28 mai 2013

Plumes de canard





Ceci n'est pas un canard

Lorsque j'étais petite, je pouvais regarder avec fascination une goutte d'eau glisser sur une plume. C'était un spectacle étonnant et un peu magique pour l'enfant que j'étais. Je n'arrivais pas à concevoir que les canards, qui ont toujours le cul dans l'eau, ne fussent jamais trempés jusqu'aux os comme je pouvais l'être quand désobéissante je restais sous la pluie, sur la balançoire, à tirer la langue pour boire l'eau du ciel avec application.... 


Depuis, je n'ai cessé d'essayer de gagner un peu de cette souple imperméabilité pour faire en sorte que les choses négatives glissent sur moi.Mais que c'est donc difficile d'avoir le coeur enrobé de plume de canard! Non, le mien tient plutôt de l'éponge, malgré moi.


En même temps, je me dis que si je devenais imperméable, plus rien ne passerait. Je serais insensible au beau, à l'émouvant, au fragile, à l’ineffable. Et ce serait dommage. C'est un peu les limites que je trouve à l'attitude du sage sur sa montagne, qui se débarrasse de ses désirs et de ses passions humaines. Si l'on n'éprouve plus rien, certes, on ne souffre pas, mais on n'exulte pas non plus: mais pourquoi on vit, alors? tu parles d'un plaisir!
Bref, je n'en suis pas là. Je vibre toujours comme un roseau à la brise légère, et je me pose toujours des tas de questions. J'encaisse aussi, pas mal. J'accuse le coup. Je réfléchis en allant m'asseoir sur un banc au fond du jardin...Je médite.
Et je repars, et je me laisse parfois dépasser par mes émotions. Vulnérable, inquiète, et l'instant d'après sereine à nouveau, Célestine et ses petites cyclothymies, vous connaissez!
C'est simple, en ce moment, je ressemble au ciel: changeante et incertaine, passant de l'ombrageuse nébulosité à la clarté joyeuse. Je me balance, comme jadis, sous la pluie douce amère des petites contrariétés de la vie, mais avec ce bonheur furtif que je lape du bout de la langue, comme la pluie quand j'étais petite.
 Je tangue. Je roule.


J'ai éprouvé une réelle inquiétude pour un être cher. C'est long, un mois sans nouvelles! J'ai eu des attentes déçues, pourtant je le sais, bon sang, qu'il ne faut rien attendre de personne! Que le cadeau vient de surcroît, quand on ne s'y attend pas.Heureusement, j'apprends beaucoup de certains, j'écoute leur expérience,je m'en abreuve, je m'en nourris, j'admire, je prends le jour. Je carpe le diem tant que je peux.
Ah! ces relations humaines si riches et si pleines de sens, ces correspondances jubilatoires,  ces discussions de fin des temps, ces refaisages de monde autour d'une dive bouteille, guitare et coeur en bandoulière, ces amitiés qui se nouent! ( et celles qui se dénouent au rythme des saisons du coeur...ça, ce n'est pas facile pour la fidèle amie que je suis.)

Je suis perplexe sur l'une, et rassurée sur l'autre. La troisième m'est douloureuse. Des dos se tournent, des mains se ferment. Mais de nouveaux bras se tendent, toujours. Rien n'est parfait, tout est bien. Ainsi va le monde, c'est une  aventure passionnante et fébrile. Et à la fin, une chose bien étrange.
L'année avance, mes élèves grandissent, et pas seulement en sagesse, je le vois à ma façon de les regarder de moins haut. C'est peut-être moi qui rapetisse?
Les enfants s'en vont. Ils n'en finissent pas de quitter le nid.Ma fille s'envole pour l'Amérique demain. Le long ruban de réglisse de ma vie s'enroule et se déroule avec des grâces infinies. Les soirs s'étirent mollement et les matins tremblent de promesse. Oui, tout est bien. Avec ou sans plumes de canards.



