29 avril 2022

Vibrer

La terrasse du VH à Valence, ses palmiers, sa plage...




C'est beau, la vibration. J'aime ce mot. Il contient tant d'images étonnantes. Des coeurs qui battent, des quartz qui oscillent, des sentiments retenus qui effleurent la bouche mais n'osent sortir. Une sorte de fièvre. Des poils qui se dressent, un frisson qui les ondulent au passage sans que l'on comprenne pourquoi. Mais faut-il tout comprendre ? 
Ce que je sais, c'est qu'elle m'accompagne partout où je suis. Je la sens dans chaque parcelle de temps, dans chaque pierre de mon chemin. Je la sens traverser les arbres. Les rues, les terrasses, les couloirs du métro. Tout vibre, tout palpite, tout frémit.
Elle me transporte, et donne à la vie une couleur inimitable. Imprévue. Extraordinaire.

Aujourd'hui, j'étais attablée au soleil sur une terrasse. Seule. La terrasse était pleine, fourmillant de cette fébrilité printanière qui prend les villes aux premiers vrais beaux jours. Pas de vent. Juste une légère brise. Me dégustais ma salade en badant derrière mes lunettes noires.
Je sentais pulser l'air comme le sang qui bat aux tempes. Palpable. Comme par un phénomène de tension superficielle il me semblait que tous les gens qui dégustaient leur menu du jour sous les palmiers du VH étaient reliés entre eux. Et que j'en étais le barycentre. Ou l'épicentre. Enfin, bref, le milieu. Je me sentais dans mon juste milieu, à ma place, et connectée au monde.

Je me suis mise à repenser à toutes ces personnes que j'ai rencontrées, au fil du temps, et qui ont compté pour moi à une période de mon existence. J'ai réfléchi à ce qu'elles avaient en commun. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elles étaient réellement très différentes. Elles n'avaient ni le même caractère, ni la même énergie, ni les mêmes goûts, ni le même bagage intellectuel. Ne parlons pas de leurs opinions politiques, ou de leur conception de l'art ou de la cuisine. Alors quoi ? 
Eh bien... une petite vibration, inaudible, invisible, improbable, et pourtant, crochetant solidement nos atomes...
A un moment précis, nous sentons vibrer quelqu'un sur la même fréquence que nous. Sans pouvoir l'expliquer, on se comprend sans mots, on s'émeut des mêmes choses. On respire ensemble. On sourit en même temps.
Ou alors, on se sent comme relié, à la nature, aux plantes, aux montagnes et aux fourmis.
Ne grimpez pas sur vos ergots, camarades cartésiens, je ne suis pas en train de vous vendre un traité de pseudo-science. Je n'ai pas non plus fumé du chanvre des Indes dans une secte étrange. 
 J'essaie juste d'exprimer un ressenti subtil. Que la langue française résume par l'expression « être sur la même longueur d'ondes » Ou encore « Ne faire qu'un avec ... »  
Aujourd'hui, j'ai eu la forte impression de vibrer encore plus que d'ordinaire. La caresse du soleil a dû exciter mes transistors.

•.¸¸.•*`*•.¸¸☆•.¸¸.•*`*•.¸¸☆


24 avril 2022

Azur








Plus que jamais la vie triomphe. Elle prend toute la place, élargit les coeurs et grimpe aux arbres nus de l'hiver pour les recouvrir de feuilles et de fleurs.

Il y a eu cette parenthèse en basse Ardèche, les Gorges vertigineuses et le Pont d'Arc. Un long week-end en tête à tête pour fêter une révolution de plus autour du soleil. Mais pas seulement.

Il y a eu le jardin, impérieusement exigeant en ce début de printemps où les graines explosent tels de petits feux d'artifice entre les frondaisons, où les pousses se bousculent pour prendre leur place au soleil. Mais pas seulement. 

Il y a eu deux schtroumphs à garder toute une semaine, les jeux, les balades au parc, les coloriages au goût d'enfance. Mais pas seulement.

Car surtout, il y a eu Azur. Un angelot débarqué de sa planète le jour de Pâques, venu célébrer le bonheur dans une famille frappée il y a trois ans par le malheur. Chuchoter de sa voix intérieure, de ses grands yeux, qu'il est possible de garder au fond du coeur la blessure tout en laissant parler la joie. Sans effacer les « pourquoi », mais en accueillant les « merci ». Azur au nom tendre et bleu, plein de cette promesse qui fait oublier tout le reste.
La vie plus que jamais est un cadeau. Précieux, grave et léger en même temps.
Et l'émotion ce matin fait encore trembler cette plume qui palpite au vent de l'espoir.


