"On ne meurt qu'une fois" disait le maître d'école, nous donnant un moyen mnémotechnique pour nous rappeler que le verbe mourir ne prend qu'un "r".
Mais est-ce bien vrai? En réalité, on meurt plusieurs fois dans une vie. Comme si le destin nous exerçait, nous préparait avec une sorte de fatale bienveillance, à faire notre deuil des gens que l'on aime. Et, charité bien ordonnée, il nous faut faire en tout premier le deuil de nous-mêmes.
Je suis morte plusieurs fois. Ce bébé joufflu n'est plus là pour sauter sur les genoux de ma mère en riant aux éclats, cette petite fille étonnée par le monde ne court plus dans les allées d'un parc qui d'ailleurs n'est plus là, lui non plus. Je fus aussi cette jeune fille rêveuse, qui écoutait Simon et Garfunkel en écrivant dans son journal toutes ses folles utopies, je fus cette jeune femme pressée de vivre mille expériences, et cette jeune maman débordée et épuisée par ses journées-marathons. Où sont-elles? Elles ont disparu dans les corridors du temps. Je les cherche en vain.
Nous sommes entourés de fantômes, qui flottent autour de nos êtres chers comme des lambeaux de brume. Nos enfants devenus grands trimballent avec eux les cris muets, les gazouillis évanouis et les petites blessures enfuies de ces chers disparus: les enfants qu'ils étaient. Leurs comptines et leurs jeux se sont dissous, ont été absorbés comme de l'eau dans du sable chaud.
Et nous scrutons, incrédules, sur les photos ou les films, leurs corps , leurs visages, ou leurs voix, et nous les regardons comme s'ils n'existaient plus. Il nous faut bien l'admettre: nous avons dans ces moments-là, étreints par la nostalgie, les mêmes yeux lointains et humides que si nous regardions des photos de défunts.
La Mort, la vraie, n'est en somme qu'une mort de plus, et nous ne devrions pas être surpris quand elle arrive, ni étonnés de disparaître une fois de plus.La dernière.
photos Célestine (il y a...longtemps)
Ouf ! Tu me cueilles à froid, avec la musique mélancolique en plus. Il n'en faudrait guère plus pour que je pleure un coup.
RépondreSupprimerJe me suis souvent fait la même réflexion mais écrit par toi c'est tellement plus poétique.
C'est tout de même toujours avec plaisir que je vais dans mes "boites" à souvenirs. J'y retrouve aussi de très bons moments de ma vie...
RépondreSupprimerBises
oui, en avançant en âge , on abandonne des dépuilles de soi-même, mais malgré ces passages , je ne sens pas encore le poids , la tristesse, se sentir "vieux" est une chose qui me semble étrange quand on a à l'intérieur un chemin qui entraine à créer , découvrir, s'émerveiller . être vieux , c'est avoir renoncé ,se mettre au bord, alors oui, c'est déjà la mort.
RépondreSupprimermais , il me semble , que , même amoindri par la maladie , l'immobilité du corps, l'esprit n'en garde pas moins sa vitalité , quelque ténue qu'elle soit . C'est un espoir que je cultive ....
je t'informe que je serai cet après-midi à la Galerie Barnouin, à partir de 16h, des copains du sud venant nous visiter...
Bonne journée, Célestine!
C'est beau ce retour en arrière, et touchant. Merci pour ton passage et ton mot chez Mère Castor, où tu es la bienvenue.
RépondreSupprimerCe ne sont pas des morts mais des moments passés car il sne sont pas morts ni dans ton esprit ni dans celui de ta mère.
RépondreSupprimerEt... reste parmi nous!
Sinon, c'est très beau ce que tu as écrit.
Bonne journée et très belle grande famille - Bravo.*
Amaury
*Maintenant tu en as trois qui peuvent sauter sur tes genoux! Contente, non? :-)
que c'est bien écrit! le passé et ses moments forts, de l'enfance, de l'adolescence, la douleur de ces personnes parties trop tot..font souvent ce que nous sommes aujourd'hui! une vie éteinte a 20 ans n'aura pas la meme souffrance de celle qui s'en va au delà de 80 ans de vie..c'est 4 fois plus!!merci aux photos, films et journaux plus ou moin intime de nous permettre de ne pas oublier!j'ai toujours eu le sentiment que le passe existe peut-etre sous forme de ces fantomes..
RépondreSupprimerTrès beau texte Célestine qui résume bien la vie. J'aurais enlevé le dernier paragraphe un peu trop triste. Profitons du moment présent et ne nous posons pas trop de questions.
RépondreSupprimerun petit bonjour en venant du tout venant de chez berthoise
RépondreSupprimerde temps en temps je passerai il y a plein de choses qui me plaisent
je serai pt être silencieux parce que manque de temps !
mais je suis d'accord avec vous manquer de temps est quasi signe de bonheur (?) disons que je me souviens que pour moi l'ennui et la vie qui passait lentement allait de pair avec une certaine forme de désespoir...
