Il paraîtrait que je cultive un "charmant côté vieille France". Le "compliment" venant d'un jeune homme non moins charmant ne me blesse pas. Au contraire. Il me conforte dans ma ligne de conduite professionnelle, dans ma ligne de vie tout simplement. Tant pis si je dois de temps en temps être traitée de ringarde parce que je me refuse à céder à certaines sirènes ...Oui, j'aime les belles lettres, oui, je redécouvre avec passion Camus , à travers La Chute, que je n'avais jamais lu. Oui, je continue à aimer mon métier, et alors, est-ce défendu? Oui plus que jamais, je crois à ma mission de luthier(*).
Les enjeux de ma nouvelle vie se sont profilés , pendant les trois semaines intenses que je viens de vivre: un stage de formation à mes nouvelles fonctions, beaucoup de théorie, des litres d'informations, des tonnes de grandes assertions, de mots pompeux, de chiffres, de certitudes ampoulées ou assenées parfois à grand renfort de coup de poing sur la table. Des recadrages hiérarchiques appuyés, afin de contenir tout débordement d'émotion , d'enthousiasme, voire de rébellion contre l'ordre établi. Des kilomètres de formalisme administratif à la lourdeur inquiétante et rébarbative. Mesdames, messieurs, vous allez être DI-REC-TEURS! ah! la belle fonction! Il ne s'agirait pas de l'oublier.
Mais ce stage ce fut aussi de vraies rencontres, de belles surprises, une formidable énergie, des gens extraordinaires. Et pour le coup, en filigrane, j'entrevois la fonction comme une tâche d'animatrice , de médiatrice, de fédératrice des forces vives qui va convenir à ma nature profondément optimiste.
Je me sens prête à lutter pacifiquement, calmement, sereinement pour défendre les valeurs auxquelles je crois. Même si je vais être aux premières loges pour assister à la casse organisée de l'école de la République, la pièce n'est pas encore jouée, messieurs les censeurs! Les petites mains de l'Education Nationale brodent toujours de la belle ouvrage quoiqu'on dise. On en a bouffé, des tableaux, du management, des progiciels, du pilotage par les résultats, des statistiques, des pourcentages, mais que vaut tout cela au regard d'un poème de Prévert?
J'ai l'impression de me répéter de billet en billet, peut-être même que certains vont penser que je radote, mais pour moi l'éducation passe par la liberté de penser, et celle-ci ne s'acquiert que dans la maîtrise absolue du langage. Ce n'est pas négociable. Lire, écrire, penser. Si c'est ça, être vieille France, alors oui je le suis. Et si ça se trouve, on pourrait bien me reprocher aussi, de manière complètement contradictoire, d'être candide. J'assume aussi. Vive moi.
Hum, bon, je m'emballe, j'ai peut-être un peu forcé sur le Chardonnay, aujourd'hui...mais il fallait bien fêter dignement la fin du stage.
photo internet
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j'aurai aimé en rencontrer en vrai une directrice avec cet enthousiasme...
RépondreSupprimeranimatrice,fédératrice,médiatrice..celles que j'ai rencontré m'ont parlé de purement administratif..pas d'équipe,.;dommage
alors je veux bien partage un verre de Chardonnay avec toi.;enfin ce soir..là il est un peu tôt..et puis je vais au boulot
bon samedi
Il faut absolument que je lise Camus d'autant qu'il est très influencé par l'oeuvre de Dostoïevski.Si tu es vieille France alors moi je dois être France antique (sourire). En tous cas je m'associe au "vive toi"! Bisous Math
RépondreSupprimerLe problème que nous rencontrons en Belgique francophone (le système est différent en Flandre), c'est un nivellement par le bas du certificat d'études primaires. Nos élèves qui n'ont pas leur moitié chez nous durant l'année scolaire...réussissent l'épreuve, tellement les questions sont faciles. Malgré les (légères) remarques d'un inspecteur qui dit qu'on ne respecte pas les nouveaux programmes plus légers, on a décidé de continuer à travailler à l'ancienne suivant les anciens programmes. Mais c'est décourageant d'entendre des élèves qui disent : "Pas grave si j'ai des mauvais points à l'école, j'aurai mon certificat d'études de base qui est facile".
