On est bien, bien, bien, mais alors ce qui s'appelle bien. Avec trois grands B. Je t'entends soupirer d'aise. On vient de planter des bambous. Cinq bambous superbes qui étofferont ce coin du jardin, dépouillé par la dernière tempête de neige qui a sévi il y a deux ans. Par la baie sans rideaux qu'on appelle l'aquarium, fenêtre large ouverte sur la verdure, on contemple notre travail. Encore emplis de l'odeur de la terre, des feuilles, des champignons, de cette belle pourriture noble qui ensemence et nourrit, le cycle de la vie, le terreau noir, les racines...
On a beau jardiner en amateurs, l'émotion est la même : au contact de la nature, les bleus à l'âme, les ecchymoses du coeur, tout s'envole. On oublie tout. On oublie à quel point on est pris pour des jambons par le flux ronronnant de la parole médiatique, qui nous harcèle de tant de bons conseils sirupeux pour prendre « soin de soi » : rester bien loin les uns des autres, surtout ne pas se toucher, ne pas s'embrasser, ne pas respirer autrement qu'à travers un filtre synthétique...Pauvre époque. Je le dis sans équivoque : on perd le sens. Vivre, ce n'est pas s'abstenir de prendre des risques. Surtout le risque majeur, celui dont on ne dit pas le nom, par pudeur idiote ou par peur mesquine. Vivre est une maladie mortelle.
Le vrai sens de la vie, c'est les peaux qui se frôlent, boire dans le même verre pour lire dans les pensées de l'autre, sentir le roulis et le tangage de l'aventure humaine, sur un long fleuve fluide de sueur, de sang, de lait, de larmes, de salive, de sperme, de cyprine. L'aventure de la vie, c'est de se mélanger, comme le sel à la mer, l'algue à la rivière et la graine à la terre.
Alors on est bien.
Pour l'atelier du Goût, il fallait placer les mots
Pourriture, amateur, jambon, ecchymoses, tangage, rideaux, équivoque, harceler, s’abstenir.
De tous les textes que j'ai lus jusque-là sur cette consigne, tu es la première qui traite le sujet positivement, ce qui bien évidemment ne m'étonne pas de toi.
RépondreSupprimerPrendre soin de soi n'est pas une affaire de bons conseils, mais de bonne attitude intérieure en toutes circonstances, ou du moins le plus souvent possible.
Les peaux qui se frôlent (et plus que ça), le même verre, c'est toujours tout à fait possible, mais simplement : pas avec n'importe qui…
juste une restriction : lire dans les pensées de l'autre… au grand Dieu ! Pourvu que ce ne soit jamais, mais strictement jamais, possible ! ;-)
Eh oui, je fais un peu figure de ravie de la crèche dans la blogosphère...La différence avec avant, c'est que maintenant je m'en fouche comme de ma première chaussette... La Petite Fille s'assume enfin comme elle est : positive, résolument, viscéralement. Mais lucide.
SupprimerFranchement, je plains les jeunes en ce moment : pas facile de pécho avec un masque ! Tous les codes de la séduction, les marches d'approche, les parades nuptiales, tout est faussé...
Ce que je mets en cause, c'est surtout la jugeote défaillante des créateurs de slogans. Un exemple que j'ai vu dernièrement : « Le monde appartient à ceux qui se lavent les mains » Putain, nous on a eu « sous les pavés la plage » question rêve c'était quand même plus fun. c'est pas avec des phrases comme ça qu'on va donner un souffle nouveau à une société...Remarque, Ponce Pilate doit être tout étonné d'être ainsi réhabilité. ;-)
Ne te méprends pas, je fais tout bien comme il faut, les doses, le pass et tutti quanti.
Ça ne m'empêche pas de réfléchir...C'est cela, ma bonne attitude intérieure pour prendre soin de moi. Je ne gobe pas tout ce qu'on me dit comme parole d'évangile.
