27 avril 2013

Evelyne










C'est peu dire que j'aime l'univers d'Evelyne, l'artiste qui a peint le portrait que vous apercevez en haut du blog, et qui forme ma bannière.Le mot est bien choisi. Ce tableau, je l'aime comme un étendard.Il a mes couleurs.

Evelyne est une artiste sensible et vraiment douée. Je ressens, c'est difficile à expliquer, une connexion particulière à ses personnages, comme s'ils faisaient partie de moi. Comme si je retrouvais en chacun de ces portraits de femmes une facette de ma personnalité. Quand je l'ai découverte, l'an dernier, j' étais en  mode vibratoire. Je le suis toujours. 











































Lorsque j'ai vu le portrait de la femme au bras levé, à la fois pudique et sensuelle,  je me suis dit c'est moi. Ce portrait, c'est celui qui me parle vraiment de moi. Il irait bien en bannière de Célestine.
C'était tellement moi qu'Evelyne n'a pas pu se résoudre à le vendre. Et qu'elle me l'a gardé.
Je suis allée le chercher comme un trésor vendredi après midi, dans une petite galerie où elle expose en ce moment...Le tenir dans mes mains a été un grand moment d'émotion.









En regardant ce travail magnifique, je me suis laissé tarauder par des questions existentielles.

Comment le talent est-il reconnu? Que faut-il faire, à quelle porte faut-il frapper, dans quelles trompettes faut-il souffler pour prévenir les gens que l'on existe? Pour qu'ils foncent, pour qu'il y aillent... Questions sans réponse sans doute...Croire à la chance, au destin et à ses petits coups de pouce. Croire au hasard, aux rencontres...Et continuer à faire ce que l'on aime. Sans compromissions.  Il n'y a  sans doute pas d'autre recette. Et c'est tout le bonheur que je te souhaite, belle Evelyne.



  



25 avril 2013

Chemins de traverse






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Sur ses petits chemins transversaux, bien loin des routes nationales, elle rêvait toujours d' escapades au ciel turquoise et aux nuages orange, aux aiguilles de pins cembros, des aiguilles douces crissant sous les pieds sans blesser les orteils. Elle mettrait sa petite robe d'étoiles et ses espadrilles de satin bleu. Elle ne demanderait rien d'autre que de sentir des gouttes de rosée au coin de ses yeux, de suivre des chemins de soleil tortueux au bord des falaises noires, d'enfouir ses narines dans l'odeur du foin coupé. Le décor tremblerait dans la chaleur de mai.
   Elle désirait goûter la vie comme on trempe ses doigts gourmands dans la confiture de mûre.Comme on se glisse voluptueusement dans l'espace indicible entre les heures et les minutes. Elle rêvait de sentir ainsi vibrer celui qui l'enlèverait, un prince, un bûcheron, un troubadour, un Cyrano, un chevalier des champs de blé ou de luzerne, quand elle s'accrocherait, en fermant les yeux, avec un petit rire de souris blanche, comme à un rocher, à son corps tendu vers l'espace. Blottie sur le porte-bagage de la douceur de vivre, elle arrondirait les bras en parenthèses. Juste un instant d'éternité. Leurs mains se chercheraient. Leurs doigts se chercheraient. Le vent chuchoterait à leurs cheveux.
   Les astres et les fleurs se troubleraient de tant de bonheur. 
Ils trouveraient un escalier herbeux et sauvage, et le coeur palpitant tout en haut des marches, il l'embrasserait et l'éblouissement de ce baiser unique ferait pâlir les nébuleuses et les éclipses de lune.
 Infiniment.  

23 avril 2013

Ordre et beauté


Marcher, rêver, méditer, apprécier, s'extasier, écouter, humer, respirer, contempler, toucher, cueillir...
Entendre le calme écho d'un monde immuable résonner entre les grands arbres, vertes cathédrales érigées sans gloire et pourtant pleines de majesté, et jouir de l'instant, du luxe de la solitude consentie, de la volupté de sentir ses racines originelles qui affleurent en soi, lorsque la vacuité de l'âme débarrassée des miasmes superflus, laisse enfin toute la place à l'ordre et à la beauté des choses.

