Mais comme toujours, je me suis beaucoup divertie ! Au point de ne pouvoir, encore une fois, choisir entre mes deux penchants.
Venez, d'abord, je vous emmène en Provence...pour ceux qui aiment la poésie
Giraumon – gambader – galipette – gallinacée – grille – gland - garage – givre – gargouille – gambit – galop – gabarit – gloriole – grotesque – gémir – gourmand – godillot – grave – grillon – galimatias – girofle – Garamond.
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Depuis la veille, je marchais dans la garrigue. J'avais tenu à effectuer à pied cette dernière partie de mon voyage. Quel silence ! troublé seulement par le chant des cigales et des grillons ivres de soleil, et de temps à autre, l'envol esseulé d'une bartavelle. Ah, les bartavelles! Mon bisaïeul, en son temps, avait su tirer quelque gloriole d'une légendaire chasse, de laquelle il avait rapporté une paire de ces gallinacées d'un gabarit impressionnant, bien qu’à mon avis nettement exagéré par l'exubérance méridionale... Le récit de cette aventure a d'ailleurs été admirablement relaté par mon grand-père, dans une de ses œuvres les plus célèbres.
Quand je ressentais la faim, je sortais de mon sac un modeste repas, en prenant des mines gourmandes. Quelques tranches de giraumon, sorte de potiron au goût sucré, quelques noix, un fromage de chèvre, une figue charnue, un gros morceau de pain de campagne.
Et je repartais d'un bon pas. Sur les traces d'Elzéard Bouffier, « l'homme qui plantait des arbres », je traversais des hectares de chênes rouvres, de cades, de cistes et d'arbousiers où j'écoutais les glands gémir et se fendre sous mes godillots avec un agréable crépitement de feu de cheminée.
J'avais passé la nuit près d'un moulin aux longues ailes immobiles. L'air embaumait le thym et le girofle. Au petit matin, une étonnante sarabande me réveilla : des lapins dignes de Fontvieille gambadaient sans crainte autour de moi, comme leurs illustres prédécesseurs, et leurs galipettes dans l'herbe étoilée de givre donnaient un air de fête à ces solitudes .
Je sentais près de moi les héros de mon enfance, Daudet, Mistral, Giono...Le galop inattendu d'un cheval sauvage mêla un long moment sa route échevelée à la mienne. Je pensais ne jamais atteindre mon but, quand je me retrouvai au milieu de nulle part devant une grille de fer forgé. Dans un garage envahi d'herbes folles, j'aperçus un tacot poussiéreux. Adossée au mur d'enceinte lézardé de toutes parts, une fontaine asthmatique, surmontée d'une grotesque et hideuse gargouille, crachotait une eau verdâtre.L'eau des collines...
Soudain , de la maison, vieille vertèbre tassée et croulant sous la glycine, surgit, de manière imprévisible, tel un champion d'échecs vous assenant d'entrée de jeu son coup de gambit, un petit homme sec et sombre que je reconnus, à sa voix grave, comme étant le notaire dont j'avais reçu l'appel quelques jours plus tôt à Paris.
Son incompréhensible galimatias avait alors grandement aiguisé ma curiosité.
- Bonjour ! Maître... Garamond, je présume ?
-Té ! Qui arrive là? Mais c'est la petite Célestine Pagnol! Entrez donc, mademoiselle, je vous attendais...
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Pour ceux qui aiment rire, un texte plus comique...
- « Messieurs, messieurs ! Cessez donc ces galimatias. L'heure est grave, voyons ! Regardez notre grille de travail : prétendriez-vous avoir de l'avance dans le programme pour vous autoriser à gambader de la sorte ? Il nous reste du pain sur la planche ! »
Un barbichu en habit vert tente de ramener à la raison quarante académiciens plus enclins aujourd'hui aux galipettes verbales qu'au sérieux coutumier de leur fonction.
Il règne dans l'hémicycle un joyeux bazar, et tous ces honorables vieillards crissent comme des grillons en plein mois d'août ou glougloutent comme des gallinacées. On entend gémir les sièges en vieux cuir , les ors semblent ternis : qu'est devenue la gloire fastueuse du lieu? une gloriole, tout au plus.
-Messieurs, au galop, je le répète, nous devons encore entériner les mots « Garamond » et « gambit », décider si nous gardons ou non l'obsolète « giraumon »et statuer sur le genre du mot « girofle ».
-Pff ! Ridicule, « girofle » doit rester masculin.
-Grotesque, au contraire, personne ne l'utilise plus qu'au féminin!
-Vous confondez avec « giroflée » sans doute !
-Monsieur, vous allez prendre mon godillot quelque part !
-Je ne vous permets pas, espèce de vieille gargouille !
L'ambiance se givre : dans cinq minutes, si on les laisse faire, ils vont se traiter de glands...
Seul , dans son coin, planqué comme qui dirait sur une voie de garage, un académicien au gabarit de rugbyman dévore un énorme sandwich d'un air gourmand. Il a un creux.
Il ne participe pas à la gabegie générale.
