29 novembre 2011

Les temps changent...




 Madame,

En ce moment, votre enfant en CM2 a un peu de mal à apprendre ses leçons . En rédaction, il manque de vocabulaire et son usage de la grammaire n'est pas encore très sûr. Ne vous inquiétez pas, c'est normal. Pour ma part, je m'emploie quotidiennement à rendre mes leçons claires et intéressantes, car j' apporte beaucoup de soin à préparer mes cours , et en classe j'utilise un matériel concret et varié pour aider les enfants à apprendre. Mais ces chères têtes blondes ont besoin de temps pour digérer leurs leçons, c'est normal encore une fois!
C'est que le français, comme vous le savez, est important dans toutes les matières, et que je veux lui donner toutes les chances de réussir dans la vie. D'ailleurs, il réussit déjà très bien en gymnastique et en dessin, ainsi qu'en poésie, où les notes des derniers contrôles sont excellentes. Grâce à notre soutien bienveillant, et s'il continue à bien faire ses devoirs et à réfléchir, il s'améliorera très certainement. Ainsi, il passera sans problèmes en sixième l'an prochain.

Madame

En cette deuxième période du premier trimestre, votre enfant en première année de Cycle III présente des difficultés de type cognitif dans la mémorisation des séquences d'apprentissage. En production d'écrit, son capital lexical est déficitaire, ainsi que sa maîtrise du code syntaxique. Pourtant, les séquences d'apprentissage que je mets en place dans l'espace interstitiel du groupe classe sont en conformité avec les descripteurs du référentiel de compétences du socle commun, et ma programmation annuelle tient compte de l'hétérogénéité des apprenants en utilisant un matériel didactique adapté en termes de besoins structurels et  psycho-pédagogiques.
Il faut donc d'urgence mettre en place pour votre enfant un Programme Personnalisé de Réussite Educative, car ses difficultés risquent de le pénaliser aux prochaines Evaluations Nationales.
La maîtrise de la langue est une compétence transversale fondamentale afin d'atteindre des objectifs sur le long terme. Nous pourrons utiliser comme points d'appui ses aptitudes motrices dans les activités de type gymnique et ses compétences dans les champs disciplinaires  «  arts visuels » et «usage poétique de la langue » comme en témoignent ses résultats satisfaisants aux évaluations normatives après la période de remédiation. Pour les compétences et les acquis à consolider, nous prévoirons des situations de réinvestissement et des stratégies de recherche, afin qu'il puisse élargir le champ des notions acquises, et ainsi être proposé par le conseil de cycle pour un passage dans la première année du cycle central de scolarité.

27 novembre 2011

Le chat et le Guépard


 

Tu poses ta patte sur ma cuisse, ainsi qu'en ton appartement, délicatement mais sans hésiter, dans un geste auguste de propriétaire satisfait . Tu tournes vers moi ton beau regard d'opale qui est une énigme différente à chaque fois. Dis, à quoi peux-tu bien penser quand tu malaxes de tes griffes ce vieux plaid de laine qui reste toujours sur le sofa pendant l'hiver? Celui dans lequel j'aime me lover quand le froid frappe les vitres de ses doigts de givre. 
Tu avances délicatement une patte et puis l'autre, en alternance, les yeux mi-clos, dans une pose extasiée de jouisseur de l'instant.
Qu'il est drôle, ce mouvement lancinant propre à tous  les chats, vieille réminiscence, paraît-il,  de l' âge d'or : le temps béni où ils tétaient,  enfouissant leur museau rose dans le poitrail soyeux de leur mère !
Je n'ai qu'une couverture usée mais elle sent bon l'assouplissant, vanille ou lavande, je ne sais plus . Il semblerait qu' elle te convienne, mon beau chat, fort doux et charmant, à t'entendre ronronner comme une sur-jeteuse . 

Mais voilà que tu me montes sur le ventre:  laisse moi-donc regarder mon film, accaparant seigneur des lieux! Quel film, demandes-tu? Lucchino Visconti. Le Guépard. Un de tes congénères, en somme. Celui-là a la  grandeur éternelle des œuvres mythiques : pas une ride. Tu es sceptique? jaloux?  Non? Si,  je le vois bien. Ce guépard-là n'est pas  de ta famille.

