“Il pousse plus de choses dans un jardin que n'en sème le jardinier.”
Proverbe espagnol
On tente souvent d'écrire des choses bien plus grandes que soi. Parce que le jour naissant nous porte vers le haut, le mystère, les incompréhensions qui font le sel, et rendent humble.
Quand c'est trop lisse, trop clair, c'est comme un ciel sans nuages. Trop convenu. Aveuglant.
On aime la pluie des questions profondes. De celles qui sont essentielles et sans réponses. Les pourquoi. Les comment.
Les points des coccinelles. Le chemin des abeilles.
La patience originelle des fleurs, qui savent quand vient leur tour. Comment, d'un tronc noueux de vieillard végétal, en apparence sec et mort comme le vieux hareng du poème, surgissent soudain ces bourgeons qui bredouillent, et ces corolles fragiles. Fragiles ? Ne tiennent-elles pas dans leur coeur cette force étrange qui fait germer les graines au fond d'un vieux sac ?
Il suffit de s'asseoir dans un jardin, aux premiers rayons, et c'est tout le livre du monde qui ouvre ses pages infinies. On comprend. On apprend.
Chaque recoin contient une lecture particulière, une révélation unique. Le jeu de l'ombre et de la lumière, c'est l'alternance que l'on doit accepter, entre les heures tristes et les jours de joie, les cris, les larmes et les murmures, comme une chevauchée sans fin de collines pierreuses, de pics acérés et de vallons riants.
Les animaux bravant la bourrasque nous apprennent le courage. Leurs pattes frêles, leurs plumes ébouriffées, leurs pelages trempés ne les distraient pas de leur insouciance et de leur détermination à rester en vie coûte que coûte.
Un jardin rend toujours meilleur. J'en connais la chance.
L'herbe se peint d'espoir. Rien n'est plus serein que ces tiges qui oscillent et ondulent sous le vent d'avril. De vraies ailes s'accrochent à nos rêves.
Et dans cette béance entrouverte au fond de soi, on plante ses doigts dans la terre humide, on hume son odeur, et on remercie le merle pour son chant.
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