31 mars 2010

De la sincérité (pour Coumarine)

Dans son dernier billet, Coumarine  s'interroge sur la sincérité de certains commentaires élogieux, qu'elle assimile plutôt à de la flatterie. Il est vrai que sur les blogs, la gentillesse, l'optimisme et la compassion sont de mise, j'en ai souvent été agréablement étonnée. Ce qui m'a fait parfois comparer la blogosphère à un village de bisounours. Certes. 
Il faudrait être idiot pour ne pas apprécier toutes ces ondes positives, et j'en connais plus d'un qui "tiennent" moralement grâce à ce réseau serré d'amitié et de bonne humeur qui les sort un moment de leurs galères et leur maintient la tête hors de l'eau.
Comme je le disais dans mon précédent billet, je suis une adepte de la parole gentille, le matin, au boulot, avec les collègues. C'est bien beau de bannir la langue de bois et de se targuer de  toujours dire la vérité, mais qui a envie, au sortir d'une nuit difficile, d'entendre la pétasse de service s'écrier avec son tact habituel:" putain , t'as une sale gueule toi, ce matin!" ? Voilà le type même de phrase sincère qui ne sert à rien, qui blesse et qui ne fait pas avancer la personne sur le chemin d'un mieux potentiel. D'un autre côté, inutile non plus de la flatter bassement en lui disant "Dis donc, t'as bonne mine toi!" Ce serait même pire. Autant lui offrir un café en se réfugiant momentanément sur des valeurs sûres comme la météo, une bonne blague ou les derniers potins du journal, et lui faire oublier qu'elle a une face de déterrée.


En revanche, dès qu'il s'agit d'écriture, qui est le substrat indispensable à tout blog,  et la matière première ( parfois un peu brute) de son expression,  il convient de garder la tête froide devant les compliments, car en la matière, seule la sincérité d'un certain milieu professionnel paye. Je m'explique: je ne me sentirai pour ma part autorisée à me réjouir que lorsqu'un auteur, ou un éditeur, ou un chroniqueur littéraire souligneront l'éventuelle prédisposition que j'aurais à écrire. Il en va de même pour la musique. Quand mon ami Fred, qui est une pointure en jazz, m'a dit que j'avais du talent pour l'improvisation, et l'oreille musicale,  j'en ai rougi de plaisir jusqu'aux lobes.

Tout ceci  ne remet nullement en doute la capacité de mon ami Petit Belge à reconnaître le talent, car je le considère  comme un chroniqueur littéraire, d'ailleurs. Cathy, Edmée, Coumarine, Damien, vos remarques d'auteurs me touchent pour la même raison, car je sais que vous ne extasieriez pas sur une écriture sans talent. Ne vous méprenez pas, mes autres amis, vos compliments me touchent aussi (ouh la la, quel terrain glissant! tu avais raison, Coumarine!) 
Mais il me faut garder humilité, comprenez-vous, car mon premier roman est toujours dans les cartons et je viens d'essuyer mon dixième refus d'édition. Il faut dire  (à ma décharge? )que j'ai tenté d'abord les grands consortiums, les géants , Seuil, Gallimard, Grasset, etc et que de nos jours le talent n'est rien s'il n'est pas, au bas mot , doublé d'un solide patronyme susceptible d'émouvoir les portefeuilles...Ah! que ne me nommé-je Besson ou Halliday, que n'ai-je perpétré le casse du siècle, que n'ai-je fait l'amour dans une piscine en direct devant des millions de téléspectateurs?!

Mais je m'égare. Revenons au sujet. Alors quid des compliments sur internet? Bien sûr que quelque part, on les fait un peu pour soi. Pour se faire des amis, autant ne pas être un oursin d'entrée. Pour être reconnu, comme cette petite fille qui cherchait , en la flattant, à accrocher un sourire aux lèvres de sa mère pour quelques instants. Une histoire qui m'a glacé le sang par son implacable cruauté: comment la relation entre une mère et sa fille peut-elle en arriver à ce que la seconde utilise de tels subterfuges pour voler un peu de tendresse à la première? 
Bien sûr, mais à ce moment là, on rejoint la théorie d'un de mes amis qui est persuadé que TOUT ce que l'on fait ici-bas, on le fait toujours et irrémédiablement pour SOI. A ce compte-là, même un compliment sincère devient flatterie, puisqu'il flatte...notre EGO.

