Difficile de croire, au début de son existence, que l'on va partager chaque instant de cette vallée de larmes avec un sombre inconnu: soi-même. Comme une sorte de camarade de chambrée dont on ne sait rien. Même si on nous le disait, on ne le croirait pas.
A vingt ans, pff, bien sûr que l'on sait qui on est, on se connaît! On a la fanfaronnade de sa peau: lisse, éclatante, insolente.
Et puis vient la vie, la vie tornade, la vie griffure, les émois tissant dans leurs lianes les sentiments, les passions, les enchevêtrant tels des cheveux de gorgones. Les aiguillons, les brûlures, les gifles nous scarifient, nous éraflent, nous maltraitent.On se prend des paquets d'eau de mer dans la gueule. Les autres nous broient. Les orages nous lessivent. Les soucis nous laminent. Les bonheurs fibrillent nos ventricules. Les orgasmes submergent nos entrailles. Nous volons constamment des sommets vertigineux de la joie oublieuse aux abîmes noirs de la détresse immonde, en une sarabande effrontée.
C'est la Vie.
Et l'autre , là, notre moi profond, se met à nous gratter doucement du bout du doigt, toc, toc, toc; pour nous signifier sa présence. "Eh, je suis là," susurre-t-il...
Et sa petite voix, de présence, se fait soudain exigence.De petits signes discrets, de légères somatisations auxquelles nous ne prêtons pas attention. Gare si l'on s'obstine! Les appels seront plus âpres, de plus en plus insistants.Les maux deviendront violents.
On peut bien boucher ses oreilles à ce murmure, s'enfoncer la tête dans le ciment frais avec une plume d'autruche dans le fessier, se débattre, nier, et même lui déclarer la guerre: on va s'épuiser et on ne gagnera pas. Dans ces luttes intestines, le vrai Moi doit sortir vainqueur, ou bien l'on meurt.
Il vaut mieux s'appliquer à déchiffrer ces réactions bizarres , qui nous amènent à prononcer des phrases sibyllines et pourtant si terriblement lumineuses: "Je m'étonne moi-même", "je ne me serais jamais cru capable de..." "je ne me reconnais pas". C'est justement le contraire: on se reconnaît enfin, on fait connaissance avec soi-même! On va apprendre peu à peu à apprivoiser cette...chose étrange au fond de nous. On va même la laisser s'exprimer, lui lâcher la bride, la faire exploser en étincelles.
Wouaou! quel bien fou ça fait! L'expression "vivre en harmonie, ou en paix avec soi-même" prend tout son sens. C'est s'accepter, se prendre par la main, se serrer dans les bras, se cajoler, et ouvrir des horizons infinis: la chambrée exiguë où l'on se cognait la tête contre nos préjugés, nos faux-semblants, nos chaînes, nos œillères, devient un vaste champ de blé froufroutant et ondulant au vent des possibles.
Wouaou! quel bien fou ça fait! L'expression "vivre en harmonie, ou en paix avec soi-même" prend tout son sens. C'est s'accepter, se prendre par la main, se serrer dans les bras, se cajoler, et ouvrir des horizons infinis: la chambrée exiguë où l'on se cognait la tête contre nos préjugés, nos faux-semblants, nos chaînes, nos œillères, devient un vaste champ de blé froufroutant et ondulant au vent des possibles.
La voix du cœur devient la voie à suivre.
Et enfin, l'on est devenu soi-même. Enfin, l'on ne fait plus qu'un. Les larmes jaillissent.
On est bien, on est carrément bien!
image internet
Pour la petite histoire, je commençais à lire ton texte avidement quand soudain mon regard s'arrêta sur ce joli vase rose, et j'ai vu étonnée ta dédicace ! je ne m'y attendais pas du tout ! ♥
RépondreSupprimerTon texte est magnifique, j'adore le début, croire et savoir quand on ne sait rien, devoir faire avec le "package", là est tout notre chemin.. Mais les gifles, on en donne aussi, sans s'en rendre compte très souvent car "nous ne nous soucions pas" de la personne qui "reçoit", alors comment pourrait-il en être autrement ? J'ai été étonnée des personnes qui ont continué tant d'années en me portant dans leur coeur.. Ce n'est qu'un exemple..
La fin, oui, elle justifierait les moyens !:-))) Mais y arrive t-on vraiment tous ? Où alors, on croit y être parvenu pour partir en paix, alors que tant d'autres ne voient pas ce chemin parcouru.. Excuse, je suis un peu pessimiste ce soir.. Les hormones, les "claques", les pleurs, oui, j'ai eu ma petite dose aujourd'hui, comme d'hab ! ;-) Pff, mon coeur lâchera un jour :-)) et je veux que des fleurs roses ce jour là !:-))
en tout cas, ton texte transporte vraiment, le petit sourire aux lèvres, malgré le parcours du combattant énoncé..:-) Bisous doux ♥
On a encore été synchros sur nos deux blogs respectifs, à se lire mutuellement ! :-)) trop fort !:-))
RépondreSupprimerJ'ai relu ton texte, j'adore vraiment, tout y est !
