Tu es de celles que les
garçons
N’embrassent jamais dans le
noir,
De leurs baisers tendres et
baveux
De jeunes loups si maladroits
Tu es coiffée comme Jean
Harlow,
Mais tu n’as jamais la
vedette.
Dans ces soirées tristes à
pleurer
Où tu fonds comme un esquimau,
Qui prend seulement garde à
toi ?
Tiens, Suzy rit comme une
cane
Aux élucubrations de Joe
Un insupportable bellâtre
Aux cheveux roulés en
banane.
Toi, tu les trouves
ridicules
Et même carrément
affligeants.
Leur jeunesse dorée t'agace.
Les petits cris de souris
blanches
Que poussent les filles en
gémissant
Les quintes de coq des
garçons
Qui se haussent sur leurs
ergots
Et tu attends ton tour
dans l'ombre
Ton tour qui ne viendra
jamais
Sombre, sérieuse,
énigmatique
Tu es une ouvreuse peu ordinaire,
Tu es une ouvreuse fermée…
Fermée à la vie, au plaisir.
Fermée aux autres et au
futile.
Et pourtant c'est un beau
métier.
Ouvrir, ça donne à réfléchir.
Ça vit, ça aère, ça scintille
Ça donne de la dimension.
C'est comme ouvrir un opéra,
Ou un bal. Ou une bouteille…
Ou ses bras à un inconnu.
C'est beau d'ouvrir à qui se ferme.
Personne ne sait ton
mystère
Ça te demande un grand
talent
De réussir à le cacher
Tu n’as jamais vu Jean
Harlow
Ni Bogart, ni Suzy, ni Joe
Et tu ne les verras jamais
C'est une bien maigre revanche
Que d'incarner le vieux dicton :
Prenez garde de vous fier
Aux vénéneuses apparences...
Tu travailles dans un ciné
Ta petite lampe à la main
Mais l’écran blanc de tes nuits noires
Te rappelle à chaque séance
Cruellement
Que ton secret
Que ton secret
Porte le nom de cécité.
brr frissons dans le dos, des points communs avec la mienne :-)
RépondreSupprimerCe tableau m'a glacée en fait...j'ai voulu retranscrire cette sensation quasi physique.
SupprimerLes grands esprits, hein, ma chère Adrienne...
•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Magnifique.
RépondreSupprimerLe début m'a fait penser à tout autre chose.
A ce que Despentes écrit avec fureur pour toutes celles "qui ne sont pas", "j'écris de chez les moches".
J'aime Despentes pour cette phrase.
Et puis la fin, qui claque et qui fait mal...
Très belle semaine Chère Célestine
C'est vrai, Despentes n'est pas forcément mon auteure préférée, mais elle a une écriture, c'est certain.
SupprimerEt puis elle est très controversée, et ça, déjà, c'est un gage de talent.
Bises ma Cloudy, ravie que tu aies aimé.
•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Et ce sont souvent celles et ceux qui ne voient pas qui voient le mieux. Car ils sentent le moindre frissonnement, le moindre battement de cils et ils savent le décrypter.
RépondreSupprimerCar finalement, on ne voit bien qu'avec le cœur! :-) N'est-ce pas? Bises alpines et belle semaine.
Cette fille a un coeur, c'est certain. Et je gage qu'un jour, elle trouve un bien-aimé qui verra en elle « celle qui voit avec le coeur »
SupprimerBises célestes chère frangine
•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
J'ai aimé du début à la fin, mais il est terriblement glacé au centre, ton chocolat noir de noir... Oh oui les rires de souris, j'ai aussi souvent utilisé ce terme et ne pouvais comprendre ce que les garçons trouvaient à ces gloussements lamentables et agaçants. Ils n'y trouvaient, je pense, que le plaisir vaniteux de comprendre que ce show caquetant était pour eux, pour leurs plumes de coq :)
RépondreSupprimerBaci et bravo pour ce magnifique texte, sorellita
Tu sais les choses glacées ne sont pas ma tasse de thé. Moi j'aime le chaud, la lumière, la joie qui pétille...