Tu prends un air de suprême indifférence quand je me noie de plaisir dans la scène où la jeune Claudia Cardinale et son incendiaire beauté font irruption dans ce salon aux ors défraîchis, où malgré les couleurs sépia de la copie outragée par les  ans, son insolent éclat crève l'écran . Il faut voir les regards, alors,   celui des hommes, le Prince Fabrizio, Tancrède son neveu, Don Calogero, et même le père Pironne, le Jésuite dévot faussement courroucé...oui,  un regard lourd de concupiscence, de désir fou,  d'incrédulité muette, d'admiration ostentatoire...Et celui des femmes, lourd aussi, de jalousie refoulée, de pruderie offusquée, de colère et d'inquiétude légitimes...devant cette déesse menaçante dans son innocence même. La peinture par le maître, des soubresauts de l'aristocratie sicilienne décadente sur fond de révolution garibaldienne, tient du génie dans cette simple scène.
Non, mais je rêve!  je te décris une des scènes les plus sublimes du film et toi, tu te lèches le postérieur dans une parfaite et révoltante indécence!
Ne me fais pas ces yeux de merlan frit, vilaine bête! Je désespère de te faire partager un jour ma passion pour le cinéma italien, c'est tout. Quoi? des pubs sur Arte? où est passé mon film?  Ne me dis pas que ta patte est tombée comme par hasard sur la télécommande...


22 novembre 2011

Les petits gestes



Souffler sur la vitre glacée, dessiner et regarder la buée se dissiper, en hiver, comme on le fait avec la trace des pieds mouillés sur les dalles brûlantes en été.
Observer une araignée remonter infatigablement son fil, là, au bout de son crayon, que l'on mâchonne distraitement.
Rassembler les miettes de gâteau ou les grains de sucre en poudre du bout de l' index, et mouiller son doigt pour les attraper.
Faire chanter le bord des verres en cristal.
Ôter machinalement une poussière sur le pull de l'autre,  une miette au coin de ses lèvres, ou un cheveu qui va entrer dans son œil.
Fermer les yeux à la première bouchée de glace au caramel.
Toucher le ventre d'une femme enceinte.
Sentir le parfum  d'une serviette de toilette propre avant de s'en servir.
Plonger son nez dans un livre neuf, pour les mêmes raisons.
Toucher le front d'un enfant fiévreux, d'abord avec sa main, ensuite avec sa bouche.
S'apercevoir au bout de très longtemps que l'on a oublié le film protecteur sur l'écran d'un appareil, et l'ôter en éprouvant une jubilation étrange.
Faire chanter le bord d'un verre en cristal du bout du doigt.
En cas d'odeur suspecte, vérifier tout de suite le dessous de ses chaussures.
Fredonner sous la douche.
Regarder sa main tracer des hiéroglyphes et des rosaces tarabiscotées alors qu'on est au téléphone, ou dans une conférence ennuyeuse.
Trouver des formes dans les nuages.
Essayer de peler une pomme en ne faisant qu'un seul ruban de pelure.
Baisser la tête quand la voiture entre dans un tunnel.
Enlever la peau du lait en l'enroulant autour d'une cuillère, et la déposer sur le bord de la casserole.
Se dire que si le feu passe au vert dans huit secondes, la journée sera bonne.


Des petits gestes que l'on fait tous, peu ou prou. Certains sans même y penser, d'autres comme mus par une irrésistible pulsion.  Certains à la limite du toc ou du grigri conjurateur de sort. D'autres empreints de poésie ou chargé de transmission tacite.  Anodins, dérisoires et tellement rassurants. Parce qu'ils contiennent un peu de cet inconscient collectif  qui relie les êtres. Parce qu'ils expriment tout doucement le sentiment d'appartenance à la même espèce. Parce qu'ils révèlent, sans un mot, un peu de ce que nous sommes. Des hommes pareils.