25 mai 2013

Le temps de vivre


Le vent des magnolias entre par la fenêtre,
 il est printemps il est soleil  et sous mes doigts
 les cordes vibrent
Et le sable du temps qui passe
 emplit de son amère grâce
Le fil de mes pensées perdues
Il est vingt ans, mon bel amour et l'oiseau sur sa branche ploie
sous le poids des incertitudes
Je sens soudain mon âme elle tremble et déchire
de ses ongles fourbus la matière du temps

Pourquoi faut-il partir un jour
me dis-je
A mes muettes larmes
 l'écho du vent répond sans fin 








23 mai 2013

20 mai 2013

Météo, mets tes bas!

Quel temps d'homme!
Samedi dernier, sur les marches rouges de la gloire, les stars peroxydées de Cannes grelottaient sous une bonne petite pluie froide et grinçante. Les décolletés tremblaient sous l'averse, perdant de leur glamour (quoique...) et les mers de parapluies empêchaient les badauds de bien voir passer leur idole du moment. 
Tout est normal. Tout est sous contrôle. Il pleut au printemps! Woua! Le scoop! La belle affaire! 
 Le journaleux de service trouve quand même spirituel de dire que les touristes se pressant au festival sont "trompés sur la marchandise"! Comme si le soleil était un produit  garanti sur facture.Quelle époque épique!

photo Jack l'instit

Bon d'accord, on est en mai, (en mai, fesse qui te plaît ) la cheminée fonctionnait encore il y a trois jours, il est tombé des cordes, l'eau s'est infiltrée dans les entreponts et ça dégoulinait dans le compteur électrique. La panne n'a pas tardé à claquer. Boum, plus de jus! Ennuyeux, ça, comment je vais écrire mon billet sur la météo?...

Bon d'accord, pas un blog qui ne déplore les trombes d'eau qui s'abattent sur nos pauvres têtes qui n'en peuvent plus...

Et dans huit jours, si ça se trouve, on va péter de chaud...et on va se mettre à râler contre la chaleur et la sécheresse   ça s'est vu par le passé. C'est humain. Ça fait parler. La météo est le sujet universel. C'est aussi celui pour lequel on a le plus une mémoire de poisson rouge. Vous vous souvenez, vous, du temps qu'il faisait il y a deux ans à la même époque? (sauf si c'était le mariage de Tata Lucie, et qu'il a plu sur les petits fours...)

 Mais ce qui est certain, c'est qu'il y a toujours quelqu'un, où que l'on soit,  pour affirmer que "Vraiment, on n'a jamais vu ça!"





Prenons alors la peine d'analyser froidement (si j'ose dire) le phénomène, et répondons à cette simple question: 

"Est-ce que ça change quelque chose de râler contre la météo?

J'ai décidé d'arrêter de gémir contre une chose sur laquelle je n'ai aucune prise, ça va m'économiser une énergie folle. Youpi, Toute le Pluie tombe sur Moi, La Pluie fait des Claquettes et I'm singing in the rain. 

Tiens, si j'avais le talent de Jeanne, qui parle justement de moi dans son billet du jour,merci ma Jeanne!  j'organiserais un "chabada" sur la pluie (trouver le plus possible de titres de chansons contenant le mot pluie) Mais je n'ai pas son talent de "Daniela Lumbroso de la blogosphère"... (merci à Antiblues qui m'a appris comment mettre des smileys dans un billet)

Bref, vous avez vu comme on peut faire un long billet en ne parlant que de la pluie et du beau temps!

Alors, c'est pas magnifique, un beau ciel bien  chargé ? Non ? Avec de beaux nuages...
Photo HDB

Photo HDB
Photo coll.privée


Photo J-M



Sinon, un peu de soleil, ce serait quand même bien...juste pour faire mûrir les fraises de Croukougnouche! Je dis ça, je dis rien.



