29 avril 2018

Mensonge mortel











« Je n'ai rien fait de ma vie », dit l'homme à sa femme. Sur le port, le soleil s'assombrit. Elle est médusée. Elle regarde ses trois enfants, magnifiques et pleins de vie, en se disant sans doute que son époux exagère...« Rien fait de sa vie », quand même, une famille, ce n'est pas rien, elle n'est pas d'accord ... (Moi non plus d'ailleurs). Mais c'est une époque où une épouse n'a pas à exprimer un désaccord. 
Homme libre, toujours tu chériras la mer... Libre ?
Elle va le regarder, impuissante, construire un bateau pour mener à bien un rêve fou : faire quelque chose de sa vie, chérir la mer, devenir hauturier, lui qui ne sait naviguer que sur les lacs anglais sans vagues et sans hauts-fonds.  Pour relancer son entreprise flageolante, il a relevé le défi de la première course autour du monde.
Mais il est forcé de partir trop tôt, rien n'est prêt sur ce rafiot qui prend l'eau. La mer est une maîtresse exigeante et terrible, aux colères subites et sans nom. Bientôt, il se rend à l'évidence : il ne sera pas le champion que tout le monde attend. Que sa femme et ses enfants attendent, l'oeil mouillé d'inquiétude et d'espoir. 
La peur, la nausée, la solitude, les avaries ont raison de ses forces. Il s'arrête en plein Atlantique. Ne passera jamais le Cap Horn ni les rugissants. 
Alors, il ment. Eperdument. A la fois héroïque et lâche.
Il fait croire à tous (c'est encore possible à l'époque) qu'il avance bien, il envoie de fausses positions, de faux messages. Son compas s'affole sur la carte.
En réalité, prisonnier de son monstrueux mensonge, envahi d'hallucinations et de fièvre, il réalise qu'il ne peut plus ni avancer ni reculer. Après des jours d'angoisse, il meurt de folie, terrassé sans doute par le chagrin et le remords, mais complètement possédé par son ego.
Car quoi, sinon cet ego ravageur, pousse les gens à s'enferrer dans d'inextricables impostures, des mythomanies létales, des machinations ourdies contre eux-mêmes jusqu'au point de non retour  ?... 
On pense à Jean-Claude Romand, le faux médecin assassin. Ou à Philippe Berre, qui a conduit de faux chantiers d'autoroutes dans les années quatre-vingts. Deux hommes rattrapés par leurs mensonges mortels. 
Et pendant ce temps-là, la vérité se les gèle en sortant de son puits... la Vérité belle, nue, qui a le regard des enfants restés au port.


*



LE JOUR DE MON RETOUR
ou l'histoire vraie de Donald Crowhurst 
Bande Annonce ✩ Colin Firth, Rachel Weisz (2017)

26 avril 2018

Matin soleil





 




