23 octobre 2022

Aujourd'hui, à Angers


Ma lointaine tante Rose habitait à Gigaro, une incroyable maison environnée de pins parasols géants. Leurs troncs noueux et leurs larges ramures semblaient la protéger de tout, telles des mains gigantesques.
La maison de Rose n'était pas au bord de la mer, non, elle était comme posée dessus. Les flots venaient lécher sa façade de granit blanc, et il n'était pas rare, par gros temps, que Rose dût s'armer d'un balai brosse pour refouler les laisses de mer jonchant le carrelage de l'entrée. Rose aimait la lumière, surtout le soir quand le ciel du couchant nimbait de pourpre les Iles du Levant. Elle ouvrait alors en grand la « porte de la mer ». Rose avait l'immensité pour jardin.

La vie m'a légué un peu de Rose au fond de moi. Comme elle, il me faut de l'espace, du vent, croiser le chemin fougueux des éléments, et me relier à la nature.
Comme elle j'aime la mer, et les fenêtres largement ouvertes sur un bel ailleurs. Les rêves sans limites et la force des soleils intérieurs. Ces feux qui nous rendent ardents et espérants. 
Voilà pourquoi ce tableau me parle. Surtout aujourd'hui, dans le cocon tissé-serré de ma famille retrouvée pour les vacances. Autour de ce besoin urgent de reconstruire la joie après le drame.
La ronde des jours cavalcade autour de nos têtes étourdies, le temps déroule son ruban imperturbable, et rien ne ressemble à demain. Puisque l'on ne sait rien.
Tout ce que l'on sait, dans ce manège, c'est que tout passe, tout change, tout virevolte et nous échappe. Il faut s'agripper au bastingage des bons moments, pour supporter les coups de vents force dix. Et puis le calme revient,  comme si rien, jamais, ne s'était passé d'inquiétant ou de tragique.
J'aime ce côté changeant de la vie, qui souffle, tel un ciel de traîne, des nuages noirs et des embellies radieuses.
Je les entends étaler les cartes d'un jeu de société, avec des rires de connivence, cependant que j'écris, un peu à l'écart de leurs joutes. Il y a mes fils, deux de leurs cousines, leur père et ma belle-fille. Les petites sont couchées. Le vent de l'océan bat aux carreaux, plein de fougue et de fraîcheur.
Toi, tu es loin, là-bas, dans ton lagon bleuté aux franges de corail.
Mais je sais que tu es là, tout près, dans l'infinie respiration du ressac. Et que dans l'air chargé d'écume, par la magie des ondes, une merveilleuse nouvelle a déjà franchi les huit mille kilomètres qui nous séparent. J'en suis toute estransinée : une petite graine de bonheur supplémentaire éclora en avril, plume d'ange en son berceau. 
Souvent, il suffit d'ouvrir les bras pour redessiner l'horizon et le ciel.






Pour l'atelier du Goût.

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49 commentaires:

  1. Je te reconnais bien là : croire au bonheur malgré les tempêtes (et Dieu sait s'il y en a !). Je t'embrasse bien affectueusement.

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    1. Oui, les tempêtes, appelées ordinairement les emmerdes, arrivent en escadrille en général, comme disait Jacques Chirac dans ses moments de poésie...
      Alors croire au bonheur me semble la moindre des choses pour ne pas en rajouter... ;-)
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  2. Y a le machin qui m'anonymise, mais je suis têtu !

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    1. Et tant mieux, ça me fait deux commentaires de toi, c'est top !
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  3. voilà, comme tu dis, on ne sait rien et toujours l'inattendu arrive :-)

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    1. Aurions-nous la même sagesse ? ;-)
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  4. Tu nous le prouves une fois de plus.
    Comme disait Agrippa d'Aubigné, "Une Rose d'automne est plus qu'une autre exquise."

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    1. Et François Valéry disait "Aimons-nous vivants"

      Bleck

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    2. Alors, si vous vous mettez à deux pour citer les grands auteurs, je m'incline bien bas devant votre culture...
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    4. " je m'incline bien bas devant votre culture..."
      Fais gaffe, à nos âges, le dos n'est plus ce qu'il était... ;-)

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    5. Tout dépend de la façon dont tu l’entretiens 😁

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  5. Célestine tu nous reviens avec ta jolie plume, profite bien de ces instants de bonheurs et savoure la joie d'attendre l'arrivée en son berceau d'un bonheur nouveau .