Photo internet



20 novembre 2011

La Valse à Yoshka

L'accordéon... J'aime ce tourbillon de la mélopée un peu triste-amère et à la fois joyeuse de la boîte à frissons, plongeant profondément dans les souvenirs enfouis, dans notre inconscient collectif empli de musique lentes, de mélancoliques  bals-musette du quatorze juillet, de premiers émois adolescents, l'odeur des bals populaires, un mélange de sueur, de frites et de joie forcée, de femmes tournant ensemble et de pétards dérisoires fêtant la liberté...
J'aime le tourbillon de cette valse du piano à bretelles qui entraîne la foule d'Edith Piaf, et son accordéoniste cette romance folle d'un instant,un instant volé à l'absurde, au coin d'la rue là-bas et le Vesoul de Brel, et la complainte de la Butte  et les cris de Ferré gueulant l'Affiche Rouge . Les violettes impériales du ténor foudroyé en pleine gloire, les plaintes langoureuses des peuples slaves qui expriment le malheur des peuples à travers leur musique.
J'aime la valse qui tourbillonne encore et encore et nous emmène plus loin, sur la piste du grand cirque de la vie aux clowns tristes et blancs, les bandonéons ridicules dans leurs grosses mains gourdes et soudain!  le tango argentin qui plaque le corps contre celui de l'autre frémissant en une étreinte  éphémère, vaine, qui se veut plus forte que la mort. Mais la mort rôde et embarque les âmes et l'accordéon rend son dernier soufflet...
Il y avait tout ça dans la valse à Yoshka et bien plus encore. 
J'ai aimé le spectacle, j'ai rêvé. J'ai frissonné.
Une belle histoire d'amour, porté par un comédien et une troupe imprégnés de pure poésie dans un décor écrin pour des mots-bijoux. Et les nourritures terrestres étaient à la hauteur, faut-il le préciser!

Merci à Croukougnouche pour cette belle soirée.

19 novembre 2011

Insomnie

Je ne pouvais pas dormir avant que samedi ne ferme enfin la porte à ce vendredi...comment dire? Pathétiquement comique! 
Tout est allé de travers, c'est incroyable comme les choses peuvent se liguer! Je tourne et retourne dans ma tête cette troublante conspiration des astres (désastre?) contre moi.
J'ai fait plein de bêtises, égaré mes clés, renversé ma salade, coincé ma fermeture éclair, oublié d'ouvrir mon courrier. Mon pare-brise était tout gelé, j'étais à la bourre.  Dans la rue, devant l'école, un enfant s'est fait renverser par une trottinette, sa mamie était toute énervée au portail, elle s'en est pris à une collègue qui n'y pouvait rien, la collègue a été choquée. Bref.
Toute la journée des problèmes idiots, de chauffage en panne, de stores cassés, sans compter tous ceux que j'ai relégués dans mon inconscient, pour leur insignifiance, sans doute.
Petite fatigue, petit coup de blues.  Pour rien, c'est nerveux. Juste une impression de résonner faux comme un verre ébréché. Juste une impression d'avoir tout loupé aujourd'hui. Enfin, hier. 
Et en même temps, pourquoi est-ce qu'un jour comme celui-là, je me suis sentie si terriblement vivante ?

18 novembre 2011

Les aventuriers de l'arche trouvée

Tandis que juchée sur ma Rossinante, je pourfends les utopies pour leur donner un peu d'épaisseur et de vérité, j'en connais deux qui, ayant rendu à la société de fiers et loyaux services,  profitent comme on dit d'une retraite bien méritée, en se lançant à l'assaut de leurs propres limites. Deux frères aussi fous l'un que l'autre, deux passionnés de "vires",  ces chemins escarpés à donner le frisson mieux que le grand huit. Chaque randonnée faisant découvrir, sur la montagne d'en face, le tracé de la prochaine, c'est sans fin: ils étudient les photos, ils spéculent sur les chances d'accéder par telle ou telle voie, à ce gros rocher, là, ou à ce groupe de trois sapins, suspendus au-dessus du vide dans des poses improbables.
Il faut voir l'espèce d'excitation qui les anime quand ils préparent leur havresac. On dirait des gosses. Vous frémiriez rien qu'à la pensée des escarpements vertigineux qu'ils traversent. Même pas peur! Depuis quelque temps, une arche naturelle était l'objet de toutes leurs convoitises. Un monument de 18 mètres de hauteur, inconnue des gens du village eux-mêmes, jamais atteint. Une de ces bizarreries géologiques qui font tout le charme des plateaux calcaires, torturés par l'érosion, surgis du chaos paléontologique. Bien protégé par le vide de 400 mètres d’à-pics, les falaises abruptes et  la végétation. Par trois fois, ce monstre de pierre s'est refusé, et sans relâche, par trois fois, ils sont remontés au créneau. 
Ils viennent de trouver l'arche. Leur arche. Ils sont comme des fous. Leurs séances de photos et le récit de leurs exploits vont faire briller leurs yeux et alimenter les longues soirées d'hiver pour un bout de temps.
L'un des deux faisait déjà du saut à l'élastique, du parapente, du deltaplane, du canyonning, du VTT et j'en passe. Ça ne l'a jamais quitté, le goût des grandes sensations. Je le connais bien. Je l'ai épousé il y a vingt-six ans.