19 mai 2013

V comme Vertige

Madame de Keravel me demanda naguère si je voulais participer à son Abécédaire. 
J'aime beaucoup la lettre V, jolie lettre harmonieuse et équilibrée, symétrique mais pas triste, bras tendus, jambes offertes, ailes d'oiseau.  Le V de victoire. Le V de voyage. Il souffle dans la lettre V un air de vadrouille, de  liberté volage, vibrionnante et vagabonde, qui sent les vacances. 
Mais le plus joli mot, celui que j'ai choisi, c'est le mot Vertige.Une sensation unique.Effrayante et délicieuse. La sensation des alpinistes, des parapentistes et autres défiants du vide et de l'extrême... Peut être une de celles qui donnent le plus l'impression de Vivre, et pas seulement d'exister.














Vertige.

Je m’asseyais au bord du monde, là où les goélands changent de plumage pour l’hiver. Un ciel bas et taciturne charriait ses ombres au vent furieux.
J’aimais plonger mon regard en contrebas des falaises de craie tiède avalées par des rouleaux de mer.
Le vertige envahissait mon âme. Je voulais tomber,comme fascinée par l’appel des galets roulant leur ennui sur une plage vide.
Un lancinant tournis qui durait tant que je voulais, languide et apaisée par les ressacs.
Et pourtant, ce n'était rien. Je n'avais rien vu. Je ne savais rien du vertige avant lui. Avant de serrer mes poings sur cette extrême sensation de manque de lui, avant les soubresauts de ma poitrine au seul bruit de son seul nom. Je l'entends et le sang cesse d'irriguer mon cerveau.
Les chemins escarpés, les ponts suspendus, les vides abyssaux, rien n'égale l'étourdissement que me donne la seule pensée de ses lèvres sur les miennes .
Je chancelle.
Le nom devient verbe. Il me vertige. Je suis vertigée par lui.



Photo: extraite d'un magnifique alphabet kamasutrien chez Alex C.  Vous trouverez ici les autres lettres.

15 mai 2013

Tetris!


Je ne vais pas vous faire l'injure d'oser seulement imaginer que vous ne connaissez pas cet inénarrable jeu d'empilement de briques. Mais au cas où vous auriez un fâcheux et inopiné trou de mémoire, sachez que ce jeu fut inventé par monsieur Nain Temps Dos. A une époque où le mot "déesse" évoquait au mieux, pour les puristes une divinité féminine, et au pire pour les amateurs de bagnoles une berline à museau allongé très prisée à une époque par les chefs d'état. 
Les briques répondaient au doux nom de tetraminos. Mais oui, rappelez-vous! les tetraminos, ces diaboliques combinaisons de quatre carrés qui ont fait la joie des petits et des grands dans les années 90...Accompagnés de cette lancinante petite musique à l' accent russe (avec aisance).Voir plus bas.

Mais où veut-elle en venir, Célestoche, avec ses références moisies du siècle dernier?
(enfin, pas tant que ça, si les voitures, elles,  sont devenues des antiquités, le jeu existe toujours en version smartphone, mais il a perdu de son délicieux charme suranné qu'il possédait sur les premières consoles.)

Eh bien, foin des métaphores marines, pour une fois, prenons une cybermétaphore, et veuillez considérer que le travail d'une dirlo d'école en fin d'année ressemble méchamment à un jeu de Tetris.
Mais oui, vérifions, je vous prie, la véracité de ma théorie. 
Chaque tâche administrative représente une brique. Elles tombent régulièrement du haut de l'écran (ici, nous dirons la hiérarchie) dans un ordre aléatoire défiant toute logique  et il s'agit de les caser rapidement afin de constituer une ligne qui pourra ainsi être éliminée. (J'ai nommé mon agenda, où je barre consciencieusement ce qui est fait et qui n'est donc plus à faire)
Le problème est qu'il ne faut absolument pas se laisser déborder, sinon c'est le bug. Restons concentré! Restons "groupir"!
Certaines tâches arrivent vraiment comme un cheveu sur le potage. Et je cherche encore avec perplexité en quoi elles peuvent bien servir l'intérêt des élèves... Eh, les gars, vous avez vraiment peur qu'on s'ennuie ou quoi?
Le pire, ce sont les dates "butoir" avec délai "de rigueur" . Bigre, ça fait flipper! Genre: "A renvoyer à la Direction Académique avant le 29 mai, délai de rigueur" On se demande ce qui se passera dans la nuit du 29 au 30, à minuit précise...J'imagine une armada prête à donner l'assaut, avec un chef genre Attila, entouré des laids de rigueur, perché sur un cheval fourbu dans une morne plaine désolée d'être battue par les vents... 
-Mais non, banane, on a dit date BUtoir, pas BOUtoir!
-Ah oui, mince, c'est vrai...Quoique...
Bon allez, j'y retourne. Et puis si je suis pas contente, j'avais kapla accepter (kapla: un autre jeu de briques...) Après tout, c'est vrai, quoi. Personne ne m'a obligée à  cette mission. Vous savez bien que si je râle c'est pour la forme.(La bonne forme de mon cerveau, je veux dire, et l'entretien de mon esprit frondeur...) Juste pour dire encore et encore, combien on gaspille à mauvais escient les énergies dans l'Education Nationale...
Les grandes douleurs sont muettes, je ne souffre pas tant que ça, donc. Je vous rassure. Je survivrai. L'humour me sauve, comme souvent.




