29 novembre 2009

Billevesées dominicales

                  Ah, ces dimanches comme je les aime...Réveillée par le bruit du tonnerre, je me pelotonne encore un peu sous ma couette. Une masse de boulot m'attend, tout le monde roupille encore. Je me rendors une petite heure. Le chat a faim, miaou...(poliment)  miaou  (un peu plus fort)...MIAOU!  (en insistant vraiment) non mais tout de même, elle va s'occuper de moi cette fainéante! Ah! le cri du chat affamé, le matin au fond de la couette... Le ciel ressemble à un test de Rorschach, chacun peut y trouver les images que lui dicte son inconscient, dans cet amoncellement de nuages d'un gris d'encre séchée. Le vent a renversé les pots de fleurs rendus trop légers par un mois de sécheresse et de négligence des jardiniers.
Le sapin du voisin a déversé nuitamment toutes ses aiguilles mortes devant la fenêtre, sur la terrasse que j'avais si bien balayée. Cela fait un tapis, une constellation de brindilles collées aux carreaux, amalgamées par endroits , on y lirait presque des paysages, des vallées, des montagnes, on y lirait presque l'avenir ..." la journée s'annonce sous les meilleurs auspices pour vous les béliers" susurre la radio en sourdine. Oui, c'est déjà une chance pour les béliers de simplement parvenir à saisir l'horoscope, car ces idiots de chroniqueurs astrologiques commençant invariablement par les béliers, justement, et avec le temps de réaction matinal légèrement ralenti par la torpeur du saut du lit, on loupe neuf fois sur dix les prévisions de notre signe. Nonobstant, j'aime ces réveils embrumés, où l'odeur suave du café qui passe se mêle aux effluves appétants du pain qui grille.
                 Puis, peu à peu, émergeant de son antre comme un loup sorti  du bois par les tiraillements de son estomac, chacun descend avec ce pas traînant des ados le matin, le cheveu en bataille et l'oeil torve,  le cri de guerre poussé: "J'ai une de ces dalles!", les yeux encore pleins de rêves et de poutine, mot poétique dont ma grand-mère usait dans mon enfance pour désigner les petites et jaunes concrétions lacrymales séchées autour de l'oeil. "Viens par ici! disait-elle armée d'un coton imbibé d'eau de fleur d'oranger, que je t'enlève toute cette poutine!" Ce qui explique, bien des années plus tard, mon demi-sourire narquois à la simple évocation du patronyme de  certain dirigeant russe éponyme...
                  Ensuite il y aura le doux chuintement des douches qui coulent, comme le bruit d'une rivière dans le lointain, les piles de linges à plier, le repas empiétant sur l'après-midi, et toute une somme de gestes lents et mesurés pour accomplir des tâches  nombreuses-ze-z-et-variées, en se disant philosophiquement que tant que l'on a du pain sur la planche c'est que l'on a du pain, et une planche. La nuit reviendra vite, trop vite, et l'accélérateur de particules propulsera à nouveau les grands dans leur train ou leur autocar, nous laissant abasourdis mais heureux, de la fuite du temps qui passe, tel le café, en libérant tous ses arômes...

25 novembre 2009

Atchoum !

J'ai finalement fait , moi aussi, une petite attaque de" blues du blogman", c'est peut-être un virus contagieux?
* * * *
Il faut dire qu'en ces temps difficiles où l'on essaie par tous les moyens de nous faire peur avec une pseudo grippe, difficile de ne pas tomber dans le champ sémantique de la maladie...Partout, ce n'est que "virus", "vaccin", "pandémie", "protection", "contagion", "gels antiseptiques" , "masques chirurgicaux"...Mais y a-t-il un moyen de se prémunir contre la bêtise humaine, la mauvaise foi , la désinformation, le lobbying des laboratoires, la langue de bois des politiques? 
On entend tout et n'importe quoi depuis six mois...Tout, et le contraire de tout. A quel saint se vouer, on se le demande...Tu as le choix entre mourir de la grippe ou contracter une maladie grave dans quelques années. Peste ou choléra? A votre bon coeur , msieur dame, faites vot' choix!
Aujourd'hui, au journal télévisé de 13 heures, le présentateur annonce (avec jubilation, bien sûr, c'est la télévision d'état)  que 300 000 personnes se sont déjà fait vacciner. Trois cent mille, mesdames messieurs, rendez-vous compte! Ce nombre semble énorme. De quoi impressionner et convaincre les mauvais citoyens d'aller se faire piquer! 
Pourtant, en observant de plus près, quand on calcule un peu en fraction, 300 000 sur 60 millions de français, ça ne fait jamais que 0,5 % de la population. Ridicule, n'est-il pas? 
Avec un schéma, c'est tout de suite plus parlant! Dans la série la montagne accouche d'une souris, on ne fait pas mieux.
en bleu: les personnes qui sont allées se faire vacciner.
en rouge: celles qui se tâtent encore...
 C'est joli, on dirait le drapeau du Japon.


