Tu poses ta patte sur ma cuisse, ainsi qu'en ton appartement, délicatement mais sans hésiter, dans un geste auguste de propriétaire satisfait . Tu tournes vers moi ton beau regard d'opale qui est une énigme différente à chaque fois. Dis, à quoi peux-tu bien penser quand tu malaxes de tes griffes ce vieux plaid de laine qui reste toujours sur le sofa pendant l'hiver? Celui dans lequel j'aime me lover quand le froid frappe les vitres de ses doigts de givre.
Tu avances délicatement une patte et puis l'autre, en alternance, les yeux mi-clos, dans une pose extasiée de jouisseur de l'instant.
Qu'il est drôle, ce mouvement lancinant propre à tous les chats, vieille réminiscence, paraît-il, de l' âge d'or : le temps béni où ils tétaient, enfouissant leur museau rose dans le poitrail soyeux de leur mère !
Je n'ai qu'une couverture usée mais elle sent bon l'assouplissant, vanille ou lavande, je ne sais plus . Il semblerait qu' elle te convienne, mon beau chat, fort doux et charmant, à t'entendre ronronner comme une sur-jeteuse .
Mais voilà que tu me montes sur le ventre: laisse moi-donc regarder mon film, accaparant seigneur des lieux! Quel film, demandes-tu? Lucchino Visconti. Le Guépard. Un de tes congénères, en somme. Celui-là a la grandeur éternelle des œuvres mythiques : pas une ride. Tu es sceptique? jaloux? Non? Si, je le vois bien. Ce guépard-là n'est pas de ta famille.
Tu prends un air de suprême indifférence quand je me noie de plaisir dans la scène où la jeune Claudia Cardinale et son incendiaire beauté font irruption dans ce salon aux ors défraîchis, où malgré les couleurs sépia de la copie outragée par les ans, son insolent éclat crève l'écran . Il faut voir les regards, alors, celui des hommes, le Prince Fabrizio, Tancrède son neveu, Don Calogero, et même le père Pironne, le Jésuite dévot faussement courroucé...oui, un regard lourd de concupiscence, de désir fou, d'incrédulité muette, d'admiration ostentatoire...Et celui des femmes, lourd aussi, de jalousie refoulée, de pruderie offusquée, de colère et d'inquiétude légitimes...devant cette déesse menaçante dans son innocence même. La peinture par le maître, des soubresauts de l'aristocratie sicilienne décadente sur fond de révolution garibaldienne, tient du génie dans cette simple scène.
Tu prends un air de suprême indifférence quand je me noie de plaisir dans la scène où la jeune Claudia Cardinale et son incendiaire beauté font irruption dans ce salon aux ors défraîchis, où malgré les couleurs sépia de la copie outragée par les ans, son insolent éclat crève l'écran . Il faut voir les regards, alors, celui des hommes, le Prince Fabrizio, Tancrède son neveu, Don Calogero, et même le père Pironne, le Jésuite dévot faussement courroucé...oui, un regard lourd de concupiscence, de désir fou, d'incrédulité muette, d'admiration ostentatoire...Et celui des femmes, lourd aussi, de jalousie refoulée, de pruderie offusquée, de colère et d'inquiétude légitimes...devant cette déesse menaçante dans son innocence même. La peinture par le maître, des soubresauts de l'aristocratie sicilienne décadente sur fond de révolution garibaldienne, tient du génie dans cette simple scène.
Non, mais je rêve! je te décris une des scènes les plus sublimes du film et toi, tu te lèches le postérieur dans une parfaite et révoltante indécence!
Ne me fais pas ces yeux de merlan frit, vilaine bête! Je désespère de te faire partager un jour ma passion pour le cinéma italien, c'est tout. Quoi? des pubs sur Arte? où est passé mon film? Ne me dis pas que ta patte est tombée comme par hasard sur la télécommande...
voilà, je viens d'éteindre la télé sur le générique :-)
RépondreSupprimerquelle coincidence que tu en parles justement!
par contre mes chats ont dormi juste à côté, même le miaulement d'un matou quand le prince rentre chez lui à pied après le bal ne leur a pas fait lever la tête ;-)
:~)))
RépondreSupprimerCela t'apprendra ! La prochaine fois, tu iras louer "le Chat" au video-club du coin !
