29 octobre 2010

Le petit singe vert

Il a une bonne bouille ce petit singe.
Il est  infatigable, intrépide,  joyeux et un peu énigmatique... il vit des aventures extraordinaires.
Mais où va-t-il? Que cherche -t-il? Après qui court-il?
N'a -t-il pas un certain don d'ubiquité?
Quand vous voyagerez, ouvrez les yeux. Vous l'apercevrez sûrement, caché dans un arbre ou accroché à une lanterne.
Il vous adressera son petit sourire espiègle.

Vous le voyez, n'est-ce pas? Non? Regardez bien, il est là où est restée votre âme d'enfant, ce tout petit supplément de folie, de poésie, de fantaisie qui met des arcs-en-ciel dans l'existence.


Si vous aimez le petit singe vert, vous pouvez le retrouver là:  http://huttedesbois.blogspot.com/
Merci à Hutte des Bois pour ses délires qui m'éclatent toujours autant...

26 octobre 2010

Rencontres

J'ai rencontré un ami que je n'avais pas vu depuis mes dix-huit ans. C'est dire si ça fait une paye comme on dit de par chez nous! 
Quelle émotion dans ces retrouvailles...Quelle pudique rougeur enfiévrant nos joues au moment du choc de la rencontre. Comme si, l'espace d'un instant, on avait eu le pouvoir d'abolir le temps. 
Les vieux souvenirs sont remontés à la surface des choses comme des bulles, certaines faisant un plop déçu quand l'un de nous deux ne se souvenait pas.  Mais si! rappelle toi! Non? tu ne vois pas? D'autres éclatant en feu d' artifice de complicité et d'éclats de rire . Ah oui, tu te souviens? Comment s'appelait-il déjà? Rhhoo! qu'il nous faisait rire, tu te souviens? Oh oui qu'on se souvient,au delà des mots, les odeurs,  les sons , les couleurs, les sensations , tout revient. Mais l'essentiel, le plus beau, le plus magique c'est  que nos regards, nos sourires,  nous ont semblé les mêmes, et cette joie de constater que l'on ne s'était pas trompé, jadis, que l'on appréciait chez l'autre des vertus qui sont toujours là! C'est irracontable. Trente deux ans ont passé. Et l'on s'est reconnu, un vrai miracle.

J'ai rencontré Paris, la ville-lumière, et je l'ai aimé, comme chaque fois. Je m'émerveille toujours bêtement devant ces lieux si littéraires, les bâtiments lourds de passé, les frontispices,  les portails, les escaliers, les parcs, les canaux, les noms de rues si familiers. Il n'y a qu'à Paris que les noms résonnent des mille et un écrits de Balzac à Simenon, de Rutebeuf à Dumas, de Molière à Jean Paul Sartre. Et les fantômes du cinéma, les Arletty, les Gabin, les Bourvil!  Paris est une bibliothèque où l'on croise l'ombre de ses héros à chaque carrefour. Et j'adore ça.     
                
J'ai rencontré mon fils, pris le temps de parler avec lui, de partager sa vie, et de découvrir un homme à la place de la silhouette de l'enfant sérieux qu'il était petit. A  huit ans, il voulait sauver les baleines, il a choisi d'être architecte,ça n'a rien à voir peut-être, en apparence. Pourtant, bâtir , de nos jours, ne peut se passer d'une vision écologique à long terme, sans laquelle l'homme sciera sa branche...Je ne peux m'empêcher, en tous cas, d'être fière de lui, mais quelle mère ne l'est pas de son rejeton, fût-il braqueur de banque ou mendiant au Népal...

J'ai rencontré enfin un livre qui m'a plu, une sorte d' essai philosophique présenté comme un roman, très justement, puisqu'il parle du roman de l'univers. "C'est une chose étrange à la fin que le monde" oui,  bien étrange,  que de se réveiller un matin et de se demander "qu'est-ce qu'on fait là?"et "pourquoi y a-t-il quelque chose au lieu de rien?"
Si on m'avait dit qu'un jour,  j'aimerais un livre écrit par Jean d'Ormesson, cet aristocrate de droite , cet académicien au phrasé ampoulé, qui ne figure pas, évidemment,  au nombre des amis de Brassens, Ferrat, Renaud et autres intellectuels de gauche! Oui, mais doit-on toujours s'abriter derrières les vieux clivages et s'empêcher d'aller fouiller derrière les étiquettes, pour écouter ce qu'un autre, apparemment différent et je dirais même diamétralement, peut avoir à nous dire et à nous apprendre? N'est-ce pas faire preuve d'ouverture d'esprit que de ne pas s'en laisser conter par un patronyme ou une image?
Qui aurait prédit, d'ailleurs, que ce même homme choisirait un vers d'Aragon comme titre à son livre? La vie est pleine de surprises. C'est une chose étrange, à la fin, que le monde...un bel alexandrin.
Bref, j'ai aimé ce livre et je ne saurais trop vous conseiller d'y jeter un œil, si vous aimez le frisson métaphysique des grandes interrogations, et le vertige que donne la quête d'une impossible réponse... Une histoire de l'univers et de l'humanité en accéléré pour les profanes, les candides comme moi, écrit délicieusement et simplement, avec cette petite pointe d'humour  désespéré d'un homme qui a aimé la vie passionnément et qui sent l'hiver approcher à pas de loup...