Il faut dire qu'il est le seul à n'avoir pas touché aux champignons ce midi...
Clap, clap, clap, clap, clap!!!
RépondreSupprimerC'est d'une main de maître(sse) ;) que tu as relevé le challenge! Un peu moment de bonheur! Chapeau bas madame! :)
Julia Heim
Merci Julia...J'apprécie ce compliment de ma fan numéro 1 (dans l'ordre chronologique! LOL)
RépondreSupprimer"Travail" de maître... Chapeau... Belle journée. Bises
RépondreSupprimerExcellentissime ! J'applaudis des deux mains, et plutôt deux fois qu'une ! :~)
RépondreSupprimerTu es vraiment une descendante de Pagnol ? Après tout pourquoi pas!! La gloire de mon grand-père lolll !
RépondreSupprimerQuel courage de faire deux textes !
J'ai une préférence pour le premier :)
bravo Célestine, et re-bravo! il me semblent que tes commentateurs sont unanimes et que tu peux être rassurée: tu écris très très bien :-)
RépondreSupprimer(moi j'aime les deux)
Pas évident de faire 2 textes à la suite, mais c'est fait avec brio. Quel plaisir de vagabonder de Provence... à l'hémicycle et d'en rire !
RépondreSupprimerDès tes premières lignes, je me suis dis, je vais préférer le premier texte !
RépondreSupprimerEt bien, j'aime les deux ! J'adore cette ambiance de Provence et j'ai beaucoup ri avec ton texte sur nos Immortels !
Quel courage et quel talent. Deux textes avec ces mots-là, difficile de rivaliser ! lol !
Bon week-end et bises de Lyon
comme l'a déjà Plume, difficile de rivaliser Les deux textes sont si différents mais si bien écrits tous les deux, que je n'ai pas de préférence
RépondreSupprimerUn nouveau défi, trois pour la lettre H
Une fontaine asthmatique , ça me plait beaucoup cette expression
RépondreSupprimerQuel talent , deux textes , oh la la !!
c'est génial toutes ces découvertes , petites histoires de vie , drames et portraits de personnages insolites
j'aime beaucoup le deuxième texte aussi , j'imagine la scène
bravo Célestine
très beau, même si mon coeur n'affectionne plus cette provence qui ne m'a apporté que des drames, je n'aspire qu'à m'enfuir loin de toutes ces glorioles méridionales au venin acéré..
RépondreSupprimerQuel talent Célestine ! Je suis encore épatée et je confirme : dur de rivaliser. Le but n'est pas là non plus ! J'ai adoré le premier et les références à Pagnol, on y était ! Quant au deuxième, aussi bien enlevé et drôle... Ce serait hilarant de voir ces fossiles manger des champignons ou avaler des substances qui les désinhiberaient...
RépondreSupprimerLe deuxième est d'une drôlerie ! J'ai bien rit et totalement visualisé la scène ^^
RépondreSupprimerLe premier est très tendre, et j'aime beaucoup les petites références parsemées, et les bartavelles !
A la semaine prochaine j'espère !
Bravo ! J'ai tout de suite retrouvé l'ambiance de La Gloire de mon père, et j'étais moi aussi en Provence ! Quant au deuxième texte, il m'a beaucoup amusée, je les ai imaginée moi aussi après la prise de ces champignons... se tapant dessus à l'aide de mots et de dictionnaires... très drôle !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ton texte poétique, c'est bien écrit, et l'atmosphère intrigue en même temps. Bravo!
RépondreSupprimerLe comique est bien aussi, mais je l'ai lu plus vite, je l'avoue pour pouvoir faire le tour des contributions...
Seul Pagnol pouvait signer le premier, et de Funès enlever le second: bien vu ma Cel, bien que, comme tu l'imagines, mon coeur se balade plutôt dans les sentiers de la garrigue. des bises
RépondreSupprimerDe très beaux textes comme je les aime. Le nombre de mots en "g" m'importe finalement peu. Il n'y aucune obligation à commenter mes écrits pour me rendre la pareille. Là n'est pas le but quand je commente. Amicalement. Henri.
RépondreSupprimerQuelle bonne idée d'avoir fichu le bazar à l'académie. Il a mis quoi sur sa brochette le Yann ?
RépondreSupprimerCélestine Pagnol dites-vous ?
RépondreSupprimerCe sont les lapins qui vont être étonnés, quand ils apprendront que la race des Pagnol n'est pas éteinte ];-D
Billet précédent : un joli limbert !
ANDIAMO mes parents en ont apprivoisé un, il vient tous les jours prendre sa pitance au moment du repas, c'est étonnant! Quant à Pagnol, c'est mon grand-père spirituel.
RépondreSupprimerZOE Légende de la photo: "Sur l’épée du photographe, spécialement dessinée par son ami Philippe Starck, sont embrochés plusieurs détritus pour symboliser son engagement pour la défense de l’environnement : pot de yaourt, cannette, bouteille d'assouplissant, tube de crème, et ampoule." On connaît son engagement pour l'écologie, bien que certains lui reprochent ses voyages en hélico...