RépondreSupprimerCe constat rejoint nos problèmes politiques. En Belgique francophone (qui vote à gauche), on parle de "l'école de la réussite" et nos élus souhaitent qu'un maximum d'enfants aient au moins ce premier diplôme. En Flandre (qui est de centre-droit), les programmes sont plus poussés et seuls les meilleurs passent. Cela pousse nos petits élèves flamands à apprendre le goût de l'effort et à se surpasser. Voilà comment dès l'école primaire, on arrive à avoir deux mentalités différentes...et cela renforce les nationalistes flamingants qui reprochent aux Wallons d'être des assistés de la prospère Flandre.
Bon, on s'éloigne un peu de ton texte...mais ce dimanche 13 juin est un jour important et crucial pour l'avenir et l'unité de notre pays. Que va-t-il se passer? Tout est possible... Croisons les doigts... Bon week-end Célestine et bonne fin d'année scolaire.
Alors Madame la Directrice, félicitations pour votre enthousiasme, votre coté vieille France et votre succès, ainsi que vos idées et votre point de vue ! Mais le coté Chardonnay, alors là ça le fait pas ...:)))
RépondreSupprimerVieille France, accroche-toi donc à une France de culture et de charme, tu as raison. Une France qui valorise l'effort et en montre le plaisir caché. De belles bases comme exemples de littérature et de beauté feront un être qui comprendra ses grands-parents, et ne se demandera pas comment ils "pouvaient aimer ça"...
RépondreSupprimerBravo!
Et Petit Belge a raison de déplorer une éducation minimale comme aux USA. Ils sont obligés d'importer les cerveaux... par pénurie.
Dis donc, MS , tu n'essairais pas de m'interdire de goûter un petit verre de bon vin, par hasard? non mais de quel droit? Ce n'est pas parce que je vais être directrice qu'il faut que je me vive comme une nonne!LOL
RépondreSupprimerEdmée,moi je lutte surtout contre la liquéfaction des cerveaux...
Petit Belge, tu es tout à fait dans le sujet de mon texte, ne change pas une virgule...C'est bien là que le bât blesse: niveler par le bas n'a jamais été une solution...à part de facilité. Bises à toi et bonne fin d'année scolaire aussi!
Oh oui, Math, lis Camus, c'est exceptionnel. Et quand on pense que sa mère était illettrée et qu'il doit tout à son maître d'école...
CO tu viens quand tu veux rencontrer une directrice "comme tu dis": à partir de 1° septembre, je serai à mon poste!
Une de mes meilleures amies a pris un poste de Directrice il y a 3 ans avec le même enthousiasme, le même souhait de mener à bien sa mission "d'animatrice, de médiatrice et de fédératrice des forces vives". Elle s'appelle - cela ne s'invente pas - France de son prénom.... :-) et elle n'est pas si vieille.
RépondreSupprimerFélicitations Célestine et courage aussi parce que ce n'est pas toujours facile non plus.
Ben moi j'aime bien les personnes vieille France,à condition qu'elles te ressemblent toutes, mais j'en ai connu des tonnes et je peux t'assurer que tu es super moderne à côté d'elles :-) Et puis, le chardonnay, ça te réussis plutôt bien! Encore bravo, madame la Directrice.
RépondreSupprimerBon courage dans tes nouvelles fonctions. Ne t'épuise pas trop vite. Je parle en connaissance de cause....
RépondreSupprimerDis donc, tu vas sur mes traces, chère Célestine! Oui c'est un rôle d'animatrice, médiatrice, fédératrice, au service des enfants, des familles et de l'éducation. Dommage que parfois certains ne l'entendent pas de cette façon! quelles déceptions lorsque d'autres vous veulent trop "chef" et sapent notre belle énergie! Bravo de prendre cette responsabilité et bonne chance
RépondreSupprimerbon courage pour ses nouvelles responsabilités...
RépondreSupprimerEn espérant que tu ne seras pas trop noyé sous la paperasserie.
N'oublie pas le nombre de copies supplémentaires nécessaires, dont celle pour les archives des archives, et l'indispensable copie pour la poubelle !...
bel anthousiasme.... Tu connais "Diane de Poitier", de thomas fersen ?
RépondreSupprimercelle qui l'a inspirée est elle aussi vieille france...
ma fille est prof, et te rejoint complètement.
Bon courage, et ne change rien !
Je ne connais pas cette chanson mais je cours l'écouter. Merci de m'encourager, bises à toi ainsi qu'à ta fille.
RépondreSupprimerCélestine