30 mars 2009

Vous avez dit "Comptez" ?

Je n'ai jamais su compter. J'entends par là tenir des comptes chichement. Ratiociner, pinailler , ergoter de façon mesquine. Tenir la liste des invitations, des cadeaux faits , des services rendus. La générosité, c'est justement ne pas savoir faire cela. Je me dépense sans compter depuis des années, et je n'aurais jamais eu l'idée de me transformer en apothicaire pour, justement, tenir un compte d'heures de travail précis, si mes chefs ne me l'avaient pas demandé.
Pas de pointeuse à l'école, pas de rendement, pas de cadences. Seulement des hommes et des femmes en face de leur conscience. Des fonctionnaires soucieux
ou pas de l'intérêt des enfants, et de la hauteur de leur mission.
Et voilà que soudain, on nous demande de compter nos heures. Ce que nous faisons, avec plus ou moins bonne grâce. Mais nous le faisons. Les enfants travaillent moins, ne vont plus à l'école le samedi, mais les adultes doivent toujours leurs heures: pour une année, tous ces samedis matins équivalent à 108 heures précises.Nous devons ces heures à l' Administration? Pas de problème, nous les ferons. Comptons , donc.
L'ennui, c'est que nous arrivons fin mars et que les 108 heures se sont envolées depuis lurette. En réalité, ce à quoi n'avaient pas réfléchi nos supérieurs, c'est que lorsque personne ne comptait, lorsque régnait la confiance, lorsqu'un climat de suspicion ne s'était pas encore installé partout, nous en faisions certainement deux fois plus, gracieusement, au sens propre du mot, c'est à dire sans être payés. Quel ouvrier, quel employé accepterait de faire des heures supplémentaires pour les beaux yeux de son patron? C'est pourtant ce qui arrivait quotidiennement: nous n'étions pas payés pour recevoir les parents (avec ou sans rendez-vous) et les écouter patiemment une heure après la classe,
pas payés pour emmener les élèves en sortie pour une journée, ou en voyage scolaire, et les surveiller pendant le repas de midi. Pas payés pour partir en classe de découverte une semaine, et pour ,24 h sur 24 , les surveiller, les soigner, les consoler, les faire manger, veiller à leur hygiène, leur chanter une berceuse et veiller sur leur sommeil. Pas payés pour attendre jusqu'à midi qu'un petit en pleurs retrouve sa maman qui l'avait oublié, parce que notre conscience nous soufflait de ne pas le laisser seul dans la rue. Pas payés pour être à l'école dix minutes plus tôt pour surveiller l'accueil, pas payés pour ranger la classe, afficher les dessins, corriger les cahiers, préparer les cours.Pas payés pour le temps du déplacement aux conférences pédagogiques, à peine indemnisés pour le carburant.
Bon j'arrête cette liste indigeste, parce que je me fais peur: je deviens une vraie comptable.Finalement, je vais peut-être suggérer l'idée d'installer une pointeuse à l'école: ce sera moins fatigant et plus ..."rentable"!

23 mars 2009

Nissa la Bella





Je me prends à rêver de Nice, ma ville phare, mon étape, mon escale depuis toujours. Nice de mon enfance, son collier de perles, ses eaux turquoises, son marché aux fleurs. On est à une ville comme à ses souvenirs, attaché à jamais par des liens invisibles et puissants. Et on y revient par intermittence jusqu'à ce qu'un jour , enfin, on décide de s'y retirer pour son dernier face à face avec la vie. Je sais que mon chemin me ramènera vers ses ruelles, son ciel anglais, son air doux et humide, quand, dans quelques décennies, l'appel des bateaux du vieux port et des flâneries dans le Vieux Nice s'imposera comme une évidence. Alors je reprendrai mon voyage au pays de Nucera interrompu durant la parenthèse enchantée qu'aura été toute ma vie.Et je partagerai mes jours entre la mer et la montagne, entre la plage et les sommets, la côte et l'arrière pays, faisant du délicieux contraste de cete région une façon unique de ne jamais s'ennuyer.

