28 juillet 2014

Banale song

































Hé, toi! oui toi qui passes en faisant mine de regarder le ciel, lourd comme une enclume...

D'accord, on a un été pourri, mais... 

Si tu en profitais pour lui offrir des perles de pluie venues de pays où il ne pleut pas ?
N'as-tu pas envie d' ouïr à deux le chant joli que l'eau du ciel ferait entendre sur le toit de ton parapluie ?
Depuis combien de temps n'as-tu pas dit que le ciel bleu sur nous peut s'effondrer et que la terre peut bien s'écrouler ?
N'as-tu jamais pensé qu'en ce temps là, la vie était plus belle et le soleil plus brûlant qu'aujourd'hui?
Voilà, combien de jours ? Voilà, combien de nuits ?
Qu'attends-tu pour lui dire que tu viendras toujours du côté où le soleil se lève... 
Pour lui murmurer que son oreiller ressemble à un champ de blé,
Offre lui des mains qui jouent de l'arc-en-ciel sur la guitare de la vie,
Qu'attends-tu pour l'emmener là-bas, où tout est neuf et tout est sauvage, libre continent sans grillage ? 
Il est temps de vivre de ton mieux ton rêve d'opaline et de gommer les aiguilles des horloges du quartier,
Et de rêver si fort que les draps s'en souviennent...
Il est temps de déboucher du champagne de France en riant à l'avance!
On peut décrocher les étoiles même si tout p'tit on montait mal les mécanos,
On peut aimer la pluie quand elle fait des claquettes sur l'écran noir de ses nuits blanches.


Depuis combien de temps n'as-tu pas prononcé ce simplistique poème
Je t'aime...♥


A tous ceux que vous avez évidemment reconnus.
Et à ceux que j'ai oubliés et que vous citerez peut-être...
Tableau Tawara Machi



Banale Song by Alain Souchon on Grooveshark

26 juillet 2014

J'ai kiffé grave!



































-Eh, où  étais-tu donc passée, Célestine?
-Eh! Salut, Gemini Cricket...Après un séjour entre ciel et mer , Cannes, Grasse et Saint Paul de Vence...




... je reviens d'une merveilleuse semaine sur ma colline, tu sais,  là où les rayons de soleil sont tout empaquetés de brouillard le matin, pour ensuite réveiller chaque brin d'herbe dans une symphonie... 
Le ciel nous a fourgué ses plus belles étoiles, j'ai aperçu nettement  la constellation du Dragon, qui fait souvent sa bêcheuse et ne se laisse pas distinguer facilement dans un ciel citadin.


-Ah oui...une de ces fameuses semaines interdites aux hommes...
-Oui, entre filles, nous n'avons pas seulement pris soin de notre sublime corps de rêve, mais surtout nous avons eu de ces discussions interminables qui font les parenthèses réussies. Sur tous les sujets, en cueillant chaque seconde avec gourmandise et délectation.  Le bonheur d'être en harmonie, quand même! De ces moments exceptionnels qui nous font dire "Est-il possible d'être aussi bien?"



Beaux paysages, soirées musicales,  sirop de violette, vin de pays (et légère cuite mémorable) petits marchés bio, balades vivifiantes, gommages au marc de café, achat d'une nouvelle robe, tout plein de légèreté pour s'aérer la baguette magique...




-Je vois...Rien ne semble grave dans ces moments-là...Tout s'apaise, on se sent les rois du monde...
-Grave? C'est drôle, parce qu'on m'a justement demandé, aujourd'hui même, ce qui semblait grave à mes yeux...
-Et alors?
-Alors...je crois que le plus grave pour moi, c'est ce qui est irréparable.
-Comme casser une assiette?
-Dis donc, Petit Scarabée, tu exagères...et puis une assiette, ça se répare avec une bonne colle!
Non je parle de la perte irréversible, de la disparition à jamais. Des êtres chers, bien sûr, mais aussi des souvenirs, de la confiance, de l'amitié, de ses illusions, de son idéal, de sa dignité... Se perdre soi-même de vue. S'oublier, se nier. Une sorte de mort lente en somme...Une trahison.
La trahison. Voilà un mot qui me semble très grave. Il résume à lui seul toutes ces pertes irréparables. Et bien entendu, perdre la vue, l'ouïe, le goût...ne plus sentir, ne plus toucher serait comme ne plus vivre, en fait...
-Te voilà bien...grave, Célestine!
-Qu'est-ce que tu crois? Paradoxalement, on peut se sentir légère et réfléchir à la gravité !
-Je me demande ce que vont en penser tes lecteurs...
-Ils sont tous en vacances, sûrement, alors, s'ils n'en pensent rien, ce n'est pas grave! l'essentiel, c'est de kiffer grave l'instant présent...



