé, comme vous pouvez le voir. Cent soixante-dix pages. Un monument.
J'ai fini le deuxième sur les Lacs Italiens, il devrait arriver jeudi. Et là, je suis en train de terminer Venise. Vous voyez,  ce n'est pas que je ne pense pas à vous, lecteurs adorés, mais le temps m'échappe comme l'eau qui file dans l'aube d'un moulin. 
C'est le moulin de mon coeur, alors je sais que vous ne m'en voudrez jamais d'être aussi heureuse. Le bonheur...Vous savez, cette chose éphémère et fragile qui peut s'envoler d'un instant à l'autre.






Merci à tous ceux qui se sont inquiétés de ce que je devenais. C'est adorable.