Post scripthomme
Dans la même veine, j'ai aussi rencontré  " un bel et sombre inconnu"
le dernier film de Woody Allen, avec dans le rôle d'icelui, un Anthony Hopkins émouvant en papy refusant de vieillir... et un Antonio Banderas qui a perdu de sa superbe. Mais  malgré son titre alléchant, pas de quoi en faire tout un fromage,  et je suis restée sur ma faim (fin?) le film n'est pas son meilleur film...

20 octobre 2010

Migraine

La migraine ne m'a pas quittée. Un cercle d'acier enserrant ma pauvre tête dont je ne suis pas parvenue à me débarrasser. Saint Ibuprofène, priez pour moi! Le surmenage sans doute des derniers jours. Mon corps somatise toujours à contretemps. Il y a de quoi...
Tentative de diagnostic...
Alors, d' abord,  il y a l'ambiance générale en France en ce moment, tensions, conflits, blocages, incompréhension, colère, intransigeance. Cette impuissance que l'on ressent à essayer de se faire entendre par un gouvernement aveugle et sourd. Ces injustices permanentes que nous vivons, l'affreux décalage entre les paroles de bois des ministres et leurs actes qui les trahissent. Ce sentiment de voir couler le bateau sans pouvoir rien  faire. Le sentiment de tout un peuple de se faire voler son histoire, ses conquêtes, son âme. Ce mépris que nous endurons de la part  des tenants de la classe dominante, qui se croient tout permis, l'étalage de leurs privilèges en guise de carte de visite . Et toujours la même rengaine jusqu'à la nausée dans les médias, chantant complaisamment d'une seule voix,  la même soupe.

Et puis il y a les petits tracas du quotidien, les petits soucis , panser les petits bobos, écouter, essayer de résoudre les questions auxquelles  toute maman doit répondre. 
Il y a ces paroles prononcées à mon encontre, gravées lourdement dans ma mémoire ,  qui reviennent, lancinantes, chaque jour, et qui ont laissé dans mon coeur une traînée noire comme les gaz d'échappement sur la neige. Pas un jour sans que j'y pense.
Et puis, là-bas, cette collègue qui souffre dans sa chair, là encore , un sentiment d'impuissance terrible, juste murmurer des mots de soutien et d'espoir, et prendre des airs légers qui puissent matérialiser cet espoir, lui donner corps, lui donner vie.
Mais aussi beaucoup d'émotions positives, heureusement, la joie, la fierté, le bonheur, celui de pouvoir se dire: "tiens, là, j'ai pas mal réussi" en secret bien sûr, devant le miroir, ou dans la psyché intimiste d'un blog anonyme au public tout acquis à sa cause. Parce que dans la vraie vie, il ne faut pas se réjouir de ses propres  réussites, ni de celles de ses enfants, cela n'est pas politiquement correct.

Au final, j'ai une palanquée de raisons d'avoir mal à la tête.. Sans parler des pétards, tambours, trompettes, mégaphones et vuvuzelas de la manif cet après midi qui ont fini de m'achever!
Je laisse le mot de la fin à  une jeune fille de bientôt soixante-dix ans qui m'a bien  fait rire aujourd'hui, quelle belle philosophie de la vie:
"A partir d'un certain âge, si tu te réveilles un matin et que tu n'as mal nulle part, c'est que tu es mort!"
A méditer.
image google

16 octobre 2010

Mille et une occasions...

...de se réjouir. 

Je tombe par hasard (?) sur le blog d'une jeune institutrice belge qui raconte ses débuts , ses difficultés pour décrocher un poste, ses premières angoisses, ses premiers émerveillements avec une candeur et une fièvre qui me ressemblent. Lorsque cela m'arrive, je veux dire de tomber comme cela sur un blog,  et pour peu que je sois accrochée par le thème, les mots ou l'histoire, et je remonte dans les archives jusqu'au tout premier post, et ensuite, cela se lit comme un roman.. Ma déception quand j'apprends tout à la fin qu'elle est partie à Singapour suivre son époux!..mais cela n'enlève rien au plaisir que j'ai eu à me retrouver dans son quotidien.

