Ce matin, deux heures de réunion pour
écouter la sainte parole nous parler dans un jargon de plus en plus
insupportable pour moi, au fil des ans, des "modalités de mise en place du projet
d'école"...Depuis vingt cinq ans, les Jargonos de l'Eduknatt nous bourrent le mou avec ce "machin".
-Rhôô! Célestine!
-Mais si! pas d'autre mot pour désigner
cette usine à gaz à laquelle il nous faut nous coller régulièrement, tous les
trois ans, rempli de chiffres imbitables, et qui nous fait suer sang et eau pendant des heures, pour finir dans
un placard. De précieuses heures volées à ce qui fait le sens de notre
métier.
Mon projet d'école à moi, il est simple.
Il tient en quelques aphorismes qui ont été inventés par de géniaux prédécesseurs. L'art du questionnement de Socrate, Mens sana in corpore sano chez Juvénal, la
substantifique moëlle de Rabelais, et " je n'enseigne pas, je raconte" de Montaigne. Enfin le lire, écrire, compter de Jules, auquel j'ajouterais volontiers penser, créer, rêver.
A certains moments, ce matin, j'ai
pratiqué l'évasion intérieure. Arpentant mes landes bien-aimées, buvant à grands traits l'air
chargé de bruyère et de sel en tremblant sur mes jambes, ivre de trop d'oxygène. Pour éviter de me noyer dans les barbarismes à deux balles, synergie, ressources, conceptualisation, indicateurs, cadre de référence...
Je sais, madame l'Inspectrice, je n'ai pas le positionnement idoine. Est-ce ma faute si vous ne parvenez pas à m'émouvoir avec vos tournures alambiquées, si j'ai le syndrome de Zazie qui me chatouille gravement, et qu'à toutes vos phrases j'ai envie de répondre "Mon cul" d'un air ingénu et frondeur?
Alors j'ai rêvé. J'ai fait
la mauvaise élève. Tout ce que les "conseilleurs" pédagogiques nous somment
d'éviter chez nos élèves: je me suis ennuyée avec bonheur. Et
j'ai trompé mon ennui en m'asseyant devant l'océan, les yeux emplis de vert, de
bleu et de gris. Ouessant... ce mot est venu me caresser l'âme de ses sonorités cotonneuses...C'est impressionnant, cette force mentale qui nous permet de
nous abstraire au point de devenir sourd. La logorrhée de Jargonos s'est perdue dans le fracas des paquets de mer sur le phare de la Jument.
Et ce soir, sublime hasard, un beau film,
qui se passe dans le paysage-même de ma rêverie. Et une petite phrase
"Qui voit Ouessant voit son
sang".
Bigre! J'espère survivre quand même à la rédaction du projet d'école...
Comme j'aime ce que tu dis...♥
RépondreSupprimerTu dis si bien ce que je pense...
Comme j'aime ce que tu écris
Sous ta plume, mes mots dansent!
(Et c'est tellement sublime de s'ennuyer de bonheur!)
Bise et sourire d'Ep'
On est au moins deux a penser que le mammouth s'englue dans ces formalités ineptes, en utilisant à contre emploi l'énorme masse d'énergie des enseignants, et en sapant le moral des troupes.
SupprimerAlors, oui, je rêve et je me réfugie en moi-même, pour ne pas exploser en vol.
Bises matinales.
3 ☺☺
SupprimerCathy et Ep, deux super collègues...
SupprimerJe voudrais bien connaitre Ouessant......................
RépondreSupprimerOh, Flo, quel bonheur de te voir...ça faisait si longtemps!
SupprimerOuessant, une autre île, légèrement plus petite que la tienne...
"-Rhôô! Célestine!"
RépondreSupprimerOui, c'est Célestoche qui parle là !!
Mais tu es en plein déni des faits. Pas bon, ça, pas bon du tout! Tu cours tout droit au conflit.
Il y a d'autres voies, si si je t'assure ...
Et comme disait le grand William, ce qui ne peut être éviter, il faut l'embrasser.
Après, on se sent mieux ...
"évité", bien sûr lolll ! :)
SupprimerEmbrasser Jargonos? Ça va pas la tête? ;-)
SupprimerÇa se voit que tu ne l'as pas vue. Remarque, elle ne demanderait peut-être que ça, je crois qu'elle aime les femmes...
Eh non, je ne suis pas dans le déni. Je me protège. Nuance. Est-ce qu'on nie le froid parce qu'on met un bonnet? ;-)))
Au fait c'est qui le grand William? Shakespeare? Blake? Sheller?
Bon allez, je vais voir mes schtroumpfs, c'est quand même eux les plus importants, non? Tu imagines, vingt-huit Lino qui te regardent avec leurs grands yeux interrogatifs...
Bises pleines d'énergie.
Bonjour !
RépondreSupprimerExcusez moi , savez vous ce qui est arrivé aux cinq petits triplés ?.......
Je ne sais pas qui vous êtes, et je ne sais pas pourquoi le blog est arrêté.
