28 septembre 2013

Damien


photo net





Damien écrivait mal. Son graphisme incertain s’étirait en pattes de mouche ne suivant pas forcement les lignes violettes de ses cahiers d’écolier. Des cahiers toujours pleins de taches. Sa frimousse et ses mains aussi étaient toujours pleines de taches. D’encre et de peinture. Cela se mélangeait avec les minuscules points de rousseur qui étoilaient son visage autour de ses yeux verts. Entre sa main droite et sa main gauche, il n’était pas bien fixé, ne voulant faire de peine à aucune, il les utilisait en alternance.
Damien empilait chaque jour un bric-à-brac épouvantable sur son pupitre. Quand je passais entre les rangs, j’avais toujours peur de déranger le bel ordonnancement de ses constructions hétéroclites.
Damien était un rêveur.  Son casier était un incommensurable foutoir où une vache n’aurait pas retrouvé son veau… Il échafaudait ses règles, ses stylos, ses gommes et ses crayons comme il échafaudait ses rêves. Ceux-ci se promenaient au fond des galaxies, ils poursuivaient des destructeurs atomiques à coup de réflecteurs spatio-temporels. Un autre jour, avec sa boite de couleurs et un carnet d’orthographe, il avait érigé un temple maudit au fond de la forêt amazonienne. Il bricolait avec trois fois rien les trésors de son imagination embroussaillée. Il collectionnait les bouts de ficelle, les billes, les boutons, les petites boîtes d’allumettes. Je le laissais faire avec un œil mi-amusé mi-bienveillant. Certes, les conjugaisons et les règles de mathématiques lui échappaient parfois, tout occupé qu’il était  se retrouver dans la jungle de son désordre, et ses résultats scolaires n’honoraient pas son intelligence pratique et son génie de l’invention. Mais j’avais confiance dans ses capacités. Et puis il me prouva que l’on peut écrire comme un cochon, être « bordélique »en diable, ne pas être « scolaire » et devenir pourtant artiste et professeur aux Beaux Arts de Lyon.
De nos jours, un enfant comme celui-là est "en difficulté" ; on convoque une équipe éducative, on saisit la MDPH*, on met l’enfant dans les mains de spécialistes de tous poils, ergothérapeutes, orthoptistes, on diagnostique une dyspraxie, une AVS*  assise à côté de lui,range ses affaires et copie ses leçons à sa place. A moins qu’il n’ait droit à un ordinateur. Plus de place alors pour les bricolages inventifs, ceux qui développèrent les facultés créatrices de Damien.
Oui, de nos jours, la vie est dure pour les bricoleurs en herbe aux yeux rêveurs et aux doigts sales...
Je repense souvent à Damien et à sa tignasse de foin séché. Et je me demande si le progrès a toujours du bon.


*MDPH  Maison des Personnes Handicapées
*AVS     Auxiliaire de Vie Scolaire

70 commentaires:

  1. À moins que ce progrès qui n'est pas toujours bon, soit là pour palier le manque de faculté qu'on peut être certains enseignants à aider les petits Damien à garder et à faire respecter leur place dans la classe (la société?) .
    Une anecdote. J'étais à l'école avec Daniel. Il avait de grosses difficultés à suivre les cours à cause d'une vue très basse et d'un problème oculaire qui lui procurait des maux de tête quand il fixait longuement et de loin. Alors pour s'affirmer et vaincre sa timidité due peut être au complexe de son surnom "cul de bouteille" que ses lunettes lui avaient étiqueté, il faisait le pitre au grand désespoir des instits. Un jour, arrivé en CM2, l'enseignant qui avait lui même de grosses lunettes, lui installa son bureau devant le tableau, sur l'estrade. Ses compagnons ont eu droit à un cours sur la vue dès la rentrée, le surnom ridicule a été banni, Daniel a arrêté de faire l'ane. Si tous les instits savaient gérer les difficultés, nombre de structures n'auraient pas de raison d'être; A contrario certaines sont vraiment utiles. Rien n'est tout bon ni tout mauvais. Je repense à cela car nous évoquions cette histoire de plus de cinquante ans avec Daniel il y a quelques jours. Sa nièce a la même malformation congénitale que lui....Heureusement la chirurgie a progressé !

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    1. L'instit en question possédait sans doute des qualités un peu obsolètes comme le bon sens et la compassion, ou la bienveillance. Maintenant, il faut être " efficient" performant et avoir du résultat...du coup on pesse sans arrêt les enfants a la moulinette des évaluations, et je me dis: a-t-on le temps d'apprendre et d'assimiler entre deux évaluations?