Un reportage à la télévision m'apprend l'existence, en forme de conte de fées , d'une autre femme, Lucia Iraci, belle sicilienne orpheline de père à deux ans,  ayant quitté son île natale après la disparition volontaire de sa mère, et qui s'est installée à Paris. Elle tient désormais un salon de coiffure réputé où elle coiffe gratuitement un jour par semaine des femmes abîmées par la vie, détruites, pauvres et seules. Une coiffeuse du coeur, en quelque sorte.

Bernard Werber sort son nouvel opus. Wouaou, encore une bonne nouvelle pour moi, qui adore ses livres. Et il  lance cette fois ses héros  Lucrèce et Isidore dans une enquête passionnante sur les origines de l'humour et du rire, enquête dont la victime se trouve être morte...de rire. Pas besoin d'en rajouter, je cours le lire. Je suis convertie, plus la peine de me démontrer l'utilité physiologique du rire, qui masse les organes et fait sécréter des endorphines. 
Téléscopage  incroyable de l'actualité, en même temps sur une autre chaîne, un reportage sur Annie Cordy, l'octogénaire belge en pleine forme qui crée une pièce de théâtre en ce moment à Paris...Une pêche d'enfer due très certainement à un entraînement intensif de ses zygomatiques... Et Bernard Werber d'ajouter avec son petit sourire espiègle:  "on soigne certaines maladies graves en faisant regarder aux gens des films drôles, des comiques, des bandes dessinées..."Il paraît que certaines personnes sont incapables de rire. Cette pathologie  porte un nom savant mais je l'ai oublié.


Nos députés pleins de bons sentiments dégoulinants, qui nous font la morale sur les retraites en nous culpabilisant, et en prêchant la rigueur au nom de la "justice" ne pensaient pas (sont-ils naïfs?) que l'on serait mis au courant de leur dernier exploit: rejeter à la quasi unanimité un amendement (le n°249) qui prévoyait un alignement de leur régime de retraite sur le régime général. La nouvelle tourne en boucle sur le net. "Travaillez, longtemps, cotisez, très longtemps, pendant que nous toucherons 1500 € de retraite après tout juste cinq ans de législature..." J'espère que cette turpitude mise au grand jour fera pencher la balance du côté du peuple...


photo internet

Méli-mélo

Elle a, comme la Chloé de l'Ecume des Jours,  un nénuphar qui lui pousse dans le ventre, et elle va devoir lutter pour l'extirper. Nous avons formé spontanément une chaîne d'amitié, nous allons lui écrire de nombreux petits messages, des anecdotes de l'école, des blagues, des mots tous simples qui vont l'aider à combattre cette chose. Et dieu que c'est rassurant de voir des êtres humains s'entraider, en ce monde brutal et insensible. Chacun se dit qu'il pourrait se retrouver à sa place et qu'alors, combien il apprécierait ces mots gentils, ces messages, ces petits signes qui raccrochent à la vie. Allez, après une semaine où les gorges se sont serrées, tout cet espoir qui jaillit, ça fait du bien.
Le ciel, plus que jamais, m'a paru brillant ce soir, et la lune gibbeuse riait , à demi cachée derrière son masque. 
Je me souviens d'un cours de philosophie en terminale, où notre professeur nous avait demandé, d'une manière originale, de nous approprier le cours en choisissant entre Rousseau et Voltaire, et de jouer, deux par deux, une saynète dans laquelle nous nous affronterions à coup d'idées. Ce genre de pugilat me plaît bien. J'étais Rousseau, et je défendis avec brio la thèse de la bonté naturelle de l'homme. Je dus être convaincante puisque mon Voltaire s'effondra sous le poids de mes arguments.
Cette petite heure de mon histoire personnelle décida certainement d'une part importante de ma vie, car mon penchant me porte toujours naturellement à chercher en mes semblables tout ce qu'il y a de meilleur. L'optimisme est pour moi  un art de vivre. Et j'ai ressenti dans vos messages une autre chaîne de solidarité, plus virtuelle, certes, mais pourtant si palpable, et tellement pleine de cet optimisme dont je me nourris! Merci à tous.


