« Une femme libre est exactement le contraire d’une femme légère. »
Simone de Beauvoir
Ma grand-tante Marcelline, je vous en ai déjà parlé, n'aimait pas vivre au conditionnel passé. Le temps des regrets n'était pas pour elle. Les « j'aurais voulu », « j'aurais aimé », « j'aurais pas dû » ne firent jamais partie de son vocabulaire. Elle préférait, comme elle disait, les remords aux regrets. Marcelline, dans la légende familiale, c'était... comment vous dire...une gaillarde, une joyeuse luronne, une femme fatale, pour les plus polis. Une femme de mauvaise vie, une catin, une Marie-couche-toi-là pour certains autres plus rigides, censeurs toujours pleins de bonhomie et d'indulgence pour leur prochain(e).
Les gens honnêtes de l'époque avaient tôt fait de cataloguer les femmes libres, les Simone en pantalons, les Colette en fume-cigarettes, avec ces mots peu élégants et totalement inappropriés. Exagérés. En réalité, Marcelline devait sûrement faire un peu rêver les ménagères dans les chaumières. Sa vie aventureuse, racontée par ma mère, me fascinait quand j'étais adolescente.
Elle avait eu vingt ans en mil-neuf-cent-vingt. Cette belle concordance arithmétique, conjuguée à l'ambiance mythique des « années folles », la plaça sans doute sous une étoile particulière, toute scintillante des paillettes de Joséphine Baker et des cuivres du charleston. Un brin de fortune l'ayant quand même mise à l'abri des basses contingences matérielles, elle put assurer ses besoins matériels sans l'aide de personne. Bref, ma riche aïeule de Roquebrune mena la vie, comme on dit.
De combien de beaux jeunes hommes tremblants fit-elle tourner la tête ? Combien de rendez-vous galants sur cette belle plage de Cap-Martin où elle vivait, elle en coupe garçonne et eux en knicker-bocker à carreaux ? Combien de passions dévorantes, d'étreintes sensuelles et de mauvaises rencontres aussi ? Combien de coeurs brisés par son indifférence ? Et combien de petits matins tristes après une nuit de folie ?
Le revers de la médaille de cette existence insouciante vouée au plaisir, c'est que Marcelline ne connut jamais le bonheur d'être mère. Ni celui de vivre un amour partagé avec un amoureux. Ou une amoureuse.
Certains mois, elle dut subir aussi les affres de celle qui attend désespérément la preuve qu'elle n'est pas enceinte, et sans doute, une fois ou deux dans cette existence périlleuse, la déchirure atroce de la faiseuse d'anges.
Les gens honnêtes de l'époque avaient tôt fait de cataloguer les femmes libres, les Simone en pantalons, les Colette en fume-cigarettes, avec ces mots peu élégants et totalement inappropriés. Exagérés. En réalité, Marcelline devait sûrement faire un peu rêver les ménagères dans les chaumières. Sa vie aventureuse, racontée par ma mère, me fascinait quand j'étais adolescente.
Elle avait eu vingt ans en mil-neuf-cent-vingt. Cette belle concordance arithmétique, conjuguée à l'ambiance mythique des « années folles », la plaça sans doute sous une étoile particulière, toute scintillante des paillettes de Joséphine Baker et des cuivres du charleston. Un brin de fortune l'ayant quand même mise à l'abri des basses contingences matérielles, elle put assurer ses besoins matériels sans l'aide de personne. Bref, ma riche aïeule de Roquebrune mena la vie, comme on dit.
De combien de beaux jeunes hommes tremblants fit-elle tourner la tête ? Combien de rendez-vous galants sur cette belle plage de Cap-Martin où elle vivait, elle en coupe garçonne et eux en knicker-bocker à carreaux ? Combien de passions dévorantes, d'étreintes sensuelles et de mauvaises rencontres aussi ? Combien de coeurs brisés par son indifférence ? Et combien de petits matins tristes après une nuit de folie ?
Le revers de la médaille de cette existence insouciante vouée au plaisir, c'est que Marcelline ne connut jamais le bonheur d'être mère. Ni celui de vivre un amour partagé avec un amoureux. Ou une amoureuse.