Ton billet est magnifique. Mais dire que les mutations de nous même ressemblent tant à la mort, je ne suis que partiellement d'accord...
RépondreSupprimerMoi, je verrai plutôt chaque mutation comme une personnalité supplémentaire, qui s'ajoute à chaque fois, un peu à la façon d'un mille feuilles...
De telle sorte qu'au seuil de la vieillesse, précisément, le mille feuilles est bien riche, mais pas encombré de cadavres de ce que l'on a été ! Tu comprends ?
Chère Célestine,
RépondreSupprimerC'est très beau et fort, ce texte...Décidément nos pensées communiquent dans l'invisible. C'est le sujet de mon prochain débat philo avec les lycéens "Suffit-il d'être en vie pour ne pas être mort ?"
Merci pour ce témoignage et les photos...Magnifiques regards !
A bientôt
Zénondelle
C'est bizarre, je me sens encore enfant, il ne faut pas beaucoup d'efforts pour ressentir certaines des émotions éprouvées, je me sens ado, mal à l'aise, bravache, provoc', je me sens jeune maman, submergée par le besoin, la nécessité et l'amour. Je ne dirais pas que cet enfant, cette ado, ni cette jeune femme sont mortes. Et pourtant...
RépondreSupprimerJ'ai vu que tu avais trouvé la route des défis. Je ne participe pas cette semaine.
Je comprends que vous ne soyez pas tous d'accord avec ce ressenti qui était dû à une énorme bouffée de nostalgie...J'aime bien l'image du millefeuille, je vais m'y accrocher, quand j'aurai l'impression qu'une partie de moi a disparu.Il est vrai que la plupart du temps, je me sens l'âme d'une petite fille...
RépondreSupprimerMerci à tous pour vos commentaires
*****Célestine****
Nous faisons souvent la même réflexion avec ma femme, lorsque nous voyons nos enfants, on se demande (ça semble bête) si un jour ils ont été petits, les avons nous élevés ?
RépondreSupprimerJe ne suis plus hélas un perdreau de l'année, je suis arrière grand-père... Comment en suis-je arrivé là ?
Comme tout le monde : sans rien faire pour ça ];-D
Mais tu es encore là, la mort ? Je vais vraiment finir par croire que tu me suis d:^) ?
RépondreSupprimerAllez, ouste, débarrasse-moi le plancher !
Sublime texte... Et c'est pour ne pas trop pleurer sur les vieilles photos qu'il faut rester fidèle au gamin que l'on a été, afin de l'aider à vivre encore quelque part, au fond de nos cellules...
RépondreSupprimerOui Princesse, je reconnais en ces mots les mues. Les mues, ces peaux qu’aux beaux jours printaniers, nous laissons en dépose derrière nous sur notre chemin. Mais l’ému de ces jours-là, n’est-il pas mû par l’Amor pour un pied-de-nez à la mort ? Et la mort, à chaque mue, renforce la vie d’une moindre peur de la mort !!!
RépondreSupprimerVoir le faucheur, pâle de la maladie de nous accueillir serein, est l’image que je retiens dans ton habile texte.
Et l’Amor, que j’ai pour toi, ne fait que grandir au rythme de ta maturité !!!!
Célestine, la nostalgique.... Mais comme je te rejoins là. Surtout en regardant ces enfants grandis (Mais où sont mes petits, disparus ?). Par contre, s'il m'arrive souvent d'avoir la nostalgie de moi, il m'arrive encore plus souvent d'oublier que j'ai grandi (vieilli). Coincée entre 18 et 30 ans, je pense.... :-)
RépondreSupprimerTu as tellement raison! Et pourtant, en même temps, si je regarde des photos de ma mère enfant, je la regarde avec la tendresse qu'un adulte éprouve pour un enfant de sa famille. J'aime cette petite fille innnocente qui ne savait pas les souffrances et les courages, les joies et les fou-rires qui seraient sur sa route. Quand je l'ai connue, elle savait déjà et a continué de savoir.
RépondreSupprimerCe ne sont pas des morts, mais des chapitres clos. Et oui, le jamais plus fait mal, mais les souvenirs font encore rire si on sait les choisir.
Je ne sens pas le passé comme une mort mais créateur de ce que je suis, c'est à la fois la même et une autre moi-même. Je ne crains pas la mort qui me semble être sur le même chemin,où nous deviendrons nous-mêmes mais pas tout à fait le même....plus je médite,plus je suis sereine
RépondreSupprimerSuperbe texte... mais je ne dirais aps "morts", ni pour nos bouts de nous passés ni pour ceux qui ne sont plus avec nous mais plutôt "ces absences", qui font malgré tout partie de nous et qui perdurent à travers ce que nous sommes aujourd'hui... Les fantômes ne sous entourent pas, ils sont en nous, ils cohabitent en paix avec nous et cheminent avec nous... tout le temps.
