« Toute mort est un mystère, parce que toute vie est un mystère. »
Jean d'Ormesson
On allumera une bougie. Pour se faire pardonner l'absence. On pensera au disparu, bien sûr, parti dans la force de l'âge, comme on dit. On pensera aussi beaucoup à celle qui reste. Dévastée de chagrin. Hagarde comme une barque sans amarre. Elle qui lui a insufflé son amour dans les poumons pendant vingt longues minutes, sans succès. Comme ce doit être affreux de voir partir dans ses bras l'homme qu'on aime ! De le voir partir tout court, d'ailleurs...Quand la Faucheuse a décidé de serrer ses griffes, rien ne lui résiste.
On pensera à toutes ces morts surprenantes, inattendues, mystérieuses, intimes, qui nous saisissent quand elles surviennent. Au séisme qui secouent les vivants, quand ils prennent la nouvelle de plein fouet. On ne s'y attend jamais. Et pourtant elle est là, en permanence, la griffue.
Et ces tsunamis qui agitent nos âmes, comme des palmiers échevelés par un vent fou, sont l'occasion de bilans personnels. Nul n'y échappe. On se retourne sur ce que l'on a fait, pas fait, dit, pas dit, ce que l'on aurait dû, ou pas dû, on brasse et rebrasse les regrets, les remords, les souvenirs émus et tendres.
Les beaux moments : ce sont ceux là qui nous portent, tels des sherpas, pour traverser l'horrible passe. Pour faire en sorte que le souvenir intense de l'amour et des joies dépasse le chagrin immense de la perte, comme disait la femme de Bach en parlant de son génie de mari.
On pensera à ceux dont les chagrins sont indicibles, de ceux qu'ils gardent enfouis parce qu'ils pensent que personne ne pourra les comprendre. Aux jardins secrets qui les étouffent de leur luxuriance, quand l'extérieur n'est qu'un désert morne. Aux vies entières bâties sur du sable mouvant, près d'un être trop différent. Aux malentendus. Aux mascarades. Aux erreurs de chemin.
On consolera l'amie dans la peine. On lui dira comme disait Musset : J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j'ai aimé. »
On attendra que la tristesse s'envole en laissant comme toujours un peu de poudre indélébile sur nos coeurs, à jamais.
A Joël, à Anne, à Vincent, François, Paul et les autres...
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Ils ont bien de la chance ceux que tu berces de ton amour... quelles que puissent être les circonstances.
RépondreSupprimerC’est ce qu’ils me disent aussi…il doit y avoir un brin de vérité dans tout ça … 😁
SupprimerTu exprimes si bien ce manque pour lequel nul n'est préparé, jamais...et pourtant le temps finit par estomper tout doucement cette douleur pour ne conserver que ce qui fut beau, vivant. Demeurera éternel en nous.
RépondreSupprimerMerci Céleste.
Je sais que cela parle aussi à ton cœur, ma douce Den.
SupprimerLa douleur s’estompe mais le souvenir reste présent.
La au profond de nos cœurs.
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Coucou. On n'est jamais préparé au départ de celles et ceux qu'on aime, surtout quand les départs sont précipités, prématurés. La douleur est alors immense. Rien ne sert de la cacher, le temps peut aider mais surtout l'amour de celles et ceux qui entourent. Ce que tu fais, avec tes mots, tes pensées. Bises alpines.
RépondreSupprimerDans ces cas-là, les mots sortent tous seuls de moi. Impérieux. Il faut que j’écrive c’est la façon depuis toujours de vivre les chocs.
SupprimerCela m’a toujours beaucoup aidée. Et je crois que ça aide les autres aussi, dans leur peine…
Bisous frangine
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Aujourd'hui Pentecôte .
RépondreSupprimerOn n'aime pas la mort, elle nous glace, l'antidote est la chaleur humaine, la présence caressante d'une amitié qui respecte le temps du deuil, un moment qui veut de la délicatesse.
Bise .
C’est joliment dit.
SupprimerLa délicatesse, voilà un mot que j’aime depuis toujours.
Et surtout ceux qui en font preuve, dans ce monde de brutes.
Belle journée Marco !
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Si difficile de mettre des mots sur le vide laissé par ceux qui nous quittent. Tu a réussi. Tes mots nous touchent.
RépondreSupprimerBises Célestine.
C’est gentil Patrick.
SupprimerTu es touché parce que tu es sensible.
Et c’est une fortune par les temps qui courent.
