26 janvier 2011

Zone de turbulences et avis de grand frais

Ah la météo de l'âme! Elle en  fait couler de l'encre! Autant que l'autre, la "vraie"... Une météo avec son vocabulaire si étrangement semblable...Tempête, tornade, ouragan, mais aussi dépression, nuages noirs, petite bise aigre, zone de turbulences et avis de grand frais.
 Heureusement, chère Comtesse de Ségur! Après la pluie  le beau temps...
Me voilà donc sortie de cette mauvaise configuration atmosphérique. Le cockpit un peu secoué par les cisaillements du quotidien et de la méchanceté ordinaire. Mais vivante et plus forte que jamais. 
Au boulot, il faut tenir le cap, pas toujours facile dans les conditions actuelles de déliquescence de notre Education Nationale. Recevoir des parents d'élèves hargneux et pleins d'a-priori contre l'école, prêts à défendre leur progéniture contre vents et marées. Une progéniture de plus en plus déstructurée, sans repères, sans limites, et pas du tout disposés à entendre émettre une quelconque émanation de quelque autorité que ce soit.
"Main de fer dans gant de velours", la formule  a pourtant fait ses preuves, mais même avec le sourire, même en enrobant ses propos du miel de mille précautions, qu'il est difficile de faire entendre à raison à celui qui ne veut pas entendre...et qui n'est venu que pour "casser du fonctionnaire".
Semaine d'Evaluations Nationales...Ah! la douce musique des 1, 9, 9, 1, 0, 1, 1, codages abscons s'il en est (les connaisseurs savent de quoi je parle) où le 1 est la bonne note et le 9 la mauvaise...Cent codes par enfant, multipliés par 30 égale 3000 chiffres alignés dans des tableaux, censé donner une "photographie" du niveau des élèves. Que de temps mal employé, pendant lequel on aurait pu étudier une page  du dernier livre de Frank Prévot "Rien à voir", apprendre "Y'a d'la joie" de Charles Trenet,  distinguer les strato-cumulus des cumulo-nimbus, réciter "le Cancre" de Prévert  et comprendre enfin pourquoi zéro n'est pas le plus petit nombre qui existe...Mais il faut du chiffre, des résultats, ô la culture du résultat! La mise en équation de nos chères têtes blondes...Alors que dans le même temps, on se récrie contre les notes à l'école. Comme si les pourcentages n'étaient pas des notes...Quelle hypocrisie!
L'acharnement méthodique pour ne pas dire chirurgical avec lequel l'oligarchie dirigeante s'applique à mettre à terre l'Ecole Publique est de plus en plus lourd à supporter. Entendre le ministre parler d' "entreprise" au sujet de l'école, de primes au mérite pour les recteurs et les proviseurs (pour leurs bons et loyaux services , c'est à dire le nombre de postes supprimés, d'économies substantielles réalisées sur le dos des élèves et des professeurs) voir presser, presser toujours plus le citron des personnels,  pousser les profs à la faute, au découragement, au désespoir, au suicide ,  leur fermer la bouche, les diviser en créant des situations de plus en plus individualisées, voilà des épines bien acérées dans le cœur d'une institutrice attachée à des valeurs surannées  comme la solidarité, la laïcité, le Service Public...
La phrase mise en exergue dans mon profil n'a jamais été autant d'actualité. Je suis dépitée. Je crois que durant ces quelques jours, je suis devenue une instituTRISTE... Triste , très triste de devoir se battre contre l'inhumanité des services académiques qui retirent froidement des journées de paie , par erreur, à des collègues en difficulté, et refusent de reconnaître leur faute, triste de devoir rappeler quotidiennement aux collectivités locales que les murs, les fenêtres, le toit, les sanitaires , bref, l'état général d'une école de 40 ans demande un peu de soin, de rénovation, de considération, et en retour?  L'indifférence des décideurs, la négligence des services concernés, qui laissent des enfants travailler depuis des mois dans des classes où il fait à peine 15 degrés, où le vent s'engouffre dans des interstices de fenêtres de plus en plus inquiétants, avec de lugubres plaintes de château écossais. Ce pourait être romantique si ce n'était pas surtout pitoyable. Pas un jour sans une fuite de radiateur, un court-circuit électrique, un verrou coincé, un mécanisme grippé, une peinture en lambeaux, un wc bouché,  pendant que nos élus se pavanent dans des bureaux climatisés, des locaux flambant neufs et posent leur  cul sur des fauteuils de cuir...Certains petits événements de la semaine en seraient presque comiques. Comme ce collège privé qui demande effrontément aux écoles de la ville d'imprimer et d'afficher leur publicité pour leur "journée portes ouvertes" . N'importe quoi. Inconscience ou perversité? Toujours est-il que les réponses (unanimes) des collègues à cette ineptie me prouvent que même agonisante, l'école publique n'est pas encore morte. Elle a même du punch. J'ai saisi cette embellie comme une planche de salut...Sur fond de révolution tunisienne, la moindre étincelle est un espoir à saisir.
Oui, il faut bien admettre que mon enthousiasme naturel, mon optimisme légendaire, toujours là  en temps normal, ont cédé la place momentanément à un certain ras-le-bol. Mais c'est comme au poker, je vais me refaire! Je sens que je vais déjà mieux...

photo empruntée à ce blog

17 janvier 2011

Attendre

 Petit éloge des préliminaires...