En un mot comme encens, je kiffe grave les vacances.



19 avril 2013

Quatrième de couv '


Pour l'agenda ironique de février 2017, il s'agissait de parler d'un livre réel ou imaginaire...


 *

















Au départ de l’histoire, Victoria pose nue pour un cours de dessin. Capable de rester pendant des heures immobile sans frissonner, sa patience extraordinaire contraste avec l’impatience fébrile des étudiants,  troublés par sa sculpturale beauté.
Elle attise secrètement le désir d’Arturo, d’un jeune homme timide et insignifiant, dévoré par des crises d’angoisses épileptiques. Arturo caresse l’espoir fou d’être aimé de Victoria, lui que ses nombreuses frustrations amoureuses ont terriblement déçu depuis qu’il est enfant. Un soir, après le cours, dans la salle de dessin, Victoria trouve une étrange liste de mots griffonnés dans une langue inconnue, parmi lesquels elle reconnaît néanmoins son prénom, inscrit dans un cercle rouge. A la même minute, elle reçoit un coup de téléphone de son père. Or celui-ci est mort depuis trois ans. Déstabilisée comme sous l’effet d’une gifle, elle confie sa stupeur à Arturo .
Dès lors les voilà plongés au grand galop dans une gigantesque course contre un ennemi invisible et machiavélique qui semble avoir juré leur perte…
(Pandémonium,  de Célestine Troussecotte, ed. Presses de la Cité,  210 pages)




¸¸.•*¨*• ☆







J'ai repris pour cela  un logorallye des Plumes d'Asphodèle où il s'agissait de placer les mots suivants...
Départ – salle – téléphone – heure – désir – impatience – minute – frustration – déçu – enfant – pandémonium – liste – angoisse – patience – espoir – stupeur – galop – gifle – gigantesque.



16 avril 2013

Fantasmes

J'avais rendez-vous sur le boulevard du Rhum avec mes copines Eva Tfairfoutre et Germaine Eloire. On avait décidé de fêter le printemps en s'envoyant derrière la coloquinte une bonne binouze bien fraîche.
Et là, je ne sais pas pourquoi, alanguies au soleil d'avril, et les narines ouvertes aux premiers effluves excitants de la belle saison, on s'est mises à se demander avec quel chanteur chacune aimerait passer la nuit. Le genre de conversations typiquement futiles et furieusement inutiles qui font le charme des rencontres oisives ...
Souvent, on regarde passer les gens (enfin, je devrais dire presque tout le temps) et on cherche des ressemblances avec les vedettes. On crée ainsi des couples improbables, Johnny Hallyday et Margaret Thatcher,  Mick Jagger au bras de Chantal Goya...


Mais là, on a eu envie de changer de jeu.

Pour Germaine, le chanteur le plus sexy, c'est Marc Lavoine.Avec sa voix de crooner et ses yeux d'océan délavé. Mouais, pas mal, a dit Eva, mais moi, sans conteste c'est Raphaël que j'aimerais manger tout cru...
-...Dans la caravane! a pouffé Germaine.
-Muahaha! très drôle! a grimacé Eva, avec un sourire en coin. En tous cas, il est jeune lui au moins...pas comme ton Lavoine défraîchi des années soixante-dix...
Et puis tout d'un coup, elle se sont aperçues que je n'avais pas encore abattu ma carte.
Je restais dans un mutisme furtif.
-Et toi Célestine? Tu vas pas nous sortir Brassens, quand même?

- Moi? 