Bises
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Je ne vois que la compassion à offrir.. Et ne pas avoir peur de parler des personnes disparues avec leurs proches si ceux-ci en éprouvent le besoin.
RépondreSupprimerParler. Mettre des mots sur les choses indicibles. Garder le lien.
SupprimerC’est tout un art d’accompagner la douleur d’autrui.
Mais quand on aime les gens, c’est plus facile.
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Que voilà un texte intense et une méditation sur la vie et la mort. On ne peut que relire et se laisser rejoindre jusqu'à ce que ton texte fasse son chemin en nous et aille s'installer là où il nous apporte un enseignement sur nos destinées.
RépondreSupprimerAvec ma sympathie pour celles et ceux qui sont sous la lumière de la bougie.
Ta sympathie leur va droit au cœur sois-en sûr. Tout comme tes mots très justes touchent le mien.
SupprimerMerci pour ta lecture attentive au-delà des mots. D’âme à âme, mais est-il besoin de le préciser ?
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Tu mets des mots là où le silence s'est imposé.
RépondreSupprimerJ'ai lu ton billet ce matin, il m'a guidé sur la façon dont je pouvais développer l'illustration d'un des derniers poèmes d'un ami récemment décédé. Les jaunes vont dominer.
Wouaou c’est chouette ce que tu dis la, l’artiste. Je suis émue de participer à cette illustration de la modeste façon.
SupprimerExprimer la peine, voilà bien l’important. Par des mots ou des couleurs, ou des sons, peu importe. Mais la faire sortir de soi. Pour qu’elle ne s’enkyste pas pour de longues années de souffrance .
Bisous solidaires
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Vous parlez de délicatesse et ce mot va bien à votre personne. Ma précieuse, toute mes condoléances pour les amis dans la peine.
RépondreSupprimerJe vous embrasse
~L~
Merci pour eux, pour moi.
RépondreSupprimerVotre présence rend plus lumineuse cette matinée, votre fidélité depuis tant d’années me touche beaucoup.
Bien à vous
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Délicatesse, empathie et amitié chaleureuse sont des mots qui te sied à merveille!
RépondreSupprimergros bis'ours
Merci ma Cathy c’est gentil tout plein
Supprimer•.¸¸.•*`*•.¸¸☆
"Tirade de Perdican dans On ne badine pas avec l’amour (Acte 2, Scène 5)
RépondreSupprimerPerdican
Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et lorsqu’on te fera de ces récits hideux qui t’ont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire : tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches, méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour, souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : j’ai souffert souvent, je me suis trompé quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui."
Ce passage là, interprété par Gérard Philipe , c'est un enregistrement qui m'a été offert et dont je ne me lasse pas.... Toute la sincérité de cet immense acteur s'exprime là pour moi..
Et je pense a l'infinie douleur d'Anne lorsqu'en novembre 1959 la Faucheuse a emporté son Gérard....
Bises
Ce que tu dis Célestine me fait monter les larmes aux yeux, en pensant à ma cousine, dont le mari est mort dans ses bras, il y a 2 semaines, mari atteint de l'horrible maladie de Charcot, homme qui avait un énorme courage...qui devait recevoir ces jours-ci le prix d'un jardin remarquable, avec les élèves de l'école de son village...Je pense à tous les compagnons ou compagnes qui prennent en pleine figure cette annonce...et, au bout du compte, je pense à moi, à me dire qu'un jour !!!! Ma cousine a tenu à rendre hommage à son mari en lisant un texte elle-mème sur cette horrible maladie et avec quel courage ils ont affronté cette épreuve...Pourtant, ils en avaient eu des hauts et des bas, même au bord de la rupture...Mais, au bout du compte, comme m'a dit une belle-soeur "je ne retiens que les bons moments"...Respect madame comme a dit je ne sais plus qui..
RépondreSupprimerJ'ai oublié de signer on dirait...L'anonyme, c'est Julie, mais l'autre, de V.....
RépondreSupprimerNous avons tous notre litanies de prénoms à égrener. Hélas, elle s'allonge avec le temps. Mais, comme vous le dites, mort et vie vont de pair et nous pouvons, pour poursuivre notre chemin, nous appuyer sur les beaux et bons moments vécus dans le plein été.
RépondreSupprimerBonne journée, chère Célestine.
Qu,il doit être doux d,avoir une amie comme vous.vous dites si justement les choses.j,ai pleure en lisant votre texte .c,est exactement mon ressenti.
RépondreSupprimermais je ne saurais si bien l,exprimer merci