23 septembre 2024

Le beau jardin, là-haut

 




 Le beau jardin, là-haut, celui que l'on explique aux chères têtes blondes, au regard si plein de candeur. On l'imagine, on l'espère, on le voit. Comment leur dire autrement ce mystère insondable, impensable ? 
Elle ne sont que des enfants qui jouent, insouciantes et gaies, parmi les tombes, sous le soleil d'automne après la pluie grise du matin. Observant de leurs yeux pâles les yeux rougis des adultes.
Que répondre quand elle demande, avec une confondante fraîcheur d'âme : « Mamie ne pourra pas venir à mon anniversaire, puisqu'elle est dans le beau jardin là-haut, mais elle me fera quand même un cadeau ? » 
Ce n'est pas du déni. C'est juste l'expression naturelle, de la vie qui pulse. La belle innocence que voilà. Un enfant ne sait pas encore. Toute notre existence, on ne fait chercher au fond de soi comment s'accommoder de cette chose que l'on apprend toujours trop tôt.
Comment dire l'indicible ? Une fois de plus, la vieille Camarde a fait son funeste office. Fauchant l'autre mamie de mes petites étoiles. De manière si inattendue qu'on en reste pantois.
Une fois de plus, on pleure un être parti trop tôt. On accroche aux nuages des ribambelles de mots, des musiques qui serrent le coeur, on se prend dans les bras, on s'effusionne pour faire circuler la vie en nous, et dissiper ce courant d'air glacé d'effroi qui nous épouvante. On resserre fort les liens d'amour et d'amitié.
Une fois de plus, on tente de consoler comme on peut le chagrin de deux grands enfants qui ont perdu leur mère. Leur phare, leur repère. 
Et une fois de plus, on se retrouve au soir de ce jour de tristesse, à penser à sa propre finitude. L'âme au bord des yeux. En se disant que le plus dur, quand on meurt, c'est de savoir la peine que l'on va faire aux gens qu'on aime.


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4 commentaires:

  1. Les départs de ceux que nous aimons sont des chagrins sans chemise. Enfant, nous ne nous comprenons pas ce que veut dire ce bal de larmes dans les cimetières, jardins froids, sans ombres car sans soleil. J’ai perdu Maman à 4ans. Je vis sans souvenir vivant. J’ai perdu Papa à 48. Un homme séché par toutes ses larmes versées. Un homme à côté duquel j’ai marché sans parvenir à le rencontrer.
    Je n’ai jamais eu la fraicheur de courir au milieu des tombes, jamais connu d’insouciance assez vivante pour me donner des ailes afin d’imaginer la présence des absents baignant au cœur des nuages, en toute liberté.
    Chaque départ me brise.
    Pourtant, Célestine, que ton texte est beau, riche, vivant. Et surtout tellement rempli de couleurs, de saveurs généreuses. C’est tout toi et j’aime. C’est un baume de douceur qui vient se blottir sur mes douleurs par encore apaisées.
    Bises entre pluie et nuit, silencieuses mais reconnaissantes.

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    1. Oh mon frangin de coeur que c'est beau ce que tu écris...Et comme tes larmes résonnent en moi, qui suis tellement en empathie avec tous les êtres qui souffrent. J'ai écrit mes ressentis sur l'instant, après cette journée éprouvante, triste, si triste et pourtant si pleine de cette vie si belle, grâce à mes petites-filles et leur splendide ingénuité. Mais tu sais cela...
      Ce mélange étonnant de joie et de chagrin qui nous malmène comme un tambour d'essorage force 12. On en sort épluchés comme de vieux navets bouillis, hagards, un peu perdus. Et plus forts qu'avant de cette certitude : tant qu'il y a de l'amour, il y a de l'espoir.
      Je t'embrasse du fond du coeur
      •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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  2. Je suis très touchée personnellement par la beauté de ce texte . Il s’y mêle plein d’émotions différentes face à ce vide de l’être tant aimé parti trop vite , si brutalement….
    L’image de ce délicat jardin est très parlante douce et apaisante à la fois …. La nature donne des forces même lors du départ d’un être cher.
    Ma maman est partie trop vite il y a quelques années ….sa petite fille avait 4 ans . Elle n’a jamais connu sa deuxième petite fille ….seulement à travers mes commentaires de photos anciennes Je garde en mémoire les moments forts : les instants au piano et les temps dans le jardin pour arroser … et puis il y a eu les larmes , les sanglots pour la douleur intense .
    Dans chaque être végétal ou animal on peut retrouver la présence personne dans son cœur pour se rappeler des temps forts vécus à ses côtés …
    À merci Célestine pour ta plume qui me donne les larmes aux yeux ….

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    1. Merci beaucoup chère anonyme, pour ce très beau commentaire, si vite après ma publication. Je suis très touchée à mon tour, par ces confidences sur ta vie et tes chagrins passés.
      Oserai-je te demander de signer la prochaine fois ?
      •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

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Je lis tous vos petits grains de sel. Je n'ai pas toujours le temps de répondre tout de suite. Mais je finis toujours par le faire. Vous êtes mon eau vive, mon rayon de soleil, ma force tranquille.
Merci par avance pour tout ce que vous écrirez.
Merci de faire vivre mes mots par votre écoute.