SupprimerAlors c'est un peu comme qui dirait « un rôle de composition » pour moi...
Baci e grazie, sorellita
•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
C'est dingue ! Je n'ai rien vu venir !
RépondreSupprimerLes appels du pied ont ceci de particulier qu'ils ne sont pas facturés... ;-)
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Des tickets de cinoche en Braille, on n'arrête pas le progrès !
RépondreSupprimerMouarf ! Toi tu as fait le festival de Cannes Blanches...
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Mon épouse donnait des cours d'adaptation à la vie quotidienne à la Ligue Braille
SupprimerAh, c'est bien !
SupprimerEt même pas tu relèves mon jeu de mots suréminent ? Tsss...c'est bien la peine que je me décarcasse...
•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
T'es la nièce de Ducros ? (Ton papa, j'ai vu sa photo, c'était pas lui)
SupprimerHou hou hou ! Très drôle ! ;-)
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
C'est bien de s'apercevoir qu'être frappé de cécité et être aveugle n'est pas forcément la même chose.
RépondreSupprimerAbsolument !
SupprimerJe pense à un certain G.D dont vous parlâtes récemment, et qui me semble frappé d'une cécité sociale impressionnante...
•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Je suis sûre qu'elle à une vie secrète lorsqu'elle sort du cinéma.
RépondreSupprimerJe l'espère pour elle... ;-)
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Helas, on les a remplacé par des machines self service
RépondreSupprimerRemplacer les êtres humains par des machines, c'est la grande peur de notre siècle...
SupprimerQue croire en ce domaine ? Doit-on vraiment s'en inquiéter ?
•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Cécité, cécité ? ou aveugle, aveugle, fermée aux autres ?
RépondreSupprimer"Personne ne sait son mystère
Ça lui demande un grand talent
De réussir à le cacher"
Que sait-on vraiment des autres, de leur vie ?.... est-elle ? ; sait-on seulement ce que l'on veut chercher et trouver ?
Faut parfois se méfier de ce qui est en-or-mi, glacé noir, appliqué, mystérieux !
Merci pour ce texte qui joliment frissonne, dérangeant parce que j'y ai reconnu des ressouvenirs anciens ..au son de ta p'tite musique qui balance grave.
Bisou
« Que sait-on vraiment des autres, de leur vie ? » Tu poses là une question fondamentale, celle qui explique cette grande solitude que l'on peut éprouver quand on se sent incompris...
SupprimerL'intelligence relationnelle est souvent à réinventer dans un monde cruel où la différence est parfois vécue comme une agression.
Bisou chère frissonnante
•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Oui, bah normalement on doit dire « personne en situation de handicap visuel qui n'y voit goutte de collyre ».
RépondreSupprimerEt puis quand même il y a au moins un avantage : elle n'a jamais vu Fernandel !
;-)
Et sinon, le texte cultive une mélancolie qui va bien avec la musique…
Pauvre Fernandel, je l'ai entendu faire un tour dans sa tombe...
SupprimerÇa a réveillé Paul Préboist et Sim... ;-)
Bises mélancoliques
•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Moi j'aurais plutôt écrit " bises hilares"
SupprimerParce que c'est vrai qu'au top cinq des moches, Sim tient la vedette ! et il en était fier :)
ha ha ! le top cinq dis-tu ? et qui sont les autres ?
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Wouahhh!!! Quelle chute… je ne sais quoi dire, elle me rend muette. Bisous du lundi et belle semaine
RépondreSupprimerHeureusement tu n'es pas sourde à mes remerciements ma Brizou.
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
"Chocolats glacés " , derniere seance, ....autant d'evocations de moments magiques.
RépondreSupprimerPas de nostalgie directe d'un temps aujourd'hui revolu. Non, mais le souvenir emu de ces belles passantes, de ces belles dames qui nous indiquaient la place, le lieu d'ou je pouvais vivre par ecran interposé de belles histoires d'amour...autant en emporte et en rapporte le vent du souvenir.