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    2. On passe sans arrêt, voulais-je dire...

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  2. Normalisation et standardisation sont les mamelles du malheur... :~/

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    1. Sauf que ça ne fait pas le malheur de tout le monde, et qu'un maximum de gens essaient de profiter financièrement de u système en médicalisant a outrance des enfants qui auraient juste besoin d'un peu plus de temps et d'amour.

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  3. tu oublies de dire qu'un enfant comme celui-ci est considéré "handicapé" et que les parents perçoivent à ce titre une AEH, qui dès son plus jeune âge le catalogue aux yeux de tous, famille, copains, comme "différent". Pourtant, différent, il ne l''est pas plus que les autres. C'est juste son rythme d'apprentissage qu'il l'est, différent. Seulement voilà, des enfants comme Damien, ça fait tache dans les stats et les tableaux.
    .
    Le "cataloguage" pratiqué aujourd'hui dès le plus jeune âge me fait une peur terrible.

    Si Damien avait été ton fils, (je sais, c'est difficile de se projeter dans une situation qui n'existe pas, mais en essayant ... penses-tu que tu aurais eu assez de recul pour en parler ainsi ?

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    1. Tu soulèves là le cœur du problème que pose mon petit texte.
      L'accueil des enfants handicapés à l'école de la république est un arbre qui ne doit pas cacher l'immense forêt des intérêts de la logique comptable. Bien sur que quand on est parent d'un enfant porteur de handicap, sourd, mal voyant, handicapé moteur, on a envie que son enfant soit le plus possible accepté, comme tout le monde, dans une structure normale. Mais il faut savoir que payer une AVS 800 euros par mois revient beaucoup moins cher a la société que de payer une structure spécialisée. Donc tout bénéf pour l'état. Mais admettons. Pour un enfant réellement handicapé, ce ne peut être que profitable de fréquenter les autres enfants. Et je suis la première a soutenir moralement les familles.
      Le revers de la médaille, c'est que depuis que les parents peuvent saisir la MDPH à la moindre difficulté scolaire, certains d'entre eux voient simplement une façon d'obtenir une allocation, une carte d'enfant handicapé, voire une dérogation pour le collège de leur choix. La duplicité de certains est impressionnante. On a beau leur dire: attention, ce n'est pas anodin, vous collez une étiquette d'handicapé sur votre enfant, réfléchissez bien aux conséquences, ils ne veulent rien savoir. Or, ces enfantsl-là, comme tu le dis si bien, ont juste besoin que l'on s'occupe d'eux le soir, que l'on se penche avec eux sur leurs leçons, qu,on leur laisse le temps de progresser a leur rythme. Et si je respecte les professions satellites de l'école et dont le fond de commerce est quand même la difficulté scolaire, il faut en être conscient, on peut s'interroger sur les causes societales qui pervertissent le système.

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  4. "De nos jours, un enfant comme celui-là est "en difficulté"
    Non, ce n'est pas l'enfant qui est en difficulté, lui, il vit sa vie tranquille, pépère, à son rythme. Même s'il ne progresse pas COMME les autres ni AUSSI VITE ni DE LA MÊME FACON, il réussira quand même, comme tu le dis toi même. Seulement voilà, il ne rentre pas dans le moule ..

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    1. C'est bien pour ça que je mettais des guillemets aux mots " en difficulté" ...
      Je passe ma vie a sortir des enfants du moule dans lequel on les a enfermés, et des étiquettes qu'ils se collent eux mêmes sur le front.
      " maîtresse, je croyais que j'étais nul en géométrie, et avec toi je suis pas nul? Pourquoi?"
      "Tais toi et kiffe!"

