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28 avril 2015

Le vent fripon


















Il enfle et gonfle et se travaille pour égaler Neptune en grosseur, comme le son fou d’un violon qui jouerait tout seul…
Un violon qu’aucun violoniste ne saurait dompter. Que dis-je, un violon ? Une trompette, un tuba, un orchestre à lui tout seul. Il tonitrue. Il éructe. Il se mouche dans les voiles et fait siffler les haubans.
Quand on l’entend au loin, il est déjà là, chaque rafale plus énorme disant : «  C’est moi, le maître. » Et chaque arbre, et chaque branche et chaque feuille se soumettent à sa volonté.
Y a ceux qui plient. Y ceux qui rompent. Mais tous s’inclinent ensemble pour le saluer.
Il polit le ciel de ses grands coups de torchon furieux. On l’attend. On le redoute. On le crie. On s'en plaint. On ronchonne. Il rend les mioches intenables.
 Lui. C’est le cinglé de la bande à Eole, celui qui vola le chapeau de Mireille. 
Le magistral. 
Le Mistral de Daudet, de Pagnol, du Félibrige et d’Arles où sont les Alyscamps. Il sent le thym, le guano, le poisson frit, l'absynthe. 
Je préfère sourire à ses accès de zèle et ne point le maudire puisqu'on n'y peut rien.

Je subis sa loi souveraine, enchifrenée par les pollens qui voltigent sur ses ailes. Mes cheveux se mutinent, c’est le Potemkine du brushing. Et non content encore,  il soulève mon jupon, quand je passe sur le Pont des Arts ou d'Avignon, allumant des paillettes dans les yeux des mauvais garçons, et me distribue de ces  châtaignes qui me secouent le bout des doigts avec de petites étincelles bleutées dans la nuit quand j’ôte mon pull de cachemire. 
Et durant trois, six ou neuf jours, je deviens la fille électrique. 



Le vent by Georges Brassens on Grooveshark

25 avril 2015

Le plan C


Image Emma B
Allergie, velléité, brise, espérance, étincelle, écrire, déplaisir, censure, enfant, gourmandise, première, tramway, rides, éphémère, envie, amour, voyage, peluche, chocolat, tapir, envol, baiser (dans le sens que vous voulez), attente, vibrer, volutes, valser.







***





Citoyens, si vous faites une allergie aux effets de manches et aux volutes fumeuses des discours ministériels, ce message est pour vous.
Si la censure du « politiquement correct » vous les brise menu, que la langue de bois des oligarques vous fout des rides et que les timides velléités sociales de ceux qui vous gouvernent n’allument plus en vous la moindre étincelle d’envie, voici une solution qui vous fera vibrer d’une nouvelle énergie. 
Vous avez le déplaisir extrême d’être constamment pris pour des enfants de cinq ans, ou pire, des tapirs en peluche ? Vous vous retrouvez chocolat après chaque élection, avec la sensation de vous être fait baiser ou d’avoir raté le tramway de l'espérance ?  
Envoyez donc valser cul par-dessus tête les vieux schémas institutionnels.

Au lieu de rester dans l’attente éphémère et impuissante d’un monde meilleur, toujours remis au lendemain par les menteurs professionnels qui ne donnent qu'aux riches,  prenez votre destin en main, avec amour, avec bonheur, avec gourmandise.
Ecrivez votre propre constitution. Tous ensemble. Article après article. Ce serait une grande première, vous imaginez ?  Un peuple prenant son envol...
Et si on essayait le plan C ?

C, comme « Ça vaut le voyage »


***
(184 mots.)

Pour plus d'info:  le site d'Etienne Chouard une bulle d'espoir dans ce monde qui nous échappe.
J'aime sa positivité.



Nocturne No.2 by Chopin on Grooveshark

texte secret

Si elle avait écrit plutôt sa gourmandise libertine, son envie de voyage secret, sur cette plage blonde où l’eau se ride en un frisson de brise
Si elle avait valsé au rythme lancinant des mots qui envolent, qui agacent, qui excitent comme un fruit, acide sans déplaisir, avec cette touche d’éphémère, juste comme une enfant
Si elle l’avait charmé, entouré de dentelles en volutes, de satin, de peluche, sentant vibrer son corps sous les dessous de soie, et des velléités d’explosion de son être tremblant
Si elle avait pleuré son allergie au vent du matin, pour qu’il cueille les gouttes de ses larmes dans l’attente de ce baiser brûlant, du bout de sa langue de tapir
Si elle l’avait emmené dans le tramway des rêves, première station espérance, terminus  l’infini, le touchant de ses yeux d’étincelles et l’enrobant de chocolat comme un bâton glacé

Si elle s’était laissé aller sans craindre la censure à murmurer des mots de sel et de citron, de miel et de coton…

(163 mots)

22 avril 2015

Au bord

« Elle se sentait, sans trop savoir pourquoi, au bord de quelque chose… »
Philippe Delerm

Voilà une phrase qui me va si bien, que j'ai bien envie de la garder pour moi... Cette sensation de vertige, et en même temps de souffle retenu, comme suspendue au-dessus du vide...Ce bonheur de m'enivrer de beau, de doux, de bon, jusqu'au bord. A l'extrême limite. A l'est d'Eden. A l'ouest des sentiments. 

Oh oui, ces jours-ci, je me suis sentie plus d'une fois, sur le rebord du monde, en équilibre sur mon fil...



Au bord de la pâmoison, en contemplant le soleil qui s'effondre sur Golfe-Juan…


Au bord des larmes, en te regardant recevoir ton diplôme, ma belle, radieuse fille chérie. Quelle joie indicible de te voir après toutes ces années, cueillir le fruit de tant d'efforts. (Oui je sais, ces temps-ci, pardonnez-moi, lecteurs adorés, je suis en mode "mère juive" ...)










Au bord de l'eau, ramassant des galets, sur la plage vide de Beaurivage




 Au bord de la chaise...





Au bord du plaisir...


Au bord du ciel...et de la saturation chromatique !



Au bord des souvenirs...


Au bord du rêve.



Au bord du quai. En partance. Pour quel ailleurs ?


Au bord du monde...Tous les soleils de ma vie dans le creux de ma main...


Au bord de la tendresse, en voyant mes parents réunis à nouveau, mais pour combien de temps ?



Au bord de l'émerveillement, de rue en rue, de loin en loin, et dans cette lumineuse galerie de peinture où j'ai chanté impromptu pour l'artiste ... Un moment que je ne suis pas près d'oublier.


Au bord de l'éphémère...


Au bord de l'insolite...


Au bord du malaise, voire du coma... (mais non je rigole ! Les jeunes ont fêté l'événement sans dépasser les limites de la bienséance, enfin, je le suppose...)




Restons zen ! (avec les galets de Beaurivage, vous avez vu l'esprit d'à-propos...)



Et pour tout dire, au bord de me sentir défaillir de bonheur et de gratitude pour ces petites joies que la vie nous offre, généreusement,  je me sens en lévitation, et à deux doigts de m'envoler...