Almost Blue by Chet Baker on Grooveshark

18 juillet 2014

Chaud les marrons et froid (bi)polaire


Chut! Asphodèle se plaît à nous faire aimer le silence cette semaine.
Pour l'occasion, et pour donner suite à mon dernier billet, j'ai concocté deux textes.
A vous de choisir...ou pas!





Essentiel, réserveregard, félicité, observer, musiqueminutenuit, agneau, son, muet, méditationapaiser, angoissantjustesse, jacaranda, jouer.



***



Gentille

Il est un lieu où j’aime aller m’asseoir. C’est un petit rocher rond et pointu à la fois, propice à la méditation, un promontoire émergeant des sapins comme un caillou posé sur un brocart vert. On l'appelle le rocher du trou du Diable.  Là-haut, il n’y a jamais personne. Sans doute parce que pour les randonneurs aguerris, il est dépourvu de charme et trop facile d’accès, mais qu'il est bien trop ardu pour les simples promeneurs. J’aime la justesse de cet équilibre, moi qui balance sans cesse entre deux pôles, sur le fil ténu de mon funambulisme naturel.
 Je le crois surtout méconnu, insoupçonné, car non-indiqué sur les cartes. Peut-être parce qu'il ne mène nulle part. J'y ai pourtant fait de grands voyages intérieurs, depuis le temps!
Au regard d'un monde trop balisé, c’est une chance inespérée, de posséder un tel endroit (presque) secret. Enfin, quand je dis posséder, ne vous méprenez pas : c’est plutôt lui qui, par sa magie unique, me possède toute entière, quelle que soit l’heure où je monte, des étincèlements de l’aube à la nuit qui s'effondre dans un concert d'étoiles. En vingt minutes chrono, je me retrouve juchée au bord du monde, à écouter la musique de mon cœur s’apaiser, pour me délivrer le son clair et émouvant de l’authentique silence. Déjà, enfant, adolescente, j'aimais à m'y retrouver seule face à moi-même, plus par défi que par pur besoin contemplatif à l'époque. Mais déjà, il y avait cette envie de prendre de la hauteur, de m'extraire du monde pour me prouver quelque chose.
Il se joue là comme l' acte essentiel d'un petit théâtre personnel, le moment d'examiner mes décalages, mes blocages, mes pataugeages pitoyables.
 Tel un vieux chef Navajo sous son jacaranda, qui sort de sa réserve (hi hi!), j’observe mes tremblements d’agneau et mes faims de loup s'entrecroiser, cohabiter, se jauger, se toiser, et finalement s'accepter. Pas facile! Mais indispensable pour avancer. C'est toujours ainsi que parmi les herbes hautes de mon existence, je retrouve mon chemin. Et que je tente d’aplanir, de chasser, de classer sans suite, de vains tourments et d’angoissants songes creux,  pour goûter à cette félicité muette de l’instant : je suis vivante,  libre et aimante, je suis moi, je m'aime comme je suis, qui m'aime me suive et tout le reste n’est que lie, et ratures, comme j’aime à le répéter à ceux qui voudront l’entendre. 
Pour les autres, j’ai envie de leur dire gentiment de passer le leur, de chemin.



