Il faisait une chaleur à
crever. Nous attendions, Brigitte et moi, depuis des heures, en plein
soleil, les lèvres sèches de soif et de fébrilité. Il y avait des
fleurs dans nos cheveux et nos jeunes corps vibraient sous la soie
indienne.
La file d'attente n'en
finissait pas. Mais rien n'aurait pu nous atteindre. Nos quinze ans
avaient triomphé de nos parents, de leurs appréhensions, de leurs
peurs de la drogue, des garçons, des mauvaises rencontres. Nous
avions nos billets « for heaven ».
Nous pénétrâmes enfin
dans le chaudron incandescent, le cœur battant. Un incroyable
couvercle de fumée âcre flottait au-dessus de la foule en délire.
Des substances plus ou moins licites qui piquaient les yeux et
enrobaient nos pensées d'un voile flou. Enfin, quand je dis nos
pensées...le peu de raison qui nous restait s'avanouit dans la
rumeur sourde de ce creuset infernal.
La tension était
palpable. La scène restait désespérément vide. Les énormes
enceintes grésillaient dans l'attente. Des filles se pâmaient au
premier rang, étourdies de leur douce folie et de longues heures de
jeûne forcé.
Une brume artificielle
tenace et opaque avait investi les moindres interstices de l'espace.
Brigitte se ferait sûrement une élongation des mollets à force de
se hisser sur la pointe des pieds. Moi, j'appréciai pour la première
fois mon mètre soixante-quinze qui me permettait d'apercevoir les
projecteurs sous lesquels Il ne tarderait plus à apparaître.
Les sifflets se firent
plus stridents, la rumeur enfla, un tremblement agita les gradins
derrière nous. Des milliers de pieds frappaient le sol en cadence
comme des marteaux-pilons. L'air s'emplit d'adrénaline.
Et soudain, au paroxysme
de la surexcitation, les premières notes de guitare s'élevèrent...
Il apparut, mythique,
dans son halo de brouillard qui le nimbait d'une sorte de divine
aura.
Ce fut la seule fois où
je vis Mick Jagger.
Le chaudron est le stade de foot de Sant-Etienne
RépondreSupprimerbelle journée Bises;
So, you can get satisfaction,
RépondreSupprimereh eh eh !
J'ai assisté il y a peu à un concert de Trio, dans une salle fermée. Le même genre de nuage épais flottait dans l'air !
Je n'en revenais pas qu'on laisse les gens fumer ainsi à l'intérieur...
Suis ressorti la tête lourde, les yeux rouges genre lapin-myxomatose, un enfer :(
Bon souvenir.
RépondreSupprimerDivine aura ? C'est plus de l'amour c'est de la vénération. :D
C'est merveilleux d'avoir pu le voir sur scène!! Qu'elle satisfaction :-)
RépondreSupprimerJe ne sais pourquoi mon IPhone fait des fautes :-( je voulais écrire Quelle satisfaction!
RépondreSupprimeryour sympathy for the devil is so cute... ;-)
RépondreSupprimerJ'étais en Terminale , tous les samedi , nous allions au café "le Moderne " avec ma copine après nos heures de philo
RépondreSupprimernous écoutions Angie
en ouvrant ton blog ce matin , dès les premières notes , j'ai reconnu
souvenirs ..
Mick Jagger , pff ... un mythe
les salles embrumées , j'aime ça
Enfin, tu en es revenue saine et sauve. Pas d'intoxication ni de coup de chaleur. Mais le souvenir t'est resté. Amitiés. dinosaure80.
RépondreSupprimerDu brouillard ? ne me dis pas que Keith Richards avait encore fumé un oinj avant d'entrer en scène ? :~)
RépondreSupprimerTANT BOURRIN "un" joint? t'es gentil...à ton avis, pourquoi ils s'appelaient les rolling "stones"?
RépondreSupprimerHENRI Oui j'en garde un souvenir brumeux mais très présent...
JEANNE On aurait pu se croiser dans une autre vie, au café le Moderne...
FLEUR DE SEL
RépondreSupprimerTell me, baby, what's my name
Tell me, sweetie, what's my name
Ooo, who, who ...