Photo "Célestin"

17 novembre 2011

Silence, on bouge!

Comment faire participer deux cent quatre vingt quatre élèves à un projet sur le silence ?
Comment les faire se déplacer sans bruit dans les couloirs sans que leurs parents hurlent à la brimade, ou au traumatisme psychologique? Comment exiger en ayant l'air de proposer ?
Chronique d'une victoire toute en velours.

Oui, comment ? Voilà une question que je me pose depuis longtemps sur l'opportunité d'instaurer le calme et la sérénité dans l'école, au moment des « transhumances de classe », ces convois obligatoires et répétitifs de la cour à la classe, de la classe à la cour. Deux étages de piétinement et de vacarme incessant. Huit fois par jour minimum. Sans compter les activités nécessitant un changement de lieu, musique, gymnase, bibliothèque, arts plastiques (pardon, arts « visuels »...) Chaque jour, depuis des années, je me prends dans les oreilles et dans les escaliers une charge de décibels à la limite du supportable. Cela m'a certainement poussée à trouver rapidement une solution. 

C'était eux ou mes oreilles. J'ai choisi mes oreilles. 

Et monté une vaste offensive de charme pour faire comprendre à tous mon objectif.
D'abord les collègues : facile, eux aussi commençaient à avoir les esgourdes en choux-fleurs : pas d'isolation phonique, une surenchère de cris pour se faire entendre par -dessus les cris des copains. Tous ont accueilli le projet une sorte de soulagement unanime.

Ensuite les enfants : après une période probatoire de quelques jours, la mise en place s'est faite tout naturellement : à grand renfort de citations que j'ai puisée ça et là dans le grand réservoir d'Evène, parmi les plus belles et les plus judicieuses des phrases écrites sur le silence. De Giono à Shakespeare, du Mime Marceau à Lao Tseu, de Anouilh à Neruda, les murs de l'école ont fleuri de pensées muettes qui interpellent les jeunes esprits. Je rends grâce aux adultes, enseignants, animateurs, de s'inscrire si parfaitement dans le projet, de jouer le jeu chaque jour, et de faire de cette opération un véritable succès. 

Ne pas écrire , surtout, le mot « interdiction ». Non. Pas de logo agressif genre « bouche fermée d'une croix rouge ». Pas très bonne idée. Au contraire, des panneaux verts (couleur apaisante et zen) stipulant « A partir de cette limite, je m'engage à respecter le silence ».
Projeter ensuite une appropriation encore plus grande de la chose, en faisant écrire à tous les enfants sa propre pensée, sa propre maxime. Avoir la joie de voir figurer sa phrase à côté de celles des plus grands écrivains et penseurs : quoi de plus valorisant pour un être en devenir ?

Derniers (et pas des moindres) à convaincre du bien-fondé de ce projet : les parents d' élèves (pardon, les géniteurs d'apprenants). C'est chose faite depuis le dernier conseil d'école, où cet avenant (qui porte bien son nom,je trouve) au règlement vient d'être voté à l'unanimité. Je n'en attendais pas autant ! J'ai même rencontré une directrice heureuse, si si, devant ma glace...

Il ne nous reste plus qu'à leur expliquer que ces quelques minutes par jour de silence méditatif, consenti, concédé au bien-être de tous, ne devront jamais, leur vie durant, les empêcher d'ouvrir leur g...... chaque fois qu'on voudra les réduire au silence.
Mais ça, c'est une autre histoire...