Le dernier délire paranoïaque occidental de nos sociétés minées par l'apologie du marché , remonte à la grippe aviaire, censée rayer de la carte des millions de gens. Le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) a fait 800 morts dans le monde. 800 morts sur 6 milliards d'hommes...Inutile d'essayer de faire le diagramme...
Enfin, pendant qu'on nous agite sous le nez le foulard rouge de la  grippette  et de l'Etat Paternaliste qui s'occupe si bien de ses petits poussins, d'autres chiffres bien plus inquiétants sont passés sous silence,  et là, il y a de quoi être malade, mais de rage . Heureusement que  Pasteur a inventé ce vaccin-là !

22 novembre 2009

Le spleen du blogueur (pour Delphine)

Je suis bouleversée par le dernier billet de Delphine. Un maelstrom de sentiments tourbillonne dans ma tête. Le "spleen du blogueur" l'a prise de plein fouet, il paraît que cela arrive à tous, d'ailleurs moi-même, il y a quelque temps, je me demande si je n'ai pas fait une petite atteinte bénigne, quand  je dissertais sur le virtuel et le réel, et le nécessaire choix entre les deux ( dimanche 13 septembre)

Il faut croire que toute activité humaine est immanquablement soumise au jugement de celui qui la pratique, et au regard inquisiteur des autres aussi. On se questionne, on se demande pourquoi on fait cela, si c'est bien, si c'est mal, si on n'en néglige pas autre chose.Quoi que l'on fasse. Parce que les journées ne font toujours que 24 heures, et que le temps n'est pas extensible, même si on le désire très  fort. Que l'on décide de sauter à l'élastique ou d'apprendre le Taï Kwen Do, dès que l'on fait quelque chose pour soi, il arrive fatalement le moment où on se met à culpabiliser, pour peu que l'on soit paramétré en mode "mère Thérésa" comme je le suis. En mode "autrui" au lieu d"égo".

Cela dit,  comme toute aventure humaine, le blog est un fleuve inconnu avec des rapides bouillonnants  et de longs et calmes méandres, et il nous emmène parfois là on on n'avait pas prévu d'aller. Je n'avais pas prévu  la tournure de mon propre blog, et ce qui , au départ,  n'était qu'une façon moderne de réagir à l'actualité par des billets d'humeur s'est transformé en un véritable journal de bord de ma vie au quotidien  (et non un journal intime, nuance)  une piste d'envol pour mes ailes d'apprentie-écrivain, une tribune, un club de rencontre, un forum, un salon où l'on cause, une chronique de mes coups de coeur, de sang, de fièvre...déclinables à l'infini puisque "tous les coups sont permis".

Oui, c'est vrai, on ne peut pas tout prévoir , mais en bon capitaine de ce bateau improbable, il faut garder le contrôle de la situation. Et s'arrêter sur la rive pour se reposer, aussi longtemps que le réclament les affaires qui nous appellent à terre, et reprendre le cours du voyage une fois qu'on l'a décidé, sans contrainte, libre comme le vent, ne pas se sentir prisonnier des autres et, au final, de soi-même.

Ne sens-tu pas, chère Delphine, avec quelle bienveillance on est toujours accueilli dans le monde doux et chaud de la blogosphère? Combien chacun s'ingénie à écrire ses commentaires avec beaucoup de respect, d'enthousiasme, de compassion parfois, d'admiration souvent, mais en tous cas toujours une énorme gentillesse. Si les collègues de travail, les voisins, les copains ou les inconnus dans la rue avaient toujours cette délicatesse, combien le monde serait-il plus beau! Qui songerait à nous en vouloir de ne pas écrire tous les jours, ou de ne pas visiter les blogs amis? Je me sens un peu responsable si tu l'as pensé, à cause de notre petit malentendu de l'autre jour, mais mon billet était plutôt guidé par l'inquiétude de t'avoir blessée.