Je n'entre pas dans ce système de pensée. Pour ma part, lorsque je m'extasie, c'est sans arrière-pensée, sans calcul saugrenu, sans intéressement. Juste parce que je suis fascinée par l'autre. Lorsque la magie n'opère pas, je passe gentiment mon chemin...

Est-ce  en se posant sur un arbre que l'hirondelle rend cet arbre beau?  Où est-ce parce qu'il est beau qu'elle s'y pose?

30 mars 2010

interrogation écrite

Les optimistes dérangent. Au détour d'une discussion à bâtons rompus avec une  collègue toujours souriante, comme moi d'ailleurs,  je l'ai entendue prononcer cette phrase étonnante... : au boulot, les optimistes dérangent...Arriver le matin avec un vrai sourire, s'apprêter à positiver, tenter de faire bonne figure,  tout ça ne serait pas bien vu.... J'ai repensé bizarrement à une bande dessinée de mon enfance, histoire bien manichéenne qui affrontait deux peuples totalement opposés.
Le monde serait-il partagé en deux engeances ?  auquel cas je me précipiterais avec bonheur et sans l'ombre d'une hésitation, du côté des agitateurs de zygomatiques, des contemplateurs béats, des optimistes  compulsifs. En face, dans l'autre "camp", les coincés des commissures, les éternels mécontents, les aigris, les renfrognés, les pessimistes notoires.Au risque, évidemment, de susciter les sourires pincés, la revanche, la jalousie, l'aigreur, l'amertume, l'exaspération qui sait...
 Alors, je m'interroge:
Donner l'impression que tout va bien, veut-il forcément dire que tout va bien? N'est-ce pas simplement l'art de ne pas emmerder les autres avec ses problèmes?
A contrario, dire que tout va mal veut-il forcément dire que tout va mal , et cela fait-il avancer plus vite vers le moment où tout ira mieux? N'est-ce pas une façon de rendre les autres responsables de ses problèmes?
Dans dix minutes, je ramasse les copies. Et , non, on ne copie pas sur le voisin!

26 mars 2010

La confiance règne!


Il fait bon exercer le doux métier d'enseignant en France au vingt et unième siècle. Depuis la rentrée des classes, nous voilà lotis par la municipalité d'ordinateurs flambant neufs, des petits notebooks tout mignons, certes pas le dernier cri de chez la Pomme, mais disons l'avant-dernier. 
Superbe opération publicitaire pour le vendeur, à grand renfort de communiqués de presse et de campagne d'affiches. Ah, ils sont chouettes, ces ordis, on va pouvoir te leur faire passer le Brevet Informatique et Internet, à ces petits galapiats,  le Bii comme ils disent dans les instructions officielles (prononcer bédeuzi). On va pouvoir surfer sur le net, faire de la PAO (Publication Assistée par Ordinateur, idéale pour rédiger la feuille de chou de l'école à deux francs six sous) et calculer en mathématiques, de combien ils se sont fendus à raison d'un ordinateur à 800 euros pièce  multiplié par 15 multiplié  par 20 écoles , sans compter les chargeurs, l'imprimante et le vidéo projecteur. Bref, on va pouvoir s'amuser. Le problème, c'est qu'on n'est pas à l'école pour s'amuser. Le parcours du combattant commence. Les quinze appareils sont enfermés dans une sorte d'armoire blindée sur roulettes, pompeusement appelée "classe mobile",   qui pèse trois tonnes, avec cadenas à code, elle-même enfermée dans un cagibi exigu et noir, au fin fond de la bibliothèque. Le modem sensé relayer internet par wifi est accompagné d'un câble dix fois trop long qui perturbe le signal, je vous passe les détails. L'armoire mastodonte ne saurait monter les étages, il faut donc la déplacer au-dessous de chaque classe pour espérer capter internet au deuxième étage.  Ensuite, il faut se trimballer les précieux objets jusqu'à la classe, en priant Vichnou pour qu'un élève ne laisse pas tomber le sien dans les escaliers, à la fin de la séance, redescendre de même, remettre chaque truc dans son machin, refermer le bidule, le pousser et le tirer en ahannant jusqu'à son réduit. On a déjà vachement moins envie de faire informatique.
Enfin, arrive tel le deus ex machina une jeune dame mandatée par la mairie et chargée de la maintenance du système. Soudain le bât blesse . Car bien sûr, les ordinateurs sont salis par les enfants avec leurs mains pleines de doigts (allez dont les  empêcher de montrer l'écran avec leurs doigts quand ils sont plongés dans l'étude de la carte du Japon, ou dans un exercice de math interactif!) 
Et en plus, de temps en temps, les enseignants (ces gros délinquants) en emmènent un à la maison (sacrilège!!!) Grosse colère de la dame, qui couve ses petits macbooks comme une poule ses poussins. A croire qu'ils sont à elle. La confiance règne! caca nerveux: désormais, la prévenir quand on décide d'emporter le matériel chez soi. Dois-je l'appeler tous les soirs pour lui dire que j'emporte un dictionnaire ou une équerre? L'idéal , en fait, pour elle, serait que , ces  fatales machines, nous les laissions propres et neuves dans leur tombeau roulant, au fond de leur catafalque, en évitant carrément de nous en servir. Ce qui ne va pas tarder à se passer pour moi, si elle continue de m'échauffer les oreilles.Adieu veau, vache , cochon,  bédeuzi...