Méchante 

Franchement, vous l'avez trouvé bien, le texte gnan-gnan ci-dessus? En tous cas, moi, faudrait vraiment que j'ai rien d'autre à foutre pour jouer à ce jeu idiot. Les Plumes de l'été...je vous demande un peu. Feraient mieux de se les fourrer quelque part, z'auraient l'air moins cons. Aligner des phrases pour concocter des textes qui se veulent spirituels, à partir d'une réserve de mots hétéroclites proposés par une bande de blogueurs qui se croient fins alors qu'ils ont l'esprit tordu...Un truc comme "jacaranda" par exemple. Comment voulez-vous le placer de façon naturelle? Ne comptez pas sur moi pour porter un regard complaisant sur ces fadaises. Je préfère observer de loin: il y a ceux qui produisent un truc en quelques minutes, d'autres à qui il faut bien la semaine pour pondre leurs dix phrases,  et encore, bancales bien souvent. Enfin, l'essentiel c'est qu'ils y croient, sans doute... Pfff..Ça me laisse muette de navritude ce truc, (oui, je sais, ça n'existe pas et alors? je dis ce que je veux!) 
C'en est angoissant tellement c'est pétri d'auto-satisfaction et de prétention. Certaine rajoute même une musique aux sons sirupeux à souhait, comme si le texte ne dégoulinait pas assez déjà. Après,  il y a le supplice de la visite aux autres textes. Quand on s'est bien absorbé l'indigeste lecture d'une vingtaine d'insipides productions pseudo-littéraires et capillo-tractées, jusqu'à la nausée et une heure avancée de la nuit, qu'on a bien félicité, flagorné en tous sens sans oublier personne, ça repart pour une nouvelle collecte. Ah mes agneaux! la dernière fois, j'ai frôlé de justesse l'apoplexie,  c'est pas possible un truc pareil...et pour m' apaiser, pas la peine de me proposer de la méditation transcendantale, je trouve ça tellement ridicule, de bayer aux corneilles,  les yeux fermés et les bras en pot de fleurs...Allez, je ne vous salue pas!













Sonate pour flûte et harpe en fa majeur : Romanze by Jean-Pierre Rampal, Lily Laskine on Grooveshark










12 juillet 2014

Méchante

Cette chère Madame de K., connaissant mon goût pour ces maniements de plume,  ces passes de muleta scripturale appelées défis d'écriture, ou encore exercices de style,  me proposa il y a quelques jours de me lancer, avec d'autres, dans sa nouvelle aventure littéraire.
Il s'agirait d'écrire un épisode de la vie d'une vraie méchante, Garce Kelly.
Afin de nous mettre dans le bain (d'acide) elle agrémente son propos de quelques figures emblématiques de la méchanceté, Cruella, Tatie Danielle, Tullius Détritus...
J'acceptai avec enthousiasme.
Mais il fallut vite me rendre à l'évidence. Inventer la vie et surtout les agissements d'une méchante allait me demander un énorme effort, comme celui de me glisser dans un rôle de composition.
Oh, ne voyez pas là une prétention quelconque...Je ne suis pas en train de vous dire que je suis une vraie gentille. Ni même d'en tirer gloire ou avantage. Non... Je dirais même que c'est plutôt un handicap, quand on veut dépeindre la noirceur de l'âme humaine, que d'être obligée de se creuser pour être méchante. Combien de fois, dans un conflit, ai-je désespérément cherché une bonne grosse saloperie à balancer à la tronche de mon adversaire? Combien de fois me suis-je retrouvée bête sans aucune répartie cinglante dans mon grand sac de Mary Poppins? Cela ne fait que peu de temps, au final, que je suis capable de convoquer mon côté obscur de la force pour leur montrer qui c'est Raoul, à tous ces cons.
Je sais que cette noirceur se cache au fond de moi, comme chez tout le monde. Que j'ai sûrement, bien enfouies sous des couches et des couches de bonne éducation, des pulsions inavouables, comme tout un chacun. Il va donc me falloir gratter les peaux mortes de mon épiderme mental pour faire luire un peu de méchanceté graisseuse, comme un sébum oxydé obstruant les rares comédons de ma conscience.

Passionnant non? 