Pour les amateurs, un petit shoot nostalgique de musique 8 bits.
A consommer avec modération.
N'oubliez pas de couper la musique en haut à gauche avant. A cause des voisins...







12 mai 2013

Et après?

Italie une prof jugee trop sexy pour enseigner
Le soir, je remonte les deux étages après l'heure des mamans, pour aller ranger et respirer le calme de la classe laissée à ses livres et à son tableau, encore toute emplie des derniers chuchotis , des derniers remous de la vie trépidante des écoliers. Je ramasse un bout de craie, un stylo oublié... Petits soucis et gros chagrins semblent flotter encore dans l'air. Morgane a perdu (pardon, égaré) ses clefs. Kevin ne savait plus s'il restait à l'étude...Il me semble m' entendre encore dire "Et n'oubliez pas de terminer votre rédaction sur le rêve, mes enfants!"

C'est un moment extrêmement complexe, celui où les tensions se relâchent, où l'on a l'impression d'être une outre en peau toute aplatie après une traversée du désert de Gobi. Et en même temps, il nous faut puiser à nouveau quelque part l'énergie de nous y remettre, et là, c'est terrible, cet instant de flottement. Parce que c'est l'heure où tout le monde croit que les maîtres ont fini la journée...
Il n'est pas rare, alors, que nous improvisions, avec un ou deux collègues de l'étage, une passionnante et furtive "conversation de couloir". J'aime bien. Ça réconforte. Ça donne du courage pour ce fameux deuxième souffle. 
-Pfff! vivement la retraite! dit Olga Laxie.
Et nous voilà  parties sur la retraite. Vaste et crucial débat. 
-T'as raison, dit Dorothy Devoo, mais ce n'est pas demain la veille. Si on l'obtient un jour!  Et de toutes façons, pour faire quoi? Moi ça me fait peur, de n'avoir plus rien à faire...
-Ça, c'est vrai, reprend Olga, souvent je me dis que je ne sais rien faire à part enseigner...
-Et puis, le travail, c'est la reconnaissance sociale! Après on n'est plus rien, ajoute Dorothy.
-Eh, les filles, je vous trouve bien pessimistes!
-Oui, mais toi, ce n'est pas pareil...tu sais faire plein de choses!
Oh la la!  Elles aspirent à quelque chose, pensent qu'elles ne l'auront jamais, et le redoutent en même temps...C'est complexe. Bien plus qu'on ne se l'imagine. Tout ce qu'elles disent est vrai. La retraite, c'est difficile d'en parler, c'est chargé d'affects, de non-dits, de tabous presque. C'est le mot qui fait rêver les uns et épouvante les autres. Étonnant ce qu'un mot peut trimbaler de casseroles. 
Et on trouve certainement autant de conceptions de la retraite que d'individus. Bien sûr, on ne la vit pas de la même façon avec 600 euros et avec 2500...Selon que l'on vit seul dans un deux-pièces en banlieue, ou entourée d'une grande famille dans une grande maison, avec un beau jardin rempli de roses, selon que l'on est malade ou en bonne santé.
Tout ça, c'est vrai. Bien sûr. Mais à situation égale, cela dépend surtout de sa façon d'être. Je connais beaucoup de retraités heureux, notamment parmi ceux qui lisent ces lignes.Des retraités qui ont la patate, la banane, actifs, et toujours sur la brèche. Et qui apprécient l'instant présent.Quand on aime la vie, on l'aime tout le temps.On ne s'arrête jamais de l'aimer.