MARIE MADELEINE vilain Iphone qui ne connaît même pas le cultissime tube des Stones...et pas non plus la grammaire!
RépondreSupprimerBERTHOISE mouif...je crois qu'il a été un peu trop déifié, en effet...
ANTIBLUES La loi Evin n'est pas allée jusqu'aux concerts rock, apparemment...Tu dois être mignon en lapin myxomatosé...
RépondreSupprimerPATRIARCH
RépondreSupprimerTu penses si je m'en souviens! L'époque des verts (qui c'est les plus forts évidemment c'est les Verts) avec un père et trois frères fans de foot, j'en ai regardé des matches et la récompense suprême , c'était d'aller au chaudron encourager Janvion, Tigana et surtout Rocheteau l'ange vert...
Là, je suis jalouse... :-) . Il y a deux trois ans, ma soeur a offert des places de concert des RS à l'Homme et moi et la veille du concert Keith Richards est tombé d'un ... cocotier parce qu'il avait trop fumé la moquette. Concert annulé....
RépondreSupprimerMYOSOTIS pas de chance en effet...j'avais entendu parler de cette tuile.
RépondreSupprimerWouahhh!!! Comme j'aimerais avoir de tels souvenirs... Bon sang qu'il était beau et sexy!!!
RépondreSupprimerJ'aimerais aussi avoir de tels souvenirs .
RépondreSupprimerCet été au concert de Nolwenn, c'était l'excitation de ma puce qui était à son paroxysme !
Toujours magnifiquement écrit, on s'y croirait même si ANgie N'est pas ma préférée.
C'est génial d'avoir vécu ce moment d'euphorie, il laisse des souvenirs impérissables...
RépondreSupprimerJ'ai James Brown à l'Olympia dans les années soixante, pas dségueu !
RépondreSupprimerJ'ai apprécié les fumerolles tant que racontées par toi!
RépondreSupprimerUn régal un peu sulfureux, moi c'était... (ne ris pas !) Claude François!
Moi c'était Joan Baez dans les années 70 à la bourse du travail à Lyon au profit des anarchistes espagnols. Il y a eu beaucoup beaucoup d'autres rencontres avec elle au fil du temps mais il n'y a jamais eu de ... brouillard !
RépondreSupprimeril y a un problème avec mon pseudo, l'adresse url enregistrée avec mon com. précédent ne redirige pas sur mon blog.
RépondreSupprimerSABLE DU TEMPS puis je te suggérer de revoir ton adresse de blog (sur le site "chaud" où l'on arrive en cliquant sur ton pseudo, l'adresse est "canalbog" au lieu de canalblog...Cela vient peut-être de là. Un bug?
RépondreSupprimerEDMEE Je ne me moque pas, j'aimais bien Claude François aussi...Certaines de ses chansons ont traversé le temps...
ANDIAMO Oui, c'est pas mal, en effet, comme souvenir! Ca vaut largement mon Mick Jagger...
RépondreSupprimerMTG Et toi, tu as la chance d'aller voir Mylène... ;)
HELENE Je suis toujours extrêmement touchée quand on me complimente sur mon écriture...Je ne sais pas pourquoi, je ne suis jamais vraiment persuadée d'avoir du talent, et pourtant tout le monde me le dit. Et ce n'est pas de la fausse modestie, il est rare que je m'extasie sur moi même...même si ça arrive parfois.
RépondreSupprimerBRIZOU Oui, quand il était clean, il avait de bons côtés!
RépondreSupprimer"Et soudain, au paroxysme de la surexcitation, les premières notes de guitare s'élevèrent..." Avec une bonne sono, ça vous prend aux tripes... (attention, je n'ai pas dit trip hein !)
RépondreSupprimerLoin de moi, l'idée de dire que c'était mieux avant, mais faut bien reconnaître que ce n'était pas mal du tout ;-)
SKLABEZ eh bien moi, j'ose le dire un tout petit peu. On n'invente plus grand chose ces temps-ci musicalement.Les grands mythes ont été fondés entre 1950 et 1980. Depuis...hum comment dire...
RépondreSupprimerMerci d'être passé. Je t'embrasse.
Je découvre à l'instant ton Blog, excellent billet, bravo.
RépondreSupprimerBleck