Souvenir du beau sourire de l'ouvreuse qui proposait a l'entracte de merveilleux chocolats glacés...
Merci pour cette belle evocation poétique de la Fée du Cinema
Bises
Je me souviens des chocorêves et des miko...
SupprimerEt les bonbons de la pie-qui-chante...
Des souvenirs olfactifs que tu retrouveras certainement chez les autres participants de lakevio
Merci pour ton évocation de souvenirs, Petrus
•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Il n'y a plus d'ouvreuses, sauf peut être encore au théâtre. Dommage cela avait son charme. Tous ces métiers ont disparu et moi je marche au radar quand je rentre dans la salle de cinéma !!
RépondreSupprimerAu théâtre, à Paris ça m'avait surprise, parce qu'en province plus d'ouvreuses non plus...
SupprimerTFLC, comme disent les vieux... ;-)
•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Me voilà projeté dans l'époque ancienne de ma jeunesse en culottes courtes, quand le cinéma était une récompense longtemps attendue, une fête où tout m'émerveillait.
RépondreSupprimerJ'ai connu des salles qui n'existent plus de nos jours, vous n'étiez même pas née, délicieuse.
Les fauteuils de velours et les ouvreuses en collants résille restent derrière mes paupières à jamais.
Merci pour ce souvenir.
~L~
Il est vrai que nombre de cinémas parisiens ont disparu au fil du temps...des salles mythiques remplacées par des garages ou des supermarchés, comme dans la chanson d'Eddy Mitchell.
SupprimerMerci à vous cher Lorenzaccio, pour ce moment de nostalgie d'enfance
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Hopper et Les lumières de la ville. Oui, cette peinture est triste mais peut-être c'est un peu pour ça que je l'aime. Comme les tableaux de Hopper en général avec les histoires qu'on peut leur "coller dessus avec nos ressentis différents. Les intervenants chez Lakevio le prouvent. Ton poème met des mots sur ce que je ressens en regardant ce tableau. J'aime beaucoup.
RépondreSupprimerPatrick Mandon avait laissé sur mon blog il y a quelques temps un chouette commentaire à propos de ce tableau.
Bises.
Quand on regarde un tableau on ne peut que chercher au fond de soi quels ressentis il fait surgir en soi.
SupprimerEt ce tableau a fait surgir de la tristesse, et une sorte de gravité glacée.
J'aimerais lire le commentaire auquel tu fais allusion : tu me le retrouverais ?
Bises cher Patrick
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New York movie ( 1939 ) était présenté dans la remarquable exposition La peinture américaine des années trente, au musée de l'Orangerie. Hopper connaissait bien la production cinématographique, américaine et européenne. Elle est fort belle la jeune femme blonde dans son uniforme d'ouvreuse, mais quelle tristesse l'accable, ou quelle angoisse ! Elle aussi, dans cette salle magnifique où se donne une fiction permanente, elle est entrée dans l'ère du doute ...
SupprimerVoilà le commentaire de Patrick Mandon. Qui se poursuit sur Gas ( un autre tableau de Hopper ) et l'aspect angoissant, au sens film noir chez Hopper. Gas est un tableau montrant une station-service au milieu de nulle part.
Bises.
Merci Cher Patrick.
SupprimerJe vois que nous sommes d'accord, Patrick Mandon et moi, sur le ressenti que provoque l'image de cette femme.
Une tristesse, une angoisse...et un doute quasi existentiel.
Bises
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Elle jette un froid, la chute de ton texte... C'est l'automne qui te donne des idées noires comme une salle de cinéma?
RépondreSupprimerBises,
Mo
Le froid de ce premier octobre en montagne peut-être ?
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
C'est vrai, tu as fait dans le sombre... :)
RépondreSupprimerMais c'est super bien vu, comme toujours !
Bises
Angela
Merci Angela, tu es indulgente...
SupprimerJ'ai juste écrit une petite histoire à partir d'un tableau...
Quelques ressentis un peu sombres, c'est vrai.