Et d'autres qui vivent comme une sorte de punition, c'est à dire très mal cette sorte de mise à l'écart.
Peut-être que c'est le mot qui leur fait peur. Qui les conditionne. Retraite, ça fait un peu Bérésina... Ça sent trop le sapin, dans l'inconscient collectif. La dernière étape avant les pissenlits. La carte vermeil, les monte-escaliers électriques et les conventions obsèques. 
Les publicitaires ne se rendent pas compte qu'ils nous minent le moral avec leurs conneries.


















Moi, mon modèle absolu, c'est Poupette, dans la Boum. L'arrière-grand-mère de Vic. Les connaisseurs apprécieront. Les jeunes iront googler dans You Tioube. 
J'ai beau adorer mon métier, je sais très bien que je ne pourrai pas le faire ad vitam aeternam...Et d'ailleurs, je n'en ai aucune envie. Un jour, je vais divorcer de l'Education Nationale. bang! J'y ai déjà pensé, comme ça, de loin, surtout au moment où l'on en parlait dans les médias...Certes, il y a l'espérance de vie qui augmente, les sous qui diminuent dans les caisses, la pénibilité...Mais toutes les données mathématiques du problème occultent quelque peu la dimension humaine de ce mini drame de la vie.
Il me faudra un jour mettre la clé sous la porte. 
Alors la retraite, ce sera comme une sorte de changement dans la continuité, comme si je changeais juste de métier. J'ai un sacré programme. Je ne vais pas arrêter d'être moi-même, vous me connaissez,  plus que jamais sereine, contemplative et surtout terriblement passionnée. 

Si ça me fait trop mal d'écrire  "retraitée" dans la case profession, eh bien, je pourrai toujours mettre " romancière". Ou "guitariste", ou  "animatrice d'ateliers d'écriture". Ou" fileuse d'étoiles". Ou "fée". Tiens oui, fée, ça sonne bien pour une reconversion. Et puis quelque part, n'est-ce pas la seule chose, moi aussi,  que je sache vraiment faire? 


10 mai 2013

Désillusion




Je l’ai bien regardée, contemplée, admirée, à travers mes pupilles, en lui faisant mon regard vert opalin, coquin, mignardin qu’elle adore. J’ai arrondi, adouci, amolli mes pelotes pour promener velours sur sa peau blanche.J’ai ronronné roulé enroulé mon poil de touffe noire et douce comme soie au satin de ses jambes. J’ai miroulé, miauliné, mignonné mon museau de cuir rose et noir, triangle mou tout froid tout humide contre sa douceur angevine et j’ai langué, léché, léchouillé ses doigts de mon fin papier de verre âpre et scroutch scroutch scroutch sur le fin nylon de ses bas noirs résilles ..Elle a hurlé.  J’ai trembloté, agité, vibrillonné mes fins longs cils moustaches affolantes sur sa joue rose, rosie, enrosie de plaisir...
J’ai cru qu’elle aimerait mes papouilles et mes câlins charmants, chatonnants, ronronnants. Je me suis fait des idées…Elle m’a flanqué dans le jardin.
J'ai pas compris.
Pourtant, elle avait dit : 
« Ce soir, je chatte pendant une heure ».
Et puis elle a pris son ordinateur.
Non. Vraiment. J’ai pas compris…Les femmes sont d'une inconstance!


Pour le défi du samedi, les chats se mettaient à parler ^ ^

07 mai 2013

Mes cordes sensibles

Photo moi
"A l'âge de seize ans je découvris une nouvelle façon de me servir de mes doigts..."
Quel bel incipit pour un roman d'amour! Celui que je vis avec elle ne s'est jamais démenti. Au contraire, il se renforce d'année en année. Je ne l'oublie jamais un seul jour, je l'emporte toujours avec moi en voyage.
Elle me donne mes plus belles consolations, quand le plafond  devient lourd, mon horizon sombre  et mes nuits  bleues. 

