29 mai 2011

Les étoiles me sidèrent...

C'est décidé, je vais repartir l'an prochain avec mes nouveaux élèves en classe de découverte. Je veux leur faire découvrir l'astronomie.
-Mais tu es folle, tu t'embarques encore pour une palanquée de problèmes! Tu ferais mieux de rester tranquillement dans ta classe.
-Oui,  je sais. Je suis folle. Mais que serait cette vie sans un petit grain de folie? Sans cette fantaisie qui est mon carburant principal, et qui me donne envie de me lever chaque matin, quand d'autres traînent leur dégoût,  leur ennui, leur désillusion ou leur lassitude, comme des fardeaux collants et gris, comme des ankyloses de l'âme qui les rend frileux et couards.


Moi, j'ai envie de les faire chavirer encore aux vertiges des confins de l'univers , de chuchoter dans leurs oreilles soyeuses les noms si poétiques des constellations,  Andromède, le Bouvier, Céphée, Bételgeuse, la Chevelure de Bérénice, j'ai envie d'attraper des crampes à force de lever nos nez vers le ciel.

Moi je veux voir leurs yeux et leurs bouches s'arrondir devant la course du soleil, la sphère armillaire, les constellations circumpolaires, l'enfer de Mercure, l'inconsistance mystérieuse des géantes gazeuses, les réactions thermonucléaires des naines blanches expliquées par Eric. Et ce bestiaire fantastique : chiens, ourses,  bélier,  lion, lièvre, dauphin, dragon...

Je veux entendre encore Brice nous raconter l'histoire d'Hercule, de Persée et de Cassiopée, la Reine punie dans le ciel, Pégase le cheval ailé, et toutes les fabuleuses légendes antiques dont les Grecs ont habillé le ciel au-dessus de nos têtes, et qui nous ont un doux frou-frou...


Je veux revoir ce long cortège de petits fantômes blancs et frissonnants, lorsque, oubliant leur sommeil, on emmitoufle les enfants dans leurs couettes pour les emmener découvrir dans la nuit glacée les anneaux de Saturne, les étoiles de la ceinture d'Orion, aux jolis noms d'Alnilam, Alnitak et Mintaka, et Jupiter, énorme, et Mars la Rouge vibrant dans l'optique du télescope électronique...Ces soirs-là, le firmament est d'un bleu d'encre d'une beauté indicible.


Je veux leur faire calculer le temps qu'il faudrait pour se rendre, à la vitesse de libération de 11km/seconde  sur l'étoile la plus proche de la terre, Proxima du Centaure, et renvoyer cul par dessus-tête toutes les théories fumeuses d'extra-terrestres et de possible migration de l'humanité vers une utopique planète habitable. Un simple calcul qui donne le tournis, et dont la déduction logique est que nous devons prendre soin du seul grain de sable de l'univers qui puisse nous accueillir pour quelques centaines d'années encore...la Terre.

Je veux les voir  rire quand ils apprennent qu'il existe un treizième signe astrologique appelé Ophiucius , et que d'ailleurs  leur signe astrologique n'est plus celui qu'ils croient, à cause du mouvement de précession de la Terre, qui fera de Véga de la Lyre notre nouvelle étoile polaire dans 13 000 ans...J'aime écouter leurs oh! et leurs ah! au pourquoi des saisons ou du temps qui passe, petits marins apprenant à se guider aux astres.


Je veux les époustoufler, qu'ils reviennent le regard scintillant d'étoiles, et que leurs rêves pour longtemps, les embarquent dans les galaxies, leur carnet de croquis à la main...
Je les aime tellement, mes petits astrognomes en herbe...

26 mai 2011

Vive(nt) les profs!

Parfois, à la pause de midi, on se détend entre collègues en partageant nos fous rires et nos coups de cœur. Ce sketch-là est complètement psychédélique (surtout vers la fin, où l'on assiste à un crescendo d'hilarité!)
Une façon comme une autre de pratiquer l'auto-dérision, si indispensable dans notre boulot, pour éviter de devenir fous...
Ca donne envie d'aller à l'école, non?
C'est géniâââââl!!! J'adôôôore!

21 mai 2011

Splendida sarà l'alba


Toujours le même chagrin d'amour qui m'a inspiré ces lignes, il y a longtemps...Quand je vous dis que ça m'a pris tôt, le virus de l'écriture! Je connaissais alors  les affres de la passion déçue, tels qu'on peut les vivre à dix-huit ans, mais quelques décennies plus tard, ces mêmes lignes ont plu à un jury qui m' a fait gagner un accessit au concours de poésie organisé par ma ville...Ce matin, en ouvrant mon courrier, l'aube m' a paru splendide.