19 mars 2009

Jour de grève


Des images se bousculent dans ma tête cependant que je fais le bilan de cette journée de lutte.
C'est beau, un peuple en marche, un peuple en colère et pourtant espérant encore , des concitoyens portés par les mêmes souffrances, les mêmes inquiétudes, les mêmes aspirations.
Je vois ces mères de familles harnachant leurs poussettes de slogans accusateurs, mues par la saine angoisse des louves protégeant leurs petits: "quel avenir pour les jeunes? " "Touche pas à mon école". Je vois des personnes âgées effarées par le tour que prennent les événements, par la vitesse à laquelle tout se dégrade: services publics, déontologie républicaine, acquis sociaux. Je vois des ouvriers cheminant avec des avocats, des infirmières et des métallurgistes, des professeurs, des éboueurs.Mais l'image la plus marquante pour moi, dans cette journée, par l'indicible malaise qu'elle m'a procuré, est celle des ces policiers au visage fermé barrant de leur corps l'entrée de la Mairie, la Maison Commune, le symbole de nos institutions. Le buste de Marianne dérobé à la foule par une poignée de gens d'armes, de gens en armes, de néo-barbares urbains en uniformes opposant à la paisible souveraineté populaire la force incongrue de leurs dérisoires matraques. Pourquoi l'homme est-il toujours et ad vitam eternam un loup pour l'homme? Pourquoi chaque avancée sociale, chaque progrès lumineux, chaque effort de paix est-il toujours irrémédiablement suivi d'une régression, d'une "Restauration", d'une peste brune, d'un retour de bâton? Pourquoi la bête tapie en l'homme reprend-elle régulièrement le dessus, qu'elle aie pour nom violence, barbarie, dictature, exploitation, ou simplement injustice, privilèges, négation des droits, sur l'ange de bonté qui l'anime parfois, à travers ses Lumières et ses Prix Nobel de la Paix?
Je crois que je vais dormir sans avoir eu de réponse à cette interrogation universelle...

16 mars 2009

le souffle créateur de la passion


J'aime mon métier. Que voulez-vous, on ne se refait pas...L'odeur des cahiers et des livres, les visages des enfants tournés vers moi avec ce mélange de candeur et d'impatience, les doigts pleins d'encre, les petites figures chiffonnées, les gros mensonges, les petites bêtises, les langues tirées quand on s'applique, le bon élève que l'on copie, le cancre qui se chauffe sur le radiateur, toutes ces constantes de la condition écolière n'ont pas varié depuis Jules Ferry, et les enfants, quoi qu'on en dise, seront toujours des enfants, avec la même capacité d'émerveillement: il suffit de leur lire un vieux conte de Grimm et adieu les jeux vidéo, la télé, les ipod ou autres objets technologiques... L'imagination alors se remet à fonctionner, on frissonne avec effroi à l'approche de la sorcière, on fond de délice devant la maison de pain d'épice.Non , les enfants ne sont pas plus "exigeants ou blasés qu'avant". Le seul talent de raconter des histoires en y mettant son coeur et sa passion des livres suffit à redéclencher le processus mental de l'imaginaire. Rien ne remplace l'histoire que l'on écoute dans son lit, le soir, dans le silence à peine troublé pas le froissement soyeux des pages d'un album ...Rien ne vaut ces premières lectures que l'on découvre à huit ans et qui vous laissent dans l'âme l'indélébile trace des premiers plaisirs intellectuels, qui conditionneront à jamais la richesse intérieure de votre vie d'adulte Si je n'y croyais pas de toute mon âme, depuis si longtemps, je vendrais des tuyaux d'arrosage ou des boulons.Encore que ce soit un mauvais exemple, car les vendeurs de tuyaux ou de boulons, sont gens fort respectables, et ils me reprocheraient de les cantonner dans une fausse image de gens bornés et inaptes à la lecture. Loin de moi cette pensée sotte et grenue. Les vendeurs de tuyaux et de boulons lisent certainement le soir des histoires à leurs enfants, pour peu qu'ils aient eu dans leur enfance une institutrice dans mon genre, qui leur enseignât de ne jamais perdre leur âme d'enfant et d'accorder à la lecture une place de choix dans la hiérarchie des petits plaisirs.
Non,je pense que si je ne croyais pas de toutes mes forces à l'importance des contes dans la vie d'un enfant, je serais devenue "
trader", symbole pour moi du pire métier qui soit, puisqu'il est basé sur la vénération de l'argent, de la matérialité, et sur la quête du gain et de l'ambition avec comme moteur l'écrasement des autres . Mais il y a sûrement quelques traders qui lisent des histoires à leurs enfants...Enfin je veux l'espérer...