Dans la maison de mes parents, ma chambre donne à l'est. Le soleil vient me caresser doucement d'un rayon rêveur et perpendiculaire, chaque matin un poil plus tôt. Jamais je ne fermerais les volets, la maison le sait. Elle garde les paupières ouvertes pour me laisser boire le ciel toute la nuit. Sa porte sait ce qu'ouvrir veut dire. C'est une maison mûrie sous le temps, qui s'est offerte aux pluies de fer, d'encre et de larmes, et a pourtant gardé le sourire.
Enfin, quand je dis mes parents...Ils n'y vivent plus ni l'un ni l'autre. Mon père, du haut de son tapis volant,  se penche au balcon des songes pour me regarder accrocher les torchons aux fils de son jardin, dont les laitues sont montées en graines depuis qu'il est parti.
C'est un jardin de vigne et de lierre, qui s'est ridé.
Ma mère écoute encore craquer ses vieux os doucement dans une belle maison rose flanquée d'une tourelle, où elle a retrouvé quatre-vingts ans plus tard, c'est fou, ses amies d'école communale.  Juliette et Janine. Les J-J, comme on les appelle. De quoi donner le tournis, cette contraction de l'espace-temps...L'après midi, elles jouent au tric-trac faute de ne plus pouvoir sauter à la corde. Elles jouent à deviner celle qui mourra la première. Ce sont de vieilles petites filles facétieuses, mais elles ne parviennent pas à dérider ma mère.
Bon quand je dis ma chambre...c'était en fait celle de mon père. La plus grande, la plus belle, celle qui possède deux fenêtres, l'une donnant sur les cimes piquetées de lambeaux de neige, l'autre sur le village niché dans ses frissons de brume comme un chat endormi.
J'aime ce moment matinal. J'apprends à aimer être seule. Immobile sous ce soleil qui s'égoutte, je laisse venir des milliers de souvenirs, herbes folles,  filins de pacotille entre  mon passé et moi, dans la maison tapie sur son avril radieux. 
Les doigts des pluies sur les vitres. Les touffes de menthe bleue envahissant les jardinières. Le tilleul qui pleurait du miel. On faisait du patin à roulettes, l'été, sous les yeux des lampadaires où tournoyaient les papillons.
Mon père fumait un cigare assis sur son fauteuil d'où il observait les aigles à la jumelle. Et les voitures miniatures en bas, sur la route de Nice pomponnée de mimosas. 
Je m'ébroue : les affaires courantes m'attendent, il me faut courir plus vite qu'elles. Relever la boîte aux lettres. Lire des poèmes. Ramasser le linge. Piquer le coeur des pommes de terre pour vérifier qu'elles sont bien cuites. Me sentir vivante.



¸¸.•*¨*•



Musique: l'Adieu, Ernesto Cortazar

20 avril 2018

Erreurs judiciaires




« Une injustice commise quelque part est une menace 
pour la justice dans le monde entier » 
Martin Luther King






A quinze ans, j'ai lu La Brute, de Guy des Cars, et vu Douze Hommes en Colère, le chef d'oeuvre de Sidney Lumet. Dans les deux cas, le présumé coupable est innocenté par un homme qui déploie une énergie folle pour aller au fond des choses et ne pas se contenter de ce qu'on lui montre. Mais combien d'innocents ont péri en prison, ou perdu carrément la vie dans les mains d'un bourreau, sans avoir eu la chance d'être défendu ainsi ?
 J'en ai gardé une fascination mêlée de perplexité à propos des erreurs judiciaires. Personne n'est à l'abri de se retrouver un jour dans un imbroglio d'accusations injustes. 
La justice des hommes est faillible parce que les hommes sont faillibles, prompts à juger sur des apparences... Ayant participé à une session d'Assises, j'ai pu constater combien l'intime conviction est quelque chose de fragile et de profondément bouleversant. Surtout quand l'accusé clame son innocence.
 Vous reconnaîtrez, dans ma petite fiction, malgré quelques variantes, une affaire qui a fait couler beaucoup d'encre il y a quelques années, et qui, à ce jour, n'a toujours pas été vraiment élucidée. 


*

On fit entrer le témoin suivant. L’accusé gardait la tête baissée et triturait son grand chapeau de paille entre ses doigts aux ongles noircis par des années de conversation avec la terre. Ses yeux, sous sa broussaille de sourcils gris, ressemblaient à ces petits lacs calmes de montagne, au petit matin, quand le soleil affûte ses premiers rayons.
- Vos nom, prénom, âge et qualité, demanda le président.
- Lefort Auguste, 72 ans. Et pas beaucoup d’ qualités, plutôt d’ gros défauts ! D’mandez à Germaine, ma moitié. Elle vous l’dira.
- Jurez de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, levez la main et dites je le jure.
- Je l’jure, m’sieur l’juge.
- On dit monsieur le Président.
- D’accord, m’sieur l’juge. 
Le juge leva les yeux au ciel. Ce procès commençait à lui brouiller l’écoute.
- Quels sont vos liens avec l’accusé ?
- C’est un ami, hein, m’sieur l’juge. C’est un grand ami, hein… J’ l’connais d’y a longtemps…
Quand c’était-y donc ? J’me souviens, hein, c’était juste avant la naissance d’mon Gilou… et pis c’galopiot-là a déjà bien ses quarante ans, ’jourd’hui, hein, m’sieur l’juge ! C’est vous dire si ça passe…

