On a toujours plusieurs êtres qui cohabitent en soi, qui se bousculent, se fraient un chemin pour apparaître tour à tour dans la lumière, tandis que certaines faces plus sombres de notre personnalité restent tapies dans l'ombre. Je suis toujours un peu surprise de ce vacarme que font tous mes "moi" , parfois, quand l'attention (la tension?) se relâche et qu'un peu moins sur ses gardes l'on se prend à rêver...
Mais rien ne m'étonne davantage, vraiment, que cette foule de sentiments contradictoires, subits, fugaces, lancinants qui m'étreignent dans une journée lambda. Difficile à expliquer...dans ces moments-là de " vagabondage mental", où mon esprit se met à battre la campagne, chaque minute développe en moi une nouvelle sensation,évoque un souvenir, et m'embarque dans une manière d'être. Je chavire, je me laisse bercer par une langueur délétère. Une odeur, un son, un mot, une pensée, une vision, et un instant plus tard, tout est balayé par une autre odeur, une autre son, .... Je me sens alors une liane, un roseau balançant à la brise, un blé qui ondule, une onde qui frémit.
Je peux ainsi passer d'un bonheur absolu qui m'étreint comme un trop-plein de bien-être, comme une bulle de plaisir qui vient crever à la surface et me saoûle de son oxygène, à une tristesse infinie et soudaine, en passant par toute une palette de nuances indicibles: un frisson, une peine, un regret, une amertume, puis de la joie, de l'allégresse, une fébrilité jubilatoire qui presse mes lacrymales jusqu'à en expulser leur eau et à nouveau, comme un reflux, le ressac des ressentiments, des remords, des désespoirs, des vieux chagrins enkystés, des vieux rêves angoissés....
Je peux ainsi, en une heure de temps, passer plus de vingt fois d'un sentiment à l'autre, sans remuer un cil. Avoir envie de soulever des montagnes, et l'instant d'après , de me terrer sans un trou de souris. De sautiller sur place de contentement , de m'émerveiller, ou de m'affaler dans mon découragement, de chanter et de pleurer, de vivre et de mourir, le tout intérieurement , sans rien laisser paraître.Il me semble même que dans ces moments-là, mon visage est encore plus lisse, mes yeux encore plus clairs, cependant qu'à l'intérieur c'est le Vésuve qui bouillonne...C'est amusant, ce jeu de cache-cache entre tous mes moi-mêmes, c'est surprenant cette capacité à éprouver , à ressentir, à absorber comme une éponge molle tout ce qui passe. Mais c'est épuisant aussi, parfois, quand on voudrait que pour une fois, l'expression être d'humeur égale, d'humeur étale comme l'eau d'un lac, soit autre chose que lettre morte.
WIKIPEDIA, article cyclothymie
Tableau John Constable , internet.
c'est aussi le signe d'une sensibilité vivante, vibrante à chaque instant.
RépondreSupprimerCela contribue à la richesse de ta personnalité.
Certains bouillonnements sensibles s'apaisent quelque peu en rejoignant les profondeurs de soi.
Oh ces passages d'un état à l'autre, de l'éclat lumineux au trou noir...je connais bien et depuis quelques temps les moments sombres n'en finissent pas. C'est long de guérir un chagrin et pourtant je m'applique!
RépondreSupprimerVeux-tu qu'on fonde un club ? M'est avis qu'on doit être une tripotée à osciller ainsi de l'allégresse au désespoir ( j'exagère, bien sûr ).
RépondreSupprimerSavoir qu'on n'est pas seul ne rend pas la chose forcément plus facile.
Allez, haut les cœurs !
Prends soin de toi. Belle journée avec bises
RépondreSupprimerben je m'inscris volontiers dans le club. C'est quand même parfois fatiguant à vivre de passer d'un état à un autre, sans avertissement!
RépondreSupprimerC'est éreintant, mais tellement enrichissant, comme le dit AlainX mieux que moi. Ne change pas trop, on t'aime comme tu es...
RépondreSupprimerLa cyclothymie est peut-être liée à une sensibilité accrue. .. et pour moi, être sensible est loin d'être un défaut, au contraire. Reste comme tu es !
RépondreSupprimerC'est souvent pour cela que l'on a peur de dire ce que l'on a sur le coeur. Ce que je pense, ressens maintenan aura-t-il un sens plus tard, demain?
RépondreSupprimerDamien tu ne peux pas savoir combien tes paroles trouvent un écho avec ce que j'ai vécu aujourd'hui même! Difficile d'en parler, là, mais dans un prochain billet je m'expliquerai.
RépondreSupprimerMerci à tous pour vos réponses qui me touchent beaucoup, même si je ne trouve pas toujours le temps d'y répondre.
Delphine a raison, on t'aime comme tu es.
RépondreSupprimersourire
Math
Bonjour
RépondreSupprimerJe transmets un peu de mon témoignagne. je me sais Bipolaire depuis 2004 et depuis quelques années je suis stabilisée (avec traitements et thérapie). Je vis paisiblement.
je suis également artiste: peinture, flûte traversière et d' ailleurs j'aime beaucoup la musique de Jean Pierre Rampal et la peinture de ta première page.
je te souhaite de l'espoir. Bien cordialement.
Gigi
Merci beaucoup Gigi pour ton témoignage. Je ne suis pas vraiment bipolaire au sens médical du terme. Simplement un peu cyclothymique. Mais j'ai écouté tes paroles avec beaucoup d'attention.
SupprimerAmicalement
Ce mot de bipolaire, qui est très abstrait pour moi (il me semble qu'il a été inventé tout récemment) me fait penser que notre bonne vieille terre possède aussi deux pôles et que ça ne l'empêche pas de tourner fort régulièrement, ma foi. Et que nos sacrés aimants également : ils ont un côté attirant et un qui repousse, comme tout un chacun, il me semble ? Ceux qui aiment bien ranger les gens dans un sac feraient bien d'en prendre deux ou plus pour affiner leur jugement. Même Milou, le brave Milou, a un angelot et un diablotin qui le suivent partout, alors ho hé hein ? Bon ! Si c'est pas de l'argument définitif, ça d:^) ?
RépondreSupprimerTu sais que je t'aime toi?
Supprimer^^