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    1. Merci Marco. Comme tu l'as compris, je n'ai pas fini de garder des bout'choux pendant les vacances scolaires...
      Toute ma vie, je me suis occupée des enfants des autres et je me suis reposée pendant les vacances. Désormais, c'est le contraire.
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  6. Finalement ne serait-ce pas les enfants, petits et grands, qui font naître les plus grands bonheurs parce qu'ils apparaissent ou reviennent…
    Pour ce qui est des jeux de cartes, des rires et autres jeux de société, chez moi, c'est ce soir que ça commence…

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    1. C'est un bonheur toujours renouvelé, cher Alain.
      Et j'aimerais être une souris pour assister en douce à tes réunions familiales, dont tu m'as si souvent parlé...
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  7. Malgré certains jours sombres, croyons au bonheur, il est là, attrapons-le.
    Bisous Célestine ♥

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    1. Là, ou dans le pré, l'essentiel est d'y courir vite !
      Bisous chère Denise
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  8. Nous avons découvert Angers tout début du mois de septembre et ce fut une belle découverte. Voilà une ville d'une bonne taille de beaux et bon commerce un centre ville animé, la position géographique de la ville d'Angers me semble plus qu'agréable...

    Bleck

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    1. C'est une ville superbe. On s'y sent très bien. Ce n'est pas une vue de l'esprit, cette fameuse douceur angevine...
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  9. Mais qui est dans le lagon bleu ? J’ai loupé un épisode ou quoi ? 8000 kilomètres ?
    What ?
    Sinon c’est toujours aussi beau ce que tu écris.
    Avec des mots choisis, magnifiques.
    J’aime particulièrement «  il faut s’agripper au bastingage des bons moments pour supporter les coups de vent force 10 »
    Bises
    Angela

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    1. C'est juste mon amoureux qui est parti très loin à la découverte des requins et des raies mantas. Un plongeur émérite, qui aime faire le poisson régulièrement dans les belles eaux chaudes aux quatre coins de notre globe......
      Merci pour tes mots Angela. C'est très sympa.
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  10. La maison de ta tante Rose était-elle proche de celle de Mimi dont je raconte l'histoire ?

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    1. Pas si éloignée...Je viens d'aller te lire.
      Quant à Nice, je la connais si bien...
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    2. Ben moi aussi je viens d 'aller lire l'histoire de mimi. De blog en blog , on en découvre des univers ......

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    3. C’est toujours intéressant de découvrir d’autres façons d’écrire …
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  11. Heureusement que les embellies radieuses sont là pour chasser les nuages noirs. N'est-ce pas la vie qui coule dans nos veines qui nous fait sortir la tête de l'eau et nous aide à nous relever ?
    Bonne fin de journée, Célestine. Gros bisous.

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    1. Je reconnais bien là une soeur en optimisme...D'autres gens diraient que les nuages noirs chassent les embellies...Le fameux verre à moitié vide ou plein, c'est selon.
      Bisous belle d'âme
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  12. Un petit bonheur est plus fort que tous les malheurs de nos vies.
    Il faut prendre le temps de respirer, juste respirer profondément, en regardant la où le beau sommeille pour aller le réveiller d'un doux baiser, et le regarder sourire.
    Ça n'évite pas les larmes, mais il n'est pas interdit pas de pleurer de bonheur.
    Douces bises Frangine.

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    1. Il y a tant de malheurs de par ce monde, que je ne me sens pas le courage d'en rajouter en me lamentant...
      Alors je continue ma ligne de vie : sourire, toujours sourire...
      Bisous frangin.
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  13. La Vie est un manège. Parfois tu attrapes le pompom rose, parfois c'est le noir qui te saute au visage au moment où tu t'y attends le moins. Mais l'essence et le sens même de la vie sont là et ne connaissent pas les frontières. Larmes de bonheur pour effacer larmes de tristesse . Je connais ta sensibilité. Je pense à toi et t'embrasse

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    1. Je vis constamment sur des montagnes russes émotionnelles. Ma vie va de drame en joie, et de catastrophe en bonheur. Mais au final, je ne retiens que les beaux moments, ça me fait moins mal.
      Merci mon Amie
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  14. amicales pensées et gros bisous ♥

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  15. Une maison de granit ouvrant sur la mer...
    Un être cher dans les eaux d'une lagune...
    Un petit embryon baignant dans un doux liquide....