RépondreSupprimerBon week end Célestine !
J'ai oublié d'ajouter: Toi et tes trois petits loups, vous êtes (et pas étiez) vraiment très beaux.
RépondreSupprimerMerci MYO, c'est vraiment très gentil. Je crois me souvenir que les trois tiens sont pas mal non plus.D'ailleurs, c'est l'inverse: tu as deux filles et un garçon si je me souviens bien...On pourrait les marier...
RépondreSupprimerMerci ma chère FD Pour ton passage chez moi. Comme MARIE MADELEINE, tes paroles sont pleines de sérénité.
EDMEE quelle jolie image: des chapitres clos. Considérer la vie comme un roman? Cela me va!
Marci petit âne mon poète!je préfère l'amor à la mort, cela va sans dire...
TANT BOURRIN, SAOULFIFRE et ANDIAMO voilà un trio qui n'engendre pas la mélancolie! Je vais retourner vous voir de temps en temps, car j'aime beaucoup votre humour au second degré...Merci d'être venus tous les trois chez moi en même temps.Quel honneur!
Vraiment, beaucoup de bisous à tous
de ************Célestine******
et moi je contemple tes photos et suis dans un ravissement tel que les paroles me manquent pour commenter ton texte qui, je le sais, se termine sur une note positive. Bises de chez nous où il pleut sans discontinuer.
RépondreSupprimerEt moi je découvre ton commentaire et je suis ravie que tu sois entrée dans ma vie un jour de février 2009...
RépondreSupprimerUne fois de plus le com n'est pas passé, de toute façon, il n'y a pas de mots pour te dire comme j'aime ton texte. Ce sentiment de nostalgie m'habite aussi, mais il se prolonge par un sentiment de continuité et non pas de mort. Je poste en anonyme, ça passera peut être.
RépondreSupprimerMS
C'est passé chère MS Merci de ta fidélité.
RépondreSupprimerTu as raison dans un sens, mais c'est domage d'en mourir ! il faudrait mieux muer, laisser sa vieille peau, et repartir avec la nouvelle en gardant bien précieusement notre passé dans notre subconscient pour ne plus faire les mêmes gaffes. Mais la mémoire devrait être plus sélective, pour pouvoir oublier certaines choses, celles qui ne font que mal et qui ne nous servent pas à grandir!
RépondreSupprimerEn tous les cas, tu étais bien mignonne dans tes vies antérieures !
Bisous et à bientôt Célestine !
Florence
Magnifique texte, Célestine, et adorable photo de famille !
RépondreSupprimerPlusieurs morts dis-tu ? Moi, je préfère croire que ce sont plusieurs vies... J'ai très facile à me souvenir de quand j'étais petite fille ou ados, mais parfois j'ai quand même l'impression que c'était dans une autre vie. Et puis, quand la "vraie" mort arrivera, j'aime à croire qu'il y a encore d'autres vies après... Qu'importe nos croyances, pourvues qu'elles soient positives et nous aident à avancer, qu'elles nous aident à VIVRE.
Et arrête de nous faire chiâler stp ;-)))
Hi hi, gros bisous.
Cathy
j'aime bien aussi regarder le nombre de fois où je suis né depuis que je suis sorti du ventre de ma mère...
RépondreSupprimerMerci pour ton passage... qui me conduit là :) texte et photos émouvants, je reviendrai lire... bonne fin d'année et bon commencement de la nouvelle.
RépondreSupprimer^_^
RépondreSupprimerTon texte est d'une justesse Célestine, qu'il m'a remué dans le tréfonds de mon âme. Je te rejoins et je dirais même que notre mort propre est tellement légère, comparée à celles de nos êtres chers que nous avons vu partir, sans pouvoir rien faire, comme tétanisé; J'ai vu mon petit frangin mourir dans les bras de maman quand elle l'avait pris dans ses bras, lors d'un accident de la route. Non on ne meurt pas une fois!
RépondreSupprimerC'est toi qui me remue, à me raconter cet épisode de ta vie.
SupprimerC'est affreux de voir mourir son fils, ou son petit frère...
je t'embrasse
¸¸.•*¨*• ☆
Et pourtant après tellement de temps cela me soulage d'en parler, vas-y comprendre, pourquoi ! Non elle est étrange , la vie!!
Supprimerje t'embrasse aussi
Parler de nos défunts, c'est les faire vivre encore un peu.
SupprimerC'est lorsque la liste s'allonge que l'on découvre, étonné, que l'on a vieilli.
Baci anche per Bizak
Je vous embrasse tous les deux
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆
Je suis Mort tellement de fois
RépondreSupprimertoutes ces dernières années
Que je ressens souvent de la joie
de m'en croire ressuscité
Et tu as parfaitement raison...
SupprimerMoi aussi, j'ai subi plusieurs mues de serpent, apparentés à des renaissances.
Quelle joie d'être en vie de façon toujours plus consciente...
Bises
¸¸.•*¨*• ☆