29 décembre 2012

A mes chers lecteurs

 Voeux

Les balades automnales dans les sous-bois s'éloignent…
Place aux rigueurs de la morte saison, toute de givre et de glace.
La lumière de Noël brille encore dans tous les yeux. 
Et déjà janvier arrive  à grands pas.
J'aime basculer dans une nouvelle année.
La fin du monde n’a pas eu lieu, certes,
mais peut-être est-ce la fin d’UN monde…
Un nouveau cycle, une nouvelle ère où les mots
respect, amour, espoir,
ne seraient pas des coquilles vides…
On peut rêver, je sais faire, ça, vous me connaissez!
Le rite des vœux peut paraître un peu ridicule par son côté incantatoire…
Il a au moins le mérite de nous consoler
 de cette espèce de purgatoire sombre et gelé qu'on appelle l'hiver,
et de nous projeter aux verts paradis du printemps et de l’été,
les saisons de fièvre et de miel, celles que je préfère.

Alors, cette nouvelle part du gâteau de la vie,
Cette bonne tranche d'existence
Qu’allez-vous donc en faire ?
 De quelle encre sympathique couvrirez-vous vos pages blanches?
Certains se diront oui. D'autres diront non, il suffit!

Certains seront témoins d’une naissance : un petit être rouge et braillard peut-être, mais une petite chose que l'on va aimer par-dessus tout, un miracle qui rend tremblant.
Certains monteront un échelon, leur niveau de vie ou sur une montagne…Une promotion, un projet réalisé…ou le gros lot au bingo pourquoi pas ? De quoi chanter ♪♫ Au revoir, au revoir président…habillés en canari.

Bien sûr, je sais que certains souffriront et devront lutter contre l'adversité, la peine, la maladie ou le deuil. Qu'ils se demanderont s'ils n'ont pas été oubliés à la distribution de douceurs, et pourquoi eux, oui, pourquoi? Je sais cette injustice, je la crie, je la hurle silencieusement. Ne croyez pas que je sois inconsciente ou insensible à ce qui leur arrive.
Que se profile enfin pour eux le bout de ce long tunnel de douleur et de larmes, ou qu’ils trouvent au moins du réconfort dans le sourire d’un ami.

Mon vœu le plus cher serait que chacun savoure par extraits, comme une liqueur,  le secret de la sagesse :
« Aimer ces petits riens qui font un grand tout.» 

Aimer les instants de grâce légère où les épreuves font une pause, et où s’envolent les soucis, les blessures, les aversions. Juste un moment. Le temps d'une parenthèse d'étoile.  
Aimer les rires perlés des enfants, le bruissement du vent dans les arbres, et des vagues sur la plage.
Ne jamais cesser d’être ému en écoutant, en regardant, en goûtant, en touchant, en sentant. Se délecter, tous sens en éveil, de cette infinie capacité que nous avons à rebondir, à nous étonner, à jouir de tout.

Surtout se faire confiance.
Se pardonner, se parler gentiment, prendre dans ses bras l'enfant qui est en nous.

La vie est un roman. Laissez-la tourbillonner, laissez-la vous prodiguer ses cadeaux, ses merveilles, ses imprévus charmants, ses revirements inespérés.
Aimez-la sans condition. 
Je vous souhaite, pour cet an 2013,  l'an Un du Nouveau Monde,  plus que jamais, de porter haut l’oriflamme de l’éclat de vivre, comme un drapeau sur un bastion.
Vous m'êtes précieux.

Mille baisers
Célestine


***
Joignant l'agréable à l'agréable, 
Avez-vous repéré les mots d' Asphodèle sur le thème du Passage?
Il fallait placer:
automnal, sous-bois, lumière, basculer, rite, purgatoire, tranche, témoin, naissance, niveau,  vie, tunnel, extrait, secret,  sagesse, aversion, bruissement, roman,tourbillonner, bastion, baiser.