Tout ceci me laisse songeuse. Il fut un temps ou le mot "professeur" représentait un sésame, forçait le respect et la confiance. Où l'on savait que même s'il avait oublié son chéquier, la facture serait payée rubis sur l'ongle par l'école dans les jours qui suivaient. Ce temps est désormais révolu. Dans la série la confiance règne (bis) quatre classes de l'école ont failli se faire refouler d'une salle de spectacle pour enfants, ce matin-même, parce que les enseignants avaient commis le crime  affreusement impardonnable de ne pas avoir sur eux de moyen de paiement. Parce que bien sûr, tout le monde sait que les enseignants sont donc de gros délinquants,  récidivistes, toujours prêts à emmener leurs élèves se payer une bonne tranche de musique de chambre ou de théâtre  No sans bourse délier, en arnaquant le trésor public! 
Un autre sbire de la mairie, aiguisant son petit pouvoir de chefaillon minable, pensait impressionner ma directrice, sûrement, en se montrant intraitable.  Celle-ci, sans se départir de son calme olympien, a donc répliqué "eh bien, faisons demi-tour". En réalisant le manque à gagner (ou la faute de goût" ) que représenterait le trou béant dû à l'absence dans le théâtre de quelques 112 élèves, le Cerbère s'est adouci et les a laissés entrer.
Dites moi que je rêve!
Déjà que notre administration nous harcèle de plus en plus, nous surveille, nous épie, nous demande des comptes, (j'en parlais déjà  ici) si en plus le Maire instaure la méfiance organisée envers ceux qui sont sensés apprendre la moralité et l'honnêteté aux enfants, c'est la porte ouverte à toutes les fenêtres!

23 mars 2010

Guillemets

Certes, la "correction" infligée aux gouvernants en place tient de la "raclée historique." Certes, dimanche soir ressemblait à un "grand soir". Certes, la démocratie fonctionne encore un peu dans notre "beau"pays des Lumières. Certes, il serait malvenu de bouder notre "plaisir", je dis notre parce qu'il y a quand même quelques millions de gens à le penser.Et à reprendre un peu "d'espoir". Certes.
Mais si les Français ont choisi de confier à nouveau les régions au PS, LE grand parti de "gauche," ne nous méprenons pas. Tout reste à faire dans ce pays pour redonner confiance à des électeurs épuisés par leurs luttes quotidiennes, écœurés par la langue de bois, laminés par tant de coups bas, de veuleries politiques, de traitrises, de retournements de vestes, de votes consensuels quand il s'agit de préserver les avantages de la caste politique dominante. De droite, comme de "gauche". Et les guillemets, c'est exprès. Parce qu'à y bien regarder, a-t-on jamais eu la vraie Gauche au pouvoir depuis le front Populaire? A part peut-être dans les toutes premières années après 1981, où quelques avancées sociales ont été obtenues avec un certain bonheur. Mais c'étaient les dernières du vingtième siècle, qui en avait pourtant connu, et d'immenses, en 36 et en 45. 
Bien sûr, à tout prendre, il vaut toujours mieux une gauche "social démocrate" qu'une "droite décomplexée." Mais quand on voit combien les "grands" partis ne sont pas étanches, comme il est facile de passer de l'un à l'autre comme à travers un gâteau spongieux, au gré de son envie de carrière ou de ses ambitions, et sur la moindre injonction de notre "grand" empereur président , on peut légitimement douter que l'intérêt "général" soit le seul moteur qui les anime, tous. On peut légitimement se demander s'il faut faire confiance à des pachydermes ou des éléphanteaux -et les éléphantes ne sont pas en reste dans ce combat pour le "trône"- dont le seul projet est d'accéder à la présidentielle, au mépris de l'intérêt général susdit. 
Quand on voit des Mitterrand, Besson, Kouchner, Strausskann, Lang, s'asseoir confortablement sur leur image d'icones médiatiques en cousant, avec le  fil blanc de la désillusion , leur gros coussin de billets de banque, quand on entend la première dame jurer ses grands dieux qu'au fond elle est toujours de "gauche", quand on serre de près les manœuvres politiques, les petits "arrangements" et les grosses compromissions de tous ces gens qui usurpent la mémoire de Jaurès, leur illustre prédécesseur , et abusent de la ferveur aveuglée de leurs militants de base, on peut légitimement se demander si notre vote de dimanche  et tous les prochains ne nous mèneront pas de toutes façons au même endroit: croyant  faire tomber un mur, et si nous n'étions réduits qu'à changer de mur? La bosse sur le front, le traumatisme crânien en seront-ils moins douloureux?