Et c’était comme ça depuis le matin.  Le juge Edouard Gadoulet trouvait cette  audience abracadabrantesque. Les témoins étaient tous des bas-du-front, qui ne comprenaient rien à rien. Ses assesseurs comptaient discrètement les mouches au plafond, en taquinant leur pointe Bic. Les jurés semblaient se demander dans quelle galère ils étaient venus ramer. Des murmures parcouraient l’assemblée, où l’on pouvait, avec une oreille exercée, distinguer selon les moments, de la désapprobation, de l’effroi, de l’indignation, de la surprise et tous ces autres sentiments collectifs exprimés en rumeur un peu floue, qui animent toujours un procès quand l’accusé jure ses grands dieux qu’il est innocent alors que tout l’accable…Les journalistes tournaient comme des charognards à la recherche de leur sempiternelle pitance : le scoop, le coup de théâtre dont sont toujours friands les lecteurs. Hélas. 
Cela faisait des heures que les débats s’éternisaient, et Edouard Gadoulet avait de plus en plus l’intime conviction que ce jardinier n’avait pas assassiné sa patronne, la Comtesse Adélaïde de Bois-Joli. Bien qu’on eût retrouvé celle-ci bizarrement dans sa voiture au milieu du boulevard, une dame d’onze heures piquetée dans ses cheveux auburn,  malgré les prétendues preuves avancées par la partie civile, la disparition mystérieuse du petit linge de la comtesse qui séchait dehors, ainsi que de la corde à linge d’ailleurs (corde ayant certainement servi à provoquer la mort). Jusqu’à cette inscription au rouge à lèvres sur le pare-brise « Albert m’a tuer…» 
Quelque chose ne collait pas. 
Cet homme qui connaissait par cœur toutes les plantes de son jardin par leur nom savant, qui parlait en tremblant de son sorbier, de ses lys oranges et de son réséda odorant, cet homme dont les seules maîtresses n’avaient été sa vie durant que la Grande Bardane, L’Aphyllante, la Véronique et la Némésie, ou encore le désespoir des Peintres, et qui faisait voyager la salle d’audience avec son Andromède du Japon, sa Bourrache du Caucase et son Chèvrefeuille de l’Himalaya, un tel homme ne pouvait pas être un meurtrier.
Pour Edouard Gadoulet, le célèbre juge blond qui fume, amateur de vieux whisky, juge réputé impavide, impassible, incorruptible, c’était un comble de se sentir tout retourné par ce jardinier amoureux de son jardin. Mais il croyait à son innocence. 
Et jamais,  au grand jamais,  il n’aurait voulu conclure sa longue carrière sur une erreur judiciaire…



Il fallait intégrer les éléments suivants à son texte:
un personnage : un jardinier amoureux
un lieu : au milieu du boulevard 
un objet : un rouge à lèvres
un moment : avant la naissance de Gilles
un problème ou une anomalie : le linge qui séchait dehors a disparu





16 avril 2018

Etonnant, non ?





Cela s'appelait « la Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède ». Une petite rubrique complètement déjantée proposée par Pierre Desproges.
J'ai grandi dans le culte de quelques grands de l'humour décapant et jubilatoire, dont les 3D : Dac, Devos, Desproges...
Je l'aimais beaucoup.
Pour commémorer l'anniversaire de sa triste disparition, que dis-je de sa perte irréparable, il y a trente ans déjà,  Valentyne nous propose de réécrire une « Minute nécessaire » en s'inspirant d'un de ses titres et de son style. Ce qui n'est pas une mince affaire... 
Mais j'ai bien aimé l'idée. J'ai choisi la minute numéro 17.