14 novembre 2011

Promenade du soir

De petites merveilles m'attendent souvent, dans ma -presque- quotidienne promenade en chaussons dans le petit monde feutré des blogs. Des textes drôles, profonds, émouvants, ou aériens comme leurs auteurs souvent. 
Ce soir, je reste confondue devant la pertinence de cette lettre ouverte à la Fontaine, écrite par Monsieur Jacques. Un petit bijou de réflexion sur notre monde corrompu et factice, et sur la nécessité d'une voix railleuse pour dénoncer ce concert détestable des langues de bois. En filigrane, on se prend à regretter des Coluche, des Guy Bedos, des Charlie Chaplin dans notre royaume du clinquant bling-bling et de l'écrasement de l'homme par l'homme. On manque cruellement de fous du roi. Ceux-ci se planquent en attendant la fin du monde, sans doute. Mais "sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur", disait Beaumarchais...Et les petits caporaux au garde-à-vous devant le Prince me donnent la nausée... C'est pourquoi c'est un pur bonheur de vous lire, Monsieur Jacques.
 Un peu plus loin, allez faire un détour chez Alain X , qui publie les lettres que Dieu lui a adressées (le chanceux!) . Un autre formidable moment, plein d'humour décalé et de vérités bonnes à entendre, une fine analyse des travers humains à travers la focale du regard divin. J'en redemande. Outre que c'est vraiment très drôle, ça pose quand même de vraies questions parfaitement universelles sur le sens de la vie, mine de rien. Et ça fait un bien fou, cher Alain, comme ça, le soir, en rentrant du boulot...
Et pour finir, un petit tour sur le blog de "Petit Singe Vert" , et son petit monde tout doux en peluche. Jamais guimauve ni gnan-gnan, toujours poète, heureux de vivre et d'une étrange et délicieuse fantaisie! C'est frais comme un sous-bois moussu au mois d'avril.  Si vous avez perdu votre âme d'enfant, si vous ne trempez plus vos doigts dans la confiture pour les lécher en fermant les yeux et si vous ne ramassez pas les cailloux en forme de cœur, passez votre chemin, ce blog exceptionnel n'est pas pour vous.
Sinon,  de petits moments de bonheur simple se poseront sur vous comme des coccinelles...et vous vous sentirez bien sans savoir pourquoi, juste...comme ça, par la magie de Hutte des Bois.
Que tous mes autres blogamis n'en prennent pas ombrage: c'étaient trois exemples parmi des dizaines de billets délicieux. Mon rendez-vous virtuel avec vous tous m'apporte de belles émotions à travers la lucarne de mon ordinateur.




12 novembre 2011

Tu as choisi...

Tu as choisi une journée parfaite. Il faisait doux. Un petit oiseau chantait. Au-dessus de la petite chapelle romane, un pin parasol séculaire étendait ses bras, vert sur le bleu du ciel. Il se dégageait du lieu une sorte de paix.
Les musiques étaient tendres et belles, les mots s'envolaient vers le ciel comme des papillons. Tous tes amis avaient l'air bien enrhumés. Qu'avaient-ils donc à regarder le bout de leurs chaussures fixement ? Et pourquoi tes enfants se serraient-ils autour de leur père en semblant avoir si froid ?
A quoi servaient ces fleurs lumineuses posées sur cette belle boîte en chêne ?
Tu as choisi une journée parfaite pour t'en aller, mais ce soir j'ai le cœur en vrac.
A quoi bon se révolter contre la sombre dame ? A chaque coup de faux, elle nous rappelle qu'il est urgent de vivre. On se dit que tu ne souffres plus, que tu es délivrée, on se panse de mots.
Mais toi,  tu es partie trop tôt, et je pleure.

11 novembre 2011

Instant T

Je ne résiste pas au plaisir de vous redire une blague que j'adore (oui je sais, j'ai l' esprit baguenaudier ces jours-ci...) Que ça ne vous empêche pas d'aller lire mon billet précédent, sinon ma copine Ella ne sera pas contente...

La Maîtresse: Toto, que s'est-il passé en onze cent onze?
Toto: Euh...l'invasion des Uns?

10 novembre 2011

Schtroumph alors!


Ma chère Ella, bien que craignant que je la maudisse, m'a gentiment taguée. Allons, les questions ne sont pas trop nombreuses, je me prête au jeu, mais non sans l'avoir au préalable vouée aux gémonies...(quand même, je n'ai qu'une parole!) Elle m'a donc demandé, successivement:

Quel était mon plus gros défaut...
Mon plus gros défaut , eh bien...c'est de penser que mes défauts n'en sont pas, finalement.
(une manière de positiver, en somme. Hein? mais non je ne suis pas prétentieuse, juste réaliste!)
 