Non,je ne vais pas leur sortir Brassens, bien sûr que je l'aime beaucoup, mais enfin, c'est surtout pour ses textes.Et un peu pour sa musique. Ni Souchon, ni Cabrel, ni même Garou pourtant très charmant. Non, celui qui me fait vibrer, par sa voix sublime , ses airs de prince, sa classe internationale, son flegme magnifique, celui qui, chaque fois que je le vois,  me parcourt le derme et l'hypoderme de haut en bas d'un frisson effusif, explosif et strombolien à la fois, c'est..

Ben quoi?
Be yourself, no matter what they say.
C'est ma devise depuis toujours.






Comment ne pas avoir pour lui les yeux de Roxan(n)e...



14 avril 2013

Mi-fugue, mi-raison...

Alors, oui, bien sûr, c'était mon anniversaire, aujourd'hui. Un jour très joyeux...Enfin, qui se devait de l'être...Mais au nom de quelle logique devrait-on être heureux d'avoir une année de moins à vivre? De voir la vie se rétrécir d'année en année, comme une peau de chagrin?
Ça me troue quand même relativement le fondement, cette histoire de tradition, de gâteaux, de bougies, de cadeaux et de fleurs...On fait la fête, certes, mais n'est-ce pas s'enivrer pour oublier que "le temps est assassin  et emporte avec lui les rires des enfants...Ah! m'asseoir sur un banc cinq minutes avec toi...Et regarder la vie tant qu'y en a..."


Saturne me rend frileuse et morfondue aux alentours de cette date fatidique. Ouais, Saturne, un vieux pote à moi, à moins que ce ne soit mon ennemi juré,  "morne et taciturne"...C'est lui qui me refile mon coup de mou saisonnier, je suis allée le signaler aux services compétents, mais il est insaisissable et coule comme du sable entre les doigts...Ils n'ont jamais réussi à le rattraper...

 "Fille d'avril, fille difficile"...je sais, je sais. Je crache dans la soupe! Mais vous ne comprenez donc pas que j'aime trop la vie? Que ça me rend chose de la voir filer comme une anguille? Que je retiens mes larmes pour ne pas gâcher la fête?  
Bien sûr, j'ai été gaie, aujourd'hui, gâtée, le temps radieux, les messages nombreux, les coups de fil des enfants, les bouquets de fleurs, les amis merveilleux, le repas délicieux, la promenade entre amis sous un soleil généreux, tout y contribuait... 
Dès potron-minet, chacun s'ingénia à y aller de sa trille, de sa ritournelle ( je parle des piafs) ils se chuchotaient "Psstt! c'est l'anniversaire de Célestine! allez-y les gars, mettez le paquet!" Il m'a semblé que les cerisiers avaient fleuri pour moi en une nuit...Le ciel s'était cousu un habit bleu-roi du plus bel effet, le soleil s'était passé au mirror...

Pourtant je n'ai pu m'empêcher de ressentir ce terrible pincement au coeur, une sorte de manque, comme une absence, un regret, une infinitésimale tristesse.
J'ai fermé les yeux pour ne pas laisser filer le temps trop vite.
J'ai laissé mon esprit vagabonder par-delà les collines riantes, par-delà les plaines et les montagnes, jusqu'à la mer d' iroise, turquoise, jusqu'à la montagne enneigée, jusqu'aux grands espaces absolus seuls capables de m'apaiser quand je perds pied. Fugue salutaire...
Oui, j'ai eu comme une absence, au milieu du repas.

"Allons, ma vieille, souris, tu es filmée! arrête donc de faire la mélancolique, tiens toi droite, souffle tes bougies, ouvre ton cadeau, apprécie ce bon moment de convivialité! C'est ton anniversaire! "
Eh Zazie, tu les entends? Tu ne dis pas "anniversaire mon cul?"