14 mars 2009

Ma factrice


Ma factrice est géniale. Elle ne me donne jamais mon courrier sans me demander comment je vais, et sans me raconter une petite anecdote sur sa vie ou son travail.
Elle est sportive aussi. Elle fait sa tournée à bicyclette, par tous les temps.Par tous les vents.
Et depuis quelque temps, elle travaille au nouveau centre de tri.
Le nouveau centre de tri est, paraît-il, magnifique: panneaux solaires photovoltaïques, isolation, architecture en cascades, baies vitrées, puits de lumière, le nouveau bâtiment répond aux normes Haute Qualité Environnementale. Bref, il est E-CO-LO-GIQUE.
Mais comme il est un peu loin de centre ville, on a acheté pour chaque facteur...une mobylette!
Cherchez l'erreur.
Alors ma factrice prend sa mobylette, tous les matins, elle la pose chez une amie et continue sa tournée à bicyclette.
Elle est formidable, ma factrice.

11 mars 2009

B. A .


J'ai écrit un petit poème pour remercier une amie chère.
Elle rougira sûrement en se reconnaissant, car elle cultive l'humilité.
C'est tous les jours qu'elle fait sa B.A., Béa.


Son prénom signifie heureuse
Ses cheveux sont couleur des blés
Ses yeux regardent loin
D'un bleu d'azur parfait

Son coeur est grand ouvert,ses mains savent donner
Son âme est généreuse
Ses mots savent panser

Elle est partie très loin de moi
dans un pays plein de souffrances
Apporter son amour
aux femmes de là-bas

Et si je suis restée en France
Ma pensée l' a accompagnée
Dans l'eau rare de ce pays
jaillissant d'improbables puits.
J'y ai mêlé quelques sourires
pour lui témoigner mon appui.

10 mars 2009

Autoroutes

J'ai enfin compris le bien-fondé de l'expression: "les autoroutes de l'information" . C'est que de nos jours, l'information va à 150 à l'heure! Hier, je pestais contre le site qui proposait de faire les devoirs des gamins en mal de bons résultats scolaires mais au portefeuille bien rempli, et voilà que ledit site est déjà fermé. Même pas le temps d'aller y fouiner, juste pour voir...
Un jour, on vous dit que tel produit est horriblement cancérigène, et très dangereux pour la santé, le lendemain, des savants et des médecins vous assurent que ce sont des rumeurs infondées. Ca va , ça vient, ça brasse dans tous les sens. On affirme, on suppute, on colporte, on déforme, on transmet, on enjolive, on dramatise, on cache, on travestit, on néglige, on choisit, on rajoute son grain de sel, on véhémente, on débat, on blogue, on tchatte, on squizze, on post, on tagge, on surfe, et pour finir, cette pauvre information ne ressemble plus qu'à un paquet informe de chiffons usagés. Et pourtant, la Vérité, toute nue, celle qui sort du puits et de la bouche des enfants, existe au delà des médias, au-delà des techniques et des manipulations d'opinion. Elle vous prend à la gorge subitement au détour du chemin et vous laisse pantois et abasourdi.
Aujourd'hui, c'était ces gens qui fouillaient les poubelles d'un palace parisien à la recherche de leur survie. Des êtres humains réduits à l'état de bêtes, en train de manger des résidus d'assiettes laissés par d'autres êtres humains. Mon poulet au curry , soudain , n'a plus eu le même goût. Ces pauvres diables au regard brûlant ont emprunté à leur insu une autoroute de l'information, et se sont fait écraser par le poids-lourd de l'indifférence.

