Cette semaine la ville est à l'honneur chez Asphodèle.
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Voiture, rue, immeuble, abeille, théâtre, anonymat, animation,
pavé, visite, parc, asphalte ou bitume, bus, fuite, flâner, embouteillages,
urbain, gare, cohue, chuter, constant ou constance.
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Pour retrouver cette fille, j'avais abandonné la tiède
langueur de mon ouest natal, planté là ma ferme, mes bêtes, ma vie, et ce
léger vibrato des bourdonnements d'abeilles, à la tombée du jour. J'avais
troqué le réveil au chant du coq pour les embouteillages, et découvert ahuri la
hauteur insensée des immeubles new-yorkais.
Pour retrouver cette fille, j'avais débarqué un matin à Penn
Station, sur l'asphalte brûlant d'une rue emplie de ce son urbain si
particulier, un free-jazz de pneus crissants, de sirènes de voitures de police
hurlant dans l'ombre des colosses de béton, d' avertisseurs de taxis pestant
dans la cohue de la foule. Moi le plouc aux allures de cow-boy mal léché,
j'avais renoncé à ma notoriété au village pour un anonymat total, j'étais devenu
fourmi parmi les fourmis arpentant sans flâner, sans
relâche, le pavé et le bitume, avec pour seul indice un numéro de
téléphone à moitié effacé. J'avais évalué la maigreur de mes chances de la
retrouver à peu près égale à zéro. Environ mille deux cent cinquante
combinaisons possibles. Mille deux cent cinquante coups de fil à donner, dans
mon mauvais anglais rocailleux de l'Oregon. Il me semblait que visiter avec
constance, chaque musée, chaque théâtre, chaque librairie, chaque arrêt de bus,
chaque lieu de vie ou d'animation, me prendrait moins de temps et serait moins
fastidieux...Peu à peu, l'écrasante beauté de la ville, cette ville
musicale, bluesy à mort, eut raison de moi et m'instilla son venin dans le sang. Après des mois à
regarder chuter le soleil derrière Manhattan, à m'arracher le plexus à gueuler
sur chaque pont, à sentir l’odeur poisseuse et aigre des heures de
taf et de métro derrière les sourires fades et désespérés…Ma fuite en avant me
sembla absurde. Je n'eus plus un dollar en poche et renonçai à retrouver
la fille. La fille qui m'avait embrasé l'âme.
Mais un jour, dans Central Park...
Mais un jour, dans Central Park que je traversais de nuit, comme un vrai plouc, un suicidaire, oui, je l'ai revue, la gonzesse...
RépondreSupprimerElle m'a massacré à la batte de base-ball pour me chouraver mes pauvres derniers dollars et s'acheter son crack.
PS. Mais avant de partir, elle m'a énucléé à la cuillère à glace pour que je ne puisse plus servir à personne.
Supprimer"d'avoir mis mon coeur à feu et à sang, pour qu'il ne puisse plus servir à personne." Aucun de tes hommages à Brassens ne peut m'échapper, te voilà prévenue ;-)
SupprimerBen tout ça, c'est un peu vache....
SupprimerAmis de la poésie bizounours et des petites fleurs bonjour ;-)
Ah mais moi je m'adapte à mon public, caro mio...mon côté caméléon.
Supprimer♥
@Souf je suis prévenue depuis le début. je sais que tu es imbattable..quoique!
Supprimer"Mais un jour dans Central Park..." je l'ai vue, Elle:
RépondreSupprimerLa démarche élégante et cette façon si particulière de porter sa tête en arrière, comme seules savent le faire les femelles lévriers afghans... C'est depuis là que je me fiche royalement de la fille au téléphone et que je suis devenu zoophile.
Pas mal! Je savais que cette fille avait du chien, mais à ce point!
SupprimerA peu près tout ce que j'aime, et que nous partageons, Big Apple, bluesy, ça pourrait être folky, peu importe tant ça me colle à la peau. Tant de fantômes à NY, de cinéma ou d'histoire, d'Ellis Island à Central Park, tant à dire. Merci Celestine et bises de partout là-bas, tiens, disons de Brighton Beach parce que je viens de revoir Little Odessa.
RépondreSupprimerJe savais que tu aimerais ma petite histoire de ce paumé fauché et égaré...
SupprimerBises en retour
Dis, quand est-ce que tu publies de nouveau???
RépondreSupprimerC'est drôle comme une simple phrase peut vous mettre le cœur en liesse pour la journée.
SupprimerLa réponse c'est...des que j'aurai le temps d'écrire...
On s'y croit totalement. Immersion totale. C'est beau, c'est blues et j'aime cette fin ouverte après tant d'errances ! :) Bises :)
RépondreSupprimerOui d'ailleurs mes acolytes m'ont inventé des fins gore et trash...( voir plus haut) j'adore
SupprimerBelle évocation de New-York...
RépondreSupprimerJe ne sais pas si tout avoir lâché pour cette fille peut être une chance finalement. Tout reste possible, le meilleur comme le pire.
Certes, mais les coups de cœurs sont souvent accompagnés de coups de tête...