Ben non, elle ne le dira pas Zazie, parce que, malgré mon coup de calcaire, je sais reconnaître la chance que me donne la vie. Etre bien entourée, pour passer ce cap, c'est quand même mieux que d'être toute seule! 
Et puis, je vois que le grand Bébel fête ses quatre-vingts balais le même jour que moi. Finalement, je suis une vraie gamine?
-Ben oui, arrête de flipper,  c'est ce qu'on s'évertue à te dire...
-Merci mes amis. Tous mes amis. Vous aussi, amis de la toile. Désolée de vous avoir un peu plombés avec mes états d'âme.
Tous comptes faits, c'est  quand même chouette, d'avoir un an de moins que l'année prochaine...



Emprunts et crédits à Renaud, Voulzy, Brassens, Queneau, Spirou... et Thierry, un autre de mes potes.


12 avril 2013

Matin blême à la crème

LOGO PLUMES2, lylouanne tumblr com
Revoilà les plumes d'Asphodèle qui nous propose cette semaine  le thème de l' Innocence




Blancheur – doute – débauche – enfance – pureté – accuser – angélique – temps – diablotin – naïveté – mensonge – fredonner – fastueux – flaque.

***

11 petits mots seulement, alors pour compenser, j'ai écrit deux textes. (c'est mon côté légèrement bipolaire...) A vous de choisir votre préféré! 






Matin blême

C’est un de ces matins poisseux où l’air lui-même est devenu un vibrato de saxophone, et  fredonne sans permission  quelque vieux blues élancinant. On s’accuse, accoudé au zinc, à la lueur des néons fades,  d’être passé, depuis l’enfance,  comme à côté de la vraie vie. D'avoir semé son innocence comme on perd un trousseau de clefs. La blancheur  des doutes de l’aube fait vaciller les certitudes de la moite nuit citadine. C’est le temps où  les compagnons de débauches et d'infortune, ruissellent dans la flaque humide de leurs mensonges adultérins, ni vertueux ni trop fastueux dans leurs cravates ramollies de pauvres diablotins en goguette… C’est l’heure où la naïveté si angélique des statues devient obscène, sous le jet blasphématoire des poivrots qui pissent leurs excès de bière sur leur pureté de marbre gris.
     
***




A la crème



Dans la vitrine de Bergougnoux, fin pâtissier de son état, on a les yeux de l' enfance, quand on prend le temps de rêver  devant de fastueux équilibres d’orgeat et de sucre candi. L’œil en salivant se pâme devant la débauche de crème dont la blancheur et la pureté feraient pâlir d'envie la neige. Dans une flaque de gelée de groseilles et de mirabelles, de petits diablotins s’ébattent avec leurs cornes d' angélique. Pas de doute, ce pâtissier, cette crème de pâtissier,  ne peut être accusé de triche : aucun mensonge dans les pralines, tout est vrai dans le chocolat, dans ces paysages fondants, faits de génoises et de coulis d’une adorable naïveté : tout sa boutique fredonne, une mélodie délicieuse dans le cœur de tous les gourmands. Cœur de guimauve, évidemment !

10 avril 2013

Précoce

Un petit garçon a tracé de sa main ce message que j'ai trouvé aujourd'hui dans la cour. Était-ce le brouillon de son amour,  qu'il a jeté,(le brouillon,pas son amour) après avoir recopié soigneusement ses vers?

Se l'est-il fait subtiliser par des copains indélicats et lourdauds se moquant de lui, comme on peut le faire à dix ans, parce que "les filles c'est des cloches, et que l'on envoie des chewing-gums mâchés à tous les vents"? 
Est-ce le vent mauvais, justement, qui l'a emporté alors qu'il s'apprêtait à le faire passer discrètement  sa dulcinée?
Ou bien, pire des hypothèses, celle-ci n'a-t-elle eu pour ces lignes qu'un regard mi-dédaigneux, mi-cruel, avant de le jeter par terre, brisant ainsi le coeur de ce pauvre amoureux?
Je ne le saurai jamais. 
Mais j'ai été terriblement émue par cette trouvaille.


