27 novembre 2015

L'amour au bout des doigts


Photo moi
Faut-il attendre qu'une bombe explose dans nos mains pour nous apercevoir que nous avions des mains ?
Des mains faites pour caresser, pour masser, pour consoler, pour transmettre l'énergie, pour cueillir les fleurs de la vie, pour peindre, pour écrire, pour jouer de la musique.
Des mains pour travailler la terre de nos ancêtres, des mains pour parler quand on est sourd, des mains pour se diriger quand on est aveugle, des mains pour se tenir à la rambarde quand on vacille. Pour nous sentir plus forts sur nos pieds. Des mains tendues à celui qui souffre...Des mains pour recueillir l'eau de la fontaine, des mains pour rassurer, pour protéger, pour construire...

Il y a tant de belles choses à faire de ses dix doigts…
Et vous, qu'aimez-vous faire de vos mains ?

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24 novembre 2015

De la Joie

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Photo du net

Oui je sais. Parler de joie en ce moment, cela va peut-être sembler décalé, saugrenu, indécent, obscène peut-être…Et pourtant…en toute logique, nous devrions être tristes à chaque instant, depuis toujours, puisque les massacres ne s’arrêtent jamais de par le monde.
Le mot joie ne devrait même pas exister. 
D'où vient donc que ce mot existe, heureusement ? Pourquoi renaît-il après l'incontournable tristesse ?
Certaines de mes récentes lectures pour mieux comprendre le monde qui m'entoure, loin du vain fracas et de l’agitation médiatiques qui empêchent de réfléchir, m’ont amenée à penser que le contraire de la Mort, ce n’est pas la Vie, comme on le croit communément, non, le contraire de la Mort, c’est la Joie.

Selon Bergson, par exemple, La Joie, qu’il ne faut pas confondre avec le plaisir, c’est le sentiment extraordinaire qui nous habite lorsque nous créons quelque chose. Quelle que soit cette chose. Un tableau, une soupe de légumes, … ou un bébé.
La Joie est un sentiment plein, entier, magnifique, valorisant, enrichissant, communicatif et il résulte effectivement toujours d’une création. Un sentiment presque mystique.
La mort, elle, est une destruction. La guerre, la violence, la peur, tout ce qui engendre la mort, sont des destructions. L’inertie, le découragement, le fatalisme, la tristesse sont des sentiments non constructifs. Si nous n’avions que cela à opposer à la barbarie, nous ne ferions qu’ajouter de la souffrance à la souffrance du monde et assister au lent ensevelissement de nos valeurs.

Au contraire, en puisant notre énergie dans un sentiment de joie profonde, continuons à créer le monde par la musique, l’écriture, la poésie ou la collection des timbres. Ecoutons Bach ou Maître Gims, ou lisons, courons, tricotons, marchons, chantons, jouons au football. Allons au cinéma. Préparons-nous de bons petits plats. Faisons l’amour. Berçons nos enfants. Offrons-leur le visage de la Joie. Et de l'espoir pour leur avenir. Participons à l'oeuvre collective de la vie. Même si nous pensons n'être que des colibris. Réjouissons-nous à chaque instant d’être vivants, non par une sorte d’odieux égoïsme, ou par une inconscience un peu puérile, mais en pleine conscience de notre pouvoir de faire changer les choses, afin de convoquer en nous les forces qui pourront repousser le mal et inventer un autre possible. 
La Joie, c'est la vie qui continue. Enfin, c'est mon humble avis. Et celui de quelques philosophes dont la lecture me réjouit.


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«Il n'y a qu'une manière de résister au froid, c'est d'en être content.  
Alain, Propos sur le Bonheur.

« Ce n'est point parce que j'ai réussi que je suis content ; mais c'est parce que j'étais content que j'ai réussi. »
Spinoza. Cité par Alain dans Propos sur le Bonheur.

« La joie annonce toujours que la vie a réussi, qu'elle a gagné du terrain, qu'elle a remporté une victoire : toute grande joie a un accent triomphal. Or, partout où il y a joie, il y a création : plus riche est la création, plus profonde est la joie. »
Henri Bergson




20 novembre 2015

Le coin des poètes



Asphodèle nous emmène une fois de plus dans le tourbillon de ses Plumes. Quels jolis mots...de quoi me donner envie de revenir, lecteurs chéris. J'aime tant écrire...Merci à tous ceux qui m'ont manifesté leur inquiétude et/ou leur soutien. J'étais vraiment mal, c'est vrai...Plus le goût à rien...
Me revoilà donc. Tel le phénix qui se relève.


Belle, gardien, lapin, destin, envolée, fermer, souffle, partage, quitter, s’abstraire, voyage, cavale, réchapper, chose, respirer, poète, nid, rêve, vie, doux, fugue, oiseau, imaginer, balles, poudre,  bercé.




















Dans un coin de Paris, loin des boulevards qui clinquent et qui klaxonnent, il existe un petit square de verdure et de poudre d’or. Sous les marronniers, ça sent le café grillé, la mousse, et l'asphalte mouillé. Ça sent le pauvre mais pas la misère. Pour en réchapper, dans le quartier, on s'est toujours serré les coudes. C'est un nid de drôles d'oiseaux, jeunes anars, anciens cocos. Comme une famille. 
Sous les bancs, parfois, un rat en cavale risque un museau aventureux jusque vers la poubelle. Il sait qu’il y trouvera sa pitance à becqueter.
Sur les bancs, verts comme de juste, les amoureux à la Doisneau, à la Brassens,  usent leurs fesses depuis toujours : ça se rencontre, ça se pose des lapins, ça s’embrasse, ça rêve, ça se chamaille. Ça se quitte. Leurs patins riment avec destin. C’est une chose douce et fugace comme la vie.
Le gardien du parc ferme à sept heures, été comme hiver, puis s’en va au bar-tabac du coin refaire le monde. Tout le monde s'y retrouve au propre comme au figuré. Le rade s'appelle « Le coin des poètes »... A côté des bouteilles il y a des livres. Beaucoup de livres. Depuis toujours le patron croit au pouvoir des livres. Au partage des mots.

Du fond de leurs verres, pour s’abstraire de leur quotidien besogneux, ceux-là imaginent des envolées sauvages, des fugues picaresques, de tempétueux voyages, bercés par le percolateur et son doux bruit de train en partance. Ils déclament des vers et ils s'en jettent un autre derrière la cravate, en le levant à l'amour, à la vie, au bonheur.

Ils se font la belle dans leur tête, au-dessus du comptoir en zinc. Ils n’ont pas besoin de respirer ni plus profond, ni plus large : l’amitié et la liberté leur font un horizon somptueux. L'amour leur ouvre les fenêtres d'un palace.
Peut-être qu'un jour, avec des balles et du feu, quelqu'un pourra semer la mort, les faire taire à tout jamais, rougir de leur sang les nappes à carreaux. 
Mais le souffle vital de la poésie, lui, personne ne pourra jamais l'arrêter. 


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353 mots