  Alain X nous a écrit un beau billet sur  l'attente. Certes, il faut jouir de l'instant présent , le Carpe Diem, le "Hic et Nunc" sont à la mode. Pourtant c'est vrai que beaucoup d'entre nous passent leur vie à attendre, à languir, à avoir hâte...et ne se rendent pas compte que ce qui fait la Vie, ce n'est pas ce qui est au bout du chemin, mais le chemin lui-même.
Certes, certains instants présents sont durs à avaler, certaines épreuves pénibles, et personne ne songerait à se délecter de séance chez le dentiste, ou de vivre un deuil.
Quand les temps sont durs, il est doux d'espérer en des lendemains qui chantent.
Bien sûr, on aimerait que les enfants ne grandissent pas trop vite, qu'ils ne prononcent pas toujours ces phrases-aiguilles qui nous piquent le cœur: " Vivement les vacances!" , "Quand je serai grand"  , "Quand j'aurai dix-huit ans" , " je languis mon nouvel Ipod"  , "c'est quand Noël? ", "J'ai hâte d'être sur mes skis!" ...Sales gosses! Toujours pressés, jamais contents...Et le pire, c'est  que si on les appelle,  ils  répondent invariablement "Attends!"

On se dit, à juste titre, que les moments où l'on n'attend rien sont des moments de pur bonheur, d'équilibre parfait, où l'on ne regarde ni en arrière , ni en avant...
Mais pourquoi semblent-ils si rares, ces instants merveilleux? Peut-être parce que notre nature profonde fait de nous des êtres toujours en mouvement, toujours en questionnement, peut-être parce qu'attendre fait partie de notre souffle originel. Attendre , c'est être vivant, c'est se dire qu'il y aura un après, à Saint Germain des Prés, un demain,  un ailleurs, c'est se situer dans la ronde folle du temps en ayant l'impression d'en tenir un petit peu  les rênes. De maîtriser notre destin.
Attendre, c'est s'habiller le cœur, comme le renard l'apprend au Petit Prince. C'est l'attente qui fait monter le désir, c'est l'attente du repas longuement mijoté qui en fait la saveur,  c'est l'attente qui prépare à être mère durant neuf longs mois. Certains gestes essentiels de la vie ont besoin de temps.
Attendre du plaisir, c'est déjà du plaisir. 
Mais gardons nous de passer à côté de l'essentiel , et de prendre la proie pour l'ombre en courant après des chimères.
Merci cher AlainX de nous le rappeler.

Photo internet

13 janvier 2011

Le monde se partage en deux catégories...

Connaissez-vous la cultissime réplique du film non moins cultissime "Le Bon, la Brute et le Truand"
"Le monde se partage en deux catégories: ceux qui ont un pistolet, et ceux qui creusent"?
Pour la paraphraser, je dirais volontiers que le monde des blogs  se partage en deux catégories: ceux qui lisent les commentaires des autres avant d'écrire le leur, et ceux qui postent d'abord et qui regardent ensuite.
J'avoue que les deux positions se défendent. Les premiers ne veulent pas donner l'impression qu'ils ont bêtement copié l'opinion des autres, et dans un souci bien légitime de ne pas lasser le lecteur, ils essaient alors d'être originaux, d'utiliser d'autres mots, d'appuyer sur un autre point du billet, de donner un éclairage nouveau. Ceux-là font partie des prudents qui ne sauraient aller voir un film ou lire un livre sans avoir visionné la bande-annonce ou lu moult critiques.
Les seconds écrivent d'abord, sans considérations pointilleuses de sémantique ou de vocabulaire, exprimant naturellement  leur ressenti, et trouvent ensuite très divertissant de regarder ce que les autres ont écrit, constatant parfois des convergences de vue et d'expression extraordinaires, ou au contraire des divergences inattendues. Ils préfèreront ne rien savoir d'un film ou d'un livre et ne craindront pas de  s'en faire une idée personnelle.
J'avoue qu'entre les deux mon coeur balance. Et vous, de quel côté du pistolet êtes-vous?

08 janvier 2011

"Tout passe..."