08 mars 2009

Vive les femmes


Un jour , les hommes ont inventé "la journée internationale de la femme". Sans doute pour se dédouaner des 364 journées consacrées à leur gloire. Chers hommes! Loin de moi l'idée d'entretenir la guerre entre les sexes, mais en ce jour je voudrais vous adresser à toutes un message d'espoir, de sourire et de vie.
Oui je suis fière d'être une femme, d' appartenir à cette grande moitié de l'humanité, fière de nos forces et de nos faiblesses, fière d'avoir rencontré des êtres qui me comprennent vraiment, je dirais ...de l'intérieur : vous toutes, ma mère, ma soeur, ma fille,ma belle-soeur, ma belle-fille, mes nièces , mes cousines, mes amies, mes collègues, mes voisines,mes compagnes de lutte ou d'aventure, amies d'amis, épouses ou célibataires, heureuses rencontres, mamans d'élèves ou anciennes élèves, (et les deux en même temps parfois) amies d'un jour ou de toujours, avec qui j'ai partagé mon chemin.
Je me sens heureuse de partager surtout avec vous cette énergie incroyable qui pousse chacune d'entre nous à se relever après chaque épreuve, à continuer à y croire, à toujours semer des roses là où il n'y avait que des débris, d'enjoliver chaque matin qui se lève par un sourire ou une chanson. L'énergie qui nous pousse à ne pas nous écouter quand nous avons mal quelque part, à toujours donner sans jamais rien attendre en retour, à mener 3 ou 4 vies en parallèles, professionnelle, affective, ménagère, éducative. L'énergie qui nous pousse à accepter , à positiver, à combattre pour qu'un jour le monde soit un peu moins gouverné par la testostérone...et un peu plus par l'Amour. Plus que jamais je fais mienne la phrase d'Aragon, "La femme est l'avenir de l'homme" , mais aussi sa raison, son garde-fou,sa richesse, son ultime recours, sa chance.
Je pense à nous toutes qui vivons dans un pays libre et évolué, quoi que pour certaines ce ne soit déjà pas évident. Mais je pense aussi à toutes les femmes du monde, qui ont le même courage et la même force que nous pour supporter cent fois plus de difficultés: humiliations, mépris, tortures et privation de liberté. Celles pour qui accouchement ne rime pas avec heureux événement.
Pour finir sur une note plus gaie, je souhaite à toutes une très belle journée , entourées des êtres que vous aimez, en vrai ou sur le net, avec des chants d'oiseaux , du soleil et de la joie dans votre coeur. Celles qui n'ont jamais connu ce grand moment de solitude qu'est une panne de tampax peuvent jeter ce message aux orties. A mon avis aucune d'entre vous n'est concernée, à part peut être madame Thatcher...

04 mars 2009

Fais mes devoirs point com!


Non mais je ne pensais pas qu'ils y penseraient un jour: il fallait oser. Inventer un site où , moyennant une somme assez exorbitante au demeurant, on vous fait vos devoirs. Marcel Pagnol a dû se retourner dans sa tombe!
Les cancres fainéants et assez riches vont pouvoir acheter leurs bonnes notes. Pauvre France, comme disait je ne sais plus qui. On atteint des sommets dans l'ignominie. La poursuite effrénée du profit, qui est en train pourtant de faire la preuve de son essoufflement, a encore des adeptes. Et le ministre de l'Education Nationale s'insurge, mais pas contre cette organisation mercantile de la tricherie, non! Pour une fois, cela l'honorerait. Non, il rouspète contre le fait que ce soit payant! En bon démagogue. Vous pouvez tricher les enfants, mais il vaudrait mieux que ce soit gratuit.
Dites moi que je rêve!!!!!!!!!!!!!