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  5. Il y a bien longtemps que je désespérais le monde avec mes jeux idiots, mes inventions maladroites. Même la cour se refusait à moi et des jeux des autres j'étais trop souvent exclu. J'étais le gros, le maladroit, le gaucher, certain disaient même "l’imbécile". je rêvais en secret d'un monde où j'aie enfin ma place entre les animaux que j'aimais et qui me le rendais bien et "les autres" que j'admirais et qui me renvoyaient le mépris en retour. Bien sur que dans cette équation il y avait aussi tous ceux qui m'aimaient sans que je puisse ou ne sache leur dire combien ça me touchait. Et puis il y a eu cette dernière classe, le CM2,la dernière chance de rattraper ma route avant le collège. La maitresse était une créature étrange qui nous parlait,une belle et grande dame brune aux yeux couleur d'eau, qui nous lisait, qui nous chantait sa classe, parfois même en s'aidant d'une guitare magique. C'était pour moi, encore enfant, une bien jolie dame qui savait faire régner dans la classe une belle harmonie. J'avais envie de savoir. Elle aimait enseigner. Mais il fallait un déclic, un geste, un moment magique.
    Elle circulait entre les tables. J'étais ému par son parfum. Je rêvais. La classe s'était tue. Chacun me regardait sans que je m'en aperçoive. Je découvris tout à coup que j'étais l'objet de ce silence insolite et, terrorisé, j'attendais l'incident. Les élèves sont cruels parfois pour les faibles. Je ne voyais plus la maitresse. Elle était derrière moi. Je sentis d'un seul coup sa présence quand elle passa, comme par négligence, sa main dans ma chevelure rebelle en disant :" Mais MON Damien, Tu rêves encore." Et là, au lieu de me railler, elle prit un air si tendre, se retourna vers la classe et dit : "On arrête la dictée. On la reprendra plus tard. Je remercie Damien de me donner l'occasion de vous parler de ces hommes et ces femmes, qu'on appelle les rêveurs et qui ont transformé le monde. " Elle commença et je compris alors que dans ce monde il y avait aussi la place pour un petit garçon aux rêves et aux comportements étranges.
    Signé : Un autre Damien

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    1. un Damien qui a eu de la chance ..

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    2. Oups "...qui le rendaient bien...."

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    3. Merci cher Damien bis. Cela dit, je ne suis pas un modèle, je ne suis sûre de rien et je ne détiens aucune réponse parce que dans ce métier il n'y a pas de certitude. Seulement un énorme doute. De l'humain qui se frotte a de l'humain, de l'affectif qu'on demande aux enseignants de gommer de leurs réactions tout en en tenant compte pour leurs élèves. Des incohérences qui finissent par miner les meilleurs volontés. Heureusement, il y a la guitare magique.
      Et le regard des enfants heureux le temps d'une chanson. Le temps d'un rêve.

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  6. Ah, les concertos brandebourgeois j'en possède certainement cinq versions, peut-être plus. Mais ça faisait un moment que je ne les avais plus écouté... allez, je vais m'y remettre ! Merci, Célestine...

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    1. Joli bottage en touche, mais venant de toi, et surtout pour glorifier Bach, je te pardonne!

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  7. Tiens il me rappelle quelqu'un ! Nul en dessin , ben voui "ils" voulaient que je dessine une pomme ou un broc (avec un "C" à la con qui sert à rien) alors que je rêvais (déjà) de culs et de seins, comme quoi on ne change pas !
    En un mot j'étais un cancre... Il en faut des derniers, sinon il n'y aurait pas de premiers !

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    1. De la pomme au sein, pourtant, il n'y a qu'un pas....

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    2. Les seins et leurs pépins, qui vont par deux comme les câlins....

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  8. Et quand les parents d' un enfant comme Damien font partie de la grande famille de l' école, ça leur donne quelquefois un drôle de regard sur certains enseignants ...

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    1. Personnellement, j'essaie de n' avoir un "drôle de regard" sur personne. Parce que une longue pratique des rapports humains m'a appris a devenir très compréhensive en face des individus.
      Mais on ne m'empêchera pas d'avoir un regard critique sur les faits de société, et notamment sur la logique de marché qui envahit les services régaliens de l'état, la santé, l'éducation. ..

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  9. Comme tu as raison. Certains handicaps sont pourtant moins handicapants que d'autres comportements "normaux". Les rêveurs, les savants, les très impulsifs ... que ferait le monde sans eux? Ce Damien était peut-être en difficulté sous certains aspects mais il savait éviter l'ennui, imaginer des constructions, ouvrir des fenêtres de son monde intérieur vers l'extérieur.

    De plus, ces enfants trouvaient souvent leur place, par d'autres moyens. Maintenant on les étiquette et les excuse, leur supprimant l'élan pour trouver cette place parmi les "autres": on les regroupe avec d'autres "comme eux" qui ne sont pas comme eux. On les isole et on a les yeux braqués sur eux comme sur une anomalie qui va gêner la société. Ils sont à jamais "à part"...

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    1. Quand je rencontre Damien maintenant, il a quarante ans, c'est un de mes plus anciens élèves, il me dit qu'il a bien de la chance d'avoir grandi à son époque, et qu'il l'a échappée belle.
      Je crois qu'il sait de quoi il parle.