Certains mois, elle dut subir aussi les affres de celle qui attend désespérément la preuve qu'elle n'est pas enceinte, et sans doute, une fois ou deux dans cette existence périlleuse, la déchirure atroce de la faiseuse d'anges.
Elle mourut comme elle avait vécu : seule. Dans une solitude plus subie que choisie, certainement.
Pourtant, on raconte qu'elle ne regretta jamais ses choix, farouchement libre jusqu'au bout. Vivante et effrontée.
Assise sur la plage, quelque cent ans plus tard, le coeur bercé de ressac et la peau caressée de lumière, je me suis sentie libre et heureuse. Pas de la même façon que Marcelline, non. Mais sans aucun regret moi non plus. Heureuse d'avoir su concilier toutes ces choses si contradictoires, les études, la carrière, la morale, la maternité, l'aventure, l'éducation, l'indépendance, la sexualité, et l'Amour... Une vie de femme c'est cela, quoi qu'on en dise, et même si ça évolue peu à peu : un combat quasi permanent pour concilier l'inconciliable.
Pourtant, on raconte qu'elle ne regretta jamais ses choix, farouchement libre jusqu'au bout. Vivante et effrontée.
Assise sur la plage, quelque cent ans plus tard, le coeur bercé de ressac et la peau caressée de lumière, je me suis sentie libre et heureuse. Pas de la même façon que Marcelline, non. Mais sans aucun regret moi non plus. Heureuse d'avoir su concilier toutes ces choses si contradictoires, les études, la carrière, la morale, la maternité, l'aventure, l'éducation, l'indépendance, la sexualité, et l'Amour... Une vie de femme c'est cela, quoi qu'on en dise, et même si ça évolue peu à peu : un combat quasi permanent pour concilier l'inconciliable.
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Pour l'atelier du Goût.
Pour comprendre l'histoire des humains, il faut toujours se remettre dans le contexte de l'époque.
RépondreSupprimerUne femme est libre quand le regard des autres personnes n'a plus d'incidence sur elle mais je suis sûr que dans la prunelle de ses yeux, Marcelline attendait son amoureux dans le volupté des années folles...
Personne ne pourra le dire...Elle aurait donc mené cette vie de femme sans attache par dépit ?
SupprimerJe n'en suis pas sûre. Mais c'est possible...
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bien dit, Célestine, il y a des choix qui clouent.
RépondreSupprimerEt d'autres qui libèrent... ;-)
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Ne jamais regretter... Bravo à celle qui t'a inspirée !
RépondreSupprimerBises.
Lydia
Un petit hommage discret à une femme de la famille un peu hors-norme...
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Tu as une belle ascendance, un précieux gêne que tu as , je l'espère, pu transmettre. Être femme, quel difficile "métier" depuis la nuit des temps mais quelle aventure de plonger dans nos entrailles et nos profondeurs pour y trouver notre trésor et le révéler sur un chemin de vie doux et cabossé à la fois... Merci céleste Célestine, je t'embrasse, douce journée. brigitte
RépondreSupprimerJ'ai un gène turbulent, c'est vrai. Insoumise, révoltée et farouche...
SupprimerEt tu résumes bien la condition féminine. Les chemins de vie cabossés et doux en même temps, ça n'est pas réservé aux femmes. mais celles-ci partent souvent avec un handicap, au sens hippique du terme...
Bisous ma Plume
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"« Une femme libre est exactement le contraire d’une femme légère. »
RépondreSupprimerSimone de Beauvoir"
Ah... Si elle avait mis en pratique ce qu'elle prônait...
Je préfère nettement Marceline, elle ose mais ne prêche pas.
Ça a évidemment des conséquence mais il vaut mieux (à mon sens) se dire "La prochaine fois" plutôt que "Si j'avais su"...
Vaste débat...dans lequel, tu me connais, je ne rentrerai pas.
Supprimermais j'aime bien ta dernière phrase. je me tourne résolument vers l'avenir plutôt que vers le passé.
C'est plus constructif, même si les bases sont là, prennent racine dans notre histoire personnelle, et qu'il faut en tenir compte pour bâtir...
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Je sais exactement ce que je reproche à Simone, et ce n'est pas son féminisme, loin de là.
SupprimerJean-Sol Partre ? ;-)
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Elle a choisi la liberté, tu dis qu'elle est morte seule, c'est le lot de chacun.