Mon père appelait ça « garder son quant à soi »
Pourtant, il était militaire...mais je ne te refais pas mon film, tu le connais...
Bisettes, mon Babar
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Tu sais ce que j'ai sur une étagère toute l'année dans mon bureau ? Et que je vois depuis cet ordinateur : ce sont deux ravis de la crèche, parce que derrière certaines de mes façades, ils sont là…
SupprimerPour les jeunes, je sais pas trop. J'ai l'impression que chacun trouve toujours son souffle nouveau quels que soit les baratins environnants. J'observe un peu ça chez mes 6 petits-fils disons ceux dans la tranche 15/21 ans avec qui j'entretiens une correspondance par mail dont il semblerait qu'ils l'apprécient… si j'en crois la longueur de certaines réponses. Et bien je les trouve largement meilleurs que moi au même âge !
Certes. Je ne doute pas de la grande pertinence de tes petits-enfants. Mais tous les jeunes n'ont pas forcément la facilité de nouer des relations...Enfin, je ne demande qu'à croire que l'exemple de tes petits-enfants soit la majorité, et que notre belle jeunesse va rebondir à tout ce pataquès.
SupprimerEt puis, je suis ravie que tu aies des ravis dans ton panthéon personnel. ;-)
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Faites gaffe, c'est envahissant les bambous ! Mais c'est pratique : ça fait rideau !
RépondreSupprimerAlors l'idée, là, justement, c'est que ça fasse rideau...
SupprimerPour l'invasion, on va faire attention. On va traquer la pousse de bambou, paraît que c'est super bon pour la santé...
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En principe, on se mélange avec quelqu'un qu'on connait depuis plusieurs jours, on ne risque que la maladresse :)
RépondreSupprimerÇa me rappelle une réplique entendue dans un film...
SupprimerN'écoutez pas ceux qui vous disent : « Ne parle pas aux inconnus ». Si votre mère et votre père n'avaient pas désobéi, la plupart d'entre vous ne seraient pas nés...
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Ah ! Je te reconnais là, Célestine !
RépondreSupprimerTu n'as pas vu le coquard de la fille !
Tu n'y as vu qu'une ombre sur la paupière d'une fille fatiguée après un câlin d'enfer (oui, un vrai câlin se doit d'être d'enfer ! Je suis bien d'accord ! )
Pour le reste, ma foi, je suis entièrement d'accord avec toi, il faut se toucher, s'embrasser, se goûter, etc.
Mais si je connais le goût du sang, du sucre, du lait, de la sueur, des larmes, de la cyprine, pour celui du sperme, j'avoue mon ignorance...
Un concours de circonstances sans doute.
Je serais curieuse de connaître le pourcentage de mecs qui sont dans ton cas...Et pourtant, avant de proposer un produit à déguster, on doit le goûter soi-même, c'est la base de la grande gastronomie française...Bon j'avoue que tu m'as tendu une perche..Enfin, si j'ose dire, quand on aborde des sujets glissants...
SupprimerQuant au coquard, ben non, je l'ai pas vu du tout... Dingue, non ?
(en même temps, j'aurais dû me douter que tu n'avais pas tris le mot ecchymose par hasard.
Influenceur, va !
En tout cas, je me suis bien reconnue dans cette rousse d'enfer. ;-)
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T'af'd'ac avec Cel : distribuer un produit dont on ne sait rien n'est guère étique.
SupprimerIl semble en tous cas que "Le goût" ne soit pas curieux, pasque quand même, quand on a la source à portée de paluche !
On ne propose jamais à déguster, seule la curiosité des camarades de jeux fait que la chose arrive.
SupprimerC'est comme ça que j'ai appris le goût de la cyprine.
Bien sûr, la curiosité d'ado pousse à se renseigner... ;-)
Je vois qu'on a affaire à des experts, par ici... je m'incline ! ;-)
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J’aime bien des choses chez toi Célestine, mais tout particulièrement la sagesse qui t’anime, ton humanisme et cette façon simple de l’écrire. Ton billet fait chaud au cœur. Ta description des bonheurs ordinairement généreux rend la vie plus facile. Merci.