***
Et merci à Blutch, qui m'a donné  l'idée du "Nouveau Monde".

25 décembre 2012

Gnothi Seauton*

Les fins d'année sont prétextes à bilans de toutes sortes.
Je ne peux y couper en ces temps propices à la méditation: Noël, l'hiver, le clinquant, la misère, la nuit, ça vous brasse tous azimuts.
Si je ne craignais que la métaphore ne vous induisît en erreur sur ma personne, je vous dirais que je suis un peu comme un iceberg. Ah vous voyez, j'en connais qui murmurent déjà: "Un iceberg, Célestine? elle qui se targue d'être un volcan..."
C'est juste au niveau de la forme: un iceberg, c'est très peu en surface et beaucoup en profondeur...Ah ça y est, maintenant, vous vous dites: "En profondeur, oh! comme elle se la pète!"
Pfff! pas facile! Néanmoins, si l'on veut bien considérer que ce que vous savez de moi ne représente que dix pour cent de ce qui fait mon tout, vous admettrez que l'image parle d'elle même:  ma part immergée est immense. 
C'est là qu'intervient la sacro-sainte notion d'autocensure. Le journal extime n'est pas un journal intime. Bien sûr que je ne peux pas tout dire, d'ailleurs en ai-je envie? Étaler mes entrailles et les donner en pâture aux lecteurs, très peu pour moi. 
Un lecteur attentif et méthodique qui se livrerait à une analyse scientifique de mes écrits trouverait cependant bien des révélations étonnantes. L'important pour moi étant de suggérer, d'utiliser des images, des figures de style, des citations, des références, beaucoup de second degré, des phrases allusives, afin de faire affleurer un peu de ce tréfonds qui constitue ma matière.
Ainsi, je sème de billet en billet de petits indices de ma personne. J'éparpille. Je disperse. Je ventile. **...
Mon esprit (à l'instar des jeux vidéo modernes, les connaisseurs apprécieront) possède une "map" complexe et pleine de circonvolutions. La "map", mot anglais pour carte, c'est le plan du jeu. Ce qui aide à se repérer, une sorte de vision synthétique des lieux. 
Dans mon monde intérieur voisinent une large plaine de blé fertile, celle de ma vie sociale équilibrée et riche de relations de toutes sortes,  une large place bordée d'arbres bien alignés qui représente ma vie professionnelle, une allée accueillante avec de petites tables ombragées pour mes amis,  un parc verdoyant et fleuri, aux allées impeccables, aux pelouses fraîches : celui de ma famille, où s'épanouissent les trois beaux fruits que la vie m'a donnés. 
Mais plus loin, on y trouve aussi des friches désolées et battues par les vents, où se terrent les mauvais souvenirs, les claques de l'existence, les malheurs, les deuils, les renoncements, les périodes d'abattement, les maladies, des déceptions, les désespoirs et les chagrins, et toutes les griffures que la vie m'a faites. Toutes ces ombres hantent ces lieux comme ces rouleaux épineux qui soulèvent la poussière des villages-fantômes dans les western-spaghetti. Elles reviennent parfois me taquiner, et même me tourmenter la nuit. Comme tout un chacun, je suppose. Je les ai acceptées, je sais qu'elles font partie de moi, elle me constituent. Je les tiens juste en respect. Par précaution. Ce qui fait souvent dire de moi que je suis d'un optimisme niais. En réalité ce n'est que de l'auto-protection. Je ne nie rien, j'élude.
On y trouve aussi une zone étrange et inextricable, forêt vierge où poussent des fleurs bizarres et vénéneuses: mes fantasmes, mes pulsions, mes pensées interlopes, mes envies, mes folies... Je m'y aventure souvent mais non sans appréhension, pour y puiser en les cueillant de l'énergie vitale, car elles aussi font partie de moi et je ne les renie pas. Elles sont ma force créatrice, le moteur puissant de mes rêves éveillés. Mon jardin secret n'est pas tiré au cordeau, tout y pousse n'importe comment, je le reconnais.Il y fait sombre et humide. C'est un peu glauque. C'est l'exact négatif des lisses et lumineux paysages de mon extériorité.Le festival "off" de ma vie. Il s'y passe des choses étonnantes.

J'aime m'y réfugier, il me plaît tel qu'il est. Tordu et ébouriffé comme un vieux pin malmené par le Mistral. Mais plein de sources merveilleuses pour étancher ma soif d'absolu et de frissons.
Il nous faut  passer de longues heures à tenter de se connaître soi-même. Je sais qu'il y a, au-delà de tous ces paysages que j'ai tenté de vous décrire, encore un lieu inconnu, mystérieux dont parfois je discerne vaguement les contours quand mon attention se relâche. Derrière un halo de brume incertaine. C'est la terre de tout ce qu'il me reste encore à découvrir sur moi-même. Une sorte d'Ushuaïa introspectif. Mais j'ai une âme d'exploratrice. Et chacun de mes pas vers mon moi profond me rapproche des autres.
 Et donc de vous.