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  10. Mettre l'être humain dans une case, c'est la politique actuelle ... Des pions que l'on déplace sans arrêt, au point de déstabiliser la personne à jamais ... Je suisd passée par là ... A part le prof de dessin en 6 ème qui m'a redonner confiance en moi, j'ai toujours été rabaissée, et par les élèves et par les enseignants ?
    Ton billet prouve qu'avec un peu d'amour et de patience tout est possible ...
    Merci Célestine et gros bisous tendres :-)

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    1. Je dirais avec "beaucoup" d'amour et de patience...
      Oh petite Marie, c'est troublant ce que tu dis "J'ai toujours été rabaissée ". Je suis sûre que cela n'est pas sans rapport avec ta petite taille. Heureusement, tu as un coeur grand comme ça!

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  11. Encore une chose que je reproche à notre système éducatif actuel : ne privilégier qu'une forme d'intelligence.
    Oui, il est très important de savoir lire, écrire et compter. Mais pour certains de nos élèves qui ont du mal sont brillants dans d'autres domaines, mais ce n'est pas valorisé ...

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    1. eh oui...de la même façon,je me suis toujours insurgée contre l'hégémonie de ce que l'on appelle les apprentissages fondamentaux. Comme si la musique, la poésie, l'art n'étaient pas fondamentaux...

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  12. Les progrès technologiques aident si ils sont adaptés
    Dans l'ensemble le dépistage précoce est une énorme avancée , les équipes d'aide éducative sont précieuses ,et gratuites pour les parents , c'est une vraie chance dans ce pays
    Après , il y aura toujours les " hors normes" je pense aussi à un enfant en particulier, qui déploie des aptitudes énormes à élaborer des installations concrètes
    Le rôle de l'enseignant est avant tout de rassurer les parents
    tu as bien compris cela depuis longtemps toi Célestine
    Ma Rose est encore convoquée chez l'infirmière scolaire , je lui ai dit " tu vas la rassurer ! "
    ah les cadres ;)
    bon dimanche

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    1. Bien sûr Jeanne,attention , je ne remets pas en cause l'accueil des enfants porteurs de handicap, mais l'étiquetage abusif que font certains sur des enfants dont le seul handicap est peut-être un fonctionnement un peu différent, mais qui ont des connexions normales, et une parfaite santé physique. Ce n'est pas à la mère d'une future orthophoniste que je vais dénigrer ces professionnels qui font des miracles sur certains enfants gravement dyslexiques.
      Si l'on était sûr que les diagnostics posés ne répondaient qu'au souci d'aider et de faire progresser un enfant, et pas à celui de s'établir une clientèle pérenne et juteuse, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ce qui me hérisse, c'est de faire du fric sur le dos d'un enfant, au détriment de son équilibre futur. Or, je persiste à penser que sur des enfants comme Damien, il y a de l'abus. Du coup, cela prend la place d'un enfant vraiment handicapé.Bises ma Jeanne, va voir chez Soène on parle de toi (entre autres)

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  13. Damien, rassure-toi, ils sont tous devenus fous. Souviens-toi quand tu me récites en secret ce poème de Guillevic que t'as appris une maîtresse un peu fêlée,

    "Je n’ai rien dit,
    Signifiait la pierre.

    Je dis
    Que je ne dis rien.

    À vous de deviner."

    et qu'après, tous deux, nous partons dans un grand éclat de rire rose faire ce voyage qu'on a prévu dans la lune.

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    1. Un voyage pour lequel vous aurez pris soin de préparer en lisant les six façons de partir dans la lune de monsieur Cyrano de Bergerac...
      Une maîtresse un peu fêlée dites-vous. Oui mais les gens un peu fêlés laissent passer la lumière, à ce qu'il paraît...

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    2. C'est exactement ce que nous sous-entendions en évoquant une maîtresse un peu fêlée, elle est la seule par qui passe le rayon de lumière salvateur pour Damien, mon frère.

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  14. Répondant à un commentaire, tu dis :

    "Pour un enfant réellement handicapé, ce ne peut être que profitable de fréquenter les autres enfants"

    Oui, parce que y en a marre de cette politique de "parquage des mal-foutus-tordus" dans des établissements "spécialisés-ghettos-et-mouroirs-de-vie-sociale"...
    Mais c'est plus que ça encore. C'est profitable pour TOUS les enfants de l'école e/ou de sa classe, et pour les enseignants par dessus le marché. (sauf certains qui refusent de tels enfants dans leur classe, avec l'appui de leur syndicat, parce que gnagnagna-nananère (= argumentaire d'une caste de merde...)
    .. Apprendre à vivre les complémentarités des différences et non pas cette recherche affolant du clonage des corps et des esprits sur "je ne veux voir qu'un seul moule"...
    J'en aurai à dire là-dessus de part mon expérience personnelle de handi !