Bisous ma belle
•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
En 1978, j'allais dans une salle de cinéma guidée par une ouvreuse! C'était à Chartres en plein centre ville! elle proposait bonbons et chocolats à l'entracte...☺☺
Supprimersouvenirs, souvenirs
Ce devait être une des dernières ouvreuses du coin...
SupprimerMoi ce que je regrette, c'est de ne plus avoir affaire qu'à des machines aux péages des autoroutes...
C'était sympa de parler à un être humain, même si les conversations ne pouvaient pas aller loin...
Souvenirs, dis-tu ? ;-)
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Bravoo! J'ai adoré. Et tu sais quoi? Pour gagner quelques sous quand j'étais très jeune, j'ai fait l'ouvreuse! Le plus dur c'était de trimbaler le gros panier à friandises et chocolats glacés à l'entracte, j'étais un poids plume. Je ne l'ai pas fait très longtemps parce que vraiment on gagnait trois cacahuètes, mais ce fut une expérience intéressante :)
RépondreSupprimerBise
Tu avais les bas résille, comme l'ouvreuse de Lorenzaccio ? ;-)
SupprimerMerci d'avoir apprécié ma petite bluette, Désirée. Et ravie que tu sois sortie de ta stase... ;-)
¸¸.•*¨*• ☆
Ah mais...ils ont bien tort ceux qui délaissent ses charmes et ses caresses...
RépondreSupprimerDans le noir, le sens du toucher est essentiel...! :-)
Si certains savaient ce qu'ils perdent à mal connaitre les femmes...
SupprimerTu as raison !
¸¸.•*¨*• ☆
Très belle histoire. La chute nous laisse buche bée !
RépondreSupprimerEt cette phrase : « c’est beau d’ouvrir à qui se ferme » Magnifique !
J’aime beaucoup les tableaux Edward Hopper bien choisi Blue :)
Bisous et bon mardi :)
J'adore ton lapsus... ;-)
SupprimerCe n'est pas moi qui ai choisi le tableau, mais il m'a parlé.
Bisous chère Cristina.
¸¸.•*¨*• ☆
Waouh, quelle chute !
RépondreSupprimerTrès beau texte, Célestine. Pas d'images mais des sons et de belles réflexions apportées par Hopper. Toujours beaucoup d'étrangeté et de solitude dans ses tableaux...
Merci de ta participation.
Hopper est un peintre qui a étudié les comportements humains beaucoup mieux que certains sociologues ! Et pour une fois, j'ai réussi à combiner l'inspiration et le calendrier...
SupprimerBisous chère Lakevio, merci de ton investissement.
¸¸.•*¨*• ☆
Magnifique et quelle chute: brillant !
RépondreSupprimerC'est un peu comme un parquet trop bien ciré en fait...
SupprimerSi c'est trop brillant, on chute ! ;-)
Ok je sors...
¸¸.•*¨*• ☆
Coucou Célestine, merci infiniment pour ce magnifique texte qui ne me laisse pas insensible, tu as le don de jouer avec les mots et d'apporter l'ambiance que dégage ce tableau que j'aime beaucoup avec une douce musique. Mon chef avait dans son bureau un tableau d'Edward Hopper mais pas celui-là.
RépondreSupprimerLa chute de ton texte est saisissante.
Gros bisous et bon début d'octobre ♥
Les tableaux de Hopper dégagent pour moi une sorte de malaise indéfinissable et celui-ci n'échappe pas à la règle.
Supprimerj'ai aimé écrire ce texte, et j'éprouve un grand plaisir à lire que tu l'as aimé. C'est une joie.
Je t'embrasse chère Denise.♥︎
Je trouve ton poème très beau. J'aime beauté sa gravité. J'aime Hopper, mais il n'est pas gai. Je me souviens aussi des chocorêve, je crois qu'il y avait une noisette dedans. Et des mon chéri (que nous ne goûtions jamais parce qu'il y avait de l'alcool). Je n'aimais pas les friskos que je ne digérais pas... (le lait, le chocolat, la tension du cinéma, la salle obscure, le bruit). Mais vraiment, ton poème est beau.