"Un jour sans guitare, c'est comme un gruyère sans trou!" aurait dit la grande Ficelle, une amie à moi. (Oui,  j'ai oublié de vous dire, dans une autre vie, je m'appelais Fantômette et je résolvais des énigmes avec une cape et un justaucorps rouges, jaunes et noirs)

J'aime sentir ses vibrations profondes contre ma cage thoracique, les petits guilis au ventre que cela me procure,  et mon coeur qui se soulève au rythme de ma main droite. J'aime découvrir de nouveaux accords, des compliqués, des augmentés, des diminués, des septièmes, des Majeurs, des neuvièmes rugissants et des mineurs doux comme la brise du soir au dessus des jonques...

Photo re-moi
J'aime ces grands soirs, justement, où l'on refait le monde autour d'un feu de camp... Et rien que  pour écrire la liste de toutes les musiques que j'aime, il me faudrait une nuit d'ivresse musicale.
 Tant que cela me fait vibrer comme une chanterelle (qui n'est pas un champignon, en l’occurrence, mais la corde de mi aigu) je suis en quelque sorte une fille "éclectrique", j'aime toute la bonne zique. Les standards, et les découvertes étonnantes pour qui a toujours un coeur neuf.
J'ai la chance, je la mesure ô combien!  de pouvoir tout jouer d'oreille. Ça aide, et ça bluffe aussi, et pour autant je n'ai aucun mérite, je suis née comme ça.

J'aime entendre les voix de mes élèves se colorer, s'amplifier, prendre leur envol vocal comme des oiseaux-lyres (je dis ça, c'est juste pour l’asyndète à moins que ce ne soit une parataxe...mais en réalité, je ne sais même pas si ça vole un oiseau-lyre...) et ce, dès que les premiers arpèges retentissent. Je ne sais pas si vous avez déjà souffert comme moi, en écoutant des enfants chanter  a capella (A Capella ou ailleurs, peu importe d'ailleurs) mais c'est d'une indigence! A moins d'être en présence de  la chorale de la maîtrise de Radio France, c'est assez insupportable. Et puis soudain, un petit mi mineur judicieusement placé, et hop là! avec deux doigts seulement, vous faites sortir les kleenex! Deux doigts de pure magie, bien entendu. Les mamans découvrent leurs petits prodiges avec des mines de crayon rose.  Les papas en ont le caméscope tout tremblotant...

Demain, je les retrouve, mes schtroumpfs, pour la dernière ligne droite avant l'été. Et chouette,  dans l'emploi du temps, j'ai  musique.

03 mai 2013

Déjeuner en paix

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J'ai ouvert largement mes volets pour respirer le soleil frais de mai.  La radio susurre une chanson de Cocoon, de pain grillé et de café, de joie et de miel. Je ferme les yeux pour garder le bonheur en dedans, comme je fais toujours dans les moments où le jour se pare  de pure élégance. Je m'applique à déguster chaque bouchée en ne pensant qu'à mon geste, comme on le conseille dans les pages conseils de Cosmopolitan, rubrique Vivre Zen.
Soudain l'harmonie parfaite de cet instant se trouble quand mes yeux glissent machinalement sur le journal du matin, abandonné sur une chaise...je sais pourtant bien, Stephan, que les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent et que si je veux déjeuner en paix, il ne faut surtout pas que je le regarde, ce maudit journal...
Il y a écrit la mort d'une petite fille de deux ans, tuée par son frère de cinq ans. J'ai sûrement mal lu. J'ai essuyé mes carreaux.  Mais non, c'est ça, la crue et dure réalité de ce matin de mai. Un petit américain qui avait reçu en cadeau une carabine pour ses quatre ans. Un non-sens. Des mots impossibles à prononcer sans avoir la gorge et les poings serrés. Deux petits trésors anéantis par la folie des hommes. Une petite fille morte et un enfant dont la vie est brisée.
Mais à quoi on pense, quand on met la mort dans les mains d'un enfant ?  L'homme est un animal...Le ciel soudain n'est plus ni rose ni honnête. Le café a un goût de sel.
A côté de cette horreur, la litanie des autres nouvelles paraissait presque douce. 
Internet verrouillé en Chine, le pays des non-droits de l'homme, impossible de se connecter aux réseaux sociaux dans le pays du sourire...
La Laïcité européenne mise à l'index par les Etats-Unis (en rire, comme mon cher Walrus,  ou en pleurer? J'hésite...) 
La valse des malversations de nos politocards, jamais en manque d'idées pour mentir, voler, tricher, gruger...
Et pour finir, au cas où j'aurais eu encore faim, un entrefilet annonçant enfin une "bonne nouvelle". De très sérieux scientifiques sont en mesure d'annoncer que l'homme qui vivra mille ans est peut-être déjà né... Quand on voit ce que certains font de leurs misérables quatre-vingts années, je me demande si c'est une si bonne nouvelle que ça...