    Mais en réalité, c'est bien ça que "réclame" le monde d'aujourd'hui, des produits humains standardisés pour le profit des multinationales. L'esclavage moderne a de beaux jours devant lui...

    Alors merci à toutes les Célestine (et les Célestin !!...) qui enseignent avec d'autres références au coeur et à l'esprit.
    Tu ne sais à quel point tu me donnes encore des raisons d'espérer....



    J'an aurais à dire de mon expérience personnelle dans ma chainr d'homme à ce sujet, mais j evais me taire, parce que déjà je n'énerffe !!!

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    1. Tu t 'énerFFes...ah oui, alors en plus tu es dyslexique, tu exagères, tu cumules un peu les mandats ! ;-)

      Sérieusement, tu as parfaitement raison, une société ne progresse que si elle intègre TOUS ses membres. Dans mon école, je suis très attentive à cette ambiance de gentillesse que j'instaure sur mon blog aussi. C'est peut-être bisounours,mais ça marche. Certes, je connais tous les élèves par leur prénom, et je leur fais souvent des compliments. Les élèves ont des bons points de camaraderie, j'ai toujours préféré valoriser les bonnes actions plutôt que de saquer les mauvaises. Tout est affaire de diplomatie. Quand je suis arrivé, il y avait 15 conseils de discipline par an. Il n'y en a plus un seul.
      Ça doit marcher, finalement, la bisounourserie. Les enfants handicapés se sentent bien et en sécurité dans l'école. Aucun élève ne se moque jamais d'eux. Mehdi,Steven, Bastien,Lola sont les anges de l'école.
      Les enfants savent qu'ils déposent leur violence et leurs gros mots sur le seuil de l'école. Parfois je leur dis en rigolant: vous n'êtes pas obligés de les reprendre en sortant, ce sont des casseroles dans laquelle on ne fait pas une très bonne cuisine...

      Merci pour ta phrase merveilleuse. Celle qui se termine par "espérer"Je te la renvoie en retour, comme un miroir légèrement terni par la buée des larmes qui me montent aux yeux.
      Merci, Alain.
      Tu sais bien que chaque fois que je fais du bien à un éclopé de la vie, c'est un peu toi que je serre dans mes bras.

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  15. Ce soir, je retrouve Célestine, amie un peu délaissée comme beaucoup d'autres. Je viens de lire le parcours de Damien qui m'a fait chaud au cœur ! (C'est le seul billet lu, mais il va m'aider à m'endormir) Merci pour ce témoignage Marinello

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    1. Ah Marinello, ça me fait grand plaisir de te retrouver après ton grand voyage.
      Et si mon billet t'a apporté une sérénité qui t'a aidé a dormir, j'en suis ravie.
      Tu auras tout le temps désormais, d'aller piocher dans mes autres billets de quoi te remplir de positif.
      Je t'embrasse
      Amicalement

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  16. Quelle leçon tu nous donnes là !!!
    Dans notre siècle de normalisation rampante et insidieuse, fait pas bon de sortir du cadre de référence ...
    Et le bonheur dans tout ça ???

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    1. Ah...le bonheur...voilà la bonne question! Je n'essaierai même pas d'en parler au robot qui me sert de supérieure hiérarchique...normalisation rampante tu dis? Oui, ça lui va bien. Elle est visqueuse comme un serpent.

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  17. Déjà quand j'étais gamin, on mettait les enfants qui écrivaient mal et faisaient des pâtés dans les mains d'éducateurs spécialisés (enfin ce n'est pas le bon terme). J'y suis passé aussi, ils voulaient absolument que je tienne mon style comme les autres pour bien écrire. Un jour je me suis mis à être soigneux...je ne sais plus quand ni pourquoi et aujourd'hui, je tiens toujours mal mon stylo et je ne n'essaye plus d'être soigneux. Sale temps pour les rêveurs...

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    1. Oui sale temps. J'ai conscience que je ne peux pas faire grand chose dans mon petit coin. Et que c'est difficile, on marche sur des œufs dans ce domaine. Le handicap est quelque chose de terrible.
      Je pense que de nos jours, tu aurais pu être catalogué dyspraxique, alors qu'écrire mal ne veut pas forcément dire déficit intellectuel...bref, difficile je me répète, de discerner l'enfant qui a vraiment un problème de celui qui n'en a pas...