J'aurais voulu dire à cette Clara: "Ne sais-tu pas la chance que tu as d'inspirer de si belles choses à la plume d'un garçon qui n'a d'yeux que pour toi? Ne méprise jamais l'amour d'un poète. Au contraire, regarde-le comme un trésor et souris à la vie de t'avoir rendue aimable et belle."

Mais je ne mènerai pas l'enquête.
L'amour doit être respecté dans son mystère et sa beauté absolue.








Et de toutes façons,  il y a sept Clara à l'école...Et au moins soixante-quinze petits garçons qui ne maîtrisent pas encore le verbe être au présent...

07 avril 2013

Le cul dans l'herbe tendre


Aujourd'hui.
Le printemps n'était pas encore au fond de l'air, encore bien frais pour un début d'avril
Il n'était pas encore tout à fait sur la terrasse, car il manquait les chaises de jardin qui boudent toujours au fond du garage
Il n'était pas encore non plus aux branches grises des catalpas,qui se dressent vers le ciel comme honteuses de leur nudité prolongée
Mais le printemps était dans le soleil
Il était dans le pommier du Japon, tout empeloté de petits boutons roses. 
Il était dans le gazon tout ripoliné de vert
Il était dans mes yeux tout ensommeillés au réveil d'une nuit de songes
Il était au fond de mon ventre quand j'ai bu mon café et qu' un petit rayon m'a chatouillé gentiment l’œil gauche
Il était dans le linge blanc tout ensoupliné qui se balançait  au vent
IL était dans mes idées vagabondes, et dans ce gros gonflement de mon coeur tout embonheuré
Il était dans ma certitude que la plus grosse valise de billets du monde ne remplacera jamais 
le cul dans l'herbe tendre avec quelques baisers


    
Une minute vingt-huit de pure émotion



D'avoir vécu le cul
Dans l'herbe tendre
Et d'avoir su m'étendre
Quand j'étais amoureux
J'aurais vécu obscur
Et sans esclandre
En gardant le cœur tendre
Le long des jours heureux
Pour faire des vieux os
Faut y aller mollo
Pas abuser de rien pour aller loin
Pas se casser le cul
Savoir se fendre
De quelques baisers tendres
Sous un coin de ciel bleu
Pas se casser le cul
Savoir se fendre
De quelques baisers tendres
Sous un coin de ciel bleu





Merci à  Marie Ochka pour m'avoir
fait découvrir ce petit bijou...

06 avril 2013

Jackpot


Quand Jérôme C. fut appréhendé par la police helvétique au milieu d’unpré de luzerne près de Lucerne, nanti d’une conséquente valise, on s’aperçut que ladite valise contenait, outre de la fraîche oseille habilement subtilisée à des pigeons par ce patachon, les quinze expressions à la mode usées jusqu’à la corde par des journalistes sans imagination. Saurez-vous les retrouver ? (avant d'aller regarder la solution sous le lien, bande de petits canaillous)

(à lire en imitant la voix de Patrick Preuve d’Amour, dit PPD)


« Mesdames messieurs bonsoir !
C’est un pavé dans la mare que le journal « Médit à part » a lancé aux quatre coins de l’hexagone, en révélant l’affaire Jérôme C. En effet, celui-ci, jeune ministre ayant le vent en poupe et, depuis peu, appelé à jouer dans la cour des grands, est convaincu de détournement d’argent et de prise illégale d’intérêts. Alors que le président caracolait en tête des sondages, cette sombre affaire n’est peut-être que la partie émergée de l’iceberg. Attendu au tournant par les membres de l’opposition,puisque désormais la balle est dans leur camp, il doit se demander à qui profite le crime, quand cette bévue risque fort de lui faire revoir sa copie aux prochaines élections. Ironie de l’histoire, c’est dans les yeux des français que Jérôme C. avait juré son innocence à un pays qui s’enfonce dans la crise. Décidément, l’audace et l’amoralité, elles, ne connaissent pas la crise ! Cerise sur le gâteau, on apprend qu’un conseiller du président plonge à son tour dans la tourmente judiciaire.  Affaire à suivre, donc.»
Ndlr : toute ressemblance etc etc…


Pour le défi du samedi, on parlait d'une valise et de son contenu...