    Toujours des histoires d'eau, sans Godard  ni Truffaut....
    Mais un soleil nouveau dans le coeur Céleste de notre amie.... le texte me touche car il illustre pleinement ce retour à  la joie familiale, et la douceur angevine

    Bises joyeuses

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    1. La joie est ma nourriture, mon substrat de base.
      Et tu as raison, l'eau, source de vie, est omniprésente dans mon billet. Pluie, océan, larmes ou liquide amniotique...
      C'est très bien vu.
      Bisous joyeux en retour

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  16. Ce jour d'après s'ancrera bien trop tôt suivant celui où l'on est au jour d'hui, renaîtra au pays dont on ignore tout de sa noirceur ou de sa couleur or-rangé, de sa pluie en rideaux sa froidure ou son soleil immense.
    Souhaitons qu'il soit de fête, de sourire ton de mer, non pas de tristesse, cet autre jour écrit secrètement demain, glisse et nous offre ses landes-mains, son espace sombre, inattendu, ou enluminé, comme cette "petite graine de bonheur supplémentaire qui éclora en avril"...quel bonheur !.... son infinitude et ses splendeurs sur les routes du monde.
    Merci Célestine. Bisous.
    Doux après-midi.

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    1. Te voilà lyrique, chère Den, comme aux plus grandes heures.
      Il est vrai que tu as l'expérience, toi aussi, de ces revirements du destin, de ces douches écossaises qui t'offrent le pire et le meilleur dans la même semaine bien souvent...
      Alors je goûte à tes mots « d'infinitude et de splendeur.»
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  17. Si la Vie semble parfois cruelle, elle sait aussi rendre ce qu'elle a volé. Il semblerait que tu n'es pas prête pour avoir des vacances chômées :-) Heureux pour toi de ce bonheur annoncé.
    Ti bacio forte Sorelllita

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    1. Et moi très heureuse à chaque fois que je vois pointer le bout de ton nez sur ce blog.
      Tu m'as tellement suivie, depuis si longtemps, je crois que je ne saurais imaginer ce lieu sans toi...
      Ti bacio forte il mio fratello
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    2. Autrement dit, je fais partie des meubles ... Si je dois avoir le même destin que les meubles de ta maison, laisse-moi au moins choisir la couleur :D
      Ti abbraccio Cara

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    3. Hehe … tu es observateur !
      Va pour la couleur, je te laisse choisir…baci !
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  18. Te voilà en Anjou et en joie (facile, facile). Ainsi va la vie, cruelle et douce à la fois. Un bonheur immense ne réduit pas la peine mais vient l'adoucir. Une sorte de baumheur.... Myo

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    1. EnAnjou et en joie...facile peut-être...mais il fallait la trouver !
      Quant au baumheur...Je te trouve en grande forme, my sister of heart
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  19. Tes billets sont si beaux, des hymnes à la vie. Tu me fais tellement de bien, c'est un bonheur de venir chez toi

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    1. Merci petite miss
      C’est pour des gens comme toi que je continue à écrire…parce que le mode a terriblement besoin de bonheur.
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  20. Pour avoir fabriqué plusieurs fois, ce genre d'ouvrage de menuiserie, je sais l'importance d'une porte : clore une baie. C'est ce que l'on nous a appris à l'école. Si je connais la technique pour qu'elle se referme toute seule, sans quincaillerie spéciale, je n'en connais pas pour son ouverture automatique ; si ce n'est d'en actionner le mécanisme. Avant qu'elles ne claquent, je les préfère ouvertes. Ouvertes sur la lumière, ouvertes sur la vie, ouvertes sur le champ des possibles.
    Ne pas la fermer sur soi, mais sur soie. Ton billet prouve bien que le soleil entre dans ta maison, et je me réjouis pour toi. Bon, quand même, lorsque l'hiver sera venu, pense à bien fermer ta porte, pour ne pas risquer une Angevine de poitrine ;-)


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  21. Te voici à Angers, profite de la douceur angevine pour retrouver les tiens.
    Je ne sais pas pourquoi c'est ici qu'on parle mieux le français.
    Bon séjour chère Célestine.

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  22. De cette "chronique élémentaire", je souligne tout particulièrement cette invite (que l'enfant-marin que je porte encore apprécie) : "Il faut s'agripper au bastingage des bons moments..."
    Très souvent, tes billets sont de véritables bouffées d'oxygène, pour ne pas dire des odes à la Vie.
    Merci pour cela, Dame 'Lest-In☆

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Je lis tous vos petits grains de sel. Je n'ai pas toujours le temps de répondre tout de suite. Mais je finis toujours par le faire. Vous êtes mon eau vive, mon rayon de soleil, ma force tranquille.
Merci par avance pour tout ce que vous écrirez.
Merci de faire vivre mes mots par votre écoute.