Ce que je pensais d'une personne ayant mes traits de caractère...
Je la trouve éminemment sympathique. Parce que j'ai fini par bien m'aimer, à force de me supporter depuis si longtemps, et de me bonifier tel un bon vieux Chambolle-Musigny 99.
 

Si j'avais déjà vécu un amour interdit...
 Ouuuuhhh! Quand j'avais quinze ans...j'étais amoureuse d'un "vieux" de vingt huit ans. Aïe, si vous aviez vu ma mère! Elle passait son temps à me le dénigrer, et à m'empêcher de l'approcher. Alors je me contentais de l'aimer en silence... Pas trop déçus, vous qui vous attendiez à quelque révélation fumeuse et croustillante ?
 

 Ce que je voyais dans mon avenir...
Je me vois auteur à succès. Je partage ma vie entre Paris et la Côte d'Azur, j'ai une vie riche et exaltante, j'écris beaucoup, je fais les salons du livre, parfois une télé ou deux. 
Et je marche sur la grève déserte dans un pantalon de mousseline blanche, un bandeau dans mes cheveux en suivant d'un oeil distrait le vol hagard des mouettes...

A quelle occasion j'ai eu mon dernier fou rire...

Avant-hier.Au cours d' une réunion hyper-sérieuse, remplie de tous les grands mots de "pédagol ***" que j'adore, et voyant que je commençais à piquer du nez, tellement c'était passionnant,  mon voisin de gauche me glisse dans l'oreille: Tu sais comment la Schtroumphette se connecte sur internet?
-Non?
-Eh ben, en Blue touffe!
J'ai failli avaler mon capuchon de stylo.


Allez, je refile le bébé à Berthoise. (je sais, elle va me maudire)

***pédagol : langage abscons censé être compris uniquement par le microcosme très fermé des sodomisateurs de diptères de l'Education Nationale et ne faisant en tous cas jamais avancer le schmilblic.

08 novembre 2011

Extérieur nuit

Quand je quitte l'école, depuis quelque temps, il fait déjà nuit. Je me retourne et je jette un dernier regard à cet édifice imposant et  pathétique. C'est un bloc. Un gros parallélépipède fatigué qui sent ses années soixante. On ne s'embarrassait pas, alors, de plans compliqués, de pans coupés, de décrochages artistiques et de demi-étages. Non, là, c'est un bloc très moche, avec des encadrements de fenêtres rouillés, des stores en piteux état, des murs gris de béton jamais peints. 

Pourtant, la nuit, avec toutes ses salles de classes éclairées laissant échapper les murmures et les rires de la journée, comme si l'âme égrégore des enfants y flottait encore, avec les couleurs vives des ribambelles naïves, des bonshommes têtards et des soleils triangulaires, embellis par les néons "lumière du jour", je me prends à le trouver beau ce bloc.
Les défauts, les verrues, les lézardes, les faillites de l'entretien municipal, les replâtrages hâtifs, tout est  gommé, lissé par la pénombre. Il ne reste que les lignes de fuite épurées d'un bâtiment enrobé de nuit, dont les dizaines de mirettes bien alignées brillent dans le soir.

Je me dis que la fée électricité fait du bien aux monuments, aux places, aux squares. Même si ses coups de baguette magique sont devenus bien chers de nos jours.
Je me dis que le périph' est toujours moins laid la nuit, avec ses deux rubans de lumière rouge et blanc.
Je me dis que j'ai toujours aimé contempler de l'extérieur les maisons éclairées. Les parcelles de vie que me laissent entrevoir les fenêtres stimulent mon imagination toujours galopante. 

J'aime apercevoir de beaux meubles lustrés, le moelleux d'un canapé , le haut d'une horloge. J'aime entrevoir des enfants qui jouent, un mari fourbu, une femme mélancolique, un vieux monsieur qui somnole. Tout un théâtre. Des pans de décor pour des bribes de  l'éternelle tragi-comédie  de l'existence. Les personnages d'un futur roman sans doute.

La nuit, on sent palpiter le ventre de la ville, comme si elle se parait de perles pour un rendez-vous secret .
Il a raison, Richard. "C'est beau une ville la nuit".