RépondreSupprimerAh...les chocorêves... qu'est-ce que j'ai pu en manger quand j'allais au ciné-club du dimanche matin !
SupprimerLes friskos ça devait être un truc belge, parce que je n'en ai jamais entendu parler...
Merci pour mon poème. Ton texte est vraiment chouette.
Bisous
•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
"Fermée à la vie, au plaisir/Fermée aux autres et au futile/Et pourtant c'est un beau métier." Un bien joli texte Célestine.
RépondreSupprimerOuvrir est et restera un très beau mot pour moi...
SupprimerSigne d'espoir, de renouveau, d'éclosion... je pourrais en faire un billet d'ailleurs...
Merci beau musicien
•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Oh ! Merci Célestine ! Bon et doux week end !
Supprimersuperbe !!
RépondreSupprimer(colombine)
Merci Colombine !
SupprimerPas d'humour noir, mais un texte un peu sombre, qui ne te ressemble pas vraiment. Peut-être avais-tu les idées un peu noires... comme le cinéma du même nom.
RépondreSupprimerDrôle d'univers que celui de cette ouvreuse, fermée de l'intérieur. J'espère qu'au moins elle ne travaillait pas "au noir", si j'ose dire ?
Belle histoire, un peu sombre, qui remet au gout du jour ce petit boulot d'étudiante.
C'est vrai, j'avais des idées sombres quand j'ai écrit ce texte...
SupprimerCe qui est drôle, c'est que tu penses que « cela ne me ressemble pas »
J'ai un côté obscur, que j'ai longtemps nié sous mon « voile rose »...au point de passer pour une ravie de la crèche...
Mais tu es bien placé pour savoir que j'ai déchiré ce voile rose, et que j'ai laissé s'exprimer, enfin, mon côté obscur...;-)
Cela dit, je comprends que tu sois mal à l'aise et que mon texte ne te permette pas de faire tes jolis jeux de mots habituels...
Je t'embrasse cher Didier
•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Je pense que peu ou prou, nous avons toutes et tous un côté sombre qui s'exprime, parfois ici où là. En fait ce texte m'a paru en accord avec ton état d'esprit d'alors... un peu sombre... Je n'étais pas trop habitué, ici, c'est tout !
SupprimerBon, je te rassure, ton texte ne me met pas si mal à l'aise que cela, et les jeux de mots ne sont pas automatiques.
J'ai cherché avec "élucubrations", chemises à fleurs et cheveux longs... J'ai évidemment pensé à Eddy Mitchell, trop conventionnel.
Et puis me vint ces paroles de Nougaro: "Sur l'écran noir de mes nuits blanches", comme un pied de nécessité.
J'aime beaucoup cette chanson de Nougaro, que je fredonne souvent...Surtout quand je ne dors pas, la nuit...
SupprimerMerci pour ta réponse rassurante.
Belle nuit. Bises
•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Allez, je me jette ! J'ai écrit ces mots ce matin, en plein boulot...
SupprimerLa lumière revient dèjà, sans que le film soit terminé. Monsieur Eddy le lui avait dit, mais elle ne voulait pas y croire. Son cinéma allait fermé, remplacé par un complexe où les salles s'alignent en rangs d'oignons.
Ces grands halls déserts, remplis d'automates, qui pour les billets, qui pour distribuer ces petites friandises, autrefois synonymes de belle soirée, de bons films, de spectacles. Des machines sans une goutte d’intelligence, ne serait-ce qu'artificielle s'ajoutant à la bêtise humaine.
Ce soir, elle est un peu triste, elle attend la fin de la dernière séance, seule dans le couloir. Le film ne lui plaît pas, un film noir qui rajoute de l'ombre à la noirceur du tableau.
La lumière fond sur elle, littéralement. Elle rayonne sous le projecteur qui n'est, en fait, qu'une simple lampe en applique, mais elle s'en moque. La blondeur de ses cheveux contraste avec son habit d'ouvreuse, elle aime porter son petit uniforme, il va lui manquer.