•.¸¸.•*`*•.¸¸☆



Merci à tous pour vos messages sur les deux derniers billets. Vous êtes trop choux.

19 avril 2022

Tout va bien




J'ai reçu plein de messages inquiets. Je ne suis pourtant pas partie si longtemps...Merci pour votre sollicitude les amis, cela m'a touchée.
Je ne suis pas loin. Je vais bien. Je reviens bientôt, les yeux toujours pleins de ces étoiles qui donnent tant de lumière à la Vie.




04 avril 2022

Partie de campagne



Le ciel serait azur, d'un bleu de joie, très pur, avec ce qu'il faudrait de nuages nacrés pour draper le soleil dans une majesté. De fin d'été. Ou même de début d'automne, à cause des coucourdes et des potimarrons. 

- Oh oui, nous garnirions illico un panier d'un bon jambon de Parme et d'un vin d'Italie. 
- Je mettrais, à coup sûr, ma belle robe blanche...
- Moi mes éternels knickerbockers à carreaux. Et surtout, s'il faisait aussi beau que cela, je t'offrirais des roses. 
- Des roses ? Ah mais alors, ce serait plutôt mai. Le joli mois de mai. C'est bien connu, je l'aime. Evidemment, j'aime Paris au mois de mai. 
- C'est encore une de tes fichues citations... tu en vois des blés mûrs à Paris, ma chérie ? Et des coucourdes grosses comme la porte d'Aix, ça court la capitale ? Je te demande un peu...
- Et toi, tu vois des blés mûrs ou des potirons, au mois de mai joli, non mais quelle folie ?
- N' importe. Il ferait chaud, et voilà l'essentiel. Et si tu n'aimais pas les roses de la vie, je  cueillerais pour toi de grands coquelicots.
- Quand on les a coupés, ils s'écroulent, tu sais. C'est une fleur farouche aimant sa liberté...
- Laissons-les dans le champ, alors, tu as raison. Nous trouverions un coin, silencieux, bien à nous,  juste pour nous poser le cul dans l'herbe tendre. Ne sois pas horrifiée, c'est une citation. Tu n'as pas, tout de même, je suis bien informé, l'exclusif monopole de l'extrait musical. Il ferait très beau voir, comme dirait Simone. 
- Laissons-là ces broutilles et ces calembredaines. J'aurais l'âme lyrique à contempler tes muscles, dessous le fin tissu de ta chemise neuve. Celle que je t'aurais achetée chez Prisu. A moins que chez Harrod's ils n'aient prévu des soldes. Une chemise blanche, d'un blanc immaculé, profond, comme tu aimes...
- J'aime surtout, en sus de ton âme lyrique,  découvrir ton corps fou sous ton fougueux corsage...
- Héros de mes nuits blanches et de mes jours de feu, j'humerais ton parfum de paille et de benjoin, de serpolet, de musc... Ah ! Quelle volupté !
- Je te renverserais dans le sainfoin, ma chère, in naturalibus, pour un peu d'escalade sur ton mont de Vénus. 
- Ta chemise si blanche, vite, je la verrais aller faire de l'ombre aux grillons ensuqués, découvrant ton beau torse au bout de mes doigts fous.
- J'effeuillerais  tous tes jupons l'un après l'autre, jusqu'à ton Graal, ta source, ton trésor, ton joyau...
- Le panier volerait sous nos ébats sauvages...
- Ah non ! Perdre un bon vin, n'y pense même pas ! Plutôt le boire, enfin, pour sublimer l'ardeur que donnerait la fièvre à nos coeurs enivrés...Et, les flancs tout piqués de luzerne et de roses, gémissant, ahanant, dans une apothéose...
- ...Enfin ! tu cueillerais ma suave pâquerette, et moi ton doux pistil.
- Alors j'exploserais, sous ce ciel moucheté de rêves z'et d'insectes, épuisé mais heureux...
- Et moi, épanouie, ruisselante et ravie, je viendrais te rejoindre en ce feu d'artifice, ondulant, tels les blés, sur ton corps tout tremblant...


-Oui mais il neige, amour. Il fait un temps de gueux.
Le thermomètre flirte avec les négatives.
Remets du bois dans le foyer, j'étends la couette.
La partie de campagne va attendre un peu.

•.¸¸.•*`*•.¸¸☆•.¸¸.•*`*•.¸¸☆






Pour l'atelier du Goût