04 novembre 2011

La lettre J

Pour les lettres d'Asphodèle, un beau collier de mots en "j"...certains assez improbables mais bon...c'est le jeu, ma pauv' Lucette!



Jusant – jaspiner juron jubiler – jacquard – joyeuse – juke-box – jade – jalousie – jokari – jour– justice – juvénile – jeudi – jouir – jalon – jamais – janotisme – jérémiade – jupe .


Ah les beaux jours ! L'été de mes seize ans, quand nous jouions au jokari le matin, sur la plage de Guétary... Ensuite, nous les filles, on jaspinait des heures en rond sur le sable, en sirotant des sodas, entre jusant et marée montante, jusqu'à ce que l'air du soir fraîchît. Les garçons se battaient dans l'eau turquoise en poussant des jurons, nous les trouvions trop juvéniles. Nous formions une troupe joyeuse, oisive et impertinente.

C'était  l'insouciance, l'âge d'or.

On parlerait, plus tard, de la parenthèse enchantée. Le maître-mot était jouir, mai 68 était passé par là, posant les jalons d'une liberté nouvelle, ce n'était que justice, pensions-nous, de nous venger de nos parents , de leur étroitesse morale et de leurs jérémiades.

Un jeudi, plus encore que d'habitude, mon cours de français m'ennuyait à mourir. 

Balançant cul par- dessus tête litotes et janotismes,  je pris la tangente et me rendis au café du Port -ce lieu de perdition pour les jeunes filles "rangées" ... 
J'avais envie de m'assumer . D'être  maîtresse de mon corps. 
En passant sur la terrasse pleine de monde, en un éclair, je compris que le jeu subtil de la séduction procurait un plaisir violent. 
La caresse ondulante de ma mini-jupe sauvage sur mes jambes brunies excitait les jalousies et les convoitises comme jamais. Mes yeux de jade lançaient des étincelles.

J'entrai. Je le vis : pull jacquard, regard de braise, mâchoires serrées. Négligemment accoudé au juke-box. Je sentis mon sang jubiler dans mes veines...
Je décidai que ce serait lui.


Photo internet 
Les autres participants se retrouvent chez Asphodèle, ici
Pour ne pas alourdir mon billet, si vous voulez lire mon texte du "défi du samedi", vous pouvez le retrouver ici, avec les autres

01 novembre 2011

Cocktail d'émotions

Fondre de tendresse
Rire aux larmes...

Pleurer d'émotion


Mardi 1/11/11 à 11 heures (espérons que je ne boive pas le bouillon!)

Quelques précisions s'imposent après la lecture de vos premiers délicieux commentaires:
(espérons que les lève-tôt reviendront faire un tour par ici...)
Explication détaillée des photos.
1/  Ce ne sont pas des amoureux , mais ma petite chérie et mon grand zado,  et ce qui me fait fondre de tendresse, c'est de les voir si complices après tant d'années de chamailleries enfantines. Mon petit cœur de mère en devient tout mou comme de la guimauve mâchée!
2/  Je vous conseille vivement d'aller prendre un bol de rire (de franche rigolade même) mais aussi de pure poésie avec "Le Quatuor". Je n'ai jamais loupé un de leur spectacle depuis le début de leur prodigieuse carrière...Ces quatre-là sont de vrais virtuoses qui savent tout jouer et dans toutes les positions. Ils chantent aussi, et jouent la comédie. Courez-y!
3/  Vous aurez peut-être reconnu "Dialogue avec mon jardinier" un excellent moment d'émotion, d'humour, de finesse, bref, j'ai A-DO-Ré...Les films qui valent le détour ne sont pas si nombreux.
4/   Enfin, pour ce qui est de mon livre, mes chères Coumarine et Edmée m'avaient prévenues combien l'édition d'un premier roman est toujours une école de patience doublée d'un parcours du combattant. "C'est comme une grossesse" on m'avait dit: là, je me rapproche de la baleine question longueur de gestation... Donc les choses avancent, mais doucement: recevoir l'exemplaire-test (sur la photo) est un grand moment: voir enfin le résultat de tant d'efforts, et un rêve lentement se réaliser, c'est merveilleux. Je vous tiens au courant, mais à mon avis il y en encore pour un bon mois ou deux! IL FAUT ATTENDRE......