Edit. de 20h19
Voilà, mon texte est publié sous le titre "entretien d'embauche"
 Merci Madame de Keravel!
Les autres textes sont absolument ébouriffants de méchanceté! Le mien, à côté, c'est de la roupette de chansonnier...




Ne manquez pas d'écouter ça au passage, c'est jouissif




07 juillet 2014

Fabienne


15 Décembre 1957
Lettre de Camus à son instituteur.


-" Cher Monsieur Germain,

- J'ai laissé s'éteindre un peu le bruit qui m'a entouré tous ces jours-ci avant de venir vous parler un peu de tout mon coeur. On vient de me faire un bien trop grand honneur que je n'ai ni recherché, ni sollicité. Mais quand j'en ai appris la nouvelle ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j'étais, sans votre encouragement et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte d'honneur. Mais elle est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le coeur généreux que vous y mettez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l'âge, n'a pas cessé d'être votre reconnaissant élève.

Je vous embrasse de toutes mes forces."

Albert CAMUS. 

4 Juillet 2014
-Fabienne, 34 ans, professeur des écoles, poignardée à Albi...

N'est-il pas temps de se demander où va une société qui foule aux pieds l'image de ses maîtres?  Aujourd'hui, j'ai mal à mon école. 
J 'ai mal à mes valeurs. J'ai mal à Camus.



A lire si vous le désirez
lettre ouverte d'une enseignante à Albi
Instit, un métier exposé

04 juillet 2014

Les champs de blé






Séparation, revoir, froid, embrasser, larmes, famille, fête, ripaille, allégresse, bilan, amour, quai, adieu, joie, ami, inquiétude, irréparable, intensément.



***

Tout mène toujours aux champs de blé. La Bastide tremble sous le poids des ans, et frémit de sentir des pieds de cabris et de biquettes faire craquer ses vieux planchers. Les saisons impriment leur ronde, celle du temps irréparable et fou. Et chaque fois, après l’inquiétude jaunissante des automnes, et le froid piquant des hivers,  l’été et son cortège d’allégresses et de ripailles reviennent faire rougir les joues et mûrir les fruits.
Les arbres revêtent leurs habits de plumages jacassant et piaillant. Les balançoires rythment les repas de famille comme autant de petits pendules interrogeant en tous sens l’avenir incertain.  
Jardin. Odeurs sucrées. Seringat. Citronnelle. Lampes-tempête. 
On va se revoir, s’embrasser. Petites silhouettes vives, cris, gâteaux, chamailleries, confitures et querelles sous le châtaigner.
 « Comme il a grandi ! Comme elle est jolie ! » Ce sera la fête. La joie allumera des incendies au cœur des soirs. 
Tiens, Elsa n’est plus une enfant, elle porte un bébé dans son ventre. Et Julie qui va se marier...c'était une enfant... Ethan porte la barbe, c’est un homme maintenant. Les jumeaux ne se ressemblent plus! Tu ne trouves pas que la tante Marceline a pris un coup de vieux? Il paraît qu’Albert est très malade...Les vignes donneront bien cet automne.
Marie divorce. 
Silence gêné. Toux maladroites. 
On remplira les verres. On s'en foutra. On vivra des amours folles, intensément, passionnément. On lèvera nos verres de Bordeaux aux amis et au bonheur. A la vie, à la mort. Au temps qui passe. 
Viendra toujours trop vite celui des séparations, des adieux, quai morose, larmes humectant les mouchoirs.
Viendra toujours trop vite celui de mourir.

Là-bas, Grand-père fera le bilan. En parcourant les champs de blé, l’œil bleu de lin vissé sur l’horizon clair. En pensant qu'un jour, c'est là qu'il veut qu'on répande ses os. A la Bastide, il fera nuit. Il fera vide. Jusqu’aux prochaines retrouvailles. Qui auront toujours ce même goût de bonheur teinté d'amertume. 
Tout mène toujours aux champs de blé. 









Retrouvailles était le maître mot d'Asphodèle.



Goldberg Variations, BWV 988: XXXII. Aria da capo by Johann Sebastian Bach on Grooveshark