Lettres du Japon (2) Encore Tokyo

  

Au cœur de la ville, le sanctuaire Meiji est entouré d'une imposante forêt de cèdres. C'est le Central Park de Tokyo. Un poumon de verdure que l'on parcourt avec joie, après la première journée tellement... citadine !

Sous une légère pluie rafraîchissante, les azalées offrent leur floraison aux regards dans une profusion de couleurs.

Devant le temple, je ressens vivement l'énergie délicate qui s'en dégage. Une force qui me porte soudain vers le haut, une respiration libre et ample. Je me dis que ce pays a bien des aspects fascinants, et notamment cette spiritualité empreinte de respect et de gratitude que l'on ressent ici. Cela redonne espoir dans l'humanité.

Les érables et les cèdres sont d'une beauté époustouflante.

Les allées tracent parmi les arbres des pistes sablées sur lesquelles on ne marche qu'en silence.

La pluie cesse et les nuages s'écartent doucement.

Un peu comme sur mon omikuji. Je vous explique : après avoir payé le prix de l’omikuji  au guichet du sanctuaire, il faut tirer une baguette numérotée pour recevoir les prédictions sur un papier ayant le même numéro.  Sur cet oracle, figurent le degré de chance ou de malchance mais également des prédictions plus personnelles sur la vie, l'amour, le travail... entre autres. En cas de bonne prédiction, le papier se conserve dans le porte-monnaie mais en cas de malchance, il est accroché aux branches des arbres dans l’enceinte du sanctuaire pour que la chance tourne en faveur de l’intéressé. Je n'ai pas eu besoin d'accrocher mon omikuji. Il ne me prédisait que du bonheur. « Des nuages qui s'écartent doucement devant la lune »... C'est ma vie, ça.

Dans les restaurants, les tables sont garnies de plats avant l'arrivée des convives. La nourriture est délicieuse, enfin un peu fade parfois mais très diététique : légumes cuits ou crus, poisson, herbes et épices au goût inédit. Chacun fait bouillir ses champignons, son chou et ses tranches fines de boeuf dans une marmite au centre de la table. Je comprends la minceur générale de ce peuple, et son espérance de vie supérieure à la moyenne mondiale. Peu de desserts, donc peu de sucre. Peu de graisses. Les seules personnes en surpoids sont les Sumo. Sauf votre respect, cher peuple nippon, et le tien, Akiko San, je ne les trouve pas très divins, vos dieux vivants aux formes rebondies de gigantesques bébés en couches-culottes. Mais c'est une tradition et on se doit de la respecter.

Pour en revenir à la minceur des autochtones, hélas, l'installation de milliers de fast-foods dont je tairai la marque risque fort de changer la donne dans peu de temps.

Le Musée national abrite les trésors du patrimoine : samouraïs, shoguns, estampes, statues de Bouddha, katanas, objets précieux venus du passé médiéval. Nous y passons quelques heures riches de sens et de connaissances. J'aime toujours autant apprendre.

Après deux jours balançant entre histoire et modernité, mais au ras du sol, on éprouve le besoin de prendre un peu de hauteur. Car Tokyo est une ville plate.   

Haute par ses buildings, mais plate. Sans Capitole, sans Acropole, sans butte Montmartre, sans aucune hauteur naturelle où l'on puisse grimper pour admirer la vue.

Le gratte-ciel ultra moderne de la mairie nous offre opportunément un panorama unique sur la mégapole. Là-haut, je prends la mesure de l'immensité de cette ville. Tout en dégustant un café sur la musique du célèbre Yiruma, joué par un jeune garçon doué sur le piano offert au public. Un piano dessiné d’ailleurs par la styliste japonaise Yayoi  Kusama, une sœur en cheveux. 

Ce soir, nous quitterons Tokyo pour partir à la découverte du Fuji San, la montagne sacrée.

(à suivre)

Omikuji très favorable …