RépondreSupprimerAu sens philosophique du terme, c'est sûr, on est seul à l'instant suprême. Mais on peut quand même finir sa vie bien entouré...en tout cas, mieux entouré que Marcelline.
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
Se sentir libre et heureux n'est-il pas la meilleure chose qui puisse arriver à un être humain ?
RépondreSupprimerEt ce quelque soit l'état de vie et la condition concrète qui soit la sienne.
En ce sens je pourrais faire témoigner bien des gens, si je n'étais lié par le secret professionnel…
les apparences sont tellement, tellement, trompeuses…
un texte « Célestinien », c'est-à-dire,excellent…
Je me souviens de ce titre « Imparfait, libre et heureux » qui résume assez bien le propos : cheminer, progresser, s'accepter et vivre en harmonie avec soi-même.
SupprimerLes gens que tu as côtoyés dans ton exercice professionnel ont eu la chance de croiser ta route, je n'en doute pas.
Merci pour le compliment. C'est le plus beau que tu puisses me faire.
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Ton thème aujourd'hui Céleste rejoint, quelque part, les commentaires de mon billet du 2 juillet "la fuite du temps" qui parle des femmes-auteures dans les années 70.... celles que l'on découvrait s'étonnant qu'elles existent et qu'elles avaient leurs mots à dire, autrement peut-être jusqu'à l'exubérance.... ce qui plaisait aux nouvelles lectrices dont j'étais... libres elles se divulguaient, "garçonnes", exprimant une nouvelle écriture dotée d'une autre expression, ... c'était la littérature féminine, celle qui exprimerait plus tard le féminisme que l'on connaît, et son combat... bravo à Marcelline née au tout début du siècle, dans les années dites folles, mais toutefois nostalgiques, qui enivraient une jeunesse d'espoir souhaitant vivre intensément pour en réalité oublier le chagrin passé ... elle qui a tracé le chemin pour s'émanciper , encore long vers une liberté nécessaire avec le triomphe de la ligne droite et de la taille très basse, le renouveau ... .
RépondreSupprimerMerci à toi pour ton analyse...
Douce journée.
Bisous amicaux.
Je suis allée lire ton texte du 2 juillet. Tu as parfaitement raison...Mais est-ce étonnant que nous nous retrouvions si souvent sur des thèmes parallèles ?
SupprimerMerci pour l'hommage discret que tu rends à mon aïeule.
Quand je regarde le chemin parcouru, et la beauté morale de ma fille, je suis pleine de gratitude pour ces combats passés.
Bisous affectueux
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Mon grand oncle Arthur, de 7 ans l'aîné de Marcelline, aurait pu revendiquer le titre d'homme libre......
RépondreSupprimerBel homme , bonne prestance, à la tête d'une entreprise qu'il avait fait naître, il pouvait faire tourner les têtes....
Comme Marcelline il resta et mourut seul.
Il n'exprima aucun regret.
Pour autant fut il jamais heureux ?
Ce que je retiens de lui c'est l'image d'un être beau parleur mais exprimant son affection avec grande difficulté et de manière indirecte.
Par ailleurs, s'il se considérait libre lui-même, peut être avait il du mal à respecter la liberté d'autrui.
Ne te meprends point, chez moi nulle prétention à faire d'Arthur l'exact pendant de Marcelline.
Simplement, en tant qu'homme je ne serai jamais totalement en possibilité de mesurer tout ce qu'une femme doit affronter et assumer pour se sentir pleinement être humain au même titre qu'un homme.
Alors prendre comme base de réflexion ce que je peux savoir d'Arthur était pour moi un exercice intéressant.
A l'opposé je peux aussi prendre l'exemple de Pernette, cette amie d'enfance à qui ma mère confia pour moi le rôle de marraine.
Ma femme et moi avons gardé grande affection pour cette femme généreuse.
Célibataire elle resta , tout en menant librement la vie d'une femme moderne et cultivée grâce notamment à son diplôme de pharmacienne et à ses nombreux centres d'intérêt.
La vie a cependant très vite limité cette liberté. Son père, alors hôtelier à Paris, fut soudain victime de cécité et Pernette se sentit en devoir de lui venir en aide.
Après le décès de ce père, Pernette, restée très proche de ses parents, eut à veiller sur sa mère ( elle-même très cultivée en sa qualité d'enseignante).