Il y avait eu le temps sublime de la Rencontre. Un temps d'oiseaux et de fleurs. Un temps de miel. Tout était neuf, tout était possible, on s'émerveillait l'une de l'autre, on aurait dit l'aube du monde. 
Il y avait eu cette apprivoisement progressif, comme dans une histoire d'amour. D'ailleurs, cette connivence, ce goût d'être ensemble, ce partage de tant de folies, d'éclats de rire, de découvertes, ressemblaient beaucoup à une histoire d'amour. Elle, et l'Autre.  Comment, par quel miracle , par quel lien obscur et lumineux, se pouvait-il qu'elles fussent à la fois si semblables et si différentes? Pourtant cela fonctionnait malgré les réticences de certains , toujours enclins à penser à votre place, à vouloir malgré vous votre bonheur. 
Elle n'avait jamais cédé aux mises en garde, elle aimait cette Autre tout simplement, comme Montaigne aimait La Boétie. Parce que c'était ainsi.
Il y avait eu le temps des premiers nuages, des brouilles passagères auxquelles Elle n'accordait pas plus d'importance que ça, persuadée de la constance forcément éternelle de ce genre d'indéfectible relation. Son cœur tout mou en sortait bien un peu égratigné, à chaque fois, mais l'Autre revenait, et d'une fleur, d'une parole,  effaçait les malentendus. N'était-ce pas le plus important? Elles reprenaient le fil,  comme on rattrape, d'une aiguille experte, quelques mailles perdues dans un tricot.
Il y avait eu , enfin, le temps de la Rupture, un orage plus fort et plus implacable que les autres et qui avait tout raviné sur son passage. Il fallait maintenant qu'Elle apprenne à vivre sans son Autre. Cette Autre qui avait pris le risque de la perdre, une fois de plus. Une fois de trop.
Il fallait qu' Elle l'oublie. Qu' Elle apprenne à rencontrer l'Autre par hasard au détour d'une rue, et à n'être plus rien pour elle qu'une vague relation que l'on salue, que l'on embrasse  machinalement avant de tourner les talons en vous plantant là, hagarde et désemparée, le cœur ravagé une fois de plus. Une fois de trop. Il fallait du temps pour qu 'Elle s'habitue.
Elle aurait dû prêter plus d'attention à une phrase que l'Autre disait souvent. "Tout passe..."
C'était une phrase assassine. Naïvement, Elle n'aurait jamais pensé que ces deux petits mots s'appliqueraient un jour à leur histoire.

03 janvier 2011

On en rêvait, Sven l'a fait

Mon homme du jour s'appelle Sven Svebak . Bon d'accord, il a un nom à coucher dehors,  et par les temps qui courent ce n'est pas une sinécure...Alors c'est qui ce Sven Tructruc? Mais c'est un chercheur, mazette! Un chercheur norvégien. Il a très sérieusement cherché l'influence du rire sur la longévité. Et il a trou-vé. Si, si, c'est officiel. Le sens de l'humour  augmente l'espérance de vie de 20%,  prolonge la vie de sept années. Sept années, mesdames messieurs, c'est énorme! Et même pas besoin de rire à gorge déployée: un pétillement dans le regard suffit...
Voilà une petite nouvelle bien anodine, perdue dans le fatras des sinistres annonces coutumières. Mais elle a attiré mon oreille, comme par hasard. Et elle m'a mise en joie.  Je le savais, j'en étais sûre, mais une caution scientifique, ça a de la gueule dans les soirées, pour défendre un point de vue."International journal of psychatry in medicine", ça en jette quand même...
 Aujourd'hui, c'était la rentrée. Et bardée de ma bonne nouvelle, je suis allée au boulot le coeur léger. Et franchement, pour partir dans le froid et la nuit, affronter sa majesté le Mistral dans ses déchaînements frénétiques, il fallait ce matin une bonne dose d'humour ! De quoi gagner au moins une semaine d'existence.
En même temps, si j'ai le choix, les sept ans supplémentaires, je préfèrerais que ce soit sept ans d'été...

   

01 janvier 2011

Souhaits de bonheur

Quelques notes de musique   ♪♫♫♪
Le parfum d'un bol de café dans le silence du matin
Le vol d'une mouette
Un sourire d'enfant

Un rayon de soleil, un petit nuage blanc jouant avec la lune
L'odeur d'une nuit d'été pleine de chants d'insectes
Un parapluie couleur arc-en-ciel
une bonne nouvelle
un livre haletant
cueillir des coquelicots, danser sous la pluie, tricoter des chaussettes
faire sauter des crêpes, gagner un concours,
rire
sourire
danser
courir
flâner

Que 2011 soit pour vous l'année des petits bonheurs
et que leur somme vous apporte
Tout le bonheur du monde