Splendida sarà l'alba


Combien d'eau sous les ponts s'est déjà écoulée
Combien de bourgeons gris ont brisé leur écorce
Combien de lourds nuages ont amenés  les vents
Combien d'oiseaux un jour ont perdu leur envol

Combien de notes de musique se sont tues
Remplacées par combien de silences livides
Combien de lettres voyageant entre les hommes
Et combien de désirs sont restés sans écho

Combien d'heures trop bleues où le cœur s'alanguit
De saison en saison, combien de solitudes
Combien de regards flous de bateaux en partance
Combien d'aubes splendides après de mornes nuits

Combien enfin la vie a-t-elle été cruelle
Combien de coups de poings envoyés au hasard
Et combien de questions restées dans l'ignorance
Depuis que sur un coin de mon âme éperdue
Un voile est retombé

1978
extrait de mon cahier d'étudiante



18 mai 2011

Pour une amie

Nous, les vivants pensons que nous sommes éternels. Nous devrions pourtant être prêts à affronter l'absurdité de la mort.
Pourtant on n'est jamais prêt. L'homme a toujours les mêmes réactions depuis des millénaires: stupeur, incompréhension, révolte, refus d'admettre, apparente inutilité des paroles réconfortantes. Seuls le poids de la société, les rites, les croyances, la sagesse des Anciens  permettent d'adoucir un peu la peine en la sacralisant ou an la banalisant au contraire. Il est même des sociétés où la mort n'est pas triste, on l'on danse autour des tombeaux, parce qu'elle est considérée comme faisant partie de l'inéluctable cycle de la vie, comme les saisons ou la naissance.
Mais il n'empêche que lorsqu'en tant qu'individu, on est confronté à la mort d'un proche, on se retrouve seul et désarmé comme l'agneau qui vient de naître. On voudrait redevenir un tout petit bébé, remonter le temps, arrêter les pendules. On fait son chemin tout seul, on se bat tout seul, et l'on ressort laminé, lessivé mais pas plus sage. Et l'on pleurera à nouveau de la même façon, la prochaine fois.  C'est le mystère de l'humanité, que de découvrir sa finitude, et d'avoir la présomption ou l'inconscience de croire qu'on va y échapper. On découvre que non, et on n'a même pas  la consolation de se dire que la mort est la seule vraie égalité de traitement pour tous les hommes. Une mesure sociale de premier ordre, en quelque sorte. Elle n'en reste pas moins un énorme manque de savoir-vivre.
Et  les amis dans la peine ont  besoin qu'on les soutienne, même si cela nous semble dérisoire.

15 mai 2011

Nébuleuse

         Traverser quelques remous, quelques passages bouillonnants ou rugissants, et ne pas pouvoir s'exprimer sur la toile, être privée de  ce tendre  rendez-vous secret avec moi-même, cet indispensable défoulement d'écriture qui me permet d'avancer, quelle frustration! En gros, j'ai très mal vécu le "bug" de mon hébergeur de blog. 
Célestine s'est fait happer dans la nébuleuse de l'araignée, hachée menu par les caprices de l'informatique.Célestine pleurait en cherchant les commentaires inexistants à son dernier billet. J'aurais tant aimé pouvoir les offrir à mon ami Alain X, comme autant de témoignages de la bienfaisante averse chaude que son livre  fait couler sur le coeur.
           Avec leur fougue et leur munificence , Julia et Li m'ont laissée pantoise d'admiration devant leurs mots frissonnants d'espoir et d'envolée. Éperdue de bonheur devant ce miel coulant de leur plume, avide d'autres tentations, d'autres cieux, d'autres justesses.Je marchais vers une fontaine, les lèvres craquelées du sel de l'amertume, quand je tombai sur ces deux verseuses d'eau pure, en parfaite synchronicité. L'eau de leur jardin a étanché mes craintes et lavé les derniers miasmes de ma semaine...Comment vous remercier, toutes deux?
            Je regardais comme à travers un miroir embué, les visages des gens qui m'entouraient au restaurant l'autre soir. La serveuse automate au regard lointain, essuyant ses verres, perdue dans un rêve d'étoile inaccessible,  le front soucieux du patron sous sa couronne de cheveux saupoudrés de lune, comme un enchanteur ayant perdu son grimoire, la vieille dame étonnée devant son assiette de gambas, le musicien chantant les mêmes rengaines tous les soirs avec la même joie tranquille et le sens du travail bien fait. Respect, monsieur l'artiste.
Soudain, j'ai eu la désagréable impression de ne plus être là, cette impression que nous avons tous, par moments, de sortir de notre corps. Tout nous paraît alors saugrenu, étrange et parfaitement déplacé.
                  Mon kaléidoscope ne rend plus qu'une seule couleur. Je me mets à broyer du gris, à pleurer, à soupirer et à aquoibonner*.
                     Chez moi, c'est signe d'intense fatigue. Je vais essayer d'éviter le burn-out dont parle si bien Delphine, en me recentrant sur mes essentiels.