SupprimerRemords et regrets se disputent la fin de l'histoire...
J'étais là flânant dans la douceur printanière de Central Park, quand j'entendis crier mon nom.
RépondreSupprimer- Barnie !
Je me retournais, et je le vis, j'écris "le" car c'était bien MA Daisy qui était là mais, habillée en mec, avec une barbe de trois jours.
- C'est... C'est bien toi Daisy ?
- Year mon Roudoudou d'amour, surpris ?
- Ben mets toi à ma place bredouillais-je.
Tu vois me dit-il ou elle avec son accent traînant Texan, il ne faut JAMAIS (et il insista sur le jamais) se fier aux appâts rances.
Bravo pour ton texte belles châsses, je me suis permis de lui écrire une ch'tiote suite ];-D
Les appâts rances...mouarf! t'es en grande forme. Mais ta fin reste gentillette à côté de celle de Saouf!
SupprimerTu vois bien que t'es un vrai dur au coeur tendre...
;-)
Mais ce cœur pitoyable et tendre
SupprimerA toi seule qui sût le prendre
Il y a longtemps, je l'ai donné...
(Leo Ferre)
Aaaahh...Léo ferré de bon matin...chouette!
SupprimerOn se croirait dans un roman de Paul Auster qui évoque tant et si bien New-York ....bravo Célestine de déambuler dans la cour des Grands... lui, le "chouchou des médias"..
RépondreSupprimerbelle journée à écrire.... si tu as le temps !!
je t'en brasse fleurie d'ici..
Den
Paul Auster, rien que ça! Wouaou c'est un super compliment, Den, je suis toute confuse.
SupprimerEt non je n'ai pas eu le temps d'écrire aujourd'hui...mais je place ton com dans ma boîte à bijoux précieux.
Merci beaucoup
Je la vis de nouveau, courant dans sa tenue flashy, son œil de verre assorti, son ventre ballotant à chaque pas et ce sexe que la nature lui avait fourni dont elle n’avait jamais pu se séparer, comme mort sur sa cuisse. Mes rêves s’envolèrent d’un coup, mieux valait parfois vivre avec ses souvenirs. Je rentrais le cœur gros, endeuillé, refoulant mes travers au plus profond tirant à jamais un trait sur le passé.
RépondreSupprimerVoilà comment on change le cours d'un texte. Désolé, :D ton évocation était si belle.
Voilà comment
Désolé? Va jeter un œil aux premiers commentaires tout en haut... tu verras que ça ne me désole pas pas du tout que mes lecteurs donnent libre cours à leur imagination débordante...
SupprimerSinon pourquoi j'aurais mis une fin ouverte?
La tienne est très chouette. Un peu spéciale au niveau anatomique, mais très réussie.
bises
J'ai une culture du différent que j'aime bien et dont j'use et j'abuse parfois.
SupprimerBisous
J'aime. C'est ce que je cultive tous les jours chez mes élèves, je ne vais pas te dire le contraire!
Supprimerquel voyage, on est dans la ville, on s'y croirait, et je ne sais pas pourquoi, tout de suite j'entends la voix de" Pépé the pew", éternel amoureux pot de colle....
RépondreSupprimeret j'entends aussi la voix de mon fils à la fin du cartoon, et qui disait : encore!!!
et voilà ce que j'ai envie de dire à la fin de ton texte.....encore!!
Ça c'est gentil d'en redemander, Momo.
SupprimerMerci beaucoup!
Et là, le prof dit, en refermant le livre:
RépondreSupprimer"Je vous lirai la suite, demain!"
Excellent!
Bises d'Ep'
Un prof qui ne tiendrait pas compte des nouvelles orientations pédagogiques alors...parce que s'éclater en classe, ce n'est plus au programme, tu sais bien...
SupprimerBises célestes
Je fus accosté par une charmante demoiselle me proposant une visite commentée du World Trade Center pour 25 dollars....
RépondreSupprimerJ'y allais....la découverte fut passionnante quand tout à coup j'eus une vision irréelle et j'entendis un fracas épouvantable derrière moi...je pris alo.................................................................................................................................................................
New york. 21 septembre 2001.
super bonne idée, ce remake de la catastrophe
SupprimerPar contre, c'était pas le 11, Mindounet?
;-)
Si le 21 c'était l'explosion de l'usine d'AZF à Toulouse où je me trouvais...lapsus révélateur...
SupprimerAh oui, je comprends mieux...je ne me souvenais plus par contre, que les deux événements étaient si rapprochés...effectivement ton lapsus révèle que ça a du drôlement te marquer!
SupprimerOh man, one day in Central Park... so ?????
RépondreSupprimerThe story gets open...
Supprimermoi j'arrêterais l'histoire à cette phrase-là: "sentir l’odeur poisseuse et aigre des heures de taf et de métro derrière les sourires fades et désespérés…"
RépondreSupprimer:-)
le texte tient fort bien, et au bout d'un an, qui a encore envie de retrouver cette fille? ;-)
Oui, il est certain qu'avec les portraits flatteurs qu'en ont faits mes lecteurs tout au long des commentaires, on n'a plus du tout envie de la retrouver!
