Il enfle
et gonfle et se travaille pour égaler Neptune en grosseur, comme le son fou d’un violon qui jouerait tout seul…
Un
violon qu’aucun violoniste ne saurait dompter. Que dis-je, un violon ?
Une trompette, un tuba, un orchestre à lui tout seul. Il tonitrue. Il éructe. Il se mouche dans les voiles et fait siffler les haubans.
Quand on
l’entend au loin, il est déjà là, chaque rafale plus énorme disant :
« C’est moi, le maître. » Et chaque arbre, et chaque branche et
chaque feuille se soumettent à sa volonté.
Y a ceux
qui plient. Y ceux qui rompent. Mais tous s’inclinent ensemble pour le saluer.
Il polit le ciel de ses grands coups de torchon furieux. On l’attend. On le redoute. On le crie. On s'en plaint. On ronchonne. Il rend les mioches intenables.
Lui. C’est le cinglé de la bande à Eole, celui
qui vola le chapeau de Mireille.
Le magistral.
Le Mistral de Daudet, de Pagnol, du Félibrige et d’Arles où sont les Alyscamps. Il sent le thym, le guano, le poisson frit, l'absynthe.
Le magistral.
Le Mistral de Daudet, de Pagnol, du Félibrige et d’Arles où sont les Alyscamps. Il sent le thym, le guano, le poisson frit, l'absynthe.
Je préfère sourire à ses accès de zèle et ne point le maudire puisqu'on n'y peut rien.
Je subis
sa loi souveraine, enchifrenée par les pollens qui voltigent sur ses ailes. Mes
cheveux se mutinent, c’est le Potemkine du brushing. Et non content encore, il soulève mon jupon, quand je passe sur le Pont des Arts ou d'Avignon, allumant des paillettes dans les yeux des mauvais garçons, et me distribue de ces châtaignes
qui me secouent le bout des doigts avec de petites étincelles bleutées dans la
nuit quand j’ôte mon pull de cachemire.
Et durant trois, six ou neuf jours, je deviens la fille électrique.