dessin de Reiser, internet

21 mars 2010

Fauve mort

J'ai retrouvé dans mes cahiers d'étudiante les poèmes de mon premier chagrin d'amour.
J'avais dix-neuf ans.




Relire tous les mots d'amour
Et se persuader qu'il existe
Drôle de gageure en effet
Comme si les sentiments
Se laissaient emprisonner
De lignes superficielles
De phrases imaginaires
Le grand, le vrai se trouvent ailleurs
Dans les fibres de l'existence
Dans les élans à jamais tus
Il ne m'aimera jamais plus
Qu'en sais-je? et pourquoi ces tourments
Ces paroles incohérentes
Dans l'inutilité des mots
Je trouve mon indépendance
La sens comme une déchirure
La refuse de tous mes sens
Progrès, Futur, marcher toujours
Oublier soi dans son passé
Dans le vécu s'insinuer
Se démunir
Se dessaisir
Se dénombrer
Se décanter
Se défaire de l'existence
Comme d'un carcan ourlé
Briser ce lien sempiternel
Cette chose igniférante
qu'on appelle le Grand Amour
Mon coeur s'armure et puis se givre
D'acier de glace et de mépris
Je ne me sens le droit de vivre
Que détachée vidée sans prix
Dans la jungle sentimentale
Ma passion est un fauve mort.

Juillet 78

19 mars 2010

Etre une femme (âmes sensibles s'abstenir)



La vie d'une femme, pour ceux qui croiraient encore à une utopique égalité parfaite des sexes, est une longue suite de souffrances perpétuelles, dont les hommes ne peuvent se faire une idée.
Entre dix et cinquante ans, quarante années de vrai bonheur, avec , par ordre d'apparition à l'image, premières règles, culottes souillées, tampons qui débordent, seins qui poussent, qui tirent, qui gonflent, acné juvénile, mal au ventre, malaises, indispositions, nausées, vomissements, vertiges, syndromes prémenstruels, chutes de tension, migraines, mycoses, pilules à ne pas oublier, préservatifs, diaphragmes, stérilets, calendriers, angoisse d'être enceinte, fécondations in vitro, inséminations artificielles, avortements, fausses couches,  angoisse de ne pas être enceinte, curetages, grossesses, amniocentèses, échographies, doppler, utérus rétro-versés aigreurs d'estomac, décollements de placenta, contractions , vergetures , accouchements, avec ou sans douleurs, césariennes, épisiotomies, piqûres, péridurales, prises de sang, cathéters, monitoring, montées de lait, seins qui crevassent, traite au tire-lait, baby blues, seins prêts à exploser, retours de couches,  nuits sans sommeil, angoisses maternelles, périnée  distendu, fuites urinaires, ventre flasque, dos en compote, auscultations, visites de contrôle, mammites, cystites, vaginites, salpingites, ovarites, endométrioses, frottis, touchers vaginaux, touchers rectaux, mammographies, seins qui tombent, ménopause, rides, varices, prise de poids, bouffées de chaleur, chutes d'hormones, chute de cheveux, sècheresse vaginale, sueurs nocturnes, rétention d'eau, cellulite, ostéoporose, descentes d'organes, hystérectomies, kystes, fibromes, tumeurs...
Toute une vie à être palpée, piquée, explorée, écartelée, fouillée, spéculumisée, cousue, charcutée, auscultée, esquichée, sucée, tétée, bouffée jusqu'à la moelle...Un vrai bonheur, vous dis-je!

Il y a des soirs où je me trouve d'un romantisme exacerbé...