RépondreSupprimerBien sûr que l'on donne des gifles autant qu'on en prend. Si je n'ai pas précisé, c'est que toutes nous marquent, celles que l'on donne comme celles que l'on prend.
RépondreSupprimerLes gens qui continuent à nous aimer sont ceux qui ont pressenti notre moi profond bien avant qu'il ne se révèle à nous-même, les personnes vraies, les amis.Ceux qui nous ont aidés dans notre quête, d'ailleurs, le plus souvent.
J'aime bien ton interprétation moderne: le "package".
Je voulais te dédier ce texte car je trouve que tu es un magnifique exemple de rencontre avec toi-même.
Je te souhaite des lilas, de la guimauve, des roudoudous, du candy et beaucoup de sirop de fraise.
♥ ♥ ♥ ♥ ♥
juste : :)))))))))))))
RépondreSupprimerEt un jour on devient son propre ami, parfois même son meilleur ami. On sait se pardonner, accepter ses faiblesses, rire de ses peurs. Alors qu'il est plus doux et plus facile de se mettre à aimer les autres comme soi-même.
RépondreSupprimerAh ! la douceur des textes de Céléstine , ce merveilleux sens de l'observation, cette belle écriture.
Maudit soit le temps qui manque à tout lire et explorer.
Je TE souhaite une très bonne journée.
Tu me pousses à m'interroger et je suis bien incapable de me répondre :(
RépondreSupprimerNous avons toujours le choix, il n'est pas toujours facile bien sûr, et c'est un peu lâche de dire : c'est écrit... Maktoub disent les Arabes, un peu facile ! ça déresponsabilise.
RépondreSupprimerAlors faire un bilan ? A quoi bon on peut toujours se relire, mais le bouquin est écrit et bien écrit... Trop tard !
Une pirouette, une cacahouète, un nez rouge, et la face est sauvée...
A nous de faire nôtre choix, une vieillesse heureuse et pleines de souvenirs qu'on se crée tout au long de la vie, ou une vieillesse pleine de rancœur, qui nous rend insupportable à tous...
RépondreSupprimerUne vieillesse se construit et ne s'attrape pas comme une maladie....
Belle journée avec bises.
bien dit, Célestine!
RépondreSupprimeret c'est ce que nous pouvons souhaiter de mieux à tous :-)
Célestine... wouawwwwwwwwwww
RépondreSupprimerce billet, il dit tout
Et non seulement il dit tout, mais il le dit bien!
Je pense que c'est un vrai travail sur soi que d'apprendre à s'accepter comme on est.
Et qu'on n'y sera pas encore parvenu le jour de notre mort
Certains jours, on se sent vraiment bien!
Mais d'autres, mamma mia!
Merci Célestine pour ces mots lumineux!
La connaissance de soi et l'acceptation de ses faiblesses doit-elle nécessairement passer par ces tumultes bouleversants? Ton écriture est un foisonnement d'images et de sensations, un bonheur de lecture.
RépondreSupprimerDELPHINE Oui je le crois. Même si certains tumultes ne font pas de bruit en apparence, chaque épreuve est un tumulte, un changement de nos habitudes, de nos angles de vue, un bouleversement de notre trajectoire, une mise en péril de ce qui existait au profit de ce qui est en devenir.
RépondreSupprimerMerci d'avoir pris du bonheur à me lire.
COUMARINE puisse ce creux de vague te faire avancer un peu plus vers cette quête incessante mais lumineuse de ton chemin personnel.♥
RépondreSupprimerANDIAMO, PATRIARCH, ADRIENNE, CATHERINE pardonnez moi de ne pas vous faire à chacun une réponse personnelle, mais j'ai (encore) ma valise à faire, je vais retrouver mes chers parents . Je suis toujours touchée par votre fidélité du matin. Je sais que vous êtes mes premiers commentateurs ensoleillés de la journée, et qu'ainsi elle commence bien.
RépondreSupprimerJACQUES je rougis d'émotion à la lecture de ces compliments sur mon écriture.Je me trouve souvent devant ce dilemme: comment trouver le temps de tout lire? Mais je crois qu'il y a des endroits qui méritent qu'on s'y arrête davantage pour observer le paysage, et je vais aller me promener du côté de chez toi pendant quelques heures.
RépondreSupprimerTrès beau texte, envolé et léger comme toujours ... qui me fait penser à Aristote, sur l'amitié, "Devenir le meilleur ami de soi-même", telle est la vie heureuse.
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