Édit du matin: il apparaît que les ayant-droits ayants droit du chanteur C. Jérôme s'inquiètent de cette homonymie préjudiciable à leur poulain. Je les rassure: ils ne chantent pas dans la même (basse) cour...

03 avril 2013

En haut de l'escalier


Dans la cour de Glovenor College, à Hampstead Beach l’on avait installé un escalier à vis qui ne menait nulle part. Sa dernière marche n’était qu’une promesse d’ascension, qui s’arrêtait net avant le grand saut dans le vide.
Le Directeur, Sir Artemus Bradbury,  le considérait sans doute comme une œuvre d’art censée nous instiller le sens de la vie. Une ascension lente qui se termine tragiquement…
Les étudiants n’avaient pas le droit de l’emprunter. Et partant, il ne se passait pas un jour sans que l’un ou l’autre de ces galapiats ne montassent dessus, pour le simple plaisir de transgresser l’interdit. Il fallait entendre le surveillant principal, Nicephore Preston, s’époumoner dans son sifflet pour déloger les contrevenants. Mais il n’avait pas de bons yeux, et avec l’uniforme, tous ces jeunes gens se ressemblaient. Le temps qu’il traversât l’immense pelouse centrale qui ornait le carré entre les bâtiments de conception très militaire, et les fraudeurs s’étaient égaillés sans vergogne, en lui braillant des quolibets.

célJ’étais alors amoureuse de George Chesterfield, un grand de troisième année, d'au moins seize ans, au profil noble et doux et aux boucles rousses. Je rêvais souvent qu ’il m’emmenait en haut de la vis interdite pour me déclarer sa flamme.Ou au moins m'embrasser.
Un soir, vers six heures, alors que le Carré était désert, je traversais l’herbe en flânant, le nez au vent pour capter les effluves du printemps anglais qui tarde à venir, mais qui explose en mille odeurs avec l’éruption des fleurs. Je serrais mes livres contre ma poitrine de quatorze ans, aussi naissante que les narcisses qui étoilaient la pelouse, en nourrissant des pensées confuses et interlopes. 

Par une bizarre concomitance du hasard ou du destin, une main vigoureuse se plaqua sur mes yeux et l’autre m’entraîna fermement vers l’escalier. Nous montâmes les marches, et au sommet, je sentis une bouche avide s’emparer de la mienne pour un baiser des plus brûlants (et des moins élisabéthains).
Georges…murmurai-je. Mais en ouvrant les yeux, je m’aperçus que mon ravisseur était…Patrick O'Kennelly  un élève de ma promotion qui me poursuivait de ses assiduités et que je fuyais. Je m’apprêtai à le gifler et à me débattre. 
Quand à ce moment-là, à quatre pouces de son visage, je m’aperçus que de petites étoiles d’or brillaient dans ses yeux d’écureuil. Le grain de sa peau ressemblait à ces étonnants fruits que l’on ne trouve que dans le sud de la France et qui s’appellent des brugnons. L'ensemble était plutôt plaisant.
Un charme étrange émanait de sa personne, dont je ne m’étais jamais aperçue auparavant. Un ravisseur ravissant.
Il paraissait embarrassé.
-George ? dit-il en souriant. George, comment dire? George rêverait de monter sur cet escalier et de faire la même chose. Mais je crains de vous dire  que ce ne soit ...avec moi!

Je pris ce jour-là, en haut de l'escalier défendu, ma première double leçon de vie...



(Toute ressemblance avec ma vraie vie est parfaitement justifiée, car l'aventure m' arriva réellement, et ce premier baiser a laissé une empreinte ineffaçable dans mon souvenir)


Pour le Défi du samedi,  du 23 février, il fallait s'inspirer de la photo de l'escalier.