SupprimerJe suis Laurence , et je suivait avec beaucoup de plaisir et tendresse ce joli blog ...
Supprimerje suivaiS .....
SupprimerEnvoie moi un mail
Supprimercelestine at orange.fr
Qui voit Ouessant voit son sang... Qui voit Molène voit sa peine... Qui voit Sein voit sa fin...
RépondreSupprimerBonne journée Célestine et demande bien à tes élèves de ranger les référentiels rebondissant...... On croit rêver !
Ah les fameux référentiels rebondissants...les géniteurs d'apprenants, et l'espace intersititiel de liberté...
SupprimerTu peux aller lire mon billet "les temps changent" j'ai fait une compil...Une sorte de best-of!
bonne journée quand même!
"synergie, ressources, conceptualisation, indicateurs, cadre de référence..."
RépondreSupprimerComme je comprends,Cel, qui tu piques ton phare. Bises picardes...
Je piques mon phare...tu me réjouis tiens, me voilà toute joyeuse.
SupprimerQue serait la vie sans les calembours des amis...
Euh...je pique, bien sûr!
SupprimerC'est si bien dit et tellement vrai....
RépondreSupprimerBienvenue au club, meluzine.
SupprimerTu fais resurgir en moi bien des mauvais souvenirs !! Que d'heures perdues passées à rédiger ce "foutu" projet d'école, à essayer de remplir ces imprimés écrits dans un jargon incompréhensible ! Et au final ça servait à quoi ? A nous faire culpabiliser et nous décourager un peu plus ! Si j'ai anticipé mon départ à la retraite c'est en partie à cause de tout ce temps qu'on nous faisait perdre en conn*ries inutiles et ennuyeuses ! Et comme toi il m'est arrivé bien souvent de m'évader par la pensée pendant ces longues réunions soporifique !
RépondreSupprimerEt encore, tu as raté le meilleur: maintenant il faut tout mettre sur une application électronique qui fonctionne une fois sur deux...
SupprimerQuand je pense que l'informatique était censée nous simplifier la vie...Dans ce domaine, un bon stylo, ça continue à aller beaucoup plus vite!
Profite de tes grandes vacances, mammilou!
Et pendant ce temps, pendant ce temps si précieux où tu t'emmerdais à décrypter un jargon de masturbateurs de cerveaux, qui n'arriveront jamais à l'orgasme, je me gavais les mirettes du spectacle de la mer.
SupprimerCelle que l'on appelle LA MANCHE , belle et rebelle, cette mer qui hésite de l'ocre au bleu profond, en passant par l'émeraude, se teinte aussi de l'indigo quand le ciel se déchire et nous offre son soleil...
Wouaou! qué poète...c'est bô!
SupprimerT'arrête Andiamo de dire des trucs pouétiques et magnifiques aux maîtresses d'école quand elles ne sont pas en vacances... T'es énervant à la fin, tu nous nargues... car tu es très doué pour sortir des trucs magique de ta "manche" et pour nous les faire voir rien qu'avec des mots!
SupprimerSourire d'Ep'
Ça, je confirme, il est très doué!
SupprimerL'évasion par la pensée... j'y suis adepte depuis mon enfance. Hum, comme je te comprends et comme c'est bon de s'ennuyer avec bonheur. Bisous doux Célestine
RépondreSupprimerEnfin c'est le weekend et je vais pouvoir décompresser...en regardant tomber la pluie...
SupprimerBisous tout doux à toi aussi ma Prudence.
Et bien , j'ai vu ce film aussi
RépondreSupprimerune histoire sensible , des images rudes
Le bord de mer porte à la rêverie
la Bretagne fascine encore avec ses légendes , ses non dits
C'est une chance que personne ne puisse lire nos pensées vagabondes durant les réunions interminables hein ?
c'est le we là , profite bien Célestine
Je vais profiter à fond, ma Jeanne, ma petite maman est sortie aujourd'hui, elle va être dans une jolie maison de repos toute douce après ce qu'elle a vécu c'est un bonheur.
SupprimerOui c'est une chance de pouvoir avoir des pensées vagabondes...
Alors la je te comprends....j'etais passée maître ds l'art de l'evasion mentale . Beau week-end Celestine
RépondreSupprimerAvant de m'évader tout court, mais ce n'est pas encore tout à fait au programme...
SupprimerNe te prends pas la tête, joue le jeu, tu verras, ça portera ses fruits. Le jargon est insupportable mais je crois le projet fédérateur et porteur d'énergie collective (avec 19 classes c'était utile) et j'y ai oeuvré avec bonheur pour l'élan de l'école et avec amusement, jouant le jeu des mots et des tournures alambiquées comme un exercice d'écriture. C'est comme jouer une scène en gromelot. Bon courage
RépondreSupprimerOui, bien sûr, certes, j'entends bien. Mais quel besoin de rentrer dans ce moule préformaté pour avoir des projets fédérateurs? Pourquoi les indicateurs choisis seraient-ils les seuls valables? Et si j'avais envie, moi, de prendre comme indicateurs le nombre de sourires ou de bonjours que font les élèves le matin en arrivant?