Après la séance, elle se changera, revêtira une tenue plus cool, un ensemble en jeans qu'elle s'est offerte et dont la réclame vantait le confort . "le jeans Harlow, votre seconde peau".
mais pour l'heure, adieu veau, vache, cochon... l'entracte approche, chocolat glacé, bonbons, caramel à un franc, mistral perdant.
Mais c'est juste génial...comme dit ma nièce à tout bout de champ.
SupprimerJ'adore le « jeans Harlow » ;-)
Tu me rappelles un billet (que tu n'avais pas commenté d'ailleurs)
Eddy est venu me chercher à la sortie du magasin de porcelaines où je travaille. J’avais ma robe à carreaux vichy, et quelques tortillons blonds s’échappaient de mon chignon choucroute, de ceux qui le font craquer…enfin, quand il a les yeux en face des trous, que sa caisse pourrie, pardon sa fiat 500 Nuova bleu pâle, n’est pas en panne, qu’il ne loupe pas son créneau et qu’il n’est pas épuisé de n’avoir rien foutu de sa journée. Il faut dire qu’Eddy est caissier au Majestic. Un cinéma permanent de la rue des Goulets. Une planque qu’il n’échangerait pour rien au monde ! D’ailleurs sa prétendue fatigue est une ruse de Sioux.
-« Salut Brigitte, tu montes poupée ? Qu’il me lance au volant de son pou du ciel, ce soir, c’est soirée grand écran, technicolor et tout le toutim. Ça te dit ?
-Si ça me dit ? Bien sûr et pas que le samedi ! Tu sais bien que j’adore le cinoche ! »
On pénètre dans la salle obscure. Enfin façon de parler, car pour l’instant les lumières tamisées éclairent le rideau incarnat, les sièges en velours, et les dorures du plafond. Cette salle, pour moi, c’est déjà un ravissement. Une courte échelle vers le rêve.
Il y a déjà plein de monde. Ça bruisse doucement et ça sent les cacahuètes et les pralines, l’ouvreuse distribue ses Miko glacés avec un sourire un peu niais.
« C’est complet au parterre ! » dit-elle de sa voix perchée.
Je la connais, c’est Juliette Beaudevant. On était en classe ensemble au cours de dactylo. Elle porte bien son nom. Les hommes louchent vers son corsage avantageux, et elle glousse comme une poule qui aurait égaré son œuf sur une étagère.
Nous grimpons quatre à quatre les marches de l’escalier qui nous mène au balcon.
Noir.
Le rideau s’ouvre sur un western en cinémascope. Les horizons sauvages des montagnes rocheuses au grand ouest, des cabanes perdues dans le désert, des hommes rudes, remontant la rivière à cheval dans une nature belle et hostile. La voix de Dean Martin me donne la fièvre. Eddy en profite pour passer ses bras autour de moi. Le shérif a l’air flegmatique et rassurant à la fois des hommes qui n’ont peur de rien. Sauf, peut-être, de la troublante Angie Dickinson… La musique qui rythme le film est enivrante, elle me restera longtemps dans les oreilles.
Lumière.
Je réveille notre voisin, il dort comme un nouveau-né pendant que défile le générique.
« Ça te dit, des œufs brouillés, bébé ?
- Si ça me dit ! »
Au passage, je regarde les affiches des prochains films. « Ascenseur pour l’échafaud », « A l’est d’Eden »…Y’a pas à tortiller, le cinoche, ça vous transcende le quotidien…
Bisous Didier
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Quelle verve tous les deux ! Bravo ! :)
SupprimerAh ben merci, chère bestiole ^^
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Je commente fidèlement chez toi depuis...pfiouuuuuuuuu. Mais , pas celui-là ! comme plein d'autres... j'ai regretté de ne pas t'avoir découverte plus tôt, mais je me rattrape maintenant. C'est quand même bizarre, à peine plus tôt, je n'aurai jamais poussé ta porte, d'autant plus que je te rappelle que je suis arrivé chez toi complétement par hasard et il a rudement bien fait les choses. Bientôt trois ans, et je n'en reviens toujours pas...
