Mars 2070
Quelques hommes se risquèrent au-dehors pour la première fois, quittant les abris telluriques, où ils s’étaient réfugiés lors de la grande Implosion. Leur peau blafarde et leurs maigres doigts témoignaient de leur long temps sans soleil, nourris aux éclairages artificiels et aux poudres synthétiques. Ils avaient oublié le bleu, le vert et l’ocre. Ils avaient oublié le vrai et le fulgurant, l’immense et l’éphémère. Des vies de légumineuses. Ainsi, dehors, la vraie vie avait repris ses droits…
La mer les éblouit.Ils avancèrent prudemment sur la grève, en tapotant du bout de leurs orteils le sol mouvant.
Une bouteille roulée de mer clapotait entre sable et eau. Elle contenait une simple feuille photocopiée. Le plus vieux, qui semblait être aussi le plus courageux, lut péniblement les mots inconnus tracés à la main.
Les Sentiers, et les Blés, et l’Herbe, et la Rosée…Ses poumons se défroissèrent comme au premier matin du monde. Tous ces bonheurs oubliés...Il lui faudrait les réapprendre aux Terriens de la Nouvelle Ere.
Les mots roulèrent une larme sur le parchemin de sa joue.
Le Vent, et la Fraîcheur... l’Été et la Bohème,
Et l’Âme, et la Nature, et la Femme et l’Amour…
D’autres larmes jaillirent…Mais qu’ avait donc permis cette folie des hommes ? Dire qu ’il fut un temps immémorial et doux où cela existait…
Il se releva péniblement.
Derrière la feuille, une autre écriture avait tracé ces mots : « Pour que l’on n’oublie pas… »
Pour le défi du samedi, il fallait ouvrir la bouteille à la mer.
Merci à NuageNeuf de m'avoir fait découvrir ce beau manuscrit de Rimbaud.
le manuscrit est manquant, à cette heure-ci... mais je l'ai vu sur le défi (auquel par bonheur je ne participais pas LOL bon courage pour la suite)
RépondreSupprimerIl n'est manquant que sur la version mobile des iPhones ...sinon il est bien la si tu affiches la version web...j'espère que tous les lecteurs n'auront pas ce désagrément...
SupprimerBonne journée !
Je ne vois pas non plus le manuscrit et le lirai plus tard, sur mon ordi. Je ressens tout de même cette nostalgie du narrateur, le manque de naturel et d'émotion see sa vie qui fait rouler une larme sur sa joue. Ce pourrait bien etre le début d'un roman, non?
RépondreSupprimerJ'aimerais beaucoup, mais je crains de ne pas soutenir la comparaison avec un Barjavel...Mais, c'est vrai, j'ai toujours aimé les romans d'anticipation.
SupprimerCette écriture là me plait beaucoup !
SupprimerEmmanuel de Michel Colombier B.O des dessins de Folon sur Antenne 2.
RépondreSupprimerTrès beau morceau d'inspiration classique mais triste, triste.
J'ai du mal à l'écouter de nos jours
Je suis désolée...j'ai toujours beaucoup aimé cette musique, et les personnages de Folon. J'ai visité le musée Folon à Bruxelles, j'ai adoré son univers.
SupprimerIl est vrai que la "fin des programmes" ça laisse pantois les jeunes:" quoi, les programmes s'arrêtaient la nuit?"
Bon. J' irai voir le manuscrit ailleurs !
RépondreSupprimerTransmettre. Oui, surtout transmettre.
C'est lumineux. C'est le chemin.
SupprimerEt bien... quel changement d'ambiance par ici! J'aime assez... Mais c'est troublant cet extrême ^^
RépondreSupprimerCet extrême quoi? ;-)
Supprimer... sourire
SupprimerRien Célestine ;) ce changement de décor me fait juste intégrer le message suivant : se méfier des apparences, ou les apparences sont trompeuses :)
Je veux dire que je m'étais laissée aller avec toi à une critique facile et cinglante, en te cataloguant surtout dans la case étroite et sans appel de la mièvrerie "arlequine" ;) avec un soupçon d'arrivisme déguisé sous la bienveillance. Bref. J'y étais allée un peu fort (dans un contexte particulier que je t'ai un peu explicité en privé :)
J'ai pu voir par la suite des aspects de toi qui démentissaient mon point de vue trop arrêté!