Pour autant Pernette n'exprima aucun regret.
Pour conclure je reprendrai des paroles tirées d'une chanson :
Prends entre tes mains ton destin
Mets les voiles dès ce matin
Pour la planète où tu veux vivre...
Prends le large rien ne te retient
C'est ta vie elle t'appartient
Si tu veux être .....libre...
Viens, tu verras la route est longue
Parfois le ciel devient sombre
Mais les nuages sont encore loin...
Et même si de fatigue tu tombes
Dans ta course vagabonde
Aie le courage de continuer ton chemin...
Dis-toi que rien n'est écrit
L'avenir se construit
Il n'y a que toi pour savoir quelles sont vraiment tes envies...
Il n'y a que toi pour savoir quel sens donner à ta vie...
Bises généreuses
Il n'y a pas que tes bises qui soient généreuses, cher Petrus.
SupprimerIl y a tes mots, tes partages, tes témoignages du passé, tes portraits d'hommes et de femmes de ta famille, et d'une manière générale ton implication dans tous mes billets. C'est un vrai plaisir que de te lire.
J'ai écouté la chanson que tu cites, je ne connaissais pas ce dessin animé de Disney.
Une sorte de testament à la Rudyard Kipling, en moins littéraire bien sûr.
Merci pour ta longue et intéressante participation, Petrus.
ton positionnement vis à vis des femmes est tout à ton honneur.
Je t'embrasse
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Quelle magnifique portrait, j'aurais bien aimé la croiser cette Marcelline.
RépondreSupprimerEt quelle belle conclusion, tu peux écrire. Enfin conclusion à ton biller car nul doute que tu as encore de magnifiques pages à écrire avec ardeur et vivacité !
Merci Miss.
SupprimerC'est un sujet brûlant qui m'a toujours tenu à coeur.
Oui, j'espère continuer à écrire le livre de ma vie avec la même ferveur.
Je t'embrasse affectueusement
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Là encore, vous touchez juste. J'ai un profond respect pour le combat des femmes, trop longtemps maintenue dans un rôle secondaire. Cette Marcelline a dû traverser bien des écueils, sans doute, pour pouvoir mener sa vie comme elle l'entendait. C'était en effet assez mal vu, au siècle dernier, une femme de sa trempe.
RépondreSupprimerElle a ouvert la voie. Vous la suivez avec bonheur, et l'exprimez si bien.
Bien à vous très chère
~L~
Merci mon ami.
SupprimerLa cause féminine a besoin des hommes féministes. Comme vous.
Ce n'est pas un gros mot, juste l'expression d'une admiration sincère.
Je vous embrasse
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Vive les femmes libres ... les hommes aussi d'ailleurs. Être seule et le décidé cela n'a rien à voir avec la solitude. Mais je pense que seul on l'est tous un peu, souvent sans être libre.
RépondreSupprimerJe l'aime bien cette Marceline !
Oui tu as raison, la liberté, en tout cas à mes yeux, reste la vertu cardinale de l'humanité.
SupprimerCelle qu'il faut protéger de toutes ses fibres.
Moi aussi, j'ai une tendresse pour les gens comme elle.
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Que pourrais-je en dire : je n'aime guère les plages et je ne suis pas une femme (hélas..) ;-)
RépondreSupprimerHélas, c'est là qu'est l'os ?
SupprimerMais nous on t'aime quand même, t'inquiète !
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Bonjour Célestine,
RépondreSupprimerl'ambiance que tu évoques me fait penser aux héroïnes des livres de Fitzgerald...
Bises,
Mo
Oui c'est un peu ça en effet.
SupprimerL'époque, la liberté...
Bisous chère Mo
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Ton ancêtre Marcelline était très moderne pour l'époque!
RépondreSupprimerBisous
Oui carrément !On peut le dire...
SupprimerBisous cathy.
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certains d'entre nous ont aussi dans leur famille une Marcelline scandaleuse aux yeux des pisse-vinaigre de l'époque d'après-guerre de 14/18 !
RépondreSupprimerCombien de maris rêvaient-ils en secrets d'étreintes fantasmées avec ces Marcelline inaccessibles ?
J'ai aimé ton histoire et ton héroïne
C’est tout à fait bien dit Gwen!