Commémorons n'importe quoi





En vous promenant, le dimanche, dans nos belles campagnes bucoliques, vous n’êtes pas sans avoir remarqué la prétentieuse manie de nos contemporains de commémorer n’importe quoi. Dans un pays où chacun peut se targuer d’être ou d’avoir été président de quelque chose, tout est bon pour se réunir autour de l’un d’eux et d’un monument quelconque, de préférence hideux et orné de fleurs périssables, et affublé d’un tapis rouge sur lequel les huiles, appelés corps constitués, viendront avec empressement et tremoli dans la voix prononcer des discours creux et superfétatoires, sur les valeurs de la république et autres mirages, au regard de la moralité élastique de ceux qui les prononcent. 
Puis le cortège, bille en tête et comme dans une danse bien réglée, ira se sustenter auprès d’un buffet aimablement payé par le contribuable pourtant réfractaire, qui se consolera en sifflant quelques verres de Picon bière et quelques cacahuètes douteuses offerts par l’épicerie du coin en échange d’un service rendu par le maire, qui sait allonger son bras si nécessaire.
Mais évitons d’emmener notre discours dans des ramifications superflues et néanmoins concomitantes, et concentrons-nous sur l’essentiel : que pourrait-on commémorer à Clochemerle ou ailleurs si, par le plus grand des hasards,  on n’avait soudain plus d’idées ?
Commémorons alors vraiment n'importe quoi :
Versons une larme mémorable pour l’invention du taille-crayons, la date dentrée des deux Dupondt dans la police, ou encore la victoire des Xylocopes sur les Ammophiles en 46 avant notre ère. Evénements qui, vous en conviendrez, ont largement contribué à changer la face du monde et des environs,  et méritent à ce titre les honneurs d'une cérémonie aussi magnifique que parfaitement inutile.

Etonnant, non ?

¸¸.•*¨*• 🦋




Pour l'atelier de Valentyne, donc.

Et aussi pour l'atelier d'écriture « Treize à la douzaine » où il s'agissait de placer les mots : crayon, police, allonger, xylocope, prétentieuse, épicerie, danse, empressement 
ramification, réfractaire, tête, consoler, promener.

Et enfin, ici, la « vraie » minute, du titre de laquelle je me suis inspirée.

11 avril 2018

Le château de sable





Quoi ? T'es parti, toi aussi ? 
Mince alors !
Toi, le rêveur, le poète, l'enchanteur un peu perché qui me faisait rêver.
Mais qu'est-ce que vous avez tous à casser votre fichue pipe ? La vie, décidément, c'est rien qu'un château de sable...
Allez, écoute. Et champagne !








Au pays des aurores australes, au bord d’un lac, poussait un grand château tout droit. Ses tourelles et ses donjons avaient la couleur fauve du sable des contrées lointaines.
 Une magicienne menait au vent son équipage de chevaux palominos dans un poudroiement de poussière d'ocre, portée par le tourbillon salé de l’air marin, et caressant de ses doigts son violoncelle. En un geste suave, comme le lui avait appris la vieille Belindra. La sorcière aux cheveux bleus.
 Elle arriva au pied du château, où trois blondinets dormaient sur le pont-levis, bercés par les paroles d’un homme au visage d’ange. C’était un conteur de fables, un de ces enchanteurs qui font rêver les enfants d’envols superbes, de météorites et de lumière d’or à travers les nuages.
 Les sons du violoncelle envoûtèrent l’enchanteur. D’un seul coup d’archet magique, qui frappe d’un amour gigantesque le cœur de ceux qui le croisent, il fut subjugué par l’ardente beauté sauvage de la magicienne, un don que ses marraines fées avaient versée en élixir dans son berceau de nacre et de pin.
 Elle le prit par le bout du cœur.
 Ils firent de ce jour-là un rêve velouté, une cathédrale d’amour, sous les constellations étonnées. Et allongés au bord du monde, nus sous la lune, l’âme envoûtée, ils unirent leurs souffles et leurs teints d’albâtre. Deux petites coupes de champagne en cristal éclairaient la nuit de leurs bulles dorées.
 Mais au matin, la magicienne disparut, évanouie dans la brume ensoleillée.
  L’enchanteur avait encore sur sa langue le goût divin de l’éphémère.