RépondreSupprimerQuant à nos existences parallèles, pas de doute, elle existe bel et bien. Je me revois ce weekend, assis sur le canapé avec notre fil, contemplant la plantation de sa haie que nous venions de terminer chez lui au travers de sa baie vitrée.
Oui se toucher est important. Garder l’idée que la mort est notre voisine, toujours prête pour une visite impromptue. Ça donne envie de vivre encore plus fort !
Bises vivantes !
Cette sagesse, les anciens l'appelaient « le bon sens ».
SupprimerLa boussole intérieure, c'est la seule qui vaille dans un monde où les informations (vraies ou fausses) déboulent comme des nuages de grêle sur notre vie.
Et ce qui me rend triste, parfois, c'est de voir que mes congénères perdent cette simple boussole intérieure, et se laissent manipuler par les directions données par les autres. Quels qu'ils soient, que savent-ils de la vie de chacun ?
Tenir mes petites-filles dans mes bras est le plus grand bonheur qui soit. Un bonheur XXL, tu le sais.
Personne ne pourrait m'en empêcher. Parce que l'amour est plus fort que tout.
Bises de frangine
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L'avantage des bambous, c'est que tu vas pouvoir t'en servir pour tuteurer d'autres plantations. Si tu les laisses envahir, tu pourras rivaliser avec la bambouseraie d'Anduze.
RépondreSupprimerOuh la ! Anduze, c'est le must du bambou, ça...mais j'espère de tout coeur que ça n'arrivera pas chez moi...
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Voilà : la vie c'est exactement tout ce qui me manque aujourd'hui : tu m'étonnes que j'aille pas bien.
RépondreSupprimerEt ce coup de fil de ce matin après bien longtemps de silence et qui a rappelé des papillons dans mon ventre ! Tout m'a sauté à la figure et coupé le souffle : les balades, les restos, la musique, flâner au rue de la Huchette, au Trocadéro où elle avait posé sa tête sur ma jambe, nos feus d'artifices nocturnes, mais aussi l'immense confiance de nos douches communes où nous prenions réciproquement soin l'un de l'autre, et ce moment magique des instants d'avant sommeil, simplement, paisibles et confiants, nus peau à peau mélangé l'un à l'autre...
Quatre ans déjà...
http://candide35.canalblog.com/archives/2020/07/01/38404397.html
Le passé est le passé, on ne peut le faire revenir.
SupprimerMais il nous donne des pistes précieuses pour le présent. Des preuves que l'on est capable de vivre de belles choses et que ces belles choses peuvent revenir. En mieux. Avec une personne différente.
En tout cas, c'est ce que je te souhaite.
Et je continue à y croire.
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Yo Miss, nous sommes d'accord, le passé est le passé. Mais c'est ce coup de fil qui l'a rappelé, avec sa voix, ses intonations, ses mots à elle, ses petits rires qui ont fait revenir les papillons, et c'était doux. Et le souvenir des instants d'avant sommeil avec elle, les plus beaux que j'aie connu et pour moi si précieux, m'a rappelé que je ne pourrais rien projeter avec une qui m'en priverait.
SupprimerDans le mouvement positif qui s'est installé, l'intime de moi y croit, sincèrement. La sagesse et mon respect "légendaire" me suggèrent de laisser venir, mais j'ai croisé de doux regards...
😊
SupprimerUn coucou et des bisous ♥
RépondreSupprimerQue rajouter de plus Célestine à ce qui a été écrit plus haut.
RépondreSupprimerTes mots me réjouissent car ils parlent vrai disent la Vie,... tu as une façon bien à toi de transcrire la belle personne que tu es et qui nous permet de reprendre confiance. Tu as tellement raison....