Le mien a marché sur la télécommande du décodeur pendant que j'enregistrais en automatique et du coup j'ai loupé la fin de ma série du moment :(
RépondreSupprimerAh s'il avait la parole, comme le chat botté.... Rires...
RépondreSupprimerBises et belle journée
Quel coup de jeune !
RépondreSupprimerMe voici replongé dans un temps où j'aimais encore le cinéma au point d'y aller...
Mais on voit tout de suite qu'il sait rivaliser sans peine avec Claudia Cardinale... et qu'il est bien plus souple :-)
RépondreSupprimerTiens moi j'ai un chien et il ronronne aussi. Parfois également il zappe sans le faire exprès...
RépondreSupprimerClaudia bellissima ragazza !
RépondreSupprimerComment je prêche pour ma paroisse ?
Tu as l'art de nous inviter, par ces mots, à nous asseoir quelque temps à tes côtés sur ce canapé. (Comment ça "fais gaffe au chat!!" ? Ah, oups, je l'avais pas vu...j'ai failli m'asseoir dessus, j'avais les yeux ailleurs... ! )
RépondreSupprimerLes chats font aussi d'adorables chaufferettes.
RépondreSupprimerEh oui sur la télécommande la "6" est tout près de la "7" hélas !! Les antipodes de la télé :)
RépondreSupprimerJe pense que ton chat préfère les pub "Wiskas" ou "Félix" :lol:
Trop beau ton minou !:-)) Il a tes yeux !:-)) ♥
RépondreSupprimerNi chat ni chien, ni dieu ni maître, pour savourer cette scène, les regards, les dits et les non-dits...J'ai seulement regretté de rentrer trop tard pour voir ce grand film dès le début:-)
RépondreSupprimerEt moi, je suis le chat. Je suis le maître de ces lieux et si j'ai permis à ces hommes de s'y installer, c'est parce qu'ils me nourrissent et qu'ils me plaisent aussi. Ce n'est pas une raison pour qu'ils fassent la loi ! Qu'ils ne m'imposent pas ces histoires insipides de la vie des hommes sur le téléviseur. Je veux voir les pub d'aliments pour chats, voir les airs ravis de mes congénères avalant autre chose que ces mets dont je trouve qu'on change trop peu souvent le goût. Je suis le roi des animaux ...en modèle réduit et j'ai comme tous les modèles réduits de roi mes caprices et mes exigences. Si j'ai choisi cette femme aux beaux yeux comme maîtresse, c'est pour qu'elle me flatte, qu'elle me cajole, qu'elle me caresse....qu'elle ne s'occupe que de moi. Je lui ai bien montré qu'il fallait choisir. Je crois qu'elle a compris. Mais je cesse les caprices dès que je sens que je pourrais me rendre ainsi odieux. Je ne voudrais surtout pas qu'elle cesse de s'occuper de moi.
RépondreSupprimerPromis maitresse, je rentre dans le rang sur cette couverture qui sent l'adoucissant (j'ai horreur de cette odeur).
Une autre animal : Onyme, l'âne.
Ps : De toutes façons il n'y a que PSV qui comprend.
Mon beau-frère préféré ne va plus au cinéma depuis "le guépard": s' en est pas remis, l' animal!!!
RépondreSupprimerJe pense qu' il a bavé l' autre soir avec sa grosse matoune qui "faisait du pain" sur son ventre....
Génial."Converser" avec ton chat : prétexte pour parler de son concurrent le guépard et de ton amour pour les films italiens. Très beau texte. Amicalement. Henri.
RépondreSupprimerEt nous voilà avec deux autres passions communes: les coussinets des chats et le cinéma italien....
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