dessin internet

09 octobre 2010

Tristesse

La mort rôde alentour, au boulot, deux décès en deux semaines, l'ombre de la maladie qui plane  sur  ses proies comme un vautour, difficile d'en dire plus pour l'instant, si j'étais croyante, je prierais.Les arbres jaunissent, les ombres s'étirent. Je me sens si triste. Trop de choses difficiles à avaler cette semaine. Ces moments où l'on doit être fort,  ne pas sombrer, faire bonne figure. Ces moments , c'est idiot, où l'on voudrait seulement  être écoutée, être consolée, et où au contraire on vous envoie au visage ce que l'on pense être vos quatre vérités. Mais qui sait où est la vérité? Qui peut y prétendre? Mais que c'est dur de se faire reprocher d'être comme on est, et de voir fouler au pied le fragile édifice de ses convictions personnelles, tout ce à quoi l'on tient, à quoi l'on se raccroche,  au nom d'une étrange conception de l'amitié  qui voudrait que l'on se dise tout, y compris le pire. Et en même temps,  on se dit que ce n'est pas grave, son petit cas personnel, au regard de la souffrance des autres. Trop de mauvaises nouvelles, d'inquiétude, d'angoisse . Et même pas le droit de se plaindre. Alors je me réfugie dans l'écriture, mon havre, mon port d'attache, les jours où même entourée  je me sens seule face à moi-même, et à cette angoisse mortelle.
Allez, ça ira mieux demain sûrement.

05 octobre 2010

Célestine et ses petites cyclothymies

On a toujours plusieurs êtres qui cohabitent en soi, qui se bousculent, se fraient un chemin pour apparaître tour à tour dans la lumière, tandis que certaines faces plus sombres de notre personnalité restent tapies dans l'ombre. Je suis toujours un peu surprise de ce vacarme que font tous mes "moi" , parfois, quand l'attention (la tension?) se relâche et qu'un peu moins sur ses gardes l'on se prend à rêver...
Mais rien ne m'étonne davantage, vraiment,  que cette foule de sentiments contradictoires, subits, fugaces, lancinants qui m'étreignent dans une journée lambda. Difficile à expliquer...dans ces moments-là de " vagabondage mental", où mon esprit se met à battre la campagne, chaque minute développe en moi une nouvelle sensation,évoque un souvenir, et m'embarque dans une manière d'être. Je chavire, je me laisse bercer par une langueur délétère. Une odeur, un son, un mot, une pensée, une vision, et un instant plus tard, tout est balayé par une autre odeur, une autre son, .... Je me sens alors une liane, un roseau balançant à la brise, un blé qui ondule, une onde qui frémit. 
Je peux ainsi passer d'un bonheur absolu qui m'étreint comme un trop-plein de bien-être, comme une bulle de plaisir qui vient crever à la surface et me saoûle de son oxygène, à une tristesse infinie et soudaine, en passant par toute une palette de nuances indicibles: un frisson, une peine, un regret, une amertume, puis de la joie, de l'allégresse, une fébrilité jubilatoire qui presse mes lacrymales jusqu'à en expulser leur eau et à nouveau, comme un reflux, le ressac des ressentiments, des remords, des désespoirs, des vieux chagrins enkystés, des vieux rêves angoissés.... 
Je peux ainsi, en une heure de temps, passer plus de vingt fois d'un sentiment à l'autre, sans remuer un cil.  Avoir envie de soulever des montagnes, et l'instant d'après , de me terrer sans un trou de souris. De sautiller sur place de contentement , de m'émerveiller, ou de m'affaler dans mon découragement, de chanter et de pleurer, de vivre et de mourir, le tout intérieurement , sans rien laisser paraître.Il me semble même que dans ces moments-là, mon visage est encore plus lisse, mes yeux encore plus clairs, cependant qu'à l'intérieur c'est le Vésuve qui bouillonne...C'est amusant, ce jeu de cache-cache entre tous mes moi-mêmes, c'est surprenant cette capacité à éprouver , à  ressentir, à absorber comme une éponge molle tout ce qui passe. Mais c'est épuisant aussi, parfois, quand on voudrait que pour une fois, l'expression être d'humeur égale, d'humeur étale comme l'eau d'un lac, soit autre chose que lettre morte.

..."L'humeur du cyclothyme est chaude et mobile, passe facilement de la tristesse à la gaieté, de la joie à la douleur. Elle varie avec l'ambiance, est en accord avec la situation. On nomme aussi cet état syntonie. Les individus qui possèdent cette constitution ont leur humeur qui évolue par phases dont les changements, le plus souvent déclenchés par le milieu, se font brusquement. La tonalité de l'humeur imprègne toute la vie psychique, toute la conscience. Le cyclothyme est spontané, direct..."

WIKIPEDIA, article cyclothymie
Tableau John Constable , internet.