* du grec, "Connais-toi toi-même"
**comme dit Bernard Blier dans les Tontons Flingueurs

22 décembre 2012

Un Noël de Peau d'Âne

Plus que jamais, en cette période trouble où tous les sentiments s'exacerbent, j'ai envie de regarder haut et loin. Et de vous offrir ma vision céleste du monde.
Ni autruche béate ni corbeau de malheur, je préfère déployer mes ailes de colombe ou de papillon, et vous donner à regarder la soie des choses.
A travers le prisme chatoyant de mon optimisme, je ferai de Noël la joie simple des retrouvailles familiales, en goûtant chaque minute comme un cadeau supplémentaire de l'existence.
Je penserai à ceux que le bonheur a fuis, en les incitant à chercher au fond d'eux-mêmes s'il ne reste pas quelques étincelles d'espoir qui ranimeraient le feu et la faim de vivre.

Mon gâteau sera fait, comme celui de Peau d'Âne, de farine généreuse, d'oeufs frais , de sucre vanillé et d'eau de la fontaine, auxquels j'ajouterai l'anneau d'or de l' infinie délicatesse avec laquelle j'ai envie d'aimer... Sous ma pelisse d'animal rustre, qui représente l'apparence à laquelle jamais je ne m'arrête, se cacheront  les trois robes que je revêtirai pour l'occasion. 
Ma robe couleur du temps portera mon éternel appétit de connaître  chaque matin de nouvelles aurores pleines de promesses.
Ma robe couleur de lune, sera celle de mes émerveillements d'enfant à travers mon regard de lapis lazuli. 
Ma robe couleur de soleil enfin resplendira  de tout  mon amour inconditionnel de l'Humanité. 
Et en regardant les flammes danser dans la cheminée et dans les prunelles des enfants, j'écouterai avec la même surprise jubilatoire le flot tempétueux de mon sang battre sous ma peau, heureuse de ce miracle quotidien. Je sortirai de leur écrin des mots oubliés, sertis comme des joyaux ternis par le temps, et je leur redonnerai de l'éclat en les frottant doucement avec un chiffon de satin et des grâces de fée: 
Allégresse, partage, ferveur, abnégation, don de soi, exultation et espérance. 
Les mots de Noël.
Je vous le souhaite paisible et réjouissant.

20 décembre 2012

Extra-sensorielle

Il y a une chose que vous ne savez peut-être pas, c'est que j'ai un don spécial. Je suis capable de prédire l'avenir de façon certaine. Quoi? je vois bien à vos mines sceptiques que vous ne me croyez pas. Il vous faut des preuves tangibles, des éléments irréfutables, c'est ça, hein , bande de Saints Thomas à la gomme arabique!
Alors je vais vous faire mes prédictions pour cette fin d'année, dix prédictions époustouflantes, et vous n'aurez plus qu'à apposer délicatement le petit signe ci-contre à côté de chacune d'entre elles, au fur et à mesure qu'elles se réaliseront.

1. D'abord, la fin du monde n'aura pas lieu. Eh non!...Le samedi 22 décembre 2012, nonobstant les apocalyptiques délires de ces pauvres Mayas qui n'avaient tout simplement plus de cartouches dans leur stabilo pour continuer leur calendrier, nous allons tous nous réveiller avec des yeux surpris et soulagés dans notre environnement terrestre familier, avec le ciel bien en haut et le sol bien en bas. Bon je sais que je  casse un peu le suspense savamment entretenu par M6 et TF1, je leur présente mes plus plates excuses si de ce fait leurs parts de marché amorcent une courbe désagréablement descendante.Mais c'est comme ça.

2. Cette année, Noël tombera le 25 décembre. Je le lis dans les yeux de mon chat qui me servent de boules de cristal depuis que j'ai cassé la mienne en jouant au badminton dans mon salon un jour de pluie. 

3. Il y aura pile 7 jours entre Noël et le jour de l'An.Il n'y a pas à tortiller. Tout augmente mais pas cet intervalle magique appelé la trêve des confiseurs.

4. La veille de Noël, pendant le réveillon, en France, il fera nuit.Et dans le ciel il y aura des étoiles. (Et ne m'objectez pas:"Et s'il y a des nuages?" car je serais obligée de vous répondre: "Et alors? je n'ai pas dit qu'on les verrait forcément, est-ce pour autant qu'elles ne seront plus là?")