Mais je m'égare : ton ancien décor amplifiait mon sentiment tranchant à ton égard. Ce n'est sans doute qu'une histoire de goûts... mais je le trouvais chargé, "ecoeurant", guimauve, fouillis, de mauvais gout, voulant trop en faire... etc (excuse ma franchise :)
Maintenant voilà un endroit sobre, épurée... suggestif, où l'on sent le désir de laisser une place plus entière aux mots et moins à celle qui les écrit... :)Et ce décor m'invite pour ma part (peut être est-ce les couleurs que j’affectionne?) à voir plus calmement, entre les lignes parfois, au-delà des mots toujours... :)
Mon message est confus, brouillon... :) Mais je suis certaine que tu sauras remettre de l'ordre dans les infos que je te donnes, pour répondre à ta questions ;)
Je suis celle que je suis, et les gens apprennent a me connaître et a m'aimer comme je suis. Mais n'est-ce pas la même chose chez chacun d'entre nous? Les apparences sont malheureusement si prégnantes quand on ne veut pas fouiller derrière...mais tu n'es pas de ceux qui s'en contentent et cela me ravit.
SupprimerBref, j'avais envie de trouver un décor nouveau, parce qu'on évolue, comme on change les couleurs de sa maison ou de ses vêtements... Tant mieux si ces nouvelles couleurs te plaisent. Mais j'ai toujours été sincère et en complet accord avec moi-même, depuis le premier mot déposé ici.
Encore une fois, cela me conforte dans l'idée que lorsque l'on est soi-même, les autres finissent toujours pas s'en apercevoir. ;-).
Bien joli défi du samedi.
RépondreSupprimerEn 200 ans, il s'en passe des choses. Notre ère numérique permettra-t-elle une telle conservation des documents pour transmettre le savoir humain ?
Moi aussi, j'ai été surprise par ton nouveau décor, mais je suis déjà incapable de décrire l'ancien...
J'aime ces nouvelles couleurs et cette sobriété de présentation !
Bonne semaine, Célestine et gros bisous
Fine mouche...tu as noté les dates!
SupprimerJe frémis à l'idée qu'un jour, le patrimoine de l'humanité disparaisse d'un coup à cause d'un bug...Mais il paraît qu'il ne faut pas trop s'en faire:la conservation des documents serait plus fiable en numérique que sur papier.
Mais quand même, un manuscrit de Rimbaud, ça fait rêver...
Texte magnifique et désespérant, mais pas que...
RépondreSupprimerPeut-être doit-on en effet passer par l'implosion pour trouver la sagesse.
Molto Baci
Peut-être...Les êtres humains seront-ils sages un jour?
SupprimerDésespérant? C'est un message plein d'espoir que je me suis envoyé à moi-même pour apaiser mes angoisses existentielles...
Baci
Ayé! L' est là le beau poème .
RépondreSupprimerAh ben ça c'est bien cool alors! ^^
SupprimerToi aussi tu as un zifon?
SupprimerL'inconvénient des gens sensibles, c'est quand ils sont entendus par des gens sensibles: j'ai le moral dans les chaussettes maintenant ! A quoi bon faire des moufflets si c'est pour leur donner ça...
RépondreSupprimerQuoique... peut-être devrais-tu développer, écrire un, des romans, avec l'espoir qu'en les lisant, tous ceux qui traversent la planète et la vie qu'elle porte à grands coups de bulldozer pour cause de profit immédiat finissent par comprendre qu'ils ne sont que les fossoyeurs de leurs enfants.
On peut rêver, non ?