*



Aux Impromptus, il fallait rendre hommage au grand Jacques, à travers une de ses chansons.
 J'ai choisi le merveilleux « Château de Sable » avec cette partition de violoncelle qui me déchire.




09 avril 2018

La peau de la vie












Qui es-tu, toi qui te pelotonnes dans le cocon humide et doux d'un ventre arrondi par ton petit corps qui jaillit ? 
Seras-tu un ou une, on n'en sait rien encore. Mais tu seras unique.
Sur ta petite image tremblante, avec ton coeur qui tapotille comme celui d'un chevreuil apeuré, ton petit nez mutin et ce profil de statue grecque, tu sembles si sage, comme méditant sur la force énorme que tu portes en toi. Le pouvoir de transformer le chagrin en bonheur, et le froid de la tombe en promesse de vie.
Ton grand-père ne t'aura pas connu. Il est retourné au néant d'où tu viens, fauché comme un brin de paille, trois mois à peine avant ta naissance...Toute la famille en est restée éberluée. Dévastée par un typhon. Par cette douleur transperçante de l'absence subite, transcendée par ta présence, qui a multiplié les larmes en brouillant joie et tristesse.
Mais tu es là, et peu à peu, le cercle se reforme autour de toi, bulle irisée d'espoir et de chaleur. On sourit. Les yeux plissés de félicité.
C'est ta première photo officielle, elle m'émeut terriblement, peut-être parce que j'y retrouve la trace mémorielle de celui qui t'a conçu. Ton père. Mon fils. 
Mon fils qui était aussi un bébé hier, avant-hier à peine...
Et moi, la petite fille toujours un peu irrésolue, fougueuse, grave, émerveillée, en équilibre sur mon fil,  moi qui ai l'âge des folies, du vent, de la mer furibonde, saurai-je apprivoiser ce nouveau coup du destin, cette marche de l'escalier ? M'apprendras-tu à accueillir, dans mes bras, ce secret encore murmuré du monde et des étoiles ? 
Toi qui es le fruit du fruit. Et la fragile peau de la vie, celle qui naît et s'effiloche au sable du temps...




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Musique : Pergolesi, Stabat Mater

03 avril 2018

Papillon














































J'aurais aimé vous expliquer mon attrait pour les papillons. C'est à cause de leur vie extraordinairement morcelée en trois grandes phases : d'abord chenille rampante passant tout son temps à manger, grossir et muer, puis chrysalide momifiée et ourdissant sa sortie dans une obscure et humide immobilité, et puis enfin, dans un craquement de soie...le miracle de l'envol, comme une fleur munie d'ailes, la parade nuptiale, l'amour sur une feuille ou en plein vol, la ponte...
Et puis la mort. Et puis l'oeuf, la chenille...ronde folle.
Peut-être sont-ce ces métamorphoses qui me fascinent, ou ce cycle infini, accéléré, cette dérisoire vacuité d'existence qui n'a pour but que de prolonger l'espèce d'individu en individu.

Cette exultation finale après la nymphose, ce baroud d'honneur de l'être qui se donne en toute insouciance avant de mourir, ça a quelque chose de tragiquement beau. 
Peut-être est-ce cette similitude parfaite, cette métaphore de notre vie de pauvres humains battant des ailes et nous prenant un instant pour le ventre du monde, alors qu'un coup de vent nous met à terre comme des fétus.
Une vie entière à aimer, à construire, à rêver et en un instant tout peut s'écrouler. Toujours. A chaque instant.
Et ce soir, plus que jamais, je me sens papillon. Un papillon qui aurait conscience que sa vie si précieuse ne tient qu'à une tige d'herbe jaune et tremblante. Et à un peu de poudre d'or sur ses ailes.







Musique : Chopin, Nocturne n° 9, opus 2