14 mars 2010

Dilemme

 Acte I , scène 1
                                L'ANGELOT, LE DIABLOTIN


-Célestine, tu as du travail! Ne regarde pas ton blog!
-Mais si, regarde-le! Juste un petit peu!
-Non, il n'en est pas question! Tu dois bosser!
-Bosser le dimanche, tu n'y penses pas! Allez, prends toi du bon temps!
-Oui, on sait ce que c'est! On dit dix minutes, et deux heures après on y est encore!
-Mais regarde tous ces beaux articles tous nouveaux qui te tendent les bras, ces titres alléchants! On dirait que tes amis blogueurs se sont donné le mot...
-Je t'aurai prévenue Célestine, ne cède pas à la tentation, ou tu vas le regretter! Laisse moi tomber ces billevesées, et mets toi au turbin!
-Dis-donc, l'angelot, tu serais pas un peu rabat-joie dans ton genre? Moi je te dis que Célestine a mieux à faire ce matin que de corriger des copies!
-Eh, le diablotin, ce n'est pas toi qui vas la consoler quand elle va se mettre à paniquer parce qu'elle est en retard! Ce soir, dans l'urgence...
-Hmmm, le beau blog! vas-y Célestine, fais-toi plaisir!
-Allons, Célestine, ta conscience te contemple: sois courageuse!

Acte I, scène 2
                                             CELESTINE (en aparté)

Ah! les vaches! Pas facile de faire un choix!...

12 mars 2010

VOTONS !


Un beau, un très joli mot de notre vie française: VOTER. Le mot de tous les possibles, le mot de l'espoir, le mot du partage des responsabilités, de l'expression de la démocratie, de la volonté du peuple souverain. 
Donner sa voix. 
Beau symbole.


Un mot terriblement mis en danger de nos jours par des dérives que l'on ne dénoncera jamais assez puissamment. 
 Ces dérives protéiformes prennent toutes sortes de masques poisseux pour nous empêcher de faire notre devoir citoyen.

Il y a l' "A quoi bon" qui englue les gens dans un fatalisme mou. Pour lui, tout est joué d'avance, les sondages sont truqués et voter ne sert à rien.

Le "Tous pourris" considère que la classe politique dans son ensemble ne mérite pas la confiance des électeurs, que tous se valent dans la langue de bois, la compromission et les fausses promesses.Tous des véreux ces politicards!

On va trouver aussi le "J'ai pas le temps"  celui qui se bouche les yeux et les oreilles pour ne pas, surtout, prendre part à la vie de la Cité, au sens grec du terme. La politique est pour lui une affaire de professionnels. Non mais si tu crois que j'ai que ça à faire!
Le "J'ai pas le temps" rencontre d'ailleurs souvent le "J'ai mieux à faire" en allant à la pêche ou en vouikinde les dimanches d'élections.


 Il y a le "Oui mais pour qui?" qui se perd dans les professions de foi, ne comprend pas les subtilités des différentes mouvances et partis, trouve que la pluralité nuit à la clarté, et préfèrerait deux partis, voire un parti unique tant qu'on y serait.Ce serait tellement plus simple, une bonne dictature!

Et il y a enfin le "j'y crois plus" désabusé, qui a voté dans son jeune temps mais a subi tant de déceptions, tant de renoncements, avalé tant de couleuvres que pour lui, c'est mort.On ne l'y reprendra plus à cette stupide mise en scène! Les bulletins, l'urne, et au final, on prend les mêmes et on recommence.C'est pas demain la veille qu'i vont m'revoir!

Et puis, là-bas, six pieds sous terre, dans un remous indigné et lointain, un grondement régulier comme une horloge, à grands cliquetis d'os,  il y a Montesquieu, Rousseau, Voltaire, Danton , Mirabeau, Robespierre, Zola  Hugo, Jaurès et tous les damnés de la terre qui ont payé de leur sang, de leur sueur et de leurs larmes pour la naissance de la démocratie,  qui se retournent dans leur tombe comme des toupies, en entendant certains mauvais citoyens de 2010 se trouver tant de piètres  et fumeuses raisons de ne pas se déplacer vers les urnes. Des prétextes. Des excuses bidons. 

Alors je lance cette petite bouteille à la mer, et je me dépêche de faire ma campagne avant la clôture officielle. 
Je sais pas vous, mais moi, dimanche, je vais voter.