crédits: Stephan Eicher, Déjeuner en paix, 
             photo poudre de perles et pinpin





01 mai 2013

Mind The Gap etc...


Avertissement aux lecteurs: ce billet est truffé de liens dont la lecture nécessite du temps, genre un jour férié pluvieux,  afin de les apprécier comme ils le méritent...Mais le fait de ne pas cliquer sur les liens ne nuit pas à la bonne compréhension de l'histoire...Ben encore heureux, il ferait beau voir, Simone!







Il s'appelle Mind The Gap. Son vrai nom, c'est Mind The Gap Between The Train And The Platform. (C'est un noble, mais avec les particules, c'est élémentaire, il trouve que ça fait trop long). Il aime bien prendre le métro, sûrement parce qu'une voix suave murmure son nom à chaque station et que ça flatte son ego. Il doit avoir la quarantaine sémillante. 
Je le rencontre l'autre jour, dans le métro, Station Rue des Boulets,  justement on allait au même endroit. Il m'a dit: 
- Ola, Célestine, tu veux jouer aux jeu des onze questions?" (C'est le nouveau jeu à la mode,  askiparé)...
- Ok, j'ai dit...Bon au début c'était facile. Du genre "Dis-moi un endroit fétiche pour te ressourcer" tu vois le truc! Fastoche!
-Une falaise au-dessus de l'océan, solitaire et battue par les vents...que je lui dis. C'est sorti tout seul. J'aime la mer sauvage... 

*
Et "le don du ciel que tu aimerais maîtriser à la perfection ? "
-...euh, réfléchissons...j'en ai déjà tellement! Non je plaisante, relax! Bon je vais me répéter (voir ici) mais je voudrais être premier violon dans un orchestre symphonique.
-ah woueh! pas mal! qu'il a fait...

*
-Euh... "la dernière personne que tu as eu envie de gifler copieusement? " hou! alors là, ils sont plusieurs, je vais faire un lot: tous les hommes politiques, de tous bords confondus, qui se sont mis à déclarer leur patrimoine avec des trémolos dans la voix: à les écouter, ils n'avaient tous que des petites "twingo" de plus de cinq ans, sans clim, de tous petits apparts d'à peine 150 m2, un seul compte (joint) au crédit agricole, enfin, ils pleuraient tous la misère, c'tait d'un pathétique! J'ai vraiment eu envie de les baffer, et pourtant, vous me connaissez, j'abhorre la violence!