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  18. finalement, est-on à l'écoute de ces petits au profil hors normes "éducation nationale" ?...on veut les faire entrer dans un moule pré-défini et on "psychologise" tout et n'importe quoi. On va voir la psymachin et le psytruc, la psychomot, ou je ne sais quel spécialistechose...sans aucun doute c'est parfois nécessaire voire indispensable. Toutefois, cette normalisation est si commune à notre société infantilisée qu'on ne laisse plus aucune place à ce qui est différent, atypique et souvent tellement riche..... A méditer et à faire évoluer ....

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    1. Hélas, le système pyramidal qui est le notre fait que les "décideurs" sont beaucoup trop éloignés des réalités du terrain...il y aurait des livres a écrire sur les incohérences de l'éducation nationale... D'ailleurs je l'écrirai sans doute un jour.

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  19. peuchère, on va pas dans'l bon sens .... moi j't'l dis avec nos reformes. Mais bon sur ce sujet je m'abstienS PARCE ce que bêtement, je ne saurai que dire.
    Je sais juste que vendredi on a fait dl'a peinture et qu'on avait pas envie que la journée se termine ;) .

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  20. Si seulement tous les Damiens pouvaient rencontrer de telles institutrices que toi!! Siseulement leurs histoires pouvaient toutes se terminer aussi bien! Je me souviens d'une pub pour les couverts Guy Degrenne un peu dans ce genre... bises

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    1. Oui, depuis toujours l'école se trompe parfois lourdement sur l'avenir de certains élèves. Cela m'interpelle depuis toujours: pourquoi les gens qui ont réussi, et qui viennent raconter leur vie a la télévision, racontent-ils toujours des horreurs sur leur expérience d'élèves...

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  21. Coucou Célestine

    Alors, bien sûr, je vais te dire : on fait tout comme les Américains !! On en fait trop.
    Mais parfois on en fait trop peu... Je pense à la mère des petites filles et de son ami qui viennent d'être arrêtés... Personne ne s'est aperçu de rien, ni l'école, ni les services sociaux, ni les grands parents...
    Et ce n'est hélas pas le seul cas. Pourtant, tout ce qui devient évident était perceptible, visible même, bien avant.
    Damien est un artiste, un génie peut-être. Comme les gosses surdoués, turbulents ou renfermés, pas "normaux". Mais qui peut décider de la normalité ? Qui peut juger ?
    Quand ma 2e fille a voulu passer en 2e au Lycée hôtelier de Poligny (jusqu'au BTS, puis ensuite l'IDRAC), il a fallu que je me batte presque avec son CPE qui voulait qu'elle poursuive des études "classiques", qu'une seconde technique n'était pas assez bien pour elle. Et pourtant, depuis la 5e, elle voulait prendre ce chemin !

    Souvent les équipes pédagogiques se mêlent de ce qui ne les regarde pas et s'acharnent. Parfois, elles se trompent. C'est si difficile de trouver un juste milieu de nos jours...

    Ton petit élève est-il toujours Prof aux Beaux Arts à Lyon ?
    Bisous-bisous

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    1. Entièrement d'accord avec ton bilan, Soene. L'americanite aiguë a deux effets néfastes: une dramatisation a outrance, et un côté procédurier qui est devenu insupportable.
      L'école est ainsi la proie de tout un tas de gens qui essaient de profiter juteusement du système, et d'un autre côté tout le monde se couvre, tire le parapluie pour éviter les procès, on a peur tout le temps bref, je le redis, c'est insupportable. Assurances, paperasses a n'en plus finir, demandes en quatre exemplaires, on tue la spontanéité en permanence dans tous les domaines d'activité...
      Pour mon élève, oui, aux dernières nouvelles, il était toujours aux beaux arts.

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  22. Jolie histoire que celle de Damien :-)
    Il n'y a pas que des "artistes en devenir", cependant... et alors, ces mêmes spécialistes ont leur utilité ;-)

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    1. Loin de moi l'idée de jeter la pierre aux psychologues, orthophonistes et autres spécialistes.
      Certains enfants ont réellement besoin d'une rééducation, ou d'une aide psychologique. Je dénonçais juste les dérives. Comme celle qui consiste a laisser aux parents le choix de saisir la MDPH, sans l'avis desdits spécialistes. Certaines familles ne cherchent qu'à obtenir une allocation. Je le dis par ce que je l'ai vu de mes yeux. ;-)

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  23. L'humain est multiple... mais la vie sociale n'étant gérée que par des intello qui pensent tout savoir , qui pensent pouvoir tout maîtriser, il y aura de plus en plus de gens laissés sur le quai. Ce témoignage magnifique montre l'importance de la qualité des enseignants et donc de leur recrutement basé sur autre chose que le concours de savoir ceci ou cela mais sur le savoir être et le savoir agir. Hélas on est mal parti avec ces CV et ces DRH et ces rapports faits de mots incompréhensibles qui n'ont rien à voir avec l'humain!!!