SupprimerCow boy mal léché !!!!!!!!! beurkkkkkkkkkkk
RépondreSupprimerOh oui! Dégoûtant! blurp...
SupprimerMais un jour à Central Park je la vis: derrière un étal de fortune elle vendait des bijoux de plastique, le décolleté en pointe plongeant vers le nombril et un gros béret fuschia jeté de guingois sur sa blondeur Belle-Color.
RépondreSupprimerEt je fus guéri....
Excellent, Edmée...Tu as le sens du raccourci ravageur... ;-)
SupprimerRhoaaah, vous seriez pas jalouses, les filles ?
SupprimerPasque moi ch'uis su-bju-gué ! Eh, le décolleté en pointe...... pfiuuuu ! ! !
C'est pas gentil de jouer avec mes hormones en ce début de printemps !
...vais encore être obligé d'aller prendre une douche froide !
Madame Candide va finir par se douter de quelque chose !
;o))))
Tu peux lui suggérer le décolleté en pointe peut-être?
SupprimerOn sera pas jalouses,promis!
:-DDD
Si on adaptait la chanson "rasperry beret" de Prince en français, ça donnerait effectivement quelque chose comme "gros béret fuschia", mais trouverait-on un yéyé pour la chanter ?
SupprimerIl est vrai que certaines chansons ne gagnent rien à être traduites...
SupprimerMais un jour.....Y aurait-il une suite? Texte original et avec tous les mots bien camouflés dans une logique de texte! Très belle métaphore du mec paumé..... Bon dimanche Célestine!
RépondreSupprimerPour la suite, se référer à toutes les propositions ingénieuses des blogueurs qui s'y sont essayés avec bonheur... lol
SupprimerMerci de ton passage, Ethunelle!
Cet hommage à la ville de Clermont-Ferrand est fort de café ! D'accord, on s'y ennuie le dimanche, mais de là à dire que c'est bluesy à mort ...
RépondreSupprimerVous êtes drôle, Fernand!
SupprimerC'est bien là-bas qu'il y a la Chtatue de la Liberté?
En Auvergne, la liberté a de la moustache. A tel point qu'ils l'ont mise sur un cheval et appelée Vercingétorix (ça veut dire quoi ? petit singe vert ????)
SupprimerAh? oui, c'est peut-être son ancêtre...
SupprimerCe n'est plus une zone de commentaires, ici, c'est un atelier d'écriture à part entière ! Allez hop, j'y participe à ma façon :
RépondreSupprimerMais un jour dans Central Park on me distribua un prospectus publicitaire sur lequel je lus :
"Ne cherche plus la fille de tes rêves avec pour seul indice un numéro de téléphone à moitié effacé parce que tu as oublié de vider tes poches avant de mettre ton futal dans la machine à laver. Appelle NSA-Washing Remember Service au *** *** *** *** et décris-nous la fille, on te dira où elle est. 20 $ la minute.
Et la photo, sur le prospectus... c'était elle !
Bien vu Joe: c'est vrai, ce n'est pas une zone de commentaires tout à fait comme les autres...On peut laisser libre cours à son imagination!
SupprimerEt j'avoue que ta version est sympatoche!
Vingt dollars la minute par contre, ça fait mal aux dents! ;-)
...parce que tu gagnes tes dollars avec tes dents ?
SupprimerTu fais quoi comme métier ?
8o0
Je suis goûteuse de noisettes et d'artichauts.
Supprimer"Touche mes noisettes moi je touche à tes ananas !" chantait Carlos, déguisé en artichaut.
SupprimerEt un jour dans Central Park on le vit entrain de sermonner un pauvre coq qui s'était mélangé les plumes avec le changement d'heure ce qui lui fit rater le rancart avec la gonzesse ;)
RépondreSupprimerhttps://fbcdn-sphotos-b-a.akamaihd.net/hphotos-ak-frc1/t1.0-9/1899958_378617385611394_368522954_n.jpg
Bises Célestine!!!
Domi.
http://dimdamdom59.apln-blog.fr/2014/03/26/beatrice-cantatrice-rue/
Très amusante cette image, je l'ai partagée sur Face de bouc...
SupprimerEt ta proposition est vraiment originale.
Merci Dom
http://fbcdn-sphotos-b-a.akamaihd.net/hphotos-ak-frc1/t1.0-9/1899958_378617385611394_368522954_n.jpg j'ai enlevé le "s" derrière http pour que tu puisses ouvrir le lien ;)
RépondreSupprimerJ'adoooore la dernière phrase. Surtout chut, ne rien, ne rien écrire ensuite, ne rompre le charme sous aucun prétexte.
RépondreSupprimerEt moi j'adore ton commentaire!
SupprimerQu'il fait bon dans ton texte
RépondreSupprimerc'est bon de nous laisser inventer la suite
Merci Patchcath! Eh ben alors, cette suite? j'attends... ;-)
SupprimerUne belle histoire qui commence ici.
RépondreSupprimerOui, d'ailleurs les commentateurs qui s'y sont essayé me l'ont concoctée aux petits oignons...
SupprimerBises