*aquoibonner: v.t. répéter de manière récurrente la phrase "à quoi bon?" en levant au ciel des yeux interrogateurs et désabusés.

            

11 mai 2011

Un livre émouvant

D'où vient que les livres qui racontent des histoires vraies nous retournent l'âme à ce point ? Le livre d’Alain Rohand est de ceux-là. Je termine la lecture de ces lettres émouvantes, et je suis encore bouleversée.
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Lettre à Alain X

Chacune des trois parties de ton livre fort et généreux  trouve en moi un écho particulier qui me l’attache.

Petit garçon, comme j’aurais aimé t’avoir dans ma classe, et te rassurer comme je  le fais avec mes élèves en perdition, et ne surtout pas te tirer les oreilles et t’assener l’orthographe à coup de règle. Comme j’aurais aimé te dire doucement que non, tu n’étais pas un fainéant, que tu n’avais pas un poil dans la main,  et que nous allions chercher ensemble comment parvenir à te faire progresser…Oui mais les techniques éducatives de l’époque ne s’embarrassaient pas de psychologie de l’enfant, le savoir devait entrer de gré ou de force dans les têtes, et tant pis pour les désastres collatéraux.

La maladie, elle,  entre comme un cyclone dévastateur dans ta jeune vie, un virus terrible qui tord tes muscles et tes nerfs,  et te laisse hagard, laminé comme un paquet de chiffons mous, comme un jouet cassé, sanglé dans ta coquille. Comme j’aurais pu, alors, être ta mère, qui cache sa détresse pour t’encourager à vivre, parce que, dis-tu, «  si  [elle] avait fondu en larmes devant moi, cela m’aurait précipité vers le néant… »
Ah, le courage de cette maman qui peut passer parfois, dans le cœur d’un enfant blessé, pour de l’indifférence, de l’insensibilité, combien je le connais pour l’avoir éprouvé, combien il résonne dans mon propre cœur de mère !

Tu dis enfin, ta lente reconstruction, jusqu’à maintenant, jusqu’au point d’orgue de ces demandes de pardon que tu adresses à tous ceux dont ta douleur et ton égocentrisme de gosse  t’empêchèrent de voir le dévouement et l’amour, aides-soignantes, éducateurs, médecins, prêtres, parents, amis…Tu dis cette vie que tu as choisi de vivre, pleine et entière, malgré le handicap, ce choix d’aider les autres dans leurs souffrances morales et psychiques, cette force que tu tires de ta faiblesse, ce long chemin intérieur, les rencontres que ta maladie t’a permis de faire,  l’Amour enfin  qui a comblé ton existence, tu dis tes mots avec tendresse, avec humour, avec passion, avec humilité, et la palette des sentiments humains trouve sous tes doigts le chatoiement d’un tableau de maître. J’aime les histoires de rédemption, et c’en est une à mes yeux.
Ta douleur s’est-elle assagie, comme l’implore Baudelaire, après l’écriture de ce flamboyant témoignage ? C’est ce que j’espère pour toi. Moi, je ne peux que conseiller ardemment  la lecture de ton livre, car il porte en lui un formidable message d’espoir : même s’il est difficile, le passage se fraie un chemin, le passage se crée toujours pour les âmes fortes.
« Le Passage se crée » d’Alain Rohand, Book Editions 2011, 119 p.


07 mai 2011

Plongée en moi-même

A me découvrir ainsi (au sens propre et on sens figuré) , telle l'ondine dans sa nudité matinale, j'ai eu l'impression de plonger dans un lac frais et transparent, sans nulle autre préoccupation que fermer les yeux en respirant l'air vivifiant et en laissant couler sur mon corps la source bienfaisante. Quelle sensation étourdissante que de me laisser aller à parler de moi un peu plus intimement que d'habitude, de lâcher la bride, de me libérer de ma peau lisse pour sentir les aspérités de mon moi profond. Et le flot de mots qui en a résulté m'a permis de progresser encore sur mon chemin. Le flot de Vos mots. Vos réactions, vos analyses. Votre vision des choses. Du coup, chacun a fait un petit bout de natation synchronisée avec moi, certains se sont même laissé aller à se dévêtir aussi. C'était un vrai plaisir, cette ablution collective. Merci à Miss K  d'avoir été l'élément déclencheur. Maintenant, je peux me rhabiller?... sinon je vais m'enrhumer...