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    1. Tu as tellement tout bien résumé que je n'ai plus rien a dire.
      A part mon leit motiv: l'éducation est un art, et non une science.

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  24. "Oui, de nos jours, la vie est dure pour les bricoleurs en herbe aux yeux rêveurs et aux doigts sales..."
    Un objectif "devenir un bricoleur en herbe aux yeux rêveurs et aux doigts sales" et croiser le regard magique de la belle maîtresse aux yeux de lac de montagne. Juste le temps d'une parenthèse.

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  25. Il faut se fixer des objectifs ambitieux dans la vie. Et persévérer pour les atteindre.
    C'est ce que je dis toujours a mes élèves...

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  26. Je connais bien un Damien qui porte un autre prénom... L'écriture de cochon en pattes de mouches, les rêves, le besoin de bâtir, de fabriquer, de créer de l'inédit. En fait, rêveur par obligation parce que myope comme une taupe et dont il a fallu attendre 12 ans et la première visite de l'infirmière scolaire pour en déceler l'anomalie. Ne voyant rien au tableau noir, ce Damien mémorisait tout lorsque la/le prof ânonnait le texte en l'écrivant, et pour le reste, il improvisait.....
    Le calcul (surtout mental) lui plaisait bien, et pour le reste..... l'important n'est-il pas d'être en bonne santé?
    5 ans à ne pas y voir grand chose, par la suite, il est resté dans sa bulle à s'ennuyer prodigieusement de désoeuvrement.
    Il a fini sa carrière comme concepteur/constructeur de machines électromécaniques, passant là où les brillantissimes élèves des écoles d'ingénieurs préféraient prudemment passer leur chemin. Pourtant il ne savait pas maitriser l'encre violette des plumes sergent-major, ses doigts en ont longtemps attesté....
    Que serait-il devenu si la main d'une instit lui avait ébouriffé la tignasse? Aucune importance de le savoir puisque ce ne le fut pas....
    Baci

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    1. Ce Damien là me fait penser à cet autre Damien du 28 septembre à 8h31...
      Mais le tien prouve que l 'on peut réussir même si la main d'une instit ne vous ébouriffe pas la tignasse.
      Ce qui me conforte dans l'idée que je ne détiens pas la vérité dans ce métier, et qui accentue définitivement mon doute professionnel...
      Molto baci

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  27. Je crois très fort que si, vers 8-9 ans, "mon" Damien avait eu cette main dans la tignasse au lieu de la recevoir violemment sur la joue parce qu'il écrivait mal, il aurait gagné 10 ans dans sa rage de savoir.
    Non, ne doute pas un instant de l'effet bénéfique que peut avoir une marque d'attention envers un élève, surtout si c'est un Damien et qu'il est paumé dans un monde où il ne se sent pas à l'aise... Ne doute jamais de ça, parce que ce serait douter de tes élèves et de toi aussi.
    Ti bacio

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    1. Merci caro.
      Voila des paroles rassurantes, que je vois un peu tard.

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  28. Je l'aime beaucoup ce Damien!!!
    J'en ai bien deux ou trois dans ma classe!
    Et puis celui de la classe voisine, monsieur mon fils, que je n'ai pas voulu dans ma classe. Mais je doute en ce moment...certes je connais bien leur vie avec ma fine oreille et on ne doit pas trop en savoir sur les siens, mais monsieur mon fils n'aime pas l'école, s'endort au fond de sa classe et pourtant si créatif avec un humour désopilent, monsieur mon fils qui a besoin du regard valorisant de ses pairs et qui ne l'obtiendra pas cette année, monsieur mon fils qui aurait tiré bénéfice d'une maîtresse comme sa mère mais qui ne soit pas sa mère....Un Damien en puissance

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    1. Quel dilemme cornélien!
      Je ne vois qu'une solution: envoie le moi. ^_^ je te le rends à la fin de l'année.
      Non, sérieusement, c'est dur pour nous d'être à la fois mère et maîtresse.Et quand on voit la collègue d'à côté bousiller les enfants, c'est encore pire.
      Heureusement, ton Damien a une mère exceptionnelle, ce qui n'est peut-être pas le cas de tous les autres...