08 mars 2010

Vingt ans





Un matin, un 8 mars, journée internationale de la femme, votre copine féministe n'en croit pas ses yeux, c'est trop beau ce symbole, un matin, donc, vous vous réveillez avec une toute petite chose dans les bras. Une petite merveille avec de grands yeux. Et vous, qui pensiez n'être faite que pour avoir des garçons, de solides bébés joufflus au solide appétit, et à la voix de trompette réclamant à corps et à cris des biberons de 250 engloutis en cinq minutes, vous réalisez soudain que le miracle s'est produit:  soudain, c'est votre FILLE, ce petit être délicat qui geint sans bruit pour demander un tout petit biberon de rien du tout qu'elle avale sagement avec de petits soupirs, en fermant les yeux pour que cela dure plus longtemps, un bébé tout doux qui grandit en souriant toujours comme un ange, une poupée nacrée à la toute petite voix. Un petit bonheur de tous les jours, une chipie à couettes qui danse et joue à l'élastique et monte un jour sur des pointes avec un long tutu blanc et vous fait fondre de  tendresse. Puis de fêtes des mères en bulletins scolaires, des colliers de nouilles  aux premiers émois, de la crèche au lycée,  de robe de princesse en jupe plissée, des premières dînettes au premier maquillage...
Un matin, vous vous réveillez  avec une très belle jeune femme à vos côtés. Qui vous sourit de ses dents parfaites, obtenues au prix de longues années de souffrance orthodontiques,  une étudiante élancée, serrée dans sa veste cintrée, sa longue chevelure blonde éparpillée sur ses épaules, des yeux à faire s'ouvrir les fleurs, et derrière ce front sérieux tous les rêves du monde. Et vous réalisez soudain que ces vingt ans de bonheur qui viennent de s'évaporer comme la rosée du matin dans l'herbe de mai ont transformé votre bébé en moins de temps qu'il n'en faut pour l'aimer..Et vous vous retrouvez, au soir de cette journée de la femme, épanouie, ravie, ruisselante de fierté et d'amour, en train de souhaiter bon anniversaire à la plus tendre  des complices que la vie vous ait donnée...


05 mars 2010

La Maternité suisse d'Elne

 












En février 1939, chassés par les troupes du Général Franco, cinq cent mille réfugiés espagnols passent la frontière française. Ils sont internés dans des camps, en particulier à Rivesaltes, Argelès, Saint-Cyprien et Gurs.
A partir de l'instauration du régime de Vichy en 1940, ces camps servent aussi à l'internement des Tziganes et des Juifs d'Europe du nord, qui cherchaient refuge en France et qui seront déportés à Auschwitz et Maïdanek.
En novembre 1939, à Elne, à côté de Perpignan, Elisabeth Eidenbenz, une jeune institutrice du Secours suisse aux enfants victimes de la guerre, aménage une maternité de fortune dans un château à l'abandon. La maternité suisse d'Elne permettra à plus de six cents enfants de naître et de survivre à l'écart des camps, jusqu'à sa fermeture par les Allemands en avril 1944.
 Comment ne pas être ému par la beauté de cette histoire, d'autant plus qu'elle est vraie? Merci à Flo, une jeune et belle étudiante chère à mon cœur,  de m'avoir fait connaître ce lieu mythique chargé d'Histoire dans lequel elle va travailler durant son stage de master.

L'image de cette institutrice sauvant des centaines d'enfants m'enchante l'âme. Quel beau sujet de thèse que cette profonde humanité.

images wikipedia

01 mars 2010

Melting pot

Un bel artiste que j'ai découvert:  Marco Prince,
 Un livre décapant et magnétique que j'ai commencé, "Autopsie du Mammouth",de Claire Mazeron, pour me remettre dans l'ambiance du travail
un autre que mon fils avait à lire pendant les vacances: "L'enfant au pyjama rayé"de John Boyne, merveilleux
un lieu mythique empreint d'histoire dont je parlerai dans un prochain billet
Un amour de jeunesse retrouvé par hasard
une sieste au soleil, la première de l'année
Une invitation impromptue de Marinello, samedi soir, que j'aurais bien prolongée jusqu'au bout de la nuit
la surprise , pour mon petit cœur de mère , de voir arriver tous mes enfants ce week-end, sept à table!
vite, un repas improvisé mais délicieux
les premières tulipes triomphantes se dressant hardiment dans le soleil de fin d'hiver
Un je ne sais quoi dans l'air qui sent le renouveau...
Une envie de bondir de branche en branche comme une grenouille...
Qu'est ce qui m'arrive, docteur?