La petite réceptionniste de l'hôtel est une belle jeune femme au sourire épanoui.
Quel accueil agréable et dénué d'affectation ! mes antennes extra sensorielles vibrent, un grésillement reconnaissable entre mille : elle est de ces êtres lumineux vers qui j'ai envie d'aller, quand je me sens parfois perdue comme une phalène dans le noir.
L'allure d'une danseuse, des yeux rieurs et un bel accent qui chante.
Je lui demande d'où elle vient.
Elle me dit qu'elle est chilienne. Nous parlons. Longtemps. Je suis impressionnée par sa maîtrise du français, son vocabulaire soutenu. Elle me raconte, là-bas, son père, poète à ses heures, et emprisonné pendant la dictature. Je pense à Neruda.
Elle me raconte sa vie d'étudiante, et son bonheur d'être en France ! C'est bon à entendre, quand tant de gens dénigrent et abîment ce beau pays en ce moment.
Elle reste éveillée toute la nuit, c'est son job, gardienne du sommeil des clients, une déesse-lare, enjouée, bienveillante.
Elle me parle des étoiles dans le désert d'Atacama, si extraordinaires, de la lumière de son pays, elle me parle de la thèse qu'elle va écrire, en résidence d'écriture à Aurillac. Elle étudie la danse et son travail portera sur Pina Bausch. La grande chorégraphe atemporelle.
Je lui montre mes dessins, mon blog, je lui raconte ma vie. Je lui parle de mes amies, de la liberté, de l'amour. De mes espoirs en un monde meilleur.
En dix minutes, l'Humanité profonde prend le dessus, celle qui efface les frontières, qui aplanit les doutes et les différences et porte en elle le germe de tous les espoirs, comme une éclaboussure de vie. On n'est plus que deux amies sous la voûte étoilée.
Dans le silence ouaté du coeur de la nuit, dans ce hall d'hôtel, deux âmes se sont reconnues.
Valentina, grâce à toi, j'ai vu le soleil de minuit sans quitter Paris.
Valentina, grâce à toi, j'ai vu le soleil de minuit sans quitter Paris.
Merci.
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