FD fait une pause , elle aussi, elle nous manque mais c'est son choix. Comme Hutte des Bois qui prend sa pause, comme on reprend son souffle, son " hibernage" que j'ai appris à respecter, tu as le droit  de privilégier d'autres activités, et d'ailleurs, tout le monde , à l'unisson, t'a dit la même chose. On te garde ta place au chaud.

Et dans ce monde impitoyable, savoir qu'il y a , quelque part un îlot où l'on est toujours le bienvenu, même après une absence, un lieu où l'on n'a aucun compte à rendre, où les gens sont gentils, c'est peut-être fleur bleue, bisounours et compagnie, mais ce que ça peut faire du bien!


19 novembre 2009

Sensible

           

                Ce qui est sûr, c'est qu'on ne se refait pas. On est comme on est, au fond de soi, les racines bien implantées dans le sol comme un arbre millénaire.
                Moi je suis trop sensible, je me connais, une vraie guimauve, une midinette, toujours prête à fondre. Toujours prête à excuser, à pardonner, à comprendre, toujours prête, de fait, à souffrir mille tourments pour peu que j'aime, car j'aime à fond, sans compromis, sans arrière-pensée, et entière, comme toujours. C'est ma seule façon d'être, donner, toujours donner. Un bonheur construit sur le don. Et la compassion au sens fort du terme.
                En amour, en amitié, en famille,dans le travail ou les loisirs et même dans les corvées ménagères, je me dépense sans compter, je ris à fond, je pleure à fond, je vis à fond, j'écris à fond. On pourrait croire que je m'épuise ainsi et pourtant, c'est tout le contraire: c'est dans ma sensibilité à fleur de peau que je puise mon énergie, dans mes passions que je trouve toujours la force d'avancer, dans mes larmes que je trouve mon rire, dans mes excès que je trouve ma sagesse.Les vagues de mes hauts et de mes bas m'emportent vers des rivages toujours nouveaux, et me stimulent bien plus qu'une mer étale.J'aime la tempête et le calme qui la suit, et tant pis si parfois mes ailes sont trempées par l'écume d'un trop-plein d'émotion. Bien sûr, avec les années, la sérénité remplace peu à peu la frénésie, mais je reste une écorchée vive au fond de mon être, et mes émois, mes emballements  d'adolescente ne sont jamais bien loin, toujours prêts à ressurgir à la moindre étincelle.
                 C'est grave, docteur?
                

16 novembre 2009

Apocalypse? no!

Dimanche matin gris et cotonneux.
Je me suis laissé prendre à regarder, d'abord d'un oeil distrait il est vrai, le docu-menteur de France 4 sur la fin du monde...


Si vous voulez vous payer un petit trip gratuit dans le monde hallucinatoire  des prédictions, oracles et autres quatrains prémonitoires, allez, ça dure une heure zéro neuf, et durant tout ce temps, l'impayable  Eric Laugerias nous embarque dans un délire psychotique dont le thème central est l'occurence du  21 décembre 2012. 
Remarquable exemple de manipulation (éclairée) de l'information, ce petit morceau de bravoure nous renseigne hélas trop bien sur la manière dont on peut  faire gober n'importe quoi à n'importe qui, du moment que l'on met le paquet sur la mise en scène mystérieuse, les airs de conspirateur du présentateur, et de grands zeffets spéciaux de caméras surexcitée et stroboscopiques.
Ben je vais vous dire, au bout de vingt minutes, on commence à se poser des questions, au bout de quarante on a carrément les jetons et à la fin, on se demande ce que l'on va décider pour les trois petites années qui restent à vivre à l'humanité. On s'imagine déjà les pires cataclysmes fondre sur nos pauvres petites têtes de terriens, et finir le reste de notre existence à errer lamentablement sur une terre brûlée et stérile au milieu des détritus radioactifs, à moins que l'on périsse tous emportés par une vague géante due à l'amerrissage forcé d'un astéroïde en perdition. L'Apocalypse, je vous dis. 
Dont acte. Heureusement, une petite phrase de 5 millimètres de haut dans le générique de fin nous avoue humblement que "l'honnêteté intellectuelle oblige les auteurs à préciser que les interviews ont été volontairement tronquées dans un but de montage qui n'a aucun rapport avec la réalité" ou quelque chose de ce genre là... En bref, tout ça c'était du pipeau, brave gens, vous pouvez vous remettre au boulot (enfin, si vous en avez) et refaire des projets d'avenir, la fin du monde c'est pas pour sitôt. Ouf!  Je n'aime pas trop les cartésiens, mais là, j'avoue que ça rassure de l'être un peu quand même. Je veux bien être large d'esprit, mais là, c'est tout bonnement ridicule d'effrayer les masses avec ces sornettes.
Quoiqu'il en soit, allez voir ce qu'en  pensent nos concitoyens, plus d'un tiers s'attendent à un "événement majeur" en 2012...Oui, mais lequel?
En attendant, comme le dit très justement Didier Van Cauwelaert, "les gens sont plus inquiets pour les fins de mois que pour la fin du monde." 
Fin du monde, non, mais  fin d'UN monde, sûrement, et peut-être plus vite que ce que l'on croit...