SupprimerL’hypocrisie voulait qu’on les condamne, mais elle fascinaient quand même le commun des mortels, ces femmes hors normes…
Bisous bourlingueuse
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Marceline, la digne héritière de Lilith ? une femme finalement trop libre pour être acceptable. D'ailleurs, la Bible ne la mentionne que très peu. La femme libre inquiète les hommes. Même si les mœurs évoluent, la femme demeure, dans sa représentation, une tentatrice désignant l'excès, l'absence de loi et de raison, au surmoi faible... Marceline surtout pour son époque n'était elle pas une nouvelle Lilith… Active, indépendante, ambitieuse, à l'écoute de son plaisir, et qui affichait une détermination forte quant à son choix de vie, tout en prenant en compte sa spécificité. Elle ne renonce guère à son désir. D'ailleurs, elle se voit souvent reprocher un égoïsme évident, alors qu'elle refuse juste d'être subordonnée à une hiérarchie quelconque. Lorsqu'elle ne s'inscrit pas dans un schéma traditionnel, dans un ordre familial, c'est-à-dire lorsqu'elle ne s'inscrit pas dans un schéma traditionnel, dans un ordre familial, c'est-à-dire lorsqu'elle a décidé de ne pas contribuer à la hausse de la natalité, on la soupçonne d'avoir une sexualité trop libre. Le nombre croissant de célibataires qui choisissent de l'être n'est pas rassurant pour le mâle. Refusant une culture de dépendance vis-à-vis de lui et fuyant le modèle de l'épouse docile, la femme libre inquiète les hommes et dérange les femmes mariées. L'image de la mère se dévoile ici dans toute son ambiguïté, puisque clivée, elle ne peut être que bonne ou mauvaise. Bonne si la semence masculine sert à la procréation, mauvaise si la femme s'en sert pour son plaisir et sa jouissance. Lilith, la mauvaise, la démone faisant fi de la morale, ne fut elle pas remplacée par Eve.
RépondreSupprimerWouaou tu es très documentée sur le sujet !
SupprimerLilith a quelque chose de fascinant, en effet… c’est drôle comme la liberté a toujours été associée à quelque chose de démoniaque…
Purement judéo-chrétienne, cette représentation des choses …
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Il nous est difficile de bien réaliser ce qu'ont vécu les femmes de cette époque...on a tendance à les voir avec nos yeux "d'aujourd'hui"...
RépondreSupprimerSans doute que la solitude était le prix à payer pour gagner une part de liberté...
Chacune faisait comme elle pouvait dans un contexte qui offrait bien moins de "solutions" que de nos jours...
Ce qui ne veut pas dire qu'aujourd'hui, ce soit facile...mais les options sont plus nombreuses. Et c'est tant mieux.
J'aime bien ta dernière phrase, Célestine :
"Une vie de femme c'est cela, quoi qu'on en dise, et même si ça évolue peu à peu : un combat quasi permanent pour concilier l'inconciliable."
C'est tellement ça ! :-)
Tu as raison il faut remettre les choses dans leur contexte.
SupprimerIl n’en reste pas moins que cette femme m’a toujours inspiré respect et admiration… contrairement aux sentiments négatifs qu’elle devait inspirer à son époque…
Heureusement les choses évoluent, mais pas assez vite convenons-en…
Bisous
Je pense à Léa l'héroïne de la bicyclette bleue de Régine Deforges. Léa une jeune femme libre et audacieuse ! Il me semble qu'après la parution de cette trilogie le prénom Léa avait été souvent utilisé pour les nouvelles nées dans les années 1980.
RépondreSupprimerColette également avait créé une héroïne du nom de Léa, et peut-être avait-elle elle aussi remis ce prénom à la mode.
Supprimer"les Simone en pantalons, les Colette en fume-cigarettes", oui les gens aimaient bien cataloguer.
J’aime beaucoup ce prénom et en te lisant je comprends que, peut-être, inconsciemment, l’image de ces deux heroines m’a influencée…
SupprimerLéa, c’est le féminin de Léo. Une lionne…
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Les barreaux de la prison intérieure sont ce qu'il y a de plus étouffant... les idées préconçues, les croyances, les attachements, etc. Peut etre ta tante était-elle un peu moins coincée que les gens de son époque. kéa
RépondreSupprimerOui c’est tout à fait ça.