Que rajouter de plus à ton Humanisme qui réchauffe nos coeurs qui finissent par perdre de leur force de leur ardeur.
Mais tu es là toujours présente et ranime notre espoir mis en berne.
Merci chère Céleste.
Mes bisous renouvelés et mon amitié sincère.
Si je devais chercher une bonne raison de continuer ce blog, tu viendrais de me la donner.
SupprimerPeut-être que c'est une sorte de mission pour moi que de ranimer les coeurs en berne...
Ça a l'air présomptueux, mais pas tant que cela...
Merci pour cette belle amitié qui réchauffe.
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Bonjour Célestine, un mot me vient à l'esprit en te lisant : FLUIDITE :-) Quelque chose ressemblant à une partie de ping-pong, des échanges, sans pour cela vouloir gagner ; juste échanger.
RépondreSupprimerJ'aime bien ce mot, en effet...
SupprimerLa fluidité, c'est l'huile dans les rouages, le baume au coeur, et l'aisance naturelle...
Quelque chose de l'ordre de l'éthéré, du subtil.
Tout cela me plaît.
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On est bien.....
RépondreSupprimerC'est tout simple à dire et à vivre...
Exemple : ce matin je suis a Grenoble pour un petit contrôle de tension dans mon oeil droit. .. Il s'agissait de savoir si le traitement par gouttes de ma résurgence l'oedeme etait efficace....
Pas de problème, on continue ainsi...
Pis je reprends l'ascenseur du retour au parking....
Et Et là j'ai vécu un de ces moments joyeux comme ceux que tu évoques...
Oui, j'entre dans cet espace clos notamment avec un père et son fils ... comme moi ils sont heureux de sortir de consultation. Comme moi ils envisagent la sortie par le RH (entendez le red de chaussée haut)...
Ben oui, le papa partage avec moi sa joie : "Le RH , parce que lui et moi nous allons maintenant deguster un bon chocolat chaud"
Je me suis de ce partage improvisé. Avec son grand sourire , malgré le masque, ce papa m'a fait chaud au coeur... et c'est bien...
Et là, Céleste Je te rejoins dans ton jardin, près de tes bambous... et pour un peu je me mettrais dans la posture de Jean " allongé sur le sable, et la mer roulerait ses galets...
Bises chaudes et instantanées
Comme toujours tu racontes des anecdotes de ta vie qui auraient toute leur place dans ton blog, cher petit prince.
SupprimerC'est chouette ces échanges spontanés, pas calculés, dans le simple bonheur de l'instant.
Et un chocolat chaud, c'est une des meilleurs choses qui soient pour se requinquer après un stress comme celui d'une consultation médicale...
Bises joyeuses
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Toyt n'a-t-il pas déjà été dit ?
RépondreSupprimerJ'ai relu et savouré...
Avant de se faire ces gros poutous qui font du bien il faudra attendre encore un peu, hélas...
RépondreSupprimerAlors on profite malgré tout de ces petits plaisirs de la vie, une rose, un oiseau, un joli nuage, une tarte dans le four, une fleur offerte, on plante encore un peu...
Je ne voudrais pas te chagriner mais planter des bambous, heu, il n'y a rien de plus envahissant, les premières années c'est épatant, ça pousse vite mais ensuite c'est très très coriace il faut les maintenir à leur place...
Je te fais pleins d'embrassades virtuelles qui ne te feront aucun mal Célestine
Toujours aussi superbes et délicats.
RépondreSupprimerSI je me projette à quelques mois , je vois tes bambous magnifiques et tellement recouvrant dans tous les sens. Peut être que cette belle idée, car ils poussent très vite, se transformera en huile de coude effrénée et en surveillance presque quotidienne. L'expérience parle!!!
@Marine et Marieswiss
SupprimerMerci pour vos conseils d'amies.
Nous avons pris le risque, mais en même temps, il est mesuré...Sur deux hectares de terrain, on peut bien créer une petite forêt de bambous...
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