SupprimerBises de la nuit
Le hasard...il y aurait tant à e dire...mais mes yeux se ferment ;-)
SupprimerBelle nuit, Cher Didier
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Ces cités obscures où le soleil ne pénètre jamais,
RépondreSupprimerCes cités obscures où seule la poudre est blanche,
Ces cités obscures où l'argent est sale,
Seul ton regard éteint avait l'éclat du soleil,
Ces cités obscures...
Tu es très inspiré et j’aime quand tu poétises, mon Andiamounet.
SupprimerBisous rêveurs
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une question: en fin de texte tu parles de la cécité de l'ouvreuse
RépondreSupprimer- est-ce dans le sens métaphorique: elle est aveugle à ce qui se passe autour d'elle?Cela aurait tout son sens...
- est la cécité au sens premier?
parce que quand même, être l'ouvreuse dans un cinéma, quand il faut mener les gens à leur place... vendre les machins glacés sans voir, faut le faire!
Mais bon! un texte littéraire n'est pas sensé reproduire la réalité...
;-)
Elle ferme peut-être ses yeux sur la laideur du monde...
SupprimerEt là ce serait métaphorique...
Mais elle peut aussi être vraiment aveugle. J'ai connu un chiropractor aveugle qui reconnaissait les billets de banque au toucher...
Ou alors... Je peux simplement avoir loupé ma chute... ;-)
Bref chacun interprète comme il veut, les rêveurs, les cartésiens, les empathiques, les poètes...
Bisous Coum
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Ou alors... Je peux simplement avoir loupé ma chute...
Supprimerpourquoi tu dis ça, alors que tous ici trouvent ta chute excellente?
j'avais juste envie de poser la Q, ce que j'ai fait!
Bises à toi
C’etait de l’auto-dérision chère Coum.
SupprimerDoublée d’un peu de doute, car tu sais bien que l’on ne se départit pas d’un doute structurel très facilement... Tu as donc bien fait de poser la question.
Elle était pertinente et évitait la complaisance. Je retrouve avec bonheur tes conseils d’animatrice d’atelier d’ecriture.
Bisous
•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Oups: on ne se départ...et non départit. :-)
Supprimerdépare ?
SupprimerNon non , départ...
Supprimer:-)
Bien ma douce et tendre. C'est noté.
SupprimerNous sommes tous de mystérieux oiseaux quand, dans le ciel, en contrejour, nos ailes s’échinent à nous faire voler, contre le vent.
RépondreSupprimerQui sommes-nous ?
Pourtant, sans se connaitre soi-même vraiment, une part de ce que nous sommes peut appartenir à celui qui veut le découvrir. Chacun peut y trouver un fragile bonheur.
Comme la récompense d’un carré de chocolat noir profond.
Bises chocolatées.
J'aime beaucoup ce commentaire, Etienne.
SupprimerCe fragile bonheur a le goût intense de ce chocolat, je suis d'accord.
J'ai arrêté de voler contre le vent, et je me suis mise dans le sens de mon courant...cela va tellement mieux ainsi.
Je te le souhaite.
Bises cher poète
•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Oh joli...la fin et la chute de la dernière strophe sont vraiment réussis.
RépondreSupprimerDonc tu poétises maintenant...
Bisous.
Je poétise maintenant ?
SupprimerJe crois que ça fait un petit moment déjà, Mindounet... lol !
Bisous
•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Mais je te dis quand même un grand merci pour ton appréciation.•.¸¸.•*`*•.¸¸✿
Supprimerui ça fait longtemps, mais c'est rare que tu enchaînes les articles qui sont des poèmes !
SupprimerC'est vrai tu as raison...
SupprimerPeut-être cela correspond-il à une période de ma vie où la poésie m'aide à avancer ?
Ed Hopper ! J'adore sa froide utilisation des couleurs... que le ton de ton texte rend superbement palpables.
RépondreSupprimerMerci mon Titi, et désolée pour le retard à répondre...j'étais loin dans une autre galaxie.
Supprimer¸¸.•*¨*• ☆