SupprimerLe carcan des conventions faisait plus que coincer : il étouffait dans l’œuf tout velléité de développement personnel… d’ailleurs aurait-on imaginé cette expression à l’époque, sans se sentir extrêmement coupable d’égoïsme ?
Bisous ma Kea
Rassure-toi, je ne vais pas user de cette chanson que tu détestes... Je ne l'aime pas spécialement, non plus.
RépondreSupprimerSi les femmes libres de cette époque, étaient cataloguées en ce que tu cites, j'aurais aimé savoir en quoi a été catalogué une de mes aïeules, qui se retrouva, comme on dit, « fille mère ». J'ai une petite idée, quand même ! Elle éleva comme elle pu son petit bonhomme, elle lui donna son nom ; le même que je porte. Cela peut expliquer que, bien que très répandus dans le cantal, nous ne sommes parents avec aucune autre.
Nous sommes riches de notre histoire, on la porte sans vraiment toujours la connaître, et puis un jour, on s’aperçoit que l'on est en droite ligne, en conformité avec elle.
Ce qui perdure, chez nous, c'est que nous avons toujours été à part...
La femme de cette photo, et le récit que tu en fais, me fait penser à une vielle amie de la famille, qui vient de s’éteindre à un âge respectable... Nous l'appelions « la Parisienne » parce qu'elle l'était. Mais toujours fidèle à ses racines. Sa vie fut la vie d'une femme libre,indépendante, avec tout ce que cela implique de "négatifs" dans ma campagne perdue. Elle s'en foutait complétement. Divorcée en 1971, elle éleva ses deux enfants, dont un est un ami d'enfance. Sa "famille" la laissa de côté (ça ne se faisait pas... Il valait mieux être une femme battue, et se taire ) quelle horreur !
Elle s'est éteinte, il y a peu, et, comme pour lui faire payer "sa liberté", d'une certaine façon, pratiquement personne de la commune n'est venu.
Qu'importe, chez moi, nous étions en force représentative.
Elle était professeur de français, décorée des palmes académiques, avait connu Raymond Devos, avant qu'il ne le soit lui-même. Elle est partie en femme libre qu'elle fût.
Mon commentaire n'est pas très gai, mais ton texte, de toujours belle qualité, m'a immédiatement fait penser à elle. Elle n'était pas née en mil neuf cent vingt, comme mon père, mais a peine plus tard.
Mon cher Didier
SupprimerJe suis vraiment désolée de répondre si tard. Tu te doutes que les vacances furent bien occupées, et que mon blog s'est un peu perdu dans la nébuleuse familiale.
Tenir mes petites filles dans mes bras a été le bonheur de ces deux semaines, entre autres émotions.
Bref, je te remercie pour ton témoignage sur cette femme de ta famille qui présente, à mes yeux, bien des attraits : professeur de français, divorcée, libre dans sa tête...
Ton commentaire est très gai : car savoir que tu descends d'une femme comme ça me réjouit le coeur.
je t'embrasse affectueusement.
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Bien faire et laisser libre disait-on autrefois...
RépondreSupprimerDes femmes qui scandalisaient les petits bourgeois on en a connu, certaines étaient pleines de vie, de fraicheur et suivaient le cours de leur existence fantaisiste sans se poser de questions, c'est déjà bien de se sentir libre !
Aucune vie n'est linéaire. En tout cas pas la mienne. Plusieurs "tranches" plusieurs épisodes, avec joies, insouciance, violences, passions, éblouissements, déceptions, chagrins aussi.
Il faut la vivre voilà tout
Tu as raison, la vie n'est pas linéaire et heureusement.
SupprimerJe sais que tu es passée par des moments très difficiles et que tu as une grande force.
Je t'embrasse fort
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Merci ma douce, et je viens de perdre brutalement ma jument Nina, 19 ans, sans compter mon ainé Arnaud qui a été hospitalisé 12 jours et qui a un grave problème de bronches (pas la Covid) qui s'est aggravé, le confinement dans un petit appartement dans la région parisienne n'y est pas pour rien, même si il peint beaucoup mais ça fait plus d'un an qu'il n'a pas pu venir ici...
SupprimerAsi es la vida...
Oh la la, ma Marine ! La vie ne t'épargne pas.