HENRI je ne fais rien par obligation quand je "bloggue". C'était un plaisir de te rendre la pareille...
RépondreSupprimerDELPHINE oui, je l'imagine...Mais j'aime bien t'imaginer en train de rire aux éclats aussi...
BETTINA le plus difficile est de prendre son temps pour lire attentivement TOUS les textes. Je l'ai fait ce matin, et j'en retiens de belles surprises.Mais il est vrai que j'arrêterai dès que j'aurai repris le travail. les mots en H sonneront l' Hallali...
AMELIE, ASPHODELE, EILUNED la Provence est ma seconde nature, et mon père était un grand fan de Pagnol (entre autres)Merci d'avoir aimé aussi mon petit délire mycologique...
RépondreSupprimerELLA désolée que mon texte t'ait rappelé de mauvais souvenirs. On ne fait jamais l'unanimité, c'est la grande leçon de l'humilité.
JEANNE il est vrai que lorsque j'écris, je ne sais faire autrement que de mêler le grave et le léger, le mélancolique et le sautillant, le poivre et le sel...Sans doute parce que je ne me prends jamais totalement au sérieux.L'humour est mon sixième sens.
RépondreSupprimer32 OCTOBRE si je relève ton défi, j'ai peur de passer pour une bêcheuse et surtout d'ennuyer mes lecteurs. Non, je crois que je vais revenir à mes premières amours: un texte court et percutant.
PLUME J'avoue que je me suis beaucoup amusée à écrire le deuxième. Il faut secouer un peu la poussière dans les nobles institutions françaises, ça fait du bien...
RépondreSupprimerJEAN-CHARLES merci du compliment, c'était mon but, de promener mes lecteurs...
ADRIENNE merci. J'ai remarqué qu'écrire avec ses tripes attire invariablement les lecteurs. Mais même si je n'en avais plus un seul, je continuerais à déverser sur le papier mes états de vie et d'âme..
RépondreSupprimerANTIBLUES une descendante spirituelle, ça c'est sûr. A dix ans j'ai découvert les bartavelles, l'oncle Jules et Lili des Bellons, et un peu plus tard la partie de cartes et le pétrin du boulanger. La douce mélopée de son écriture ne m'a plus jamais quittée.
TANT BOURRIN, PATRIARCH vos applaudissments me touchent. Merci de tout coeur.
RépondreSupprimerJ'ai beaucoup aimé le premier, je me suis crue dans un livre de Pagnol ou de Giono (surtout avec la référence à Elzéard Bouffier) !
RépondreSupprimerLe deuxième est très drôle je visualisais bien la scène de ses académiciens en train de s'amuser :)
Je fais le tour des participants aux plumes de l'été et je découvre tes textes avec ravissement. J'ai préféré le premier, pour le côté nature et pagnolesque :)Bravo !
RépondreSupprimerOCEANE tu sais que j'ai beaucoup aimé ton texte, et il me faut maintenant aller jeter un oeil à ton autre blog...
RépondreSupprimerAymeline ah je vois que tu connais Elzeard Bouffier...un de mes grands classiques.
J'aime beaucoup, les deux, et j'admire le talent d'avoir pu produire deux textes si differents quand j'ai passé la semaine à travailler sur un !!! Comment fais-tu ? J'adore la chute du deuxième, les champignons, fallait oser !!! Bravo !
RépondreSupprimerComme d'habitude c'est parfait ! Deux idées originales bein maitrisées avec une préférence pour le 1er car je passe quelques jours en Provence....
RépondreSupprimerComment je fais? je suis juste tombée dans l'écriture quand j'étais petite, comme d'autres dans de la potion magique...
RépondreSupprimerMerci Manuel et Revanescence pour votre passage...
Tes deux textes sont très biens. Je ne saurais te dire lequel je préfère.
RépondreSupprimerBravo !
Merci pour le partage de ces deux textes que j'ai beaucoup aimé, bien que je penche plus pour le premier :D tes descriptions sont vraiment parfaites et j'ai adoré le crépitement du feu avec les glands ;) (entre autres ! :) )
RépondreSupprimerMerci Laure, d'être allée si vite suivre mon lien...
SupprimerMerci aussi pour tes compliments sur mon écriture.
C'est ce que je trouve de magique dans la blogosphère: on a l'impression de respirer avec ses lecteurs.
Avec plaisir ;) les petits dorment alors j'ai le temps :) puis le temps est encore mauvais donc ...
SupprimerOn prend plaisir à écrire alors si en plus cela plait ne serait-ce qu'un peu c'est là toute la magie, ça nous donne encore plus l'envie de partager au lieu de garder pour soi ;)
Comme c'est mignon...les petits dorment...ils sont où, mes petits?..quel joli temps, celui des siestes enfantines...
Supprimersi tu veux continuer en MP:
celestine@orange.fr
kisses
Désolée les chérubins se sont réveillés à 15 h !!! donc là je suis de ci de là lol merci ;) bises :)
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