SupprimerOu le peu de jours d'absence des collègues? est-ce que ce ne sont pas des indicateurs encourageants qui prouvent la santé d'une école?
Merci pour tes encouragements,Marie Madeleine. J'en ai bien besoin.
Peut-être devrais-tu leur parler de la quotité des attitudes jubilatoires des apprenants et de l'assertivité à la tâche des collaborateurs en assurant la synergie de la conceptualisation éducative avec rigueur et constance, avec pour conséquences induites de devoir peu recourir aux services, déjà défaillants, de substitutions de personnel.
SupprimerTi bacio
Rhôô! voilà une phrase jubilatoire! je la valide et je la garde!
SupprimerPour le dire plus simplement:
SupprimerTu valides le concept du descriptif intellectuel de la conceptualisation transgénérationnelle des rapports humains au sein des unités d'enseignement et tu cooptes cette perspective.
J'en suis fort aise Sorellita.
Baci
Dis tu veux pas venir m'aider a rédiger mon projet d'école?
SupprimerA cause de la phraséologie?
SupprimerAutrement, il reste l'école d'Yvan Illitch, mais ça dégraisserait le mammouth de 50% au moins et cette école est faite pour former des êtres responsables. Tu crois qu'un pareil gros mot serait acceptable par les politocards?
Baci di sabato
Surtout pas! Tu te rends compte? Responsables! Pourquoi pas intelligents pendant que tu y es? Et solidaires?
Supprimer"imbitable" ! .... je rigole ! Ça convient très bien aux docs des Ducs nat' !
RépondreSupprimerMais PAS à toi !!.... si j'en crois ce que je sais.... - "imbitable" : argot : femme sans attrait sexuel....
(ok je sors....)
Sinon, du côté d'Ouessant, mieux vaut s'intéresser aux bittes d'amarrage....
(ok je sors une 2ème fois...)
Je vais faire comme d'hab, je vais prendre dans ton commentaire le petit compliment qui s'y niche...
SupprimerEt de ce fait pourquoi tu sortirais d'abord?
Le sens 2 du mot me conviendrait d'avantage: imbitable: au Québec: dont les qualités ne peuvent être surpassées...
;-)
Ce matin dans ma boîte aux lettres il y avait une lettre qui arrivait tout droit de Ouessant.. une lettre d'une très vielle femme... une femme de mon sang.
RépondreSupprimer"Qui voit Ouessant voit son sang" a pour moi une signification particulière et pas catastrophique du tout
Oui je comprend: celui qui voit Ouessant tel qu'il est, celui là ne peut être que du pays...
SupprimerUn moment,j'ai cru que tu parlais de moi...jusqu'à ce que tu dises "une très vieille femme"
lol
Et voilà pourquoi votre fille est muette. Non.....et voilà pourquoi je suis remplaçante. Je ne supporte plus la lourdeur administrative des écoles. Je ne la supporte plus et refuse de la supporter.
RépondreSupprimerBises
Je comprend tout à fait. C'est un point de vue qui se défend. je n'ai pas fait ce choix mais j'aurais pu.
SupprimerBisous
Je suis contente que ta maman aille un peu mieux et je suis sûre que tu vas continuer à la tendresser... comme tu vas continuer d'encourager Maeva qui a de la chance de t'avoir comme directrice...
RépondreSupprimerFlûte, j'ai lu tes deux messages et j'ai mal placé mon commentaire... Ouessant, je n'y suis allée qu'une fois mais je crois que j'aimerais y passer quelques jours en tête à tête avec les vent et la mer... c'est vraiment une petite île, sans voiture, avec très peu d'arbres et donc vraiment sauvage et battue par les vents.
SupprimerIls sont très bien placés tes commentaires, Brizou, puisqu'ils viennent du cœur, je les aurais retrouvés n'importe ou.
SupprimerJe te souhaite un bon dimanche ensoleillé. En tous cas dans ton cœur.
Le gars Boris avait chanté "Faut que ça saigne" mais là je vois qu'il va falloir vraiment sortir le mercurochrome ! Il doit y avoir quelque chose dans l'air, ces temps-ci, qui rend les boulots insupportables ! ;-)
RépondreSupprimerQuel plaisir Joe, de te voir par ici!
SupprimerJe consulte mon totem: eh bien non, tu n'es jamais venu!
Et en plus, tu me cites Vian, mon auteur fétiche.
Trop fort!
Si si je suis déjà souvent viendu mais je n'avions point commentu !
RépondreSupprimerSi tu reviens sur les terres bretonnes alors va à Ouessant. Restes y au moins deux jours. Et prévois ton séjour. Cette île est prisée et il peut y être difficile de s'y loger. Je n'y vais pas souvent. A chaque fois que je la quitte des larmes douces glissent dans mon coeur. C'est une île sauvage,d'une beauté âpreté.
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