    

14 novembre 2009

Synchronicité

Un grand nombre d'expressions familières suggèrent que les relations entre les êtres et les choses dans l'univers passent par des ondes invisibles. "Avoir des atomes crochus" , "être en phase avec quelqu'un" , "être sur la même longueur d'ondes" ou au contraire "ne pas pouvoir sentir quelqu'un" , "être hérissé, horripilé" par quelqu'un, avoir quelqu'un dans le nez, ne pas "sentir" une affaire,  un contrat...Autant de manière d'exprimer ce que l'on ressent d'impalpable et pourtant très réel: ce sont des vibrations . Rien de magique là-dedans. Tout ce qui vibre à la même fréquence que nous est inexorablement attiré par nous. Cette théorie est remarquablement expliquée dans un livre passionnant appelé "Excusez moi mais votre vie attend", de Lynn Grabhorn, ainsi que dans le livre sur les lois de Murphy dont j'ai déjà parlé .

Les choses positives arrivent aux gens positifs, et les choses négatives aux gens négatifs. On a envie de dire: mais ce n'est pas aussi schématique, voyons! et pourtant, remarquez comme certaines personnes attirent la poisse et enchaînent les coups du sort avec une régularité effrayante. D'autres au contraire semblent touchées par la grâce et toujours être épargnées par la malchance. Quand on est amoureux , en pleine synchronicité positive, dans cette sorte d'état de grâce où l'on vole au-dessus du sol sur un petit nuage rose, il ne nous arrive rien :  ni maladie, ni accident, comme si on était protégé par une bulle de titane. C'est qu'à ce moment là, on vibre à haute fréquence, on est heureux, on a envie de chanter, de danser, de courir sous la pluie...et tout nous semble possible, car en réalité, tout l'est à ce moment précis.

La synchronicité négative au contraire, nous fait vibrer à très basse fréquence: on n'a plus d'énergie , on a "le bourdon" Tout se met à aller de travers, on a l'impression de s'enfoncer dans un sol mou et spongieux. Gare alors à ne pas se laisser aspirer dans une spirale alimentée par nos peurs, et nos angoisses...car les pires choses vont alors nous arriver , catapultées sur nous comme par un aimant.
"La fortune sourit aux audacieux", disait ma grand-mère. En se jouant de ses peurs, en croyant en soi, en s'aimant soi-même et en reprenant confiance en soi, on peut renverser la vapeur et se remettre à vibrer à la bonne fréquence, celle qui nous fera rencontrer des gens intéressants, celle qui nous donnera le petit coup de pouce qui peut changer notre vie. Aucun rêve n'est impossible quand on sait qu'on aura la force et la volonté de le réaliser.

La synchronicité , au quotidien, explique pourquoi on pense à quelqu'un au moment précis où le téléphone sonne, et... c'est lui, justement!  Quel "hasard"! Elle explique ces histoires extraordinaires de jumeaux souffrant tous les deux en même temps à des centaines de kilomètres l'un de l'autre. Elle explique toutes les  soi-disant "coïncidences", pourquoi on ne se sent pas bien dans certaines maisons, sans savoir pourquoi, pourquoi l'on a parfois d'étranges pressentiments que l'on ferait mieux d'écouter car en général ils se révèlent justes.Elle remet à l'honneur la phrase d'Eluard: "Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous" qui régit toutes nos rencontres soi-disant fortuites.