SupprimerJe pense à toi très fort.
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Bonjour Célestine,
RépondreSupprimerTrès intéressant ce texte! Bien injustement, choisir d'être soi-même a un prix, et parfois ce prix est élevé. Cette grand-tante qui a tourné le dos à certaines contraintes sociales tout en s'ouvrant aux autres aurait fini ses jours seule. C'est à la fois triste et admirable. Nous ne vivons pas à la même époque mais les choses ne changent pas vraiment.
Oui les choses peuvent être tristes et admirables quand il s'agit de préserver la liberté.
SupprimerDe nos jours, nous perdons de vue cette vertu cardinale de l'humanité.
Et les choses deviennent tristes et méprisables.
Je vous embrasse
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Re Bonjour Dame Célestine.
RépondreSupprimerJe ne vois pas ce que je pourrais rajouter de plus en guise de commentaire à ce dont nous avons parlé de vive voix sur ce sujet. HA si, que j'aime bien débattre avec toi et que mon parfum (pas celui là, l'autre) s'appelle........"Libre" . Hugs
Je ne connais pas ce parfum, mais il me plait bien !
SupprimerIl te ressemble, en fait.
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Une femme libre est une étoile filante.
RépondreSupprimerPlein d'envie, nous la regardons passer en rêvant de la saisir.
Mais son bonheur n'est pas dans nos mains, ni le notre dans les siennes.
La liberté et le bonheur font-ils bon ménage?
Qu'en sais-je et qu'importe... Je suis libre dans mes choix, et ma vie me plait.
N'aimant pas la solitude, j'espère simplement faire de mes rêves des souvenirs plein d'étoiles!
Bises en toute liberté.
La liberté et le bonheur font-ils bon ménage?
SupprimerTu me laisses quatre heures ?
C'est un vrai sujet de philo, cette phrase, et au regard de ce qui se passe actuellement, on peut se poser la question. Il est même urgent de se la poser.
Bisous cher poète
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En parlant d'une autre époque, d'un autre siècle, tu établis des liens avec ton propre parcours existentiel de femme, de mère et d'amoureuse. Je trouve réjouissant que tu te sentes « heureuse d'avoir su concilier toutes ces choses si contradictoires ».
RépondreSupprimerPour ma part - tu n'en seras pas surprise - en évoquant passé et présent je ne saurais faire abstraction des temps à venir et de toute l'incertitude qu'ils recèlent. Je pense notamment à ce que la notion de "liberté" pourrait demander comme redéfinition dans ses contours.
Redéfinir la liberté...Vous vous êtes donné le mot, Etienne et toi.
SupprimerTu as raison, il est urgent de se demander jusqu'à quand on peut aliéner sa liberté au nom de principes discutables, comme la sacro-sainte sécurité...Vivre, ce n'est pas cela.
Il ne s'agit pas de n'avoir aucune contrainte, mais de pouvoir choisir ses contraintes en fonction du sens qu'on leur donne.
Cela ouvre débat, évidemment...
Bisous tardifs
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Très beau texte. Je te souhaite un été très heureux, plein d'insouciance.... Gros bisous de Belgique et à bientôt Célestine.
RépondreSupprimerPlein d'insouciance...j'aimerais bien. Est-ce encore possible ?
SupprimerJe vais continuer de recentrer mon bonheur sur des choses simples, ce sera déjà pas mal.
Bisous cher et fidèle petit Belge
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Bonjour Célestine, quel récit ! Concilier l'inconciliable et remonter aux années folles pour y retrouver ta grand-tante Marcelline qui a vécu de manière libre en consumant le plaisir avec une joue extrême quitte à finir sa vie seule ce qui peut paraitre paradoxal. Un beau portait de femme.
RépondreSupprimerToujours fan, mon zicos !
SupprimerC'est sympa d'écrire avec de tels retours...
Bisous estivaux
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C'est toujours un plaisir de te lire, Célestine ! bel été !
SupprimerTa grand tante me rappelle ma grand-mère : une forte femme, qui n'en a toujours fait qu'à sa tête...
RépondreSupprimerUne italienne de Calabre, tout est dit !
Bises
Angela
Oh la la ! les italiennes de Calabre...
SupprimerNous avons les mêmes origines.
Bisous la belle
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