Dès potron-minet, les chats du quartier assis en rond chauffent leurs moustaches aux rayons vanillés du printemps. Les gouttières perlent de l'averse de la nuit, l'aube fait frisotter les brins de pelouse.
-Et au fait, les gars, elle habite où ça, la nouvelle, là, la rouquine ?
-T'es bien curieux, Méphisto ! Ne me dis pas que tu en pinces pour cette bourgeoise au pelage carotte ? Elle n'est pas pour toi, tu t'es bien regardé ?
Celui qui vient de dire ça prend des mines de fin connaisseur. Un matois aux yeux fendus en pistaches. C'est Arsène, le chat de la Mairesse. On dirait qu'il s'est déjà réservé les faveurs de la belle.
-Moi je sais où elle crèche ! Dans la petite maison grise à l'entrée du village ! dit Homère, le gros chat blanc de Lucienne, l'épicière, un diabétique nourri à la crème et aux berlingots.
-Il est bizarre le type qui s'est installé là. Pas catholique. Patibulaire mais presque...
-Ha ha ! Très drôle, Méphisto, mais ça n'est pas de toi, pontifie Waterloo, le chef de la bande, un greffier sérieux comme un pape, borgne, et pelé comme un kiwi.
-En attendant, je le trouve louche, moi aussi, ajoute Lexomil, le chat du pharmacien...
-Chut! la voilà !
-Elle est quand même sacrément belle, cette minette, se pourlèche le pauvre Méphisto pendant que ses congénères se tiennent les côtes devant son air déconfit.
-Croyez-vous que je ne vous entende pas, messieurs, aiguiser vos griffes sur mon dos et celui de mon maître ? Sachez que celui-ci est le meilleur des hommes. Il m'a installé chez lui une vraie petite maison rien que pour moi...une jolie maison en forme de roulotte, dit la rouquine en levant son fin museau vers le soleil.
-Pff, tu parles, dans la boîte aux lettres...
-Et pourquoi pas ? De toutes façons, il ne reçoit plus de lettres... La chatte, pensive, marque un temps d'arrêt.
-Si vous l'entendiez quand il me joue Chopin au piano, ses cheveux soyeux en bandoulière! Il me sert dans des assiettes de satin, il m'accroche des perles de lune dans le cou. J'ai de petits mouchoirs de miel pour m'essuyer les babines, et de doux chaussons de guimauve pour défroisser mes pattes au crépuscule. Ma petite maison bleue est tapissée de velours et des calicots de brume rose pendent aux fenêtres. Il me traite comme une reine.
-Ben, dis donc, la rouquine, tu es donc toute sa vie! soupirent tous les chats en chœur .
La jolie petite bête a fait son effet dans le cercle des matous.
Ils restent cois. Plus aucun n'ose parler.
-Il est veuf. Et à propos, mon nom est Desdémone. C'était le nom de sa femme. Une belle rousse.
Pour le défi du samedi, il était question d'une boîte aux lettres...
Je demande pardon à Tant-Bourrin qui m'avait mis un joli commentaire, mais j'ai dû ré-éditer mon billet pour cause de bug. Monsieur blogger m'avait tout bloqué, je devrais d'ailleurs l'appeler Monsieur Bloqueur...
Je demande pardon à Tant-Bourrin qui m'avait mis un joli commentaire, mais j'ai dû ré-éditer mon billet pour cause de bug. Monsieur blogger m'avait tout bloqué, je devrais d'ailleurs l'appeler Monsieur Bloqueur...
j'aime.... merci. Bises et belle journée.
RépondreSupprimerGrand conseil chez les chats, chacun se tate pour savoir si l on va accepter cette bourgeoise dans le club fermé de la gente féline. elle a pour elle sa grande beauté, son aisance matérielle, mais elle est fiére et cultivée.
RépondreSupprimerBonne journée
Latil
Oh la la , mais j'ai un rouquin qui rode dans ma jardin , ça alors , quelle coïncidence !!
RépondreSupprimerAppeler un chat Lexomil , alors là , franchement ... du jamais vu
Quelle imagination tu as
merci pour cette légèreté féline !
bises
Pas grave, je le refais !
RépondreSupprimerAvec un maître comme ça, si un matou s'avise de toucher un poil de la belle rousse, ça ne m'étonnerait pas qu'il y ait un chat qu'expire ! :~)
ALAINX je ne sais pas pourquoi ton commentaire n'apparaît pas...il est pourtant très élogieux! Me comparer à Haruki Murakami...c'est trop d'honneur.
RépondreSupprimerComme c'est mignon, je fonds sur cette belle histoire de minous.
RépondreSupprimerTes élèves doivent t'écouter avec beaucoup d'attention...
Bon dimanche et bises de Lyon
D'habitude, les histoires de chats, je zappe, mais là, tu comprends... Comment résister devant sa chevelure rousse, sa démarche assurée mais au fond pas tant que ça, ces matous qui semblent infréquentables mais ne sont que ... matous... bref, un chouette billet bien tapé! great!
RépondreSupprimerAh! Delphine! ravie que ma petite fable t'ait plu.Tu sais combien j'adore les chats?
RépondreSupprimerSOENE Mes élèves adorent mes histoires, et d'ailleurs je pense que je vais finir par l' écrire, cet album pour enfants...il me faudrait juste trouver un(e) illustrateur(trice)!
TANT-BOURRIN merci d'avoir remis ton comm, il était si drôle...
JEANNE hihi oui, les chats m'inspirent...
LATIL Très bien résumé, j'ai ma quatrième de couverture! LOL (voir plus haut)
PATRIARCH tant mieux, très bon dimanche avec plein de bises.
Bon dimanche chez toi aussi Bises
RépondreSupprimerC'est amusant, c'est exactement le thème des bavardages entre humains à la fin d'un livre lu ce matin."La délicatesse" de David Foenkinos. Délicieux!
RépondreSupprimerUne belle histoire...comme je les aime, écrite par une belle plume. Merci de ces belles lignes.
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