Elle explique la réussite, ou l'échec, de certaines associations, en amour comme en amitié. Elle accorde une importance à l'impalpable, aux correspondances chères à Baudelaire, au "feeling" au ressenti, bref aux liens invisibles régissant l'univers entier, comme autant de poussières d'étoiles reliées entre elles par le même flux d'énergie,  elle remet en cohérence nos vies d'occidentaux trépidants avec les théories orientales du Feng- Shui, et du Yoga ou du Reiki. Elle explique des choses subtiles auxquelles  les cartésiens sont bien en peine d'apporter une explication, comme les brûlures guéries par les médiums par exemple. Là où un scientifique pur et dur ne verra dans la vie que hasard et nécessité, comme un âpre désert sans réel espoir, la synchronicité tisse les liens qui apportent l'envie d'aller plus haut et plus loin.
Ce n'est qu'une théorie mais elle fait rayonner ma vie depuis l'enfance, et je remercie mes parents de me l'avoir instillée jour après jour, sans avoir jamais lu  Lynn Grabhorn.

11 novembre 2009

Une femme puissante

Marie Ndiaye m'a bluffée , à plus d'un titre. Romancière extraordinaire, à la plume subtile et ténébreuse, j'avais lu il y a quelque temps "Mon coeur à l'étroit", un roman inquiétant qui met en scène une institutrice, et en même temps un roman cocasse, ravissant et crépusculaire. 
La voir gagner le Goncourt m'a procuré une joie intense, le coup de poing au coeur que me donne toujours la victoire de l'Humanité des Lumières sur l'obscurantisme obtus de certains chantres de la cuculture.
Alors, entendre un petit député franchouillard de l'union des minables patentés, oser parler, à propos de cette femme étincelante , d'une espèce de "devoir de réserve" des écrivains ...et s'indigner  qu'une femme à qui l'on a  fait l'insigne honneur d'attribuer le Goncourt se permette de critiquer sans vergogne notre omniprésident bien-aimé, ...franchement , n'est-ce pas tout simplement pitoyable? Il faut dire qu'elle a OSE, il y a peu, émettre une critique, et évoquer le sentiment de mal être que l'on éprouve en ce moment dans notre beau pays, en grande partie à cause de nos sémillants  dirigeants.  
Oui, Marie Ndiaye, vous avez eu raison de leur damer le pion, à ces champions de "l'identité française", des charters de reconduction aux frontières des sans-papiers, à ces champions du désespoir de certaines familles de réfugiés anéanties, démantelées par leur inhumaine logique. Vous avez eu raison d'affirmer qu'on ne se sent pas bien dans la France Bling-Bling, la France du parjure politique, de la récupération, des compromissions, la France de " Hadopi" la France de la délation, du flicage, des radars, des gardes à vue, la France de la pensée unique, du politiquement correct, de la pseudo liberté de la presse,  la France du massacre des services publics, des communautarismes et du "diviser pour mieux régner". Mais je m'emballe!
Il n'empêche que derrière son sourire lumineux et son visage lisse de vierge noire, cette jeune femme a quelque chose que les autres n'ont pas , dans ce paysage raplapla et déprimant des béni-oui-oui du pouvoir et de la nomenklatura sarkozyenne,  excusez moi du peu.Elle a tout simplement des couilles, et ça c'est un atout inestimable et précieux de nos jours. Je file acheter son livre.

09 novembre 2009

Un truc sympa par jour

 Clarika


Dans mon sac à dos pour affronter novembre, je m'étais dit: "un truc sympa par jour". Vendredi soir, c'était la découverte dans une toute petite salle de spectacle de province une immense chanteuse qui gagnerait à être bien plus connue. Un petit bout de femme dotée d'une très belle voix, d'une énergie à soulever trois mammouths et d'un charisme sauvage: Clarika, elle s'appelle. Et ce prénom qui sonne comme un coup de fouet lui va comme un gant de velours.Une soirée à tanguer debout entre les larmes et la joie, emprise par le rock salé poivré et les mélodies douces-amères de cette lolita mutine  espiègle et forte.D'une force magnétique. Une belle soirée, merci la vie.