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    2. Oh je ne crois pas que son maître le bousille, je pense que ça sent l'ennui, le labeur, le travail forcé.
      Tout ce qui est soporifique au yeux de monsieur mon fils.
      Mon collègue a plein de qualité mais il ouvre les fenêtres pour faire fuir les pics verts qui viennent distraire les élèves. Le dilemme c'est que mes élèves apportent baies et noisettes pour attirer les hôtes de la forêt voisine et me préviennent lorsque nous avons une visite !!
      Mais je suis meilleure maîtresse que mère!!!

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    3. Ne t'inquiète pas trop pour monsieur ton fils, l'esprit créatif et l'0humour sont plus forts que tout l'ennui du monde.
      J'ai vécu cet ennui, je suis passé à côté de tous les diplômes possibles et je n'ai fait dans ma vie que ce qui m'intéressait. C'est précisément ce que les zinzénieurs ne savaient pas faire que je trouvais intéressant... Je me suis donc beaucoup amusé dans ma vie car j'ai échappé à l'ennui des métiers pris dans leur côté sérieux :-D

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  29. "De nos jours, un enfant comme celui-là est "en difficulté" ; on convoque une équipe éducative, on saisit la MDPH*, on met l’enfant dans les mains de spécialistes de tous poils, ergothérapeutes, orthoptistes, on diagnostique une dyspraxie, une AVS* assise à côté de lui,range ses affaires et copie ses leçons à sa place. A moins qu’il n’ait droit à un ordinateur. Plus de place alors pour les bricolages inventifs, ceux qui développèrent les facultés créatrices de Damien.
    Oui, de nos jours, la vie est dure pour les bricoleurs en herbe aux yeux rêveurs et aux doigts sales..."


    C'est pour ce genre de choses, et celles citées dans ton dernier billet, que j'ai enlevé petit dernier de l'école...

    Pourquoi Célestine n'a jamais tenté l'aventure d'une école "parallèle"...? Ho je sais déjà ce que tu vas me répondre... mais quand même :(

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    1. Jamais tenté mais ce n'est pas que l'idée ne m'ait pas effleurée, de nombreux soirs de doute et de déprime...un vieux rêve de salle des maîtres, dans les petits matins nauséeux ou l'on se heurte a l'immobilisme du Mammouth, à l'obtusité des supérieurs, à l'iniquité des mesures et des circulaires.

      Et puis on se dit que l'on va y arriver, que l'on est attaché à un idéal d'école pour tous, gratuite...une haute idée du service public. Et l'on ne peut que voir s'enfuir sans pouvoir les retenir, les parents qui, comme toi, en ont eu marre d'être pris pour des cons par l'administration. Je sais bien qu'avec mes petits bras pas très costauds, je ne peux endiguer la colère d'une mère, surtout quand elle est légitime.
      Je ne peux que lui dire, je vous comprends.
      Surtout quand elle me dit: je m'en vais, mais ce n'est pas contre vous hein!
      Ben je sais bien que ce n'est pas contre moi.

      Oui, cette idée m'a effleurée bien des fois...
      Bises Julie. Merci pour ton témoignage.

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  30. Passionnée de lettres et de mathématiques, je serais pourtant aujourd'hui classée " en difficulté" car je savais mal communiquer..
    La vie m'a donnée un enfant totalement rebelle à toute forme d'éducation scolaire qui a été classé " en difficulté" ce qui m'a donné l'occasion de croire en lui..
    Le génie c'est mettre en marche l'intelligence en soi ... cette manière de se lier à la Vie est unique et singulière mais présente en chacun.
    Aucun système ne la reconnait vraiment car elle ne se mesure pas mais se sent.

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  31. Un gamin qui sort des lignes qu'"on" lui a tracé pour écrire...
    Une personne qui sort des rails qu'"on" lui a tracé pour vivre...

    L'avenir appartient aux rebelles...


    Bernard

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  32. Je suis très touchée par cette histoire racontée avec tant de tendresse !
    Et je te rejoins complètement sur le fond !

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Je lis tous vos petits grains de sel. Je n'ai pas toujours le temps de répondre tout de suite. Mais je finis toujours par le faire. Vous êtes mon eau vive, mon rayon de soleil, ma force tranquille.
Merci par avance pour tout ce que vous écrirez.
Merci de faire vivre mes mots par votre écoute.