5. Demain soir, à 16 heures 30, je serai en vacances et au moment de la sonnerie, mes élèves crieront "wouehhh!!!" et ils auront le droit, pour une fois, d'extérioriser leur joie bruyamment.(Personnellement je crierai "wouehhh" mais intérieurement.J'ai appris à maîtriser mes émotions, moi, madame.) 

6. Le 31 décembre, à minuit, toujours en France bien sûr, nous changerons d'année. Après 2012, l'année de la loose, 2013, l'année de la ...thèse anti-thèse-synthèse pour mon dernier bébé qui passe le bac de philo. Vous y aviez pensé, hein, à ce bac, avouez-le!

7. Le Jour de l'An, j'écouterai le Concert du Nouvel An et ses valses de Vienne (dis-moi, qu'est-ce qu'elles deviennent? Et les volets qui grincent d'un château de province...) et le dernier morceau interprété par un orchestre guilleret et un chef jovial sera la célèbrissime marche de Radetsky. Et c'est là que je penserai à mon père. Qui n'a jamais loupé un seul de ces concerts depuis quarante ans.Et la petite madeleine de Proust viendra me chatouiller gentiment les neurones, à travers cette musique sautillante, ramenant à ma mémoire les odeurs de cette fête si particulière, le rôti et les frites dorées, et le vacherin glacé, et je pencherai un peu la tête sur le côté pour savourer émue l'évocation de mes bonheurs d'enfant. 

8. A midi, pendant le repas, il fera jour. Et dans le ciel, il y aura le soleil. (Et ne m'objectez pas que les nuages...etc etc...voir prédiction n°4)

9. Le 2 janvier, je vous certifie qu'il fera 28 degrés à l'ombre, et les gens se baigneront après avoir fait la sieste sur le sable.(Ben quoi, j'ai pas dit en France...)

10. En 2013, l'homme aura son avenir devant lui, mais il l'aura dans le dos chaque fois qu'il fera demi-tour*.

Alors, qui c'est la plus forte?



*  J'ai omis de vous dire que je suis la fille de sa sérénité le Sar Rabindranath Duval. Cette dernière prédiction était de lui et elle n'a pas pris une ride.

17 décembre 2012

Le tigre de la montagne

Je suis le tigre de la montagne,
Écoute-moi !
Je serai fort dans la bataille,
Je ne pleurerai pas.



Tyger Tyger, burning bright,
In the forests of the night.


Je suis le tigre de la montagne,

Le prince des bois.

Je sens mon âme qui s'éloigne,

Qui tremble de froid.
Toi la Blafarde, la Visage Pâle,
Colore-moi
De peinture rouge, de brou de noix
Pour ce combat.

Tyger Tyger, burning bright,
In the forests of the night. 

Je suis le tigre de la montagne,
Je danse pour toi.
Je hurle au vent, je quitte le bagne.
Regarde-moi !
Je prends la route vers la plaine,
J'avance droit.
Au loin l'ouragan se déchaîne,
L'automne est là.


Emily Loiseau

A toutes les mères transformées en tigres de la montagne parce 
qu'on leur a pris leur enfant, juste pour leur dire que j'ai mal au
 ventre pour elles, comme elles,  et avec elles. 
Je ne sais pas dire autre chose. 
J'ai mal au ventre de comprendre leur cris de rage utérine.
 J'ai mal au ventre de me demander si j'aurais eu le 
courage, ou le réflexe moi aussi, de m'interposer pour sauver
 un de mes élèves.

 Retrouveront-elles un jour un semblant de paix malgré l' arrachement? 
Trouveront-elles la force d'arrêter leur combat?...




15 décembre 2012

Un avant-goût exquis

- Dis donc, Célestine, à quoi étais-tu  donc occupée ces temps-ci? Nous te voyions affairée, fébrile, avec des mines de conspiratrice...
- Ah, mes amis, je préparais le Swap de Noël!
- Mais qu'est-ce donc que ce truc-là?
- Voyons, swap, de l'anglais classique to swap, qui signifie échanger... C'est Asphodèle, ma copine de récré, qui  a eu l'idée de ce jeu excitant. Elle nous a mis en rang par deux, je me suis retrouvée avec Soène.
- La belle Lyonnaise aux mots passants? 
- Elle-même.
- Bien sûr qu'elle t'aime!  tu as vu les cadeaux qu'elle t'a envoyés?
- Ça oui, j'ai été gâtée, tellement gâtée que j'ai pris une belle couleur pomme mûre en ouvrant son magnifique colis. Heureusement, elle ne m'a pas vue rosir au téléphone... A ce propos, elle a une très jolie voix, une voix de sourire. Et je l'imagine avec de très fines mains, très douces.


  Elle avait soigné la présentation, un charmant papier cadeau dans les couleurs que j'adore.
  Une belle carte représentant Antoine de Saint Exupéry et son Petit Prince, dominant avec grâce les passants de la place Bellecour.


S'il le dit...


- Quel délicieux souci des détails!
wouaou!

- Oui, n'est-ce pas? Chaque objet a eu droit à son emballage particulier.Et sur la boîte qui contenait toutes ces surprises, une belle étiquette:


-Tu nous fais languir, Célestine, ouvre donc tes paquets!
Tout ça pour moi?
- Regardez, mes amis, comme c'est gentil!
Des petits carnets aux éventails chinois, un chat espiègle bien sûr, des bougies parfumées à la réglisse et à la fraise, une petite boîte en forme de Tour Eiffel (elle sait combien j'aime Paris!) contenant d'autres surprises, le livre clin d'oeil de Noël, Mille Sapins, un cadre photo fait-main, des crayons, une petite lampe, un stylo, des marque-pages... Certains  cadeaux provenaient de la boutique d'un prestigieux musée lyonnais:
Musée des tissus de Lyon et des arts décoratifs

- Et les petites boules transparentes, en haut à droite, on est curieux...?
Miam!
- Des crèmes de douche de chez S*phora, fraise,myrtille, thé vert, vanille...joliment empaquetées avec du ruban vert ou rose.
- On en mangerait presque, Célestine!
- C'est  vrai, mais les papilles n'ont pas été oubliées par Soène. Beaucoup de bonbons cachés, de la réglisse à m'en faire battre le coeur, des surprises à l'intérieur des surprises, comme les poupées russes! Et ce n'est pas fini!
- Quoi, encore des cadeaux?!
- Oh que oui! Et de ceux qui me touchent le plus: les livres...


Des livres magnifiques...

Tout moi résumé en trois magnifiques romans. Colette, le blé en herbe...que je n'ai jamais lu, vous rendez-vous compte? Moi qui adore Colette et son écriture de chatte sur une plume brûlante...
- Une lacune que tu vas pouvoir combler!
- Ensuite, le célébrissime Sur la Route de Kerouac. Je suis magistralement contente de ce cadeau!
- Ah...Célestine s'emballe...
- Mais oui, je l'avoue. Vous savez bien que je suis un volcan endormi mais pas éteint...De temps en temps, je gronde, je bouillonne, j'éruptionne...Et Kerouac, ça me titille le magma intérieur, ça m'étincelle le plexus...
- Et pour finir?
- D'abord, merci Soène, et merci Asphodèle, pour cet exquis avant-goût de Noël . Enfin, que rêver de mieux, pour clore ce jubilatoire billet, que Le Club des Incorrigibles Optimistes ... Un club auquel j'ai adhéré depuis bien longtemps. Vous venez ?


*****

12 décembre 2012

Algorithme

L'air du petit matin vibrait des promesses que le jour fait toujours à celui qui les écoute.
Des clignotements de lucioles jalonnaient le chemin comme des cailloux de poucets perdus. C'étaient sans doute les accrochages lumineux de la fête à venir, petits points d'espoir dans la nuit hivernale.
Pour  une rencontre, autant choisir une date facile à mémoriser.
Une date célébrant avec ésotérisme et grandiloquence les merveilleux égarements de l'existence et la gloire des mathématiques.
Ça faisait presque peur, cet algorithme diaboliquement parfait...une impression étrange de manipuler une formule cabalistique déchaînant la puissance obscure de quelque maléfice.
Mais la raison l'emportait sur la superstition. Cet algorithme était tout simplement...Beau!
Il faudrait attendre cent ans pour qu'une telle opportunité se produisît à nouveau.
Il n'y avait pas eu  à hésiter.
Ce serait le 12.12.12 à 12:12.



       photo internet

08 décembre 2012

File, ô Sophie!


photo moi

Je me suis réveillée ce matin avec la conscience aiguë  de n’être qu’un point, une scorie, une crotte de mouche de l’univers. Oui, j’ai mes moments de flottement métaphysique, même si je peux dire que cette conscience sous-tend en permanence tout le frêle édifice de ma petite et insignifiante personne, et guide ma vie, et mes choix.
Simplement, il est des jours où elle afflue à la surface avec une plus grande acuité. Surtout le matin, au saut du lit, avant de reprendre pied dans ce que l'on a coutume d'appeler la réalité...Et je ne dis pas cela pour recueillir je ne sais quelle compassion, ou pour que l’on me dise « Mais non, tu n’es pas insignifiante ! » (Quoi que, quand on me le dit, cela chatouille très agréablement mon ego !)
Non, c’est vraiment ce que je ressens à cet instant-là : la solitude du gardien de but au moment du penalty. L’angoisse originelle d’homo sapiens sapiens.
Tout cela n’est qu’un rêve, en fait. Un rêve de sept milliards d’êtres en convulsion permanente. Rien n’est réel. Tout flotte dans un espace intergalactique inconscient des soubresauts ridicules d’une humanité qui ne sort pas de son adolescence. Les foyers de conflits qui ne cessent de s’allumer ça et là sont autant de comédons enflammés et purulents, et ne parlons pas de cette confondante et immature arrogance qui nous mène (enfin, quand je dis nous…) à programmer régulièrement la fin du monde. 

Quelle prétention ! Mais des fins du monde, il en existe des milliers chaque jour! Dès que je marche dans le gazon, c’est la fin du monde pour les insectes que j’ai écrasés sous mon pied. Une catastrophe planétaire pour les fourmis dont le monde s’écroule au moindre seau d’eau déversé sur leur fourmilière…Tout jardinier est en puissance un redoutable justicier de l’Apocalypse.
J’avoue que je ne regarde plus les braves municipaux accoudés sur leur manche de pioche du même œil !
En attendant, les marchands du temple se remplissent les fouilles en exploitant cette incroyable crédulité des âmes faibles…L’on vend du "bunker de survie", des places dans les charters de l’espace, et le village des « survivalistes » ne sait plus où donner de la tête.
Ma grand-mère disait : « On est vivant tant qu’on n’est pas mort ! » Purée, c’est pas pour rien qu’elle s’appelait Sophie ! Elle avait toujours raison, en fait, c'est énervant hein? Allez, la vie nous attend, belle et déraisonnable.


04 décembre 2012

Petits sourires...


Sur la masse de moussaillons de mon paquebot école, il y en a toujours un ou deux  chaque jour pour nous donner l'occasion de sourire. Le cahier de perles, bien sûr,  est toujours dans un coin, on le sort de temps en temps...et on relit.

L'autre jour, un enfant a écrit sur son cahier de textes, au -dessous de ses leçons "officielles":
pour lundi 3: "jouer aux "pokemon" avec son père, sa mère, son frère, ou sa soeur( si vous en avez une)"
La maman est venue demander à la maîtresse des explications sur ce drôle de devoir. J'avais du mal à garder mon sérieux. J'avais envie de lui dire "il ira loin votre garçon", mais je me suis dit qu'elle le prendrait peut-être au second degré...
Une inventivité, ces mômes, quand même!

L'intervenante en musique leur a appris la chanson du répertoire populaire:
"♪Au chant de l'alouette, je veille et je dors,
J'écoute l'alouette et puis je m'endors♫"
Un élève de CE2 a revisité les paroles, un futur chroniqueur à Canal Pluche, sans doute...
"♪Au chant de la louette je pète et je mor
J'écoute la louette epuis  j' episse dehors♫"
Même pas eu le coeur de le gronder tellement c'était drôle...je lui ai juste corrigé les fautes d'orthographe en faisant les gros yeux.

La numéro un des bulles dans l'histoire de l'école, c'est celle du petit du CP qui pleurait à chaudes larmes dans son coin. Cela fait dix ans maintenant. Le maître s'était approché gentiment pour lui demander ce qu'il avait.
Et alors, le coeur gros et la parole hachée par les sanglots incoercibles que l'on peut avoir à cet âge, il avait répondu qu'un camarade l'avait "traité".
-Traité?  Mais de quoi?
-Il m'a traité de "va niquer ta mère qu'en plus elle est enceinte!" Bouhouh...

On en rit encore. C'est cruel, les enseignants, hein?


02 décembre 2012

Mode d'emploi (2)

Plusieurs d'entre vous m'ayant demandé la version "homme" de mon mode d'emploi, je me suis dit qu'il ne fallait pas faire de jaloux...N'y voyez aucune misanthropie, je vous aime trop, messieurs, je ne peux me moquer que gentiment.





Madame,
Vous venez de faire l'acquisition d'un homme.
Veillez à respecter les conseils suivants afin de prolonger cette acquisition dans le meilleur état et le plus longtemps possible.
Malgré sa carlingue en acier trempé, le modèle courant présente parfois des défaillances au niveau du processeur : attention ! les informations doivent être saisies l'une après l'autre.
En cas de surcharge cognitive, votre homme ne retiendrait que la première information saisie, ou pire, inverserait les données. Ce qui peut être gênant si vous avez demandé, dans l'ordre, de jeter les ordures et de changer bébé.

Votre homme est conçu pour aimer votre plastique même si vous la trouvez imparfaite. Là où vous ne vous voyez que des défauts, il manifestera un contentement évident, reconnaissable au signal « soupir d'aise ». Les mots rides, cellulite, petit ventre ou seins trop gros ont été volontairement supprimés de sa carte mémoire. Il ne les verra donc jamais sur vous. Une volonté de régime de votre part déclenchera automatiquement le message : « Tu veux perdre un os ? » tandis qu'une simple velléité de chirurgie esthétique même légère aura immédiatement pour réponse :  « Mais tu es très bien comme tu es ! »

Le modèle courant est en général proposé en version « économie de mots » pouvant aller jusqu'aux monosyllabes dans certains cas extrêmes. Ne pas s'inquiéter. C'est normal. Il est en train de réfléchir.  Cependant, vous pouvez opter pour une version « bavarde » dont la gamme se décline en « admirateur » « poète » ou « narcisse ». Ce dernier modèle est capable de parler de lui et de lui seul des heures entières, ce qui risque de vous lasser rapidement. Les deux premiers modèles, au contraire, s'adresseront exclusivement à votre cœur. Ils ont fait la preuve de leur qualité sur la durée. Dans tous les cas, ces modèles « parleurs » sont livrés avec un programme spécial appelé : « possède une certaine part de féminité et l'assume ».

Le mécanisme névralgique de votre homme est d'une grande simplicité d'utilisation. Le levier principal peut être commandé automatiquement à distance, mais parfois, le passage en manuel s’avérera nécessaire. Attention, contrairement au modèle féminin, l'activation du mécanisme (que ce soit en manuel ou en automatique) annulera aussitôt l'application « père de famille ». Les pleurs de bébé n'auront alors aucun effet sur le processeur, et vous devrez arrêter vous même le programme.

Bien que le modèle classique soit parfaitement prémuni contre les fuites de type lacrymal (en série seulement sur le modèle « poète ») l'application  «  nostalgie du ventre maternel» est présente sur nombre de modèles. Une défaillance au niveau du mécanisme névralgique (voir paragraphe précédent) lancera les applications « régression utérine », ou au pire, 
« angoisse de mort ». En cas de maladie ou de blessure, votre homme peut vouloir soudain se blottir contre vous comme un enfant. Ces phénomènes sont spectaculaires mais tout à fait normaux dans le cadre d'une utilisation sur le long terme.

L'application « père de famille » permettra à votre homme d'extérioriser ce besoin de retour à l'enfance par la pratique de jeux divers avec votre fils entre trois et douze ans, ce qui pourra vous donner momentanément l'impression bizarre d'avoir un enfant de plus et donc de vous être fait avoir sur les allocs.

Enfin, nous vous laissons le plaisir de la découverte des nombreuses fonctions de votre modèle, parmi lesquelles « lever-nocturne-pour-aller-voir-quel-est-ce-bruit-», « débroussaillage-du-jardin-et-tonte-de-la-pelouse » ou « rappel-régulier-que-la-voiture fonctionne-au-sans-plomb-et-non-au-diesel »...
Et bien sûr, celle qui a fait le succès de notre gamme depuis des années , la fameuse « Épaule rassurante ». Veuillez rapporter le modèle si vous constatiez l'absence de cette fonction indispensable.
En cas de non-respect de ces consignes, la maison décline toute responsabilité, et le S.A.V ne prend pas en charge le modèle « EX » résultant d'une utilisation erronée.
Nous vous souhaitons, madame, de longues années de bonheur en compagnie de votre homme.