Samedi,  sympa,  repas de famille, rempli des bonnes choses de l'automne, champignons, gratin de potiron, crumble aux pommes ou poire-chocolat...Repas-fleuve où l'on s'incruste à table jusqu'au crépuscule, parce qu'on est bien, là, à refaire le monde en rassemblant d'un doigt distrait les miettes de gâteau sur la nappe en percale, tout en discutant avec des gens qu'on apprécie et qu'on ne voit pourtant pas assez souvent...Allez c'est décidé, on s'appelle et on se fait une bouffe! Et puis la vie nous happera et on se retrouvera dans trop longtemps pour un nouveau long-repas-fleuve-tranquille.


Dimanche,  sympa, pyjama , soleil généreux entrant à flot à l'horizontale dans le salon et une mollesse quiète  nous envahit, la torpeur douce d'un dimanche qui se traîne sans autre ambition que de couler comme une rivière de Sologne, en méandres et en sédiments, une journée à très bas débit, où l'on se ramasse sur soi-même pour mieux bondir sur la semaine qui arrive. Telle une indolente panthère qui feule doucement avant de se jeter sur la gazelle apeurée . Lundi, gare à toi, j'arrive!

05 novembre 2009

Novembre

Je n'aime pas novembre. C'est plus fort que moi, rien que la combinaison brumeuse de ces huit lettres me provoque un frisson nauséeux qui me parcourt l'échine de haut en bas.Octobre garde en lui une chaleur liée aux teintes chaudes, un fumet d'omelette aux cèpes, la râpeuse goulée d'un vin juste pressé, le pas craquant sur un  lit de feuilles roussies. Que du bonheur.
Mais que l'on prononce novembre et aussitôt se dessine devant mes yeux, je n'y peux rien, un champ morne et gris, au petit matin, des vols de corbeaux grinçants et cacochymes, et deux silhouettes fantomatiques, bottes noires et chemise blanche aux manches retroussées, mains gantées prolongées par une excroissance métallique crachant la balle fatale, le projectile ultime: une antique pétoire, un combat en duel, le mort qui s'écroule, un trou rouge au côté droit, comme dirait l'autre, fauché dans l'absurde et impérieuse intransigeance de sa jeunesse. Mort pour l'honneur, la gloire, l'amour. Huit heures au champ des corbeaux. Avec un bruit mat, le perdant est tombé dans l'herbe constellée de cristaux de givre, de longues écharpes de brouillard se traînent d'arbre mort en arbre mort comme des filaments de haillons déchirés.Et toujours ces croassements lugubres et transperçant les os jusqu'à la moelle.
Novembre est un tunnel dans lequel on s'enfonce comme dans une nuit trop noire, loin de tout. Une tribune accordée pour un banc d'essai aux éléments déchaînés venus se faire les griffes sur les dernières ramures accrochées aux frondaisons. Pluie, vent , grêle, neige, grésil, brume, verglas, on dirait que tout l'alphabet météorologique se décline en un seul mois. Entre deux nuits glacées, le soleil passe comme un voleur, furtivement, plombé par l'heure d'hiver et l'inclinaison de la terre.
Ne me parlez pas de novembre. Même les aiguilles des pendules semblent ralentir pour le rendre encore plus long et plus visqueux. Novembre a un goût de terre, de cendre, de charbon. Novembre est écrit en gris anthracite quand décembre se pare d'un chatoiement de   blanc, rouge, vert et or.
Mais bon, on ne va pas se laisser abattre par un petit mois de trente jours.D'autant qu'il y en a déjà cinq auxquels j'ai tordu le cou. Et pour ma traversée du tunnel, j'ai prévu l'artillerie lourde: dans mon sac à dos, un truc sympa par jour, des petits bonheurs, une bonne dose d'optimisme, quelques bons bouquins, du feu de bois, des téléfilms à l'eau de rose, beaucoup de  bloguitude, des thés avec les copines, de grosses écharpes vertes ou turquoise et derrière les paupières, les images de l'été comme dans un vieux daguérréotype en relief en en technicolor.

02 novembre 2009

Cadeau


Timescapes Timelapse: Mountain Light from Tom @ Timescapes on Vimeo.
A déguster en plein écran,

Un moment de souffle retenu devant la beauté incommensurable de l'univers.
(pensez à mettre en pause le lecteur de musique tout en bas!)