Oui, on peut rêver, c'est même recommandé pour rester en bonne santé.Je suis navrée de t'avoir mis le moral dans les chaussettes, mon Candide...C'est peut-être la musique? Ecrire des romans, ça, c'est sûr, je ne vais pas m'arrêter à un seul!
SupprimerHeureusement, le soleil brillera encore longtemps malgré la folie des hommes, over the Rimbaud.... :~)
RépondreSupprimerOver the Rimbaud...Comment fais-tu pour avoir cette constance dans le génialissime?
SupprimerVoilà une autre version de l'histoire de Noé, qui nous raconte avant tout qu'il y a toujours un recommencement possible.
RépondreSupprimerUne version un peu futuriste, mais le passé et le futur ne se rejoignent-ils pas dans la fulgurance de toute vie humaine? Merci Anne** d'avoir vu de l'espoir dans mon texte.Et d'oser le comparer à un livre tellement hors d'atteinte...
SupprimerBien sûr, le poème force l'admiration, comment rester insensible à ces mots?
RépondreSupprimerLa science fiction de ton billet me rappelle irrésistiblement le beau roman de Merle: Malvil ...
Alors là, tu me scotches. J'avais beaucoup aimé ce roman , très sombre mais assez fulgurant, autant qu'il m'en souvienne...
SupprimerJ'aime beaucoup, au risque de me répéter, les romans d'anticipation.
Dans d'autres temps, j'avais écrit pour le défi du samedi un autre texte qui pourrait se retrouver dans le même roman que celui d'aujourd'hui.
http://samedidefi.canalblog.com/archives/2011/12/03/22855646.html
Mais encore une fois, gardons humilité. Je ne suis qu'une écrivaillonne, et ce n'est pas du "chleuasme". LOL
Ecrivaillonne !! Non mais je rêve!!
SupprimerFaut jamais se dévaluer, c'est mauvais pour l'estime de soi !! :)
Bon , d'accord, je le reconnais, ça me fait plaisir que tu me dises ça...
SupprimerJ ai immediatement pense a barjavel ! Puis a prince dzs nuages qui dt faire rever tes e !Puis a mon fils qui me jure morddicus depuis ses troians qu il sera spationaute!
RépondreSupprimerBarjavel...tu n'es pas la première qui me le dise. Je rosis de confusion. Un grand!
SupprimerPrince des Nuages ? Je ne l'ai pas encore dans ma bibliothèque de classe...Un prochain achat sans doute.
Malgré ton langage SMS j'ai tout compris... ;-)
Pas le choix j ecris avec mon tt petit telephone!dsl!
SupprimerPas grave!
SupprimerC'est beau ! J'allais dire comme d'hab. Mais il ne faut pas s'habituer, en toutes choses, il faut s' émerveiller chaque fois...
RépondreSupprimerMerci mon Andiamounet. S'émerveiller, voilà bien un mot qui m'accompagne très souvent...
SupprimerWaouh c'est beau!! Et qu'elles sont belles aussi les nouvelles couleurs de ton blog
RépondreSupprimer:-)!
Merci Mammilou, je me suis appliquée pour faire une belle harmonie...
SupprimerMon blog, c'est un peu comme ma maison...
Cette lettre me fait penser à " Avant le silence des Forêts", de Liliane Beauquel, sur la grande guerre.
RépondreSupprimerLa photo est très belle...
Que de références littéraires tu as. Où trouves-tu le temps de lire tout ça?
SupprimerTrès drôle de lire ton billet avec l'accordéon ! :) J'adore les décalages !
RépondreSupprimerFinalement quand on aime ton peut tout mélanger n'est-ce pas, or hein, beau ...
Les styles et les époques ne s'épousent-ils pas ...
M'anticiperas-tu fée céleste, y a pas à dire, Rimbaud le savait bien : Les femmes ça rend heureux ...
Entièrement d'accord... Le choc des cultures, des musiques, le contraste des sensations, les cadavres exquis, dans la qualité, on peut mélanger, une chatte y retrouve toujours ses petits.
SupprimerLa femme est l'avenir de l'homme. Toujours d'actualité.