*
Là, MTG (vous suivez? MTG...Mind The Gap)  était écroulé de rire sur son strapontin. On s'est mis à parler littérature, ça valait mieux que de se passer la rate au court bouillon avec les politicards...On a continué.
-Quel est pour toi LE livre? Purée, ça c'est la question piège...Le dilemme du livre qu'on emporte sur l'île déserte: ça m'a toujours troué le fondement, parce que même en supposant que ce soit notre  livre préféré, au bout de cinq ans, il doit commencer à être chiantissime, non? Bon alors, pour lui faire plaisir j'ai quand même répondu Le Petit Prince à égalité avec l'Ecume des Jours (on peut faire des ex-aequo?) 
*
Ensuite il a voulu savoir "pourquoi écrire?" mais là j'ai dit que ce serait trop long, vu qu'il ne nous restait que huit stations avant le terminus. Pourquoi écrire...autant me demander pourquoi respirer! (Aux dernières nouvelles, il paraît qu'il a adoré cette réponse, des fois, je me demande pourquoi on se casse la tête à réfléchir! ) 

*
Enfin, pour clore le chapitre littéraire, il m'a fallu chercher dans ma pauvre caboche malmenée par les soubresauts de la rame à l'heure de pointe, quelle était, pour moi, la plus belle histoire d'amour de tous les temps ...pffioouuu! C'est un peu comme LE livre, ce n'est pas facile!  J'ai eu envie de lui dire, la plus belle histoire d'amour c'est celle que l'on n'a pas encore vécue...mais ça sortait des clous. Alors  j'ai répondu, comme ça , un peu au pif "Orgueil et préjugés", je l'ai vu arrondir son œil  comme un poisson rouge dans un bocal. Et euh...au cinéma, je dirais Docteur Jivago.


*
Par contre j'ai refusé catégoriquement de lui dire la tenue la plus ridicule que j'aie portée (hors carnaval) nanméo, on a sa dignité, tout d'même? Je n'allais tout de même pas lui dire qu'un jour, je suis allée chez le dentiste avec une chaussure noire et une chaussure bleue...


*
C'est après que ça a commencé à devenir chelou...Il a voulu que je lui révèle un de mes fantasmes. Mais bon, une rapide réflexion sémantique m'a amenée à penser que rien ne laissait supposer quoi que ce fût de sexuel dans cette question. Alors je lui ai annoncé que je rêverais de voler. Mais de voler vraiment, hein, de par moi-même, sans avion, sans ULM, juste comme ça, en me lançant du haut de ma falaise de la première question, et en battant des bras harmonieusement. Etre une heure, rien qu'une heure durant, une mouette prenant le vent...
-ah woueh! super! qu'il a fait...


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Pour la question suivante( on était à  la station Bonne Nouvelle) mon ami Cédric est tombé à pic. Ecoute ça Cédric: "A quoi devraient servir les hommes? (dans le sens masculin en opposition à féminin)
-Ben, à rien. Les plus belles choses sont celles qui ne servent à rien. Elles sont. C'est tout.
IL est trop fort, ce Cédric! (il prend régulièrement des bains de vinaigre et d'estragon, faut dire...) -Mais ne me croyez pas! qu'il a lancé en disparaissant dans un couloir.


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C'est quand j'ai répondu à la question "quelles femmes sont des grandes dames à tes yeux?" que Mind est tombé dans les pommes. Je comprends pas, j'avais lancé ça comme ça, Charlotte le Bon (au hasard),  Jane Austen (rapport à Orgueil et préjugés)  et  Mylène Farmer ( parce que je venais de voir son affiche à la station Chaussée d'Antin)... J'ai été obligé de le gifler copieusement, mais c'était pour qu'il revienne à lui...D'entendre les noms de ses icônes, ça lui a fait un syndrome de Stendhal...


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Pourtant, cinq minutes avant, j'étais certaine de ne pas vouloir changer de réponse à la question des gifles...
A l'arrivée, il m'a remerciée de toutes mes réponses et je lui ai fait promettre de me faire le chameau un de ces quatre.Il a intérêt à être aussi bon que Jean Dujardin!


à MTG. Avec toute mon affection bloguesque.

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ndlr. Je n'ai fait qu'une partie du "tag des onze",  récurrent sur les blogs . J'avais déjà donné mes confidences dans ce billet là: si vous n'avez pas trop mal aux côtes, vous pouvez aller rire de mes réponses.
Je demande pardon à Soène d'avoir zappé son invitation, je sais qu'elle ne m'en voudra pas...


liebster blog