04 mai 2011

Je suis un volcan endormi mais pas éteint

La lecture d'un des derniers billets de Miss K  enfonce ses doigts dans la profondeur de mes intimes compulsions, et je m'interroge. C'est peu dire : je me torture, je me soumets à la question. Qu'est ce que le bonheur ? Après quoi court-on, tous, enchaînés à nos rêves, à nos désirs, à nos regrets, enfermés dans des relations mortifères ou décevantes ?  Et pour se sentir vivant, ne faut-il pas souffrir et sans cesse éprouver des sentiments néfastes ? Elle a raison, dans un sens, le bonheur n'est que du malheur en négatif. Ce qu'elle écrit a une force incomparable. Écrire lui permet de s'exorciser, et d'aller mieux. Et , si j'ose dire, elle le fait ...avec bonheur.
Je vois bien, quand je parcours les espaces des autres, quand je lis vos quotidiens, vos attentes, vos frustrations, que ces sentiments négatifs tiennent le haut du pavé dans la tragi-comédie humaine . "Les gens heureux n'ont pas d'histoire", "les chants désespérés sont les chants les plus beaux... "  Ces poncifs éculés, trimballés depuis des lustres jusqu'à en devenir des ectoplasmes mous, des phrases vidées de substances,  des éponges fétides noircies d'avoir essuyé d'un revers de main la douceur, la joie, la bonté en les taxant de mièvrerie, de sirop à l'eau de rose. La cruauté du monde, sa noirceur, nos vicissitudes, nos turpitudes, Iago, MacBeth, Céline, Sophocle, Sartre, Voilà ce qui nous plaît. Et je n'échappe pas à la règle, j'aime bien me faire du mal. J'aime pleurer en lisant. J'aime souffrir. Surtout au cinéma. Là, je suis comme une adolescente qui triture un innocent bouton jusqu'à en faire un furoncle immonde gorgé de pus en écoutant des musiques suicidaires. Je lâche la bonde, je vomis, je me roule dans la fange. Je me laisse emporter dans la spirale infernale de l'auto-flagellation. Je me laisse violer, je saigne, j'enjambe des cadavres et je reste enfermée des heures durant dans une cage en griffant de mes ongles le métal froid.

Du coup, quand je  tente quotidiennement (allez, je vais dire maladroitement, désespérément) de décrire l'autre face du monde, son implacable beauté, l'émotion tremblante que peut procurer l'éclosion d'une fleur d'amaryllis ourlée de quelques perles d'eau, le miracle de l'ordonnancement immuable de la nature,  la sensation d'osmose entre le corps et l'âme que procure les cordes d'un violon quand elles frôlent le cœur...et le bonheur simple de chaque jour, je me sens bêtement béate. Pis que ça, tout à coup,  je me sens con.

Depuis toujours je suis une passionnée, et mes colères, mes révoltes, mes chagrins prennent des dimensions démesurées. Excessive, comme mon signe astrologique, le bélier. 

Entière.  

Je suis une casseuse d'assiettes, de verres, de tout ce qui passe à ma portée en fait quand je ne me contrôle plus,  une claqueuse de portes, une démarreuse de voiture en trombe, une hurleuse. Une jeteuse contre les murs. Une furie. Un volcan en éruption. Une tragédie grecque. 
La tornade blanche, on m'appelle. Une vraie tigresse.
C'est la force destructrice de la soif d'absolu qui m'a gouvernée pendant des années. Jusqu'à ce que j'entame un travail sur moi, et que je parvienne enfin à ériger  la non-violence et la sérénité en ligne de conduite. 

Cette lave, ce bouillonnement perpétuel en moi, et toutes mes compulsions morbides, je tente de les diriger vers le positif,  j'utilise leur puissance comme un combattant de Taï- Ji-Tsu, pour les renverser à mon avantage. 
Mais peut-être, finalement, qu'à force de positiver,  je les contrôle trop, je ne les laisse pas assez s'exprimer ? Peut-être que j'en deviens mièvre?  cucul  ou  gnangnan ? Voire ( ce serait terrible!) les deux à la fois...


03 mai 2011

Un beau cadeau

Je ne me sens pas autorisée encore à parler de mon livre. Une histoire de délais légaux, de référencement, je ne voudrais pas sortir des clous et me mettre mal avec mon éditeur ! Cependant, rien ne m'empêche, à la demande de ma chère Delphine, de vous présenter une œuvre originale qu'une amie artiste m'a offerte. Une merveilleuse amie. De là à y voir un quelconque lien avec le titre d'un roman qui va sortir prochainement, l'Orteil d'Apollon ...il y a des raccourcis faciles, mais, chut ! mystère et boule de glu